Ex nihilo Neil

28 septembre 2018

Chroniques du monde secret : draaaaaug !!!



Dans Secret World Legends, les premiers ennemis que vous rencontrerez sont des zombis. Mais juste après, vous croisez des espèces de créatures marines étranges, des « hommes pâles » aux membres recouverts de concrétions minérales, de bernacles et autres crustacés…
Ce sont des draugs (créatures de la mythologie nordique), dont la présence en Nouvelle-Angleterre se justifie par la présence de Vikings il y a un millier d’années.
Ils se répartissent en une petite douzaine de « clans » sur Solomon Island, plus ou moins dangereux (les « Helrisen » étant de loin les pires, puisqu’ils hantent un « antre », zone réservées aux groupes de joueurs équipés en violet minimum).

La carte des Draugs sur Solomon Island, bricolée par bibi.
Je suis assez fier, parce que c’est la seule carte de répartition de ces machins au monde, à ce que je sache.
J'ai noté la traduction des noms de clans en vieux norrois, la langue des Vikings.

Les draugs sont typiquement des créatures masculines et musculeuses, chauves, dont un bras est hypertrophié et déformé en un gourdin. Mais on en trouve de toutes sortes, et leur mode de reproduction, comme toutes les bonnes saloperies (cf. Alien), est à la base de l’horreur qu’ils provoquent.

À la base, il y a une matriarche.

Non merci madame...

Cette grosse dame génère des fécondatrices (a priori en explosant), que l’on pourrait (la nuit, par temps de brouillard et bien bourré) assimiler à des sirènes.

Saluuuuuut Cthulhu !

Celles-ci n’ont de femelles que l’apparence, puisque ce sont elles qui « fécondent » les zombis. Oui, parce que la reproduction des draugs implique la présence de corps humains réanimés. Une fois fécondé, ces zombis deviennent des incubateurs.

J'ai un truc qui me pique dans le dos !

Ceux-ci retournent lentement vers la berge et, là, se transforment en bogues de maturation, étroitement surveillées.

La bogue de l'an 2000.

Au bout de quelque temps, les bogues éclosent et produisent un draug guerrier classique. Ceux-ci sont chargés de diverses activités, ce qui en fait les « ouvriers » de l’espèce draug. Ils cherchent des charniers dans les alentours, lèvent les morts afin de toujours disposer de zombis « frais », ils protègent les bogues…

Gnnnnn !


De temps en temps, on trouve des bogues plus grandes, qui produisent des berzerkers draugs, les « soldats » de la bande, au look grotesque mais néanmoins crustacéen, et fort violents.

Vous les appelez comme vous voulez, personnellement j'ai vite opté pour "Hommard".

L’ensemble de cette troupe est dirigé par un seigneur draug, généralement surnommé « seigneur poulpe » (même si le fan de céphalopodes en moi a du mal à lui reconnaître ce titre). Ce sont a priori les cerveaux de l’affaire.

Non, ce n'est pas un céphalopode, je suis désolé.


À noter qu’on trouve par endroit d’immenses bogues dont l’objectif n’est pas du tout clair…

Et, dans l’épave du Polaris (le premier donjon du jeu), le stupéfiant Ur-Draug, un draug géant ayant pris l’apparence de Celui qui Dort dans les Profondeurs (oui, Lui !).

Vous allez me laisser ftaghn tranquille, bordel de nagl !

Alors pourquoi je vous parle de tout ça ? Déjà parce que je viens de voir que j'avais plein de post rangés dans brouillon depuis super longtemps (celui-ci avait été rédigé en janvier 2016 !), et qu'il est bon de faire du ménage de temps en temps.

Ensuite parce que je constate que même dans les œuvres récentes, il reste difficile d'imaginer plus glauque qu'une créature aux mœurs de ruche (les draugs se comportent comme des insectes sociaux) avec un mode de procréation impliquant un hôte humain (fût-il zombi). C'est exactement la recette d'Alien, des Body Snatchers et de toutes les autres bestioles un peu marquantes de ces dernières décennies. 

Enfin parce que ces derniers temps, je rejoue à Secret World Legends, et que même si la folie de mes premières années m'a quitté, le jeu conserve un certain charme. Donc qui sait, j'en reparlerai peut-être encore...?

26 septembre 2018

La lame infernale


Dernièrement, j'ai joué à Hellblade: Senua's Sacrifice, un jeu de Ninja Theory, petit studio anglais. Le jeu ne laisse clairement pas indifférent, et beaucoup se sont exprimés sur le sujet, je ne vais donc pas m'en priver.

H:SS est un jeu qui mélange pas mal de gameplay contradictoires : c'est un jeu d'exploration qui en même temps est un long couloir, c'est un puzzle-game 3D dont les énigmes sont très simples, c'est un jeu de combat à la fois bien fichu et hyper frustrant... 
Je n'ai pas aimé jouer à H:SS. J'ai même renoncé à le finir, alors que je n'étais sans doute qu'à quelques pas du bout du chemin, la faute au combat de trop. Je n'ai pas passé de bons moments pendant les huit heures que j'ai passées sur ce jeu.
Mais je ne peux pas le lui reprocher : je suis à peu près sûr que c'était l'objectif du studio.

Parmi les grandes réussites du jeu, le jeu de l'actrice
Melina Juergens est fabuleux.
  H:SS est un jeu radical. Au même sens que The Witness, par exemple, auquel j'ai beaucoup pensé par moment. C'est un jeu qui a un but, et qui est tout entier concentré sur ce but. Le studio insiste d'ailleurs tellement sur ce point que c'en est presque gênant : l'héroïne (Senua, donc, une jeune femme picte à la recherche de l'âme de son défunt compagnon en territoire viking) est psychotique, et le jeu entend nous faire ressentir ce qu'est la psychose (toutes les sortes de psychoses, d'ailleurs, mais c'est un autre débat).
Senua entend des voix, a des visions, le monde tel qu'il est n'est sans doute pas celui qu'elle perçoit, les ennemis sont nébuleux si elle ne fait pas un effort physique de concentration pour bien les voir...

Tout est pensé pour nous faire ressentir ce malaise. Et c'est parfaitement rendu, on se sent mal. Les combats sont longs, pesants, pas particulièrement difficiles mais toujours éprouvants. Et surtout ils ne sont pas satisfaisants, ils n'offrent pas de récompenses comme dans un Dark Souls... C'est dur, c'est tout. Tu bats tes adversaires, tu souffles un peu, tu te relèves péniblement, tu mets un pied devant l'autre et tu t'en vas te prendre ta prochaine mandale.

Le gameplay du combat est plus fouillé qu'il en a l'air, avec
attaques fortes, faibles, parades, esquives... mais ils restent terriblement
frustrants (et il n'y a que quatre ou cinq types d'ennemis différents).

A côté de ça le jeu est magnifique, même en réglage de qualité moyenne (ma carte graphique n'en voulait pas plus), il est bien pensé, bien codé, et le jeu d'actrice de Melina Juergens, qui incarne Senua (voix et performance capture) est bluffant. Je ne peux décemment pas dire que ce jeu est mauvais. 
Mais il n'est pas pour moi.

24 septembre 2018

Max Bird et la montagne d'or

Mon copain Max Bird a un truc à vous dire, et comme je trouve ça intéressant, important et que je n'ai rien dessiné ce week-end, je le laisse vous le dire bien mieux que je ne saurai le faire...



Sinon, n'hésitez pas à visiter sa chaîne, c'est trop bien !

21 septembre 2018

L'horreur du JCE


J'ai récemment craqué sur Horreur à Arkham, dont on a beaucoup entendu parler dans le cercle des amateurs de jeux ces derniers temps (tapez « Horreur à Arkham » dans le moteur de recherche de YouTube, vous allez voir le nombre de tuto !).

Il s'agit d'un jeu de cartes évolutif (JCE), par opposition aux jeux de cartes à collectionner (JCC), type Magic, qui vous imposent de vous ruiner ad vitam æternam dans l'espoir d'obtenir la carte ultime. Avec Horreur à Arkham, vous savez toujours ce que vous achetez, vous ne vous ruinez donc que ponctuellement.

Le jeu est cool. J'étais surtout intéressé par son aspect très scénarisé, mais il faut reconnaître que ses mécaniques aussi sont sympas, à base de construction de decks, de tests de compétence, de gestion des lieux, de l'équipement et du groupe (c'est un jeu pour deux personnes). Mais, comme tous les jeux labellisés Cthulhu, il est dur, et dès le troisième scénario on s'est rapidement mis en mode « facile » (en gros, on y rate moins souvent ses tests de compétence) pour en venir à bout. 

La boîte, les cartes, les illustrations sont très jolies, pas de problème.
Enfin, jolies... si vous aimez les tentacules, les goules et les trucs dégueulasses, hein...


Autre problème, les scénarios sont certes rejouables (en variant les decks, la difficulté, certains événements aléatoires...), mais je sens que le principal plaisir reste de découvrir les nouvelles intrigues au sein d'une bonne vieille campagne, or d'après ce que j'en ai vu, ça revient vite cher. 
Pour jouer l'intégralité de la campagne L'Héritage de Dunwich, à titre d'exemple, c'est un pack de base plus pas moins de six scénarios supplémentaires qu'il vous faudra acheter, soit d'après mes calculs dans les 110 euros ! Je trouve que ça fait cher pour un jeu qui, toutes proportions gardées, m'apporte moins de plaisir qu'une bonne partie d'Unlock!

Bref, j'ai bien aimé mais je ne suis pas sûr de continuer dans cette direction.

19 septembre 2018

Histoires de bugs

Après l'affaire de la punaise, j'ai eu envie de dessiner quelques insectes... parce que c'est rigolo de dessiner des insectes.

Du coup je vais vous narrer quelques anecdotes sur ces sympathiques arthropodes.


Coccinelle vient du latin "coccinus", écarlate.

La coccinelle n'est jamais qu'un petit scarabée avec une joli déco (au passage, le nombre de points n'indique absolument pas l'âge de la bestiole : il dépend juste de l'espèce). Mais ça reste un des insectes les plus mignons, du moment que vous n'êtes pas un puceron évidemment.
Dans Les Fourmis de Bernard Werber, il y a notamment une scène où une coccinelle attaque l'élevage de pucerons de la fourmilière, et le coléoptère carmin est décrit comme un tigre redoutable.


La mante religieuse est sans doute un des insectes les plus classes de la Création, avec ses pattes ravisseuses qui en font une vivante, quoique verte, incarnation de la Faucheuse. C'est aussi un animal très impressionnant quand vous tombez dessus. Pour info, ça niaque assez fort, donc si vous en croisez une ne l'attrapez pas à pleines mains.
Dans Le Château de ma mère de Marcel Pagnol, il y a une scène tout à fait croquignolesque où une mante se fait défoncer par le cul par une fourmilière. Le charme désuet de la campagne. 


Le lucane cerf-volant est un animal d'une force stupéfiante (paraît-il qu'il peut traîner un fer à repasser).
En anglais, on l'appelle stag beetle, le « scarabée cerf », ce qui est assez classe. Et dans Hollow Knight, il fait office de bus vivant (même si l'animal ressemble plus à un scarabée rhinocéros).


Le hanneton est l'insecte au plus fort capital sympathie auprès des personnes âgées, qui ne manqueront jamais de vous expliquer que « de leur temps, on en voyait partout, mais aujourd'hui, avec leur Internet, y en a pu ! » Probablement parce qu'ils les ont tous tués pour s'amuser quand ils étaient gamins.
Apparemment, il était tellement commun à une époque que les Suisses le pressaient pour obtenir de l'huile, tandis que les Russes le moulaient carrément pour en faire de la farine (à destination du bétail, hein, vous emballez pas) !
En tout cas j'ai souvent entendu dire que les gamins du début du XXe siècle s'amusaient à leur attacher les pattes à un fil et à les laisser voler en cercle, retenus par cette laisse. C'est pas plus con qu'un handspinner. 


Il s'agit de la larve d'une bestiole qui, adulte, évoque vaguement une libellule moche.

La larve de fourmi-lion se dissimule sous le sable au fond d'un entonnoir, guettant les proies qui y tombent. C'est un des insectes les plus présents dans les jeux vidéo, une performance remarquable pour une bestiole que personne n'a jamais vue.
On en trouve dans Final Fantasy, dans Half-Life 2, dans Ghouls'n Ghost, dans Wonderboy, dans Pokémon, dans Yu-Gi-Oh!...



Savez-vous que la forficule (le perce-oreille, oui !) possède des ailes sous ses élytres ? Si vous avez un jour la chance d'en croiser un en train de voler (enfin, d'essayer de se poser, vu qu'il est clairement pas taillé pour le vol acrobatique), observez-le bien : les ailes sont beaucoup trop grandes pour se caler correctement, il doit donc les replier en accordéon selon un schéma assez complexe, c'est fascinant.
Sinon, sachez que ce n'est pas un nuisible mais que, comme la coccinelle, il mange les pucerons. En outre il est une proie classique de l'épeire diadème, une araignée démoniaque (comme toutes les araignées), j'ai donc décidé que le perce-oreille était mon copain.


Le saviez-vous ? Les moustiques sont tous des réincarnations d'anciens nazis pédophiles. Tuez-les sans pitié.


17 septembre 2018

Affaire d'hémiptères


Le lendemain matin, après le départ de la courageuse, j'ai retrouvé la créature en question. 



C'est effectivement plus gros qu'un moustique, et ça vole assez différemment d'une saloperie rayée.
Il s'agissait en l'occurrence d'un Leptoglossus occidentalis, une punaise vivant dans les pommes de pin qui a tendance à rentrer à l'abri quand les premiers frimas s'approchent. 
Je lui ai vaillamment rendu la liberté, lui permettant de crever noblement de froid loin de notre lit.

14 septembre 2018

Ne mourons pas de faim ensemble

En ce moment, on joue beaucoup (trop ?) à Don't Starve Together, version multijoueur de Don't Starve, dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises.

Avec le temps, DST a suffisamment évolué pour pouvoir être considéré comme un jeu à part, avec des mécaniques particulières, des ennemis spécifiques (le Toadstool, la Queen Bee, l'Ewecus, l'Antlion, et autres jeux de mots mortifères) et ses modes de jeu (sans compter les events réguliers comme The Gorge, dont j'avais parlé aussi). D'ailleurs beaucoup de let's play et de tuto sur le jeu semblent estimer que DST est le Don't Starve, et ne prennent même plus la peine de se pencher sur Reign of Giants ou Shipwrecked (mais gageons que Hamlet, la prochaine extension prévue pour décembre, changera tout ça).

Sortie prévue en décembre... que j'ai hâte !


Bien sûr DST reste horriblement difficile, vu que tout est multiplié : vos besoins (puisque vous êtes plusieurs à manger), les points de vie des boss, le nombre d'ennemis, la nourriture... ah, non, pas la nourriture ! 
Bref, c'est dur, mais c'est aussi très cool.

Attention toutefois, si vous vous y mettez, deux points essentiels à connaître sur DST :
- c'est un insatiable vortex de temps libre ;
- c'est un redoutable moteur à engueulades.
Méfiez-vous, donc.

12 septembre 2018

Good bad guy vs. bad good guy (2)




Ce qui m'amène à un autre méchant emblématique de ces derniers temps : Thanos, dans Avengers: Infinity War. Thanos est un personnage très travaillé, sans problème le meilleur du Marvel Cinematic Universe. Le jeu de Josh Brolin lui a en outre donné une certaine profondeur, on peut facilement dire que, plus encore que l'antagoniste, c'est le protagoniste principal du film. 
Mais j'ai entendu pas mal de gens approuver vivement les arguments de Thanos, sur le ton « dans le fond, il a pas tout à fait tort... il a même raison si on y réfléchit bien ».

Je rappelle l'objectif de Thanos : comme l'univers est surpeuplé et surexploité, il va à sa perte, il veut donc réduire sa population par deux pour éviter la tragédie. Il se déclare prêt à endosser le rôle du méchant pour accomplir son but et, en quelque sorte, sauver l'univers.
C'est de la méga connerie ! Et j'hallucine à chaque fois que j'entends quelqu'un dire que ça, c'est un argument recevable.

Détail amusant, même si officiellement, « Thanos » vient de thanatos, la mort en grec,
le terme évoque aussi « thane », un terme de vieil anglais signifiant serviteur.
Et ça fait écho à Darkseid, le méchant de l'univers DC dont Thanos est clairement inspiré
(et dont le nom signifie « sombre séide », séide signifiant également serviteur).
De rien.


Déjà, l'univers surexploité, c'est n'importe quoi : aucun des films Marvel (et l'univers Marvel bénéficie d'une des diégèses les plus vastes de l'histoire du cinéma) n'a jamais évoqué, sous-entendu ou montré ce fait. L'univers, par définition, c'est immense, et à aucun moment il ne semble qu'une espèce soit en train d'être ne serait-ce qu'en mesure de le maltraiter.

Alors après, je ne suis pas débile, je vois bien que c'est une métaphore pour la surexploitation de notre propre planète, mais là encore, c'est quoi l'argument ? « Il y a trop de monde sur Terre, supprimons la moitié et tout ira mieux ? » C'est de la réflexion de collégiens, et encore des pas bien futés ! Les famines qui touchent notre monde ne sont pas dues à un manque de nourriture mais à une mauvaise distribution de celle-ci. Quant à la surexploitation, elle n'est due qu'à une minorité dominante, qui n'en dominera certainement pas moins après une grande division par deux.

Sans compter évidemment que la solution de Thanos n'en est pas une : ok, il y aura deux fois moins de monde (probablement beaucoup moins que ça, même, étant donné les dégâts collatéraux), mais quand le nombre remontera, il va faire quoi ? Recommencer ? Encore, et encore ? Avec un autre gant, et tout le tintouin ?

C'est rigolo parce que le principal protagoniste du film est
le seul qui n'est pas un super héros sur l'affiche.




Alors, qu'on soit bien clairs, j'ai beaucoup aimé le film, et même beaucoup aimé Thanos. Je pense que dans l'esprit des créateurs, c'est un type sincère (quoique génocidaire) qui s'est perdu dans son raisonnement et s'obstine parce qu'il est convaincu d'avoir raison, mais que le film suivant nous démontrera (surprise) qu'en fait il a tort. Je ne critique pas l'idée même du film.

Mais que des gens trouvent que Thanos a raison sur le fond, que son idée est valable, ça me terrifie. Parce que, pour le dire très simplement, c'est une idée de nazi. Et il me semblait que notre système éducatif et culturel insistait pas mal sur la faiblesse de cette idéologie.

10 septembre 2018

Good bad guy vs. bad good guy (1)

Comme beaucoup de monde, j'ai vu récemment The Incredibles 2 (Les Indestructibles 2), film Pixar à mon sens fort honorable, même si je persiste à ne pas le ranger dans la même catégorie que des chefs-d'œuvre comme Up! (Là-haut !), Wall-e ou Coco. Je n'ai pas grand-chose à dire sur le long-métrage, mais il y a un point qui me titille, une scène qui m'a marqué, et j'aimerais développer mon propos.

Ceci dit, je ne comprends toujours pas pourquoi la musique lorgne autant sur
le style "film d'espionnage" et pas du tout sur le "super-héros"..
.

Cette scène, c'est la course-poursuite où Helen Parr (Elastigirl) s'élance à travers la ville pour retrouver le méchant, Screenslaver, pendant que celui-ci retransmet son discours de vilain à la télévision. Un passage très bien fichu, ça court, tout ça, c'est prenant. Tellement prenant qu'il est difficile de se concentrer sur l'autre aspect intéressant de ce moment : le discours. Et si on l'écoute bien, on est bien obligé de remarquer que... c'est un discours parfaitement sensé.

Screenslaver déplore que les personnes normales se reposent autant sur les super héros. Il estime que la présence des supers empêche les individus lambdas de se prendre en mains, de résoudre eux-mêmes leurs problèmes. Pourquoi s'embêter à prendre en compte les conséquences potentielles de nos actions puisqu'un type en cape (non, pas de cape !) viendra toujours régler le souci à la fin ? Pourquoi prévoir puisqu'il y aura toujours un deus ex machina de secours ? Bref, il appelle à une prise de conscience, et évidemment à une mise au ban des supers.

En plus il a un design un peu cool.

Connaissant Pixar et les sous-textes parfois quasi communistes de certaines de leurs œuvres, on peut se demander s'il n'y aurait pas là-dessous une critique du peuple se reposant exclusivement sur ses élites soi-disant qualifiées. En tout cas, le discours de Screenslaver soulève un point politique tout à fait pertinent. Je ne dis qu'il faut trancher en sa faveur, je dis juste que la question mérite d'être posée. Toutefois, dans The Incredibles 2, elle est totalement évacuée. On ne questionnera jamais la légitimité de cette problématique, elle est même très littéralement passée au second plan pendant cette scène de course-poursuite. 

Dans la diégèse du film, la question est en effet sans objet : il se trouve que cet univers est très manichéen, les gentils y sont tous très gentils, les méchants tous très méchants (le film se rattrape sur d'autres points, hein). Aucun des supers qu'on nous montre n'est là pour la gloire ou pour l'argent, ils sont tous présentés comme des boy-scouts bénévoles, ardemment désireux d'aider leurs prochains. Il est clair que le thème de l'autodétermination des masses n'est pas le sujet de The Incredibles 2 (le film parle avant tout de la famille et, notamment, du patriarcat, et il en parle d'ailleurs plutôt bien).

Reste que je trouve les arguments de Screenslaver extrêmement intéressants et j'aimerais bien qu'ils soient un peu plus creusés.
Ce qui m'amène à une autre réflexion, mais je manque de place, alors rendez-vous mercredi pour la suite... 


Hein ? Ah, oui, c'est sûrement aussi une critique des médias, vu qu'il hypnotise
les foules avec des télés.


07 septembre 2018

Tribute to... Mickael J


Au début, je ne jetais qu'un œil distrait aux productions de VoxMakers, un collectif français de jeunes geeks qui parlent de films, d'anime, de BD et autres aspects de la pop culture qui, d'ordinaire, m'intéressent pourtant pas mal.

Mais à force de regarder distraitement, j'ai fini par vraiment me pencher sur leurs émissions, en particulier celles de Mickael J, d'où ce petit hommage.
Alors pourquoi lui alors que l'Ermite Moderne ou 100 Pseudos font eux aussi des choses tout à fait dignes d'intérêt ? Déjà parce que je m'en veux de l'avoir méjugé sur la base de son look : avec sa dégaine de geek trop frisé, trop enveloppé, sa voix haut perchée, il me semblait sans doute un peu trop cliché... Suis-je con, parfois !

Ensuite parce qu'un des sujets de prédilection de Mickael J, ce sont les polémiques dans le monde de la pop culture, et en ces temps où des pétitions fleurissent pour décanoniser l'épisode VIII de Star Wars, où des gens hurlent que la nouvelle série de Denver le dernier dinosaure (dont on n'a encore vu qu'un générique) « viole leur enfance » et où le futur président des États-Unis s'insurge qu'on puisse faire un film Ghostbusters avec des femmes, toutes les voix de la raison méritent d'être entendues.

En l'occurrence, je ne suis pas toujours d'accord avec les arguments de Mickael J, ni avec ses conclusions sur certains films, mais je me retrouve complètement dans sa manière d'aborder les polémiques : il remonte aux sources, analyse intelligemment les différents arguments et distribue les points. Et met le tout en scène de manière plutôt distrayante. Sa critique de Justice League est à ce titre exemplaire.



Il y a là de la passion, du talent, du travail et de l'intelligence. C'est plus qu'il n'en faut pour vous conseiller sa chaîne.

05 septembre 2018

Neil a vu... The Meg

Une seule tête, pas de tornade, nage seulement dans l'eau...
tu vas pas faire long feu dans le shark game, mec !

Je suis un grand fan de films à base de requins. Les bons films, comme Jaws (Les Dents de la mer) et Deep Blue Sea (Peur bleue) (oui) (je persiste et signe, c'est un bon film), bien sûr, mais aussi tous les très, très mauvais films sortis dans les années 2000, les requins géants, les requins à deux têtes, les requins des sables, des neiges, des marais, les requins fantômes, les requins mechas, les requins zombis, bref, tous les avatars de cette sharkploitation décomplexée (avec en représentant emblématique la série Sharknado, six épisodes à ce jour, pour laquelle je n'entretiens toutefois pas une passion brûlante).

Il est donc assez fascinant de voir Hollywood courir pour rattraper le train (plus vraiment en route, le filon ayant été exploité jusqu'à plus soif) et nous proposer une adaptation du roman The Meg, de Steve Alten (une méprise m'avait fait initialement croire qu'il s'agissait d'un livre de Peter Benchley, également auteur du Jaws adapté par Spielberg - oui, croyez-le, Les Dents de la mer, à la base c'est une roman - mais non).

Ouiiii, on a compris, il est gros votre requin. Très gros.

Eeeeeet c'est pas génial. Rien de pire qu'un film de genre académique : le réalisateur, John Turtletaub (que vous connaissez sûrement pour National Treasure - Benjamin Gates et le trésor des templiers - mais qui a fait plein de trucs en fait, notamment Cool Runnings - Rasta Rockett), fait de son mieux, il essaie de poser ses personnages, de donner un ton au film... mais ça ne marche pas. Sans doute un peu à cause de Jason Statham, qui manque clairement du charisme nécessaire, un peu à cause du dialoguiste qui était sûrement pressé d'encaisser son chèque, et sûrement à cause de producteurs qui semblent avoir bien fait caguer leur monde (rien que la traduction française audacieuse du film, En eaux troubles, sent l'ingérence marketing à plein nez).

Une des scènes plutôt inspirées du film, le face à face avec la petite Meiying.
Inspirée de plein d'autres (dont Pacific Rim, dont elle n'atteint pas le quart de l'ambiance, mais bon...).

Résultat : un film sans grosse fausse note, mais sans aucune fulgurance, sans ambition, sans génie. Un film sitôt vu, sitôt oublié, malgré une grosse bestiole plutôt réussie. 

Les différentes interviews de l'équipe du film laissent entendre qu'ils aimeraient bien lancer une série de suites (oui, car The Meg, ce n'est pas seulement un roman mais bien une saga comptant actuellement cinq tomes). Il est clair que ce sont surtout les résultats en salles qui statueront sur l'avenir de la licence, bien plus que la qualité artistique réelle du produit. C'est sûrement pas plus mal. 

03 septembre 2018

Ducktales : saison 1

Un des événements télévisuels de l'été était bien entendu la Coupe du monde de footla fin de la première saison du reboot de Ducktales (La Bande à Picsou). Comme je l'ai déjà laissé entendre, le pilote de cette série avait fait de moi un fan instantané, et j'étais très curieux de savoir comment tout cela allait se terminer.

Les héros de cette nouvelle version. En particulier Webby et Dewey (Zaza et Fifi),
qui ont clairement eu les préférences des scénaristes de cette première saison.


Alors que dire de cette nouvelle série ? Plein de choses, et au final une impression mitigée. Il y a de très bons épisodes (le pilote, la conclusion, et quelques perles comme The Golden Lagoon of White Agony Creek! ou From the Confidential Casefiles of Agent 22!), de très bonnes idées, un super travail de design, mais aussi des éléments beaucoup moins intéressants (avec des épisodes que j'estime quasiment ratés, comme Sky Pirates in the Sky!, très en-dessous de ses ambitions). Rarement au point d'en devenir désagréables, mais tout de même...

Mais la série reste un plaisir coupable, elle est truffée de références à tout l'univers des BD, des dessins animés et d'autres éléments. Au point que j'ai souvent eu l'impression qu'elle s'adressait plus aux vieux fans pointilleux comme moi qu'aux jeunes générations. J'aurais énormément à dire sur ce reboot, et franchement j'ai très envie de faire un post par épisode pour tout répertorier, mais ce serait sûrement un peu fastidieux, et ça ne vous amuserait sans doute guère (dans le cas contraire, n'hésitez pas à le signaler hein).
Les designs de personnages Disney sont toujours très précis, j'ai
pas mal galéré pour ces dessins. J'ai laissé quelques lignes de travail pour ceux que ça intéresse.
La disposition des yeux et du bec par rapport à ces lignes est essentielle pour obtenir un résultat
ne serait-ce que vaguement correct.

La saison 2 est d'ores et déjà annoncée, et les petits avant-goûts qui ont filtré sont clairement alléchants. On devrait notamment y croiser deux personnages jusque-là jamais vus en animation :


Fethry Duck et John D. Rockerduck, soit respectivement Popop et Flairsou ! C'est d'autant plus inattendu que ces deux personnages sont quasi inconnus aux États-Unis, Popop a été inventé par un auteur anglais et a surtout eu du succès en France et en Italie, et Flairsou, même s'il a été créé par Carl Barks, n'apparaît quasiment jamais dans les BD américaines. 
Et je suis très curieux de voir comment Popop va être traité en animation.