Ex nihilo Neil

10 septembre 2018

Good bad guy vs. bad good guy (1)

Comme beaucoup de monde, j'ai vu récemment The Incredibles 2 (Les Indestructibles 2), film Pixar à mon sens fort honorable, même si je persiste à ne pas le ranger dans la même catégorie que des chefs-d'œuvre comme Up! (Là-haut !), Wall-e ou Coco. Je n'ai pas grand-chose à dire sur le long-métrage, mais il y a un point qui me titille, une scène qui m'a marqué, et j'aimerais développer mon propos.

Ceci dit, je ne comprends toujours pas pourquoi la musique lorgne autant sur
le style "film d'espionnage" et pas du tout sur le "super-héros"..
.

Cette scène, c'est la course-poursuite où Helen Parr (Elastigirl) s'élance à travers la ville pour retrouver le méchant, Screenslaver, pendant que celui-ci retransmet son discours de vilain à la télévision. Un passage très bien fichu, ça court, tout ça, c'est prenant. Tellement prenant qu'il est difficile de se concentrer sur l'autre aspect intéressant de ce moment : le discours. Et si on l'écoute bien, on est bien obligé de remarquer que... c'est un discours parfaitement sensé.

Screenslaver déplore que les personnes normales se reposent autant sur les super héros. Il estime que la présence des supers empêche les individus lambdas de se prendre en mains, de résoudre eux-mêmes leurs problèmes. Pourquoi s'embêter à prendre en compte les conséquences potentielles de nos actions puisqu'un type en cape (non, pas de cape !) viendra toujours régler le souci à la fin ? Pourquoi prévoir puisqu'il y aura toujours un deus ex machina de secours ? Bref, il appelle à une prise de conscience, et évidemment à une mise au ban des supers.

En plus il a un design un peu cool.

Connaissant Pixar et les sous-textes parfois quasi communistes de certaines de leurs œuvres, on peut se demander s'il n'y aurait pas là-dessous une critique du peuple se reposant exclusivement sur ses élites soi-disant qualifiées. En tout cas, le discours de Screenslaver soulève un point politique tout à fait pertinent. Je ne dis qu'il faut trancher en sa faveur, je dis juste que la question mérite d'être posée. Toutefois, dans The Incredibles 2, elle est totalement évacuée. On ne questionnera jamais la légitimité de cette problématique, elle est même très littéralement passée au second plan pendant cette scène de course-poursuite. 

Dans la diégèse du film, la question est en effet sans objet : il se trouve que cet univers est très manichéen, les gentils y sont tous très gentils, les méchants tous très méchants (le film se rattrape sur d'autres points, hein). Aucun des supers qu'on nous montre n'est là pour la gloire ou pour l'argent, ils sont tous présentés comme des boy-scouts bénévoles, ardemment désireux d'aider leurs prochains. Il est clair que le thème de l'autodétermination des masses n'est pas le sujet de The Incredibles 2 (le film parle avant tout de la famille et, notamment, du patriarcat, et il en parle d'ailleurs plutôt bien).

Reste que je trouve les arguments de Screenslaver extrêmement intéressants et j'aimerais bien qu'ils soient un peu plus creusés.
Ce qui m'amène à une autre réflexion, mais je manque de place, alors rendez-vous mercredi pour la suite... 


Hein ? Ah, oui, c'est sûrement aussi une critique des médias, vu qu'il hypnotise
les foules avec des télés.


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