Ex nihilo Neil

17 avril 2020

Explorer des donjons


Si vous avez suivi la même scolarité que moi, vous savez qu'en français, le mot « donjon » désigne une haute tour massive, située dans l'enceinte d'un château fort, qui sert à la fois de point d'observation et de dernier refuge en cas d'attaque extérieure.

Mais si vous avez ensuite effectué un cursus de geek, comme moi aussi, le terme a sans doute rapidement changé de sens dans votre esprit pour devenir un lieu composé d'une succession de pièces où l'on affronte des monstres, des pièges, des énigmes, dans le but de récolter des trésors ou d'accomplir l'objectif de quelque quête. 
Le concept de « lieu » et de « pièce » est d'ailleurs à prendre au sens très général, puisqu'un donjon peut tout aussi bien se composer d'une crypte, d'une vieille mine hantée, d'une ancienne cathédrale, d'un bateau échoué, d'un train en marche, d'une usine ultramoderne, d'un temple de l'eau, d'un vieux vaisseau spatial abandonné en orbite, d'un labyrinthe végétal en plein air, d'une forêt maudite... bref, le donjon, c'est plus une idée qu'une définition stricte. En général on y rentre à plusieurs (mais pas toujours), préparés, avec un objectif, et on y galère face à des créatures qui gardent quelque chose.

Certains jeux (car ne nous leurrons pas le terme est surtout utilisé dans le monde des jeux) sont même entièrement dédiés à l'exploration de donjons, que ce soit des jeux de plateau (on se souvient tous de Hero Quest ou Space Crusade, mais aujourd'hui on a aussi Descent et plein d'autres) ou des jeux vidéo (avec la catégorie bien nommée des dungeon crawlers, mais aussi les rogue-like, et quasiment toutes les sortes de RPG qui proposent tous des donjons à tire-larigot). 

Et si on appelle ces lieux des donjons, c'est évidemment en référence au taulier du genre, le premier jeu de rôle digne de ce nom, le mythique Donjons & Dragons. Où, dans les versions les plus simplistes, on incarne un groupe d'aventuriers descendus dans un donjon pour tuer un dragon.
Vous noterez toutefois, et ça ne vous a sûrement pas choqué, que j'ai écrit « descendre dans un donjon », alors qu'à l'origine le donjon est une tour. Pourtant, dès les origines, on pensait plutôt à s'enfoncer dans les entrailles de la terre.

Eh bien sachez que la traduction de Dungeons & Dragons en Donjons & Dragons est un des plus beaux exemples de faux-amis de l'histoire de la pop culture. En effet « dungeon », en anglais, ne signifie pas du tout « donjon » au sens de « tour la plus haute... », mais « cachots », « geôle ». De là vient le fait que les aventuriers n'explorent en définitive que rarement des bâtiments élevés. 

Eh oui, tout ça pour ça.


Sinon en ce moment je joue à Darkest Dungeon, c'est peut-être pour ça...

2 commentaires:

Victor von Jul a dit…

Il est bien, Darkest Dungeon ? J'avais cru lire que c'était déprimant car trop dur, etc. Quel est ton avis ?

Et merci pour l'explication de texte pour le faux-ami, ça explique pas mal de trucs ! :D

Neil a dit…

Franchement, j'aime beaucoup, mais il faut reconnaître que les premières heures sont rudes, voire très rudes, et que ça peut être pas mal d'avoir un wiki pas loin pour certains aspects (comprendre les symboles sur la carte, les items à utiliser sur les curiosités croisées, les bâtiments à améliorer en priorité, etc.).

En revanche, une fois que tu es bien lancé, ça devient très prenant. L'ambiance est certes sombre, mais bien écrite, et la direction artistique est très chouette. Après c'est vrai que c'est un jeu qui incite à la prudence, un peu comme dans Don't Starve, le moindre faux-pas peut foutre en l'air ta partie, et quand tu perds un personnage dans lequel tu avais – littéralement – beaucoup investi, ça fait mal. Mais tu conserves quand même les bonus débloqués dans le hameau, comme dans tout rogue-like, donc c'est déjà ça.

Bref, moi je conseille, en mode radiant (= facile, parce que ça pique déjà pas mal). J'y ai passé une cinquantaine d'heures, et je ne les regrette pas.