Ex nihilo Neil

30 octobre 2024

Robots sauvages en liberté

 Le hasard des sorties veut que deux films à base de robots soient proposés en salle en ce moment. Ils n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est qu'ils valent tous les deux le prix de l'entrée.


Le Robot sauvage (The Wild Robot), Chris Sanders, 2024

Au vu des premières bandes-annonces, je m'attendais à un film quasi muet, genre la première moitié de Wall-e, avec un robot errant dans un monde sauvage qui n'est pas le sien et apprend à vivre en harmonie avec la nature. Ce n'est pas ça du tout, c'est même plutôt bavard, mais ce n'est pas mauvais pour autant.

Le Robot sauvage se fourvoie, parfois, notamment quand il essaie de démontrer la nécessité d'être gentil et plein de compassion dans un monde sauvage où ce n'est tout simplement pas possible. Dans ces moments-là, il s'embourbe, essayant de nous faire croire à la faisabilité d'une utopie forestière sans savoir réellement comment faire. N'est pas Zootopia qui veut. Il compense avec un très beau discours sur la parentalité et l'abnégation, une animation franchement sublime servie par une musique un chouia tire-larmes, mais grandiose, et de magnifiques moments d'émotion. Notez qu'il met un peu de temps à se finir (j'ai cru au moins trois fois que le générique de fin allait se lancer, mais non, il restait du film).



Transformers – Le Commencement (Transformers One)
Josh Cooley, 2024

Mais le vrai phénomène du moment, c'est bien sûr Transformers One (absurdement traduit Le Commencement, alors que le terme « one » a un sens tout particulier dans l'univers TF*). Avant même qu'il sorte, pas mal de critiques qui avaient eu la chance de le voir se demandaient si ce n'était pas, non seulement un bon film Transformers, mais peut-être tout simplement le meilleur film d'animation de l'année. Et je dois dire que c'est en effet de la balle.

TF One est un énième reboot de l'univers Transformers (si on compte tous les films, comics et séries animées, on a largement dépassé la douzaine), présentant une Cybertron en crise, divisée entre une élite et des prolétaires incapables de se transformer, réduits à gagner leur croûte dans de très dangereuses mines d'énergon**. Là, les jeunes Orion Pax et D-16 (futurs Optimus Prime et Megatron) vont trouver un indice les mettant sur la piste de la mystérieuse matrice du commandement. Je sais que ces prémisses sont relativement classiques, mais notez tout de même que le film part d'un postulat de lutte des classes qu'il va activement exploiter dans toute sa durée, avec tous les twists de rigueur.

Ajoutez à cette histoire parfaitement écrite et réussie une animation à tomber par terre (vraiment, ça bouge vite et bien), d'excellents personnages très bien doublés, un raz-de-marée de clins d'œil pour les fans qui ne vient jamais entraver la compréhension des néophytes, et vous obtenez la meilleure porte d'entrée pour l'univers TF de ces quarante dernières années. On est à des années-lumières des films bas du front de Michael Bay, ou même des timides (mais méritoires et réussies) tentatives de Bumblebee et Rise of the Beasts. Là vous avez un vrai film, solide, classe, plein d'idées, avec peut-être un humour un peu balourd par moment mais qui n'entrave pas l'action, et un vrai propos sincère et intelligent. Un très beau cadeau d'anniversaire pour les quarante ans de cette licence que j'aime décidément beaucoup, malgré ses errances.

* Une des grandes formules rituelles cybertroniennes est « Till all are one » (« Jusqu'à ce que tous ne soient plus qu'un »), exprimant le retour à l'unité au sein de Primus, qui peut se comprendre comme une prophétie apocalyptique ou plus simplement un retour à la terre nourricière, mais dans une vision robotique.

** On dévie un peu, mais pas tant que ça, des comics IDW où Megatron était un mineur opprimé et où la discrimination reposait sur le mode alternatif des individus, selon la doctrine du fonctionnalisme (si vous vous transformez en avion de chasse, vous êtes un militaire, si vous vous transformez en foreuse, vous êtes un mineur, etc., induisant une hiérarchie de fait).

28 octobre 2024

Mais où trouvez-vous toutes ces idées ?

 

Juste une petite réflexion sur le talent des créatifs de Dreamworks pour piocher joyeusement chez la concurrence... bon ça n'empêche pas leur dernier film d'être sublime, hein, mais on en reparle mercredi.

25 octobre 2024

L'opérateur

 

Vous êtes agent fédéral américain et vous devez aider vos collègues sur le terrain à partir de votre base de données. C'est les années 1990, les années X-Files, et ça se sent. Tout pue le complot et la corruption, et vous êtes au centre de la machine à secrets.

The Operator est un jeu court et pas bien compliqué, vous le finirez en deux soirées maximum si, comme nous, vous êtes des couche-tôt. Mais il parvient à générer une ambiance si saisissante qu'à moment donné, suite à une fausse manipulation qui a des conséquences dramatiques dans le jeu, je suis resté réellement sous le choc pendant plusieurs minutes. Bien sûr, c'est ce qu'on demande à une œuvre, mais je dois reconnaître que je l'ai rarement ressenti à ce point. Je conseille donc.

23 octobre 2024

Magic chill

 

C'est un peu le coup de feu en ce moment, entre le boulot, les week-ends chargés et la phase 4 du projet Assembly dans Satisfactory... Alors j'ai juste fait un mage qui chill dans la nature.

21 octobre 2024

Beau programme

 

Ma plus jeune nièce a six ans et c'est une boule d'énergie et d'optimisme.

18 octobre 2024

Spiel 2024 : tester avec abnégation

Au final, on aura testé une quarantaine de jeux, ce qui me semble avec le recul complètement extravagant. Certains étaient longs, certains courts, certains cool, certains nazes. Pourtant je suis convaincu que, même sans toucher le moindre jeton, parcourir les allées du salon est déjà une expérience extraordinaire. Sur cet événement grand comme un demi-Salon de l'agriculture, la passion était partout, et c'est un des grands miracles de ce genre de rassemblement : au bout d'un moment, on se prend au jeu.

Allez, il est temps de conclure, et comment mieux le faire qu'avec un bilan de tous les jeux testés ? Alors accrochez-vous, c'est parti.


Au début on se dit que c'est facile, puis surprise,
en fait non.

Next Station Paris : un petit jeu où l'on doit tracer et optimiser sa ligne de métro parisienne (ou londonienne, ou tokyoïte, plusieurs versions existent). Très sympa.

Dicy Cards : un petit jeu de... dés, où on doit obtenir des combinaisons selon certains objectifs que l'on doit régulièrement réactiver. Plutôt original dans sa mécanique.

Out of Sock : petite déception pour un jeu où il est beaucoup trop facile de tout perdre d'un coup. Bien à l'apéro pour s'écharper entre potes, mais pas plus. 

Ito : un jeu où l'on doit faire deviner un nombre en racontant une anecdote de sa vie... je dis pas que c'est pas bien, je dis pas que c'est bien, je dis juste qu'on n'a pas besoin d'acheter le jeu pour y jouer. 

The Cat and Tower : j'en ai déjà parlé, c'est pas mon truc mais c'est cool. 

Urbion : je n'ai aucun souvenir de ce truc...   

A Message from the Stars : un jeu où on doit décoder le message d'un extraterrestre à partir d'un code numérique... intéressant mélange de Mastermind et de Mysterium. 

Isit Thai Dishes : en quête de chaises pour se poser deux minutes, on s'est perdus sur le stand des éditeurs thaïlandais et on a testé cet espèce de memory mâtiné de Dobble, avec des cartes moches... c'était pas ouf. 

Thai Dessert Kitchen : autre jeu thaïlandais, un poil plus intéressant, où on doit préparer des desserts. L'originalité étant qu'on joue tous en même temps, d'où un résultat très chaotique (les Thaïlandais doivent aimer ça, l'autre jeu aussi se jouait tous en même temps). 

Dungeon Designer : un jeu plutôt sympa où on doit créer son donjon en respectant certains objectifs.

 

Un jeu avec des petits chats, des lapins et des
grosses gouttes de sueur.

 

Bomb Busters : excellent jeu coopératif où on doit se transmettre des informations sans parler pour couper les bons câbles d'une bombe. Très bonne surprise. 

AI Space Puzzle : la mode est apparemment au décryptage de message. Celui-ci est peut-être un chouia moins convaincant que A Message from the Stars, mais il est bien quand même. 

Bottle Imp : jeu de plis. Nous savons tous ce qu'il faut en penser.  

Too Many Bones : on a juste eu une explication de ce gros dungeon crawler qui a l'air tout à fait recommandable. 

Dorfromantik : adaptation du jeu vidéo du même nom et petit coup de cœur pour un jeu de pose de tuiles charmant, simple, avec une dimension legacy qui propose toute une campagne de règles évolutives. On va probablement l'acheter. 

Captain Obvious : pas bien compris l'intérêt de ce jeu où on doit dire des trucs évidents. 

Mü & More : jeu de plis. Mes partenaires de jeu l'ont acheté. Moi pas.

 

Gros coup de cœur (et apparemment il a reçu le prix
du jeu de l'année 2023).

Kronologic : un jeu de déduction genre Cluedo en beaucoup mieux, tout à fait recommandable. 

Biome : gros jeu où on doit réunir des espèces animales et végétales spécifiques. Des dizaines et des dizaines de cartes, toutes différentes, toutes avec des capacités spéciales, autant dire que la première partie n'est pas la plus optimisée, mais y a du potentiel. 

Spectacular : pas très spectaculaire, mais un sympathique jeu de pose de tuiles avec draft où, comme souvent, tout s'éclaire bien trop tard quand on compte les points, à la fin. 

Lost in Adventure : un jeu d'aventure et d'enquête plutôt basique, mais pas désagréable. A réserver quand même aux débutants et aux plus jeunes. 

Until Proven Guilty : un jeu où on doit prouver la culpabilité de quelqu'un. J'ai pas bien compris l'intérêt et j'ai trouvé la narration assez boiteuse. 

Catch the Bomber : jeu à rôles cachés. Pas mon truc. 

Fixer : jeu de plis. Mes camarades l'ont trouvé suffisamment génial pour faire la queue afin d'arracher chacun une des dernières boîtes. Ce genre de comportement se passe de commentaire, naturellement (dit le mec qui a attendu vingt minutes pour avoir une carte dédicacée de Paleo).

Magic Maze Tower : un jeu marrant où chaque joueur n'a le droit de déplacer les pions que dans une direction, impliquant de fait une coopération muette. Presque plus un puzzle qu'un jeu, mais chouette. 

Defenders of the Realm : retour d'un vieux jeu coopératif un peu wargame, où on doit remplir des missions sur une vaste carte tout en défendant son château. Sympathique.

 

Mal expliqué mais très sympa. Et y a déjà plein d'extensions.

Keep the Heroes Out : l'explication a été longue et éprouvante (alors que c'est pas si compliqué), la partie tout autant, mais ce jeu où l'on doit repousser les héros qui viennent envahir votre donjon nous a tout de même charmés. Il n'est juste pas fait pour des parties de deux heures dans un salon surchauffé. 

Shifters : un jeu coopératif de combat à base de cartes plein d'originalité, qui mérite encore un petit coup de polish mais que nous surveillerons de près quand il arrivera en France.  

365 Adventures: the Dungeon : une idée aussi simple que géniale : un dungeon crawler en forme de calendrier, dont l'aventure va s'étaler sur toute l'année, à raison de trois minutes par jour. Le truc parfait pour commencer la journée. 

Skull Queen : jeu de plis, mais celui-là il est bien vu que j'ai gagné la partie.

Le seul jeu qu'on a acheté, ça en dit long.

Dungeon Legends : une sorte de dungeon crawler qui semble tout à fait recommandable, même si j'ai peur qu'il devienne un chouia répétitif sur la longueur. 

Bable : un petit jeu où on doit communiquer pour construire la tour de Babel, sauf qu'on perd petit à petit la possibilité de communiquer justement... une idée toute simple et très efficace, qui produit des parties aussi tendues que drôles, a fortiori si vous interdisez de prendre des notes.

16 octobre 2024

Spiel 2024 : s'enjailler dans les cavernes

 

La grande surprise, ce fut la sortie d'un tout nouveau module pour mon jeu chouchou, Paleo. Die Öhlen, The Caves en anglais (et probablement Les cavernes dans la future VF) est un module original qui nous fait explorer de sinistres grottes qu'il va falloir apprendre à connaître et à apprivoiser pour survivre. Acheté, testé et approuvé.


Mais ce n'était pas tout, puisque le créateur de Paleo, le grand Peter Rustemeyer, était présent sur le salon et distribuait des cartes personnages personnalisées à la demande. Après à peine un petit quart d'heure de queue, j'ai réussi à rencontrer le grand homme.

Quel bel homme !


La carte personnalisée que je lui ai demandée : son autoportrait,
avec le nom « The Artist ». Un point d'habileté et un point
de vigilance, franchement, dans un deck, ça peut faire la diff.
Et qu'on ne vienne pas me dire qu'elle n'est pas valable, c'est
le créateur du jeu qui l'a faite !

14 octobre 2024

Spiel 2024 : s'humilier avec des plis

 

On en a essayé plusieurs, des jeux de plis, et chaque fois j'ai souffert l'enfer. Mais les autres ont bien aimé, notamment Fixer, qui apparemment est bien dans son genre. 

Seule exception : j'ai bien aimé Skull Queen, peut-être parce que j'ai
gagné la partie (la seule de tout le salon). L'idée est sympa, les plis
servant à faire progresser un meeple sur un petit plateau, et on
joue beaucoup moins l'adversaire.


11 octobre 2024

Spiel 2024 : construire avec des chats

 

Le Spiel, c'est aussi l'occasion de tester des jeux sous le regard de ceux qui auraient bien aimé les tester à votre place. Et parfois ça mène à des scènes adorablement surréalistes, où une assemblée de parfaits inconnus vous applaudissent parce que vous avez réussi à monter une tour en papiers tout en posant des petits chats en bois dessus.

Le jeu c'est Cat and the Tower, c'est japonais et ça mélange Jenga
et origami... C'est pas trop mon truc, mais y jouer
avec un public était une expérience marquante.


09 octobre 2024

Spiel 2024 : peindre au marteau

 

Nous sommes de retour du Spiel, le grand salon du jeu de plateau qui a lieu tous les ans dans la bonne ville d'Essen, chez nos voisins allemands. Ce furent quatre jours intenses, je pense que c'est le festival que j'ai le plus suivi de ma vie (on a fait tous les jours, de l'ouverture à la fermeture, sur toute sa durée), et c'était bien cool. 

Les prochains posts seront donc consacrés à quelques anecdotes vécues sur le salon et à la présentation de différents jeux repérés au passage. Et on commence par l'atelier de peinture de figurines qui était proposé sur l'immense stand Warhammer, où j'ai enfin pu m'essayer à cette activité de geek ultime qui ne m'était étrangement pas familière (alors qu'elle m'attire depuis que j'ai seize ans je pense).

L'idée était de peindre une figurine, en l'occurrence
ici un Infernus Marine. L'hôtesse vous donne quelques conseils
sur l'usage des peintures, puis débrouillez-vous.

J'ai commencé par appliquer des couleurs générales, assez maladroitement,
en essayant de rester cohérent, puis j'ai affiné le tout en rajoutant des couches,
des peintures à effets métalliques, des petites taches...

Finalement, après une heure et demie de lutte, j'ai obtenu un truc
que je trouve à peu près potable pour un premier essai.

C'était une pause bienvenue au milieu d'un festoche assez trépidant, et ça m'a un peu donné envie de peindre mes vieilles figurines de Hero Quest, mais ça restera sans doute un pur fantasme tant ce loisir réclame du temps et un peu d'investissement (et de la place, aussi... surtout).