J’ai pris un Id TGV le week-end dernier.
Je déteste le concept d’Id TGV. Déjà parce que la SNCF essaie de nous faire croire que c’est un progrès de nous faire imprimer nous-mêmes nos billets. Ensuite parce que ce sont fondamentalement les mêmes TGV que n’importe quels autres. Sauf qu’on nous traite comme des débiles.
Ainsi quand vous prenez un Id TGV, vous devez passer entre deux contrôleurs qui vont « biper » votre ticket (que vous aurez donc eu l’obligeance d’imprimer chez vous, à vos frais, ou au bureau pour les plus finauds). Vous pourrez ainsi accéder à une sorte d’espace VIP, c’est-à-dire un bout de quai isolé du reste par un ruban. Pour ce que j’en ai compris, cette barrière symbolique a pour but de vous empêcher de discuter avec les amis qui auraient pu avoir l’idée folle de vous accompagner pour vous saluer, vous embrasser ou n’importe quelle autre activité terroriste.
Bien entendu, cela permet également d’éviter cet incroyable débordement régulièrement observé : la montée de personnes non munies de billets, accompagnant leurs amis à l’intérieur du train au risque de rester coincées dans le wagon. Progrès incomparable, notamment pour les enfants voyageant seuls et condamnés par cette procédure salvatrice à se débrouiller avec leur valise de quatre-vingt-dix kilos.
Et enfin, le pompon, une fois à l’intérieur on vous sert par haut-parleur une incroyable diatribe vous exhortant à saluer votre voisin, car l’espace « Zap » est dédié à la convivialité. Vous êtes donc priés de deviser joyeusement avec vos compagnons d’infortune. Nul besoin de détailler à quel point cette suggestion est insultante (et délirante, car il ne suffit pas d’écrire « espace convivial » sur un wagon pour que la convivialité s’installe).
À noter que les malheureux ayant opté pour l’alternative, l’espace « Zen », sont pour leur part obligés de dormir et privés de discussion (là encore, on a l’impression que les concepteurs de la SNCF s’imaginent que les bibliothèques sont silencieuses parce qu’on a écrit « Silence » sur un panneau).
Seulement voilà, si vous êtes comme moi, quand vous réservez vos billets, vous n’avez encore aucune idée de l’état d’esprit dans lequel vous serez le jour de votre voyage : envie de dormir parce que la veille aura été dure ? Envie de papoter avec la jolie blonde d’à côté ? Qui peut le dire ?
À l’arrivée, à quoi ressemble un wagon d’Id TGV ? À n’importe quel wagon de TGV. Des gens assis qui discutent comme s’ils étaient chez eux, d’autres qui essaient de dormir en s’appuyant sur les rares surfaces verticales disponibles, des jeunes qui s’assourdissent avec leur casque mal insonorisé et la moitié qui matent un épisode de Lost ou un fichier Excel sur leur ordi portable.
Ah, si, les contrôleurs ne vous réveillent pas pour trouer votre billet. C’est vrai. Comme dans deux tiers des trains normaux.
Bref, l’Id TGV, c’est de la merde.