Ex nihilo Neil

29 avril 2013

Regarde, une diversion !

Allez, un dernier post un peu politique et après je vous jure, je retourne m'intéresser aux vieux dessins animés. 

Si vous n'avez pas suivi, l'ANI c'est l'accord national interprofessionnel. Bien sûr, comme ça, ça sonne bien, mais de quoi ça parle, l'ANI ? Eh bien ça parle de mobilité et de sécurité des travailleurs. 
Vous l'aurez compris, la mobilité c'est plutôt pour faire plaisir aux patrons, qui ont besoin de salariés flexibles, tandis que la sécurité ben c'est pour les employés, qui sont (légitimement) inquiets pour leurs emplois et leurs conditions de travail.

Côté mobilité, ils se gavent : l'ANI, en gros, ça prévoit d'annuler les critères de priorités sociales lors des plans de licenciement. C'est-à-dire que le critère ne sera plus : "Êtes-vous une mère qui élève seule ses trois enfants ?" mais "Possédez-vous des compétences rentables au regard de l'entreprise ?" (sachant que la loi ne précise pas les critères de rentabilité, hein, l'entreprise est quand même la plus qualifiée pour ça). 
Il y a d'autres bricoles amusantes. En cas de replacement, l'entreprise pourra vous proposer n'importe quel poste n'importe où sur le territoire, et si vous le refusez (par exemple parce que vous habitez à une petite centaine de kilomètres et que vous n'avez pas envie de passer la semaine dans un dortoir loin de vos gosses - riez pas, la création de résidences collectives secondaires est prévue par la loi), vous ne serez plus licencié pour raisons économiques mais pour raisons personnelles (c'est pas indemnisé pareil, croyez-moi !). Ah, et en cas d'accords de maintien de l'emploi, l'entreprise pourra négocier une baisse de salaire sur deux ans pouvant aller jusqu'à 40 % (mais vous gardez votre job, c'est pas si mal quand même !).

Côté sécurité, je vous rassure, en échange de toutes ces courageuses innovations, la loi concède royalement aux salariés la mutuelle pour tous (à partir de 2016, sachant qu'aujourd'hui 90 % des salariés sont déjà couverts, le progrès sera surtout pour Axa) et la portabilité des heures du DIF (vous savez, le droit individuel à la formation qu'on arrive à utiliser tous les six ans à peu près). Le projet de loi a quand même été approuvé par trois syndicats minoritaires, yoohoo !

Vous n'êtes pas obligé de me croire, d'autant que je ne suis pas le roi de l'analyse politico-économique, mais je vous engage à jeter un coup d’œil à cette histoire. Non parce que ce n'est pas un bête projet à la Sarko, genre gros délire qui ne verra jamais le jour et qui a été initié juste pour occuper les médias : ça vient d'être voté par l'Assemblée nationale et ça passe au Sénat le 14 mai. Et ça risque d'impacter plus de vies que le mariage pour tous (qui reste une très bonne mesure). Donc avant qu'il ne soit définitivement passé, assurez-vous juste que vous êtes d'accord avec le texte.

2 commentaires:

SammyDay a dit…

Après les élections syndicales de mars, ces trois syndicats sont majoritaires - et non minoritaires (http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/03/29/elections-professionnelles-les-syndicats-reformistes-majoritaires_3150273_3224.html). Sinon pour le reste je suis d'accord.

Neil a dit…

Tiens, oui.
Plus précisément, les trois syndicats sont majoritaires en se réunissant, mais la CGT reste majoritaire si on compte syndicat par syndicat. Du coup je ne sais pas trop ce qui compte le plus...