Ex nihilo Neil

18 juin 2025

AB Prod Legacy

 


Je suis tombé par je ne sais quel étrange sortilège sur Pep's... vous connaissez Pep's ? Moi je n'en avais jamais entendu parler, mais apparemment c'était un programme court comique qui passait sur TF1 vers 2013, dans la lignée de Soda (avec Kev Adams) et toutes ces conneries... Douze ans, c'est ce qu'il faut pour que les fans de l'époque grandissent suffisamment pour être nostalgiques aujourd'hui, et donc ça veut dire que des vidéos commencent à poindre sur YouTube, comme Kaamelott en son temps.

Le malaise dans lequel cette série me met est absolu. On peut débattre des mérites et soucis comparés de Un gars, une fille, de Scènes de ménage, de Caméra café, mais au moins les acteurs étaient bons, et il m'arrivait de sourire. Là c'est tellement cringe... C'est pas compliqué, j'ai l'impression de voir une évolution des séries AB Production, avec ce même jeu aléatoire malaisant, la réal ultra plan-plan, le casting complètement aux fraises, ce sentiment de sketch pas drôle écrit la veille pour le lendemain, et surtout une absence totale de questionnements quant aux thématiques et scénarios. Le nerd qui s'habille comme Cyprien (d’Élie Semoun, hein, pas le youtubeur), les ados joués par des jeunes hommes de vingt ans qui draguent des jeunes femmes jouées par des actrices de quarante ans, les profs habillés comme dans les années 1950, les blagues de cul*, les blagues sur les femmes battues, les blagues sur le harcèlement, c'est le festival du y a rien qui va. Pep's, c'est un peu Les Profs** — la série

Et c'est donc sorti quatre ans après la fin de Kaamelott, qui avait redéfini l'importance de l'acting et du dialogue dans ce genre d'œuvre, quatre ans après Les Beaux Gosses, qui avait réinventé la vision du lycée et des ados à l'écran... J'ai regardé je ne sais combien d'épisodes tellement j'étais hypnotisé par le truc. Je suis fa-sci-né. 

* Le personnage de l'infirmière scolaire, c'est Hilguegue dans Salut les Musclés. Je ne plaisante pas, c'est un personnage AB Prod, accent et décolleté compris.

** L'abominable film de Pierre-François Martin-Laval qui, coïncidence sûrement, sortait la même année.


 

16 juin 2025

Errer dans les Landes

Bon, ce week-end on était à Dax, où on s'est reposés, on a traqué quelques Poï'z, photographié quelques bestioles, c'était chouette mais du coup j'ai pas trop eu le temps de faire un post. Ce sera pour une autre fois...

En compensation, une bestiole vue l'an dernier que j'avais oublié de vous montrer. 

C'est un œdémère noble (Oedemera nobilis), un petit coléoptère
(ça se voit à la taille de la pâquerette) à grosses cuisses, 
qui arbore une livrée d'un vert métallique pétant des plus classes.

 

13 juin 2025

Cinq démos

Y avait pas mal de démos jouables sur Steam ces derniers temps, alors j'ai consacré une soirée à les tester.

 

Ninja Gaiden — Ragebound

Et on commence par le résultat de l'union de deux de mes chouchous : les Espagnols de The Game Kitchen à qui on devait l'excellent point & click The Last Door et l'impressionnant metroidvania Blasphemous, et les Français de Dotemu qui se sont spécialisés dans la résurrection flamboyante de vieilles gloires de l'époque 8-16 bits (dont Wonderboy 3 et Streets of Rage). Autant dire que j'attendais beaucoup de ce retour de Ninja Gaiden, licence réputée exigeante. Et exigeant, le jeu semble bien parti pour l'être : notre héros dispose de plusieurs pouvoirs (accrochage aux murs et au plafond, rebonds sur projectiles, barre de mana, et quelques trucs plus mystiques à base de téléportation ninja) qu'il va falloir maîtriser à la perfection pour parcourir efficacement des niveaux où le sol devient rapidement accessoire. 

C'est beau, ça bouge bien et les dévs semblent avoir plein d'idées pour varier le gameplay. Ceci étant dit le but semble être de faire un jeu de plateforme à accomplissements, avec performance notée à la fin de chaque niveau et possibilité de le refaire pour s'améliorer, c'est pas forcément mon genre préféré, mais faut voir.

  
Strange Antiquities

Aucun doute : Strange Antiquities est la suite de Strange Horticulture. Ça tombe bien, j'avais beaucoup aimé ce dernier. On prend les mêmes et on recommence, avec le même mélange de mini enquêtes pour identifier les objets occultes que nous demandent les clients, résoudre des petites énigmes ésotériques, explorer la carte de la ville (la même que dans le jeu précédent)... Bref, plus du même, moi ça me suffit largement, ça occupera les moments creux de l'hiver prochain. En plus on peut caresser le chat. 

 

Mina the Hollower

J'avais adoré Shovel Knight et étais donc impatient de voir Yacht Club Games appliquer leur magie sur autre chose que le platformer capcomien. Mina the Hollower semble plutôt lorgner vers les Zelda période Link's Awakening, mes préférés, donc je ne vais pas leur reprocher, mais... je ne sais pas, la démo m'a laissé un goût bizarre, je n'ai pas adoré la maniabilité, les couleurs hommages à la Game Boy Color me semblent un peu tristounes... Quelque chose me déplaît, mais j'ai du mal à dire quoi. On verra ce qu'en diront les testeurs à la sortie, fin octobre. 

Dispatch

Dispatch est-il un jeu vidéo ? La question choque moins quand on sait que AdHoc Studio, qui le développe, a été fondé par des anciens de TellTale, dont les œuvres suscitaient déjà les mêmes doutes. D'après la démo, Dispatch est autant un dessin animé interactif qu'un jeu de... gestion d'effectif ? Vous devez répondre à des appels de détresse en dispatchant les super héros dont vous êtes responsable sur la carte de la ville. Ça s'annonce très beau, très narratif, avec de bonnes voix (dont plusieurs connues) et un ton un peu mature (c'est-à-dire qu'on dit fuck une phrase sur trois, j'espère que ça grandit un peu dans la suite de l'intrigue). En tout cas je le surveille de près. 


Star Wars — Outlaws

La surprise : Ubisoft a mis en ligne une démo de Outlaws, sorti il y a déjà quelque temps. Je ne connais pas bien la « formule Ubi », avec leurs mondes ouverts soi-disant foireux où on nous mâche le travail, alors j'ai voulu tester. Eh ben j'ai bien fait ! Déjà, il faut installer leur launcher à la con (je déteste ces logiciels de surveillance débiles, mais en plus pour une démo !), ensuite mon vaisseau a littéralement mis cinq (5 !) minutes à atterrir (vraisemblablement un temps de chargement — mal — caché), puis j'ai pu parler à un PNJ, tuer deux gars et... plus rien, la quête plante, je suis confiné dans une zone sans rien à faire. J'ai relancé le jeu par acquit de conscience, même résultat. Je n'aime pas dire « c'est une honte » parce que des développeurs ont dû suer sang et eau pour ce jeu, mais en termes de marketing, proposer une démo buguée, c'est quand même bien lose. Je me contenterai donc d'attendre la suite de Star Wars — Jedi, que j'espère prochaine et qui me fait bien plus envie.

EDIT : depuis l'écriture de ce post, j'ai aussi testé la démo de MIO ( Memories in Orbit), un metroidvania qui s'annonce excellent et très beau... J'en reparlerai sûrement plus tard.

11 juin 2025

La BD avant les frites

 

Ce week-end bruxellois s'est passé à peu près comme je m'y attendais, à base de calories, de bulles et de connivences familiales. Nous avons notamment visité le Centre national de la bande dessinée (que je connaissais déjà, mais pas mes niblings), et fait honneur à la Brasserie Horta qui y nourrit les visiteurs. Et qui a la bonne idée de laisser des BD à disposition des clients...

Aucun enfant n'a été affamé ou n'est tombé dans l'escalier au cours 
de cette anecdote.

 

06 juin 2025

Gaufres, frites et BD

 

Ce week-end, nous partons en famille visiter Bruxelles, donc un séjour sous le signe de la diététique et de l'ascèse. Du coup pas de post lundi, vu que c'est Pentecôte. 

04 juin 2025

Dur dur d'avoir un tonton entomophile


 
Le responsable de cette terrible anecdote : un petit loboptère (Loboptera decipiens),
plutôt adorable pour une blatte, ce qu'il est techniquement...

Jolie rencontre dans un jardin : une ariane (Lasiommata maera). Notez 
qu'il s'agit d'une femelle, le mâle se nomme némusien et a des couleurs 
moins vives.

Classique de chez classique, une cétoine bourrée (Cetonia aurata).
Oui, d'ordinaire elles sont dorées, mais celle-là elle était bourrée, 
elle savait pas où elle allait, elle trébuchait sans arrêt...

Nous avons fait un pique-nique au parc Montsouris, car nous sommes
des bobos, et avons croisé plein de petites araignées toutes mignonnes (oui,
je travaille sur mon arachnophobie). Ici nous avons une saltique (probablement
Macaroeris nidicolens), une petit araignée sauteuse dont il existe des tas d'espèces 
aux motifs plus ou moins zébrés. 

Ici une petite épeire verte (Arianella sp.), peut-être de la variété dite
« épeire concombre ». Le seul truc dont je suis à peu près sûr c'est que
c'est un mâle, la femelle a un abdomen beaucoup plus imposant. 

De plus en plus petit, une araignée-fourmi (sans doute une Neottiura suaveolens). 
Mes poils de bras donnent une idée de l'échelle, et de la puissance du
téléphone de Bij, à qui on doit la plupart des photos de bestioles 
sur ce blog.

Last mais clairement pas least, une magnifique et terrifiante 
scutigère véloce (Scutigera coleoptrata), myriapode apparenté aux mille-pattes
qui aime les recoins humides et sombres. Celle-ci ne devait pas être
bien en forme parce que ma mère a eu tout loisir de la prendre en photo,
alors que comme son nom l'indique c'est une bestiole plutôt rapide.
C'est un terrible prédateur d'araignées, de puces de lit et de poissons d'argent, 
que j'aime autant ne pas croiser en allant pisser la nuit.

02 juin 2025

Derniers films

 Que des bons films, ça change...


Sinners, Ryan Coogler, 2025

Ryan Coogler s'était fait remarquer avec Black Panther, un Marvel plutôt cool qui mettait notamment en avant tout un délire afrofuturiste, et Creed, une suite correcte à Rocky. Avec Sinners, on part sur autre chose, sans perdre l'angle afro-américain : les frères Smokestack (tous deux joués par Michael B. Jordan, devenu acteur fétiche de Coogler, qui ne démérite vraiment pas) reviennent dans leur Sud natal après avoir fait leurs armes de truands à Chicago. Objectif : se mettre au vert et faire fructifier leurs gains en ouvrant un beuglant clandestin, où ils comptent produire quelques gloires locales du blues. Tout se présente bien, mais le soir de l'ouverture, pas de bol, des vampires débarquent.

Je sais, ça fait très fort penser à From Dusk Till Dawn (Une nuit en enfer, Robert Rodriguez, 1996), mais en fait pas vraiment. Déjà, y a pas de twist : on sait dès le début qu'il va y avoir du fantastique, une bonne partie du film étant en fait un flash-back. Et surtout, on n'est pas dans la pochade régressive : Coogler a des choses à dire, et des prouesses à mettre en scène. Le film est ancré dans son époque (les années 1930 dans le Mississippi, vous voyez l'ambiance), ça sent la sueur, et surtout il y a la musique. Deux scènes, notamment, qui me hantent encore près d'un mois après leur visionnage : le concert de blues qui convoque les mânes des ancêtres africains, voire chinois, en un medley fiévreux et hallucinogène... et la danse irlandaise des vampires, qui m'a tellement donné envie de les rejoindre. Il y a beaucoup d'interprétations possibles pour ce film qui est beaucoup moins d'horreur que ce qu'on pourrait croire, mais ces deux scènes à elles seules méritent le prix du billet. 

 


The Keep (La Forteresse noire), Michael Mann, 1984

Je ne sais pas pourquoi, les cinémas parisiens repassaient ce vieux film de Michael Mann, devenu raisonnablement culte depuis sa sortie. Durant la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands sont chargés de sécuriser une forteresse planquée dans un recoin d'une vallée roumaine. Ils vont vite comprendre que ce bâtiment à l'architecture étrange est moins conçu pour empêcher des envahisseurs d'entrer que pour empêcher quelque chose de sortir...

Le film a vieilli, bien sûr, mais le concept et le propos restent intéressants. Curiosité, on y trouve un Ian McKellen déjà vieux (en fait il est maquillé, il rajeunit pendant le film) qui joue déjà un Juif menacé par les nazis, seize ans avant X-Men.

 


The Phoenician Scheme, Wes Anderson, 2025

Un nouveau Wes Anderson, ça fait toujours plaisir, mais ça fait aussi un peu peur : est-ce que ce sera celui de trop ? Le film trop wesandersonien qui va nous dégoûter de ses obsessions symétriques et de ses plans fixes ? Peut-être bien que The Phoenicien Scheme sera votre point de bascule. Perso je peux encore en supporter quelques-uns...

Oui, sinon, dans ce film, vous suivez Benicio del Toro, un homme d'affaires / escroc qui essaie de conclure un dernier gros coup, accompagné de sa fille nonne et d'un secrétaire particulier entomologiste. Ils croisent un casting qui ferait baver n'importe quel producteur d'Hollywood, dont Bill Murray en Dieu, Tom Hanks et Bryan Cranston en frères basketteurs (j'ai tellement envie de voir un film entièrement centré sur ce duo d'acteurs !) ou encore Benedict Cumberbatch en méchant barbu... Pour moi ça fait le café.


 

Paris Police 1900, 2021

Mon gros coup de cœur de ces derniers temps, c'est la série Paris Police, dont parlait fort opportunément Bolchegeek il y a quelques semaines. Une série qui nous transporte donc dans le Paris de 1899, en pleine révision du procès Dreyfus. La capitale est sous tension, le président Faure vient de calancher suite à une ponction séminale, et le nouveau gouvernement rappelle aux affaires le préfet de police Lépine (celui du concours, oui, une espèce de vieux shérif badass qui pète la classe). 

C'est bien documenté, très bien écrit (le scénariste Fabien Nury* s'est adjoint les services d'un certain Alain Ayroles** pour la saison 1, et d'un certain Xavier Dorison*** pour la saison 2, je suppose que s'il y a une troisième ce sera avec Alex Alice**** ou quelqu'un du genre...) et très bien joué (enfin, la plupart des acteurs, certains me convainquent moins mais on va pas râler). Seul problème, la deuxième saison se passe en 1905 et aimerait clairement parler de religion et d'homosexualité, ce qui semble difficile pour une série produite par Vincent Bolloré. Je rejoins l'analyse de Bolchegeek : on sent les réécritures et l'autocensure, ce qui est bien dommage. Mais je serai curieux de voir la saison 3. 

* Scénariste de BD géniales comme Il était une fois en France, WEST ou Je suis légion

** Scénariste de BD géniales comme De cape et de crocs, Garulfo ou Les Indes fourbes.  

*** Scénariste de BD géniales comme Le Troisième Testament, WEST ou Le Château des animaux.  

**** Scénariste de BD géniales comme Le Château des étoiles.  

 

30 mai 2025

Poésie mal rimée

 

J’en aurai vu des choses dans ma vie,
Beaucoup d’horreurs et pas mal de merde,
Mais le pire je crois ce sont les lueurs d’espoir
Transformées en écrans noirs.

Quand les Gilets jaunes se sont assemblés
Ils ont discuté et sont devenus de gauche
Il y eut un espoir insensé
Alors Macron les a gazés.

Quand le confinement a empêché l’humanité
De pourrir la planète on a découvert
Que tout pouvait très vite s’arranger,
Macron a vite remis le couvert.

Quand on a demandé au peuple
Comment sauver l’environnement,
Le peuple a trouvé plein d’idées,
Macron a tout envoyé chier.

Quand le peuple en a eu marre de ses conneries
Il a voté en masse pour le dégager
Mais quand Macron a vu qu’il avait perdu
Il a changé la définition de gagner.

J’en peux plus de ce monde où tout va mal
Où chaque lueur d’espoir vire au cauchemar
Alors si un jour vous croisez Macron
Poussez-le sous un camion.
Ça résout rien mais ça soulage.


28 mai 2025

Explorer les profondeurs (x 2)

 


Le week-end dernier nous nous sommes retrouvés entre gens de bonne compagnie pour nous péter la panse nous régaler de quelques légumes bouillis et dire des grosses conneries philosopher sur la marche du monde. Et jouer à des trucs jouer à des trucs. Parce qu'il n'y a pas d'autres manières de le dire.

Endeavor — Eaux profondes

Et nous avons commencé par Endeavor, version Eaux profondes (car il existe d'autres versions de ce jeu). Des tuiles à étaler, des pistes sur lesquelles progresser, des jetons à poser un peu partout en quantité limitée (et qu'il faut pouvoir récupérer) et un système de jeu malin qui ménage pas mal de manière de faire des points. Le jeu a l'air compliqué mais ne l'est pas tant que ça, en revanche il permet de se bricoler en fin de partie des combos redoutables quand on commence à le maîtriser. La thématique marine est tout à fait sympathique, en plus il faut faire de la recherche et de la conservation, c'est bon esprit (même si j'avais choisi de jouer l'Octopus Inc., qui évoque un mélange entre Umbrella Corp et Orochi Group, l'idéal pour protéger les tortues marines...).

Clank! — Catacombes


Explorer les fonds marins ne nous suffisait pas, nous avons donc enchaîné avec l'exploration d'un mystérieux donjon où il faut marcher précautionneusement pour ne pas réveiller le dragon (même si ça finira par arriver). J'ai déjà évoqué Clank!, excellent deck builder fantasy à la fois accessible, riche et rigolo, la version Catacombes améliore plein de petits aspects et ajoute une dimension aléatoire en transformant le plateau de jeu en une succession de tuiles à disposer soi-même au fur et à mesure de l'aventure. Le résultat est toujours aussi accessible, riche et rigolo, surtout quand on se rend compte qu'on s'est embarqué sur un chemin qu'il va être très difficile de rebrousser.

 

26 mai 2025

Remettre Lilo dans Lilo et Stitch



Comme vous n'avez pas pu le rater, Disney vient de chier de sortir un autre de ses atroces remakes live-action sur nos malheureux écrans de cinéma. Non, je n'ai pas été le voir, car, surprise, je ne cautionne pas cette politique artistique consistant à épuiser ses équipes pour nous vendre de la nostalgie, qui plus est à travers des films systématiquement moins bons que les originaux. Mais cette fois ça m'énerve particulièrement, parce que c'est de Lilo et Stitch dont on parle.

Lilo et Stitch est une anomalie dans la production Disney. Le film est sorti en 2002, entre Atlantide l'empire perdu et La Planète au trésor, soit en pleine débâcle des studios après une décennie d'irrésistible ascension. Il est sorti en été, assorti d'une campagne publicitaire assez originale durant laquelle Stitch venait pirater les succès des années précédentes, et on sentait que ce n'était pas un « grand classique » venu là pour casser la baraque, plutôt une sorte d'expérimentation bizarre, de test hasardeux.

Mais il a marché, et Stitch, depuis, est quasiment devenu la nouvelle mascotte officielle du studio. Proposez une peluche Stitch, Mickey et Winnie à votre gamin, vous allez vite comprendre. Et ça me rend un peu triste, parce que je trouve que ce qu'il y a de vraiment réussi, de vraiment original, de vraiment intéressant dans Lilo et Stitch, ce n'est pas la partie Stitch, c'est la partie Lilo.

Une des meilleures représentations de relation sœur / sœur
de l'histoire de l'animation. Sans problème.

J'ai déjà parlé des personnages il y a longtemps, notamment sur ce vieux blog que personne n'a jamais lu, mais les personnages humains de ce film sont tellement bien campés, bien conçus, bien caractérisés... Lilo est une vraie petite fille, pas un génie de 30 ans déguisé en enfant. Elle a des vrais problèmes, et ça se voit. Nani, sa grande sœur, est un virage à cent quatre-vingts degrés dans la représentation de jeunes femmes racisées dans les productions Disney (qui ne se reproduira plus, d'ailleurs) : elle a un physique plus réaliste, elle est moderne, dépassée, dans la merde mais ce n'est pas une princesse à sauver, d'ailleurs elle envoie bouler son prince parce qu'elle n'a pas le temps parce qu'elle bosse et qu'elle doit faire les courses, le ménage, la bouffe, qu'elle a une petite sœur qui risque de finir à la Ddass si elle ne trouve pas un moyen de s'en occuper et c'est vraiment la merde bordel ! J'ajoute que le personnage du « prince » dont je parlais, David, est un des personnages masculins les plus positifs jamais vus dans un Disney : il ne s'impose pas mais il aide, il ne force jamais rien, il est juste sincère et fait de son mieux.

Tout ça c'est bien gentil et vous le savez sûrement déjà, mais il y a plus. Parce que Lilo et Stitch, c'est aussi un film politique. Comme tout film américain mettant en scène des populations racisées, imposant un regard sur celle-ci. Rappelez-vous qu'on est à peine quelques années après Pocahontas, qui en termes de respect des populations indigènes nord-américaines avait été... comment dire ? Polémique ? A minima ?

Plusieurs scènes ont été coupées, qui montraient la relation compliquée
de Lilo, représentant l'autochtone moyenne, avec les touristes américains (qui la
trouvent « tellement pittoresque » et veulent la prendre en photo tout le temps). Seuls ont
survécu ces inoffensifs passages avec le gros aux coups de soleil, perdant l'ironie de
voir Lilo elle-même prendre les touristes en photo.

Lilo et Stitch prend place à Hawaï, or Hawaï, ce n'est pas juste une île paradisiaque, c'est une ancienne colonie américaine, qui a été le dernier État intégré aux USA en 1959, il y a ridiculement peu, et est depuis devenue un immense vortex touristique, au mépris évident de la culture locale. Et ça, c'est très présent dans le film : Nani travaille dans un bar à touristes, en tenue de vahiné ultra cliché et un peu dégradante (qu'elle ne porte jamais dans sa vie de tous les jours), les touristes traitent Lilo comme si elle était une employée d'un vaste parc d'attraction (c'est particulièrement visible dans les scènes coupées, qui l'ont été pour cette raison : le film était réellement trop politique pour Disney !) et sa famille est menacée d'éclatement par un très littéral agent du gouvernement fédéral (qui n'est même pas méchant : il reconnaît lui-même être un rouage du système !). 

L'attachement de Nani à sa culture est représenté à plusieurs reprises : elle surfe (et c'est d'ailleurs un des rares moments de rapprochement avec Lilo), et quand Lilo et elle sont sur le point d'être séparées elle lui chante Aloha 'Oe, qui n'est pas juste un air aux sonorités vaguement insulaires : c'est un chant d'adieu écrit par Lili'uokalani en personne, dernière reine d'Hawaï, commémorant l'annexion par les États-Unis. C'est ce chant, aussi politique qu'un Bella ciao, que les scénaristes ont choisi de faire chanter à la grande sœur à la veille de leur séparation*. 

La scène est déjà émouvante en soi, mais quand en plus vous
connaissez l'histoire de la chanson...

Donc oui, pour moi Lilo et Stitch est un film important, en plus de son alien bleu rigolo** et de tout un tas d'autres trucs (il y a aussi un personnage transgenre, et ça ne gêne personne). Un film que Disney a bien sûr dévoyé en le transformant en machine à fric, parce que c'est ce que fait le capitalisme, mais un film qui continue à émerveiller aujourd'hui, et qui gagne à être revu. Alors en ces jours où sort son remake de merde (qui j'en suis sûr gomme autant qu'il le peut tous les aspects que j'ai évoqués, en plus d'être moins bien fichu et moins drôle), revoyez donc l'original, en gardant à l'esprit ce que vous venez d'apprendre. 

* Une grande partie de ce que j'écris ici s'inspire de cette excellente vidéo de Lindsay Ellis, que je vous conseille (c'est sous-titré).

** Qui est rigolo, hein, pas de problème. Stitch est très drôle, je ne m'en plains pas, et il a son rôle dans le film.

23 mai 2025

Qui se sent morveux...

J'avais pris rendez-vous chez l'ORL pour mon espèce de rhume qui ne me lâchait pas depuis deux mois, mais il s'est arrêté juste avant la date (classique). Du coup j'en ai profité pour lui parler de mes problèmes récurrents de saignement de nez, et il m'a cautérisé vite fait le petit vaisseau incriminé. La suite vire au body horror, mais bon, j'en suis sorti, et je n'ai pas encore saigné du nez depuis...
 

21 mai 2025

La paralysie neuronale des débuts d'après-midi

 



Je sais que ma belle-famille est composée de gens globalement plus éveillés que moi, niveau intellect. Je le sais. Alors pourquoi j'ai tenté de jouer à Turing Machine avec eux juste après m'être enfourné une énorme part de lasagne, à l'heure où mon cerveau n'avait clairement qu'une envie, faire la sieste ?


Bon, ceci dit, si vous aimez les jeux de déduction, vous avez probablement déjà entendu parler de Turing Machine, qui est il faut le reconnaître un moyen assez incroyable de se faire des petits nœuds au cerveau. Si ça ne vous dit rien, imaginez un Mastermind puissance pi, avec des tests logico-mathématiques permettant de déterminer la bonne combinaison de chiffres... C'est diabolique malgré l'élégante sobriété du dispositif. Par contre moi j'ai lâché l'affaire et été regarder du Buffy avec ma belle-sœur et ses autres enfants, et c'était très bien aussi.

14 mai 2025

Bestioles amstellodamoises

 Je ne pensais pas voir de bestioles durant notre séjour aux Pays-Bas, mais si. Comme quoi...

Un tapon cendré (Ardea cinerea) en plein essor, dans un petit
parc de la ville... comment ?
- Héron, héron, petit, pas tapon !

 
Des perruches à collier (Psittacula krameri),
qui ont conquis depuis pas mal d'années les villes du nord comme
Paris, Londres et, apparemment, Amsterdam.

Un miride strié du chêne (Rhabdomiris striatellus),
punaise tigrée plutôt jolie qui en outre mange des pucerons.

Une saloperie de moustique mâle.
On les reconnaît à leurs grands « plumeaux » en guise
d'antennes, et au fait qu'ils ne vous font pas chier.
(Notez qu'il s'agit peut-être en fait d'un chironome, sorte
de moucheron imitant le moustique, ce qui ne me semble pas
être une stratégie très viable à long terme...)

Un téléphore moine (Cantharis rustica),
coléoptère pépère qu'on trouve un peu partout,
et pas dénué d'une certaine classe avec son rouge et noir.

D'adorables petites galéruques de l'aulne (ou chrysomèle de l'aulne,
nom plus joli) (Agelastica alni), probablement
en train de faire des cochoncetés.

12 mai 2025

Le goût des maths

 

Il faut bien l'admettre : la majorité des jeunes garçons que je connais sont des brutasses en maths, physique, chimie...

Vu que leur principal point commun est d'être fils d'ingénieurs, je pense que la reproduction sociale a encore de beaux jours devant elle...




 

09 mai 2025

Crash raté

 


Je l'annonçais ici même il y a quelques semaines à peine, je n'avais plus guère d'espoirs pour le MCU, à l'exception peut-être du prochain Fantastic 4. Je ne pariais notamment pas un kopeck sur Thunderbolts*, qui s'annonçait comme une resucée peu inspirée du Suicide Squad** de DC. Prenez une bande de losers, troisièmes rôles dans des films de seconde zone de la franchise, réunissez-les par une acrobatie scénaristique sans intérêt, remuez et boum, voilà du contenu pour Disney +.

Sauf que non. Contre toute attente, par je ne sais quelle magie noire, le résultat est un film. Un vrai film, construit comme si le même groupe de gens s'en était occupé du début à la fin avec la même vision. Une vision pas forcément hyper ambitieuse, presque humble même, mais une vraie vision. Pas un patchwork dégueulasse à la Brave New World, où dépassent partout les coutures d'un scénario réécrit vingt fois en cours de route.

Thunderbolts* n'est pas un chef-d'œuvre, mais c'est un film qui a du cœur, qui parvient à installer ses personnages et à nous faire partager les émotions qu'ils traversent, qui arrive à proposer une histoire un peu différente de d'habitude et qui, en prime, fait enfin vraiment avancer l'intrigue générale ! Et c'est aussi un film qui gagne à ne pas être dévoilé à l'avance, car les producteurs n'ont pas tout révélé dans les bandes-annonces, donc cette fois vraiment, je vous engage à aller le voir avant de lire la suite.

 


Thunderbolts* met donc en scène un groupe de losers, que les fans de la licence reconnaîtront plus ou moins facilement : 

  • Yelena, la « petite sœur » de Black Widow (vue dans Black Widow et Hawkeye), jouée par la merveilleuse Florence Pugh qui s'impose clairement comme l'héroïne du film (qui pourrait presque s'appeler Black Widow 2 — et se prétendre à bon droit meilleur que le premier) ;
  • Red Guardian, « père » de Yelena (vu dans Black Widow et joué par David « le shérif dans Stranger Things » Harbour), que perso j'ai trouvé plutôt marrant même quand il en fait trop, dans le genre « humour du désespoir » ;
  •  US Soldier, dit « Captain Wish » (que vous auriez vu si vous aviez regardé Falcon and the Winter Soldier) qui réussit bien sa transition de connard insupportable à personnage touchant ;
  • Bucky, alias le Winter Soldier (vu un peu partout depuis Captain America 2) ;
  • Ghost (vue dans Ant-Man 2... oui, ben j'avais dit que c'était des troisièmes rôles dans des films de seconde zone), qui aurait mérité d'être davantage fouillée, mais je préfère un film qui va à l'essentiel ;
  • Taskmaster (vue dans Black Widow, mais on s'en fout) ;
  • Bob. Oui, Bob. Et c'est là que ça devient intéressant.

Une belle bande de vainqueurs. Si vous trouvez l'image un peu sombre,
sachez que c'est comme ça dans le film. C'est bizarre mais c'est cohérent,
et ça change du gris terne des autres films du MCU.

Tout ce petit monde travaille en sous-main pour Valentina Allegra de Fontaine, incarnée depuis je ne sais plus quand par Julia Louis-Dreyfus sans jamais rien donner de plus qu'un cabotinage assez ridicule. J'adore Julia Louis-Dreyfus (Seinfeld > Friends !), mais ce rôle ressemblait quand même beaucoup à un très mauvais choix de carrière. Ce film lui permet enfin de briller en tant que remplaçante opportuniste de Nick Fury, moins badass et plus sournoise***. 

 

Les nouveaux Nick Fury et Maria Hill du pauvre...
Il se trouve que ce sont deux actrices que j'adore, alors je vais pas me plaindre.

Mais surtout le film repose sur la détresse mentale de ses personnages : Yelena est dépressive, US Soldier ne va pas beaucoup mieux, Red Guardian est à deux doigts de devenir ce clochard qui gueule dans le bus, Ghost est clairement dans la galère et Bob... Bob est bipolaire, et ça va avoir des conséquences assez importantes dans la suite.

Tout cela fait qu'on pouvait craindre une simple repompe de Suicide Squad, et on sentait déjà venir les reprises de musiques cool, les couleurs flashy, les répliques chocs... et en fait pas du tout. Pas de pop à l'horizon, la photographie, quoique nettement plus travaillée que dans le reste du MCU, n'est pas clinquante pour un sou et les répliques... sont juste bien écrites. L'humour ici est bizarre : il ne fait pas mouche, mais il tombe logiquement. Les personnages font des blagues pour relâcher la pression, ou la faire monter, mais pas pour nous amuser. C'est comme si on n'était pas devant un long sketch mais plutôt face à un... film. Ça fait bizarre, après des années de scènes où on laisse un temps après la blague pour que le public rigole. Ça fait bizarre en mieux !

 

Je ne vous le dévoile pas trop au cas où, mais je trouve le design
de l'antagoniste final assez brillant, et toujours raccord avec l'ambiance du film
et ses thématiques.

Visuellement, la réalisation est plutôt inventive, avec quelques scènes bien sympas et un final mémorable, avec cet effacement des passants en une ombre évoquant Hiroshima qui envahit progressivement New York, en parfait raccord avec l'ambiance anxiogène et le côté dépressif des personnages. J'ajoute que voir de nouveau des super héros sauver vraiment des gens dans la rue me fait plutôt plaisir, on n'avait pas vu ça depuis, je sais pas, Doctor Strange 2 en 2022 ?

Bref, je ne vais pas dire que c'est un film incroyable, mais ce qu'il fait, il le fait bien, sans fausse note, sans se perdre, sans fan service inutile, sans détruire ses enjeux à coups de blagues. Les acteurs sont bons, la réal est bonne, l'histoire est convaincante, et ça fait enfin avancer le schmilblick. Et pour moi ça en fait le meilleur film du MCU post-Endgame, si on considère le critère « univers étendu ».

* Apparemment l'astérisque est importante. Du coup ceci n'est pas vraiment une note, c'est juste pour que vous soyez pas perdus...

** Dont le premier est incroyablement nul et le second incroyablement bien

*** En prime son assistante est jouée par Geraldine Viswanathan, que j'adore depuis Miracle Workers, où elle tient la dragée haute à Daniel Radcliffe et Steve Buscemi, ça me fait trop plaisir de la revoir. Et je réalise qu'un prochain film du MCU pourrait donc réunir Haylee Steinfeld, Florence Pugh et Geraldine Viswanathan, trois de mes plus grosses chouchous actuelles. Iiiiiih, je trépigne comme une écolière !

07 mai 2025

Dans le port d'Amsterdam...

Comme tous les ans, nous avons emmené ma maman visiter une ville européenne de son choix, et cette année c'est Amsterdam qui a gagné. Oui ben elle m'a porté neuf mois, supporté dix-huit ans et soutenu quarante-six, je lui dois bien ça...

Amsterdam, je connaissais pas, mais faut reconnaître que dès la gare centrale,
ça annonce la couleur. Vous allez avoir de la brique et du néo-gothique.

 
... et des canaux, oui. Beaucoup de canaux.

Ah mais la classe quoi !

« Chéri, je suis fatiguée, je vais me reposer dans la tourelle. »

Regardez-moi ces oriels qui montent à l'assaut de la façade
et se terminent en petite tourelle...

Amsterdam c'est aussi le palais royal, qui était auparavant l'hôtel de ville... oui, ça, là,
c'était le hall principal de l'hôtel de ville. Décoré comme ça, hein, ils ont rien ajouté quand Louis
Bonaparte a décidé d'en faire son palais royal. C'est dans cette salle que tu passais pour
payer tes contraventions et déclarer ton patrimoine !

Amsterdam, c'est aussi bien sûr le Rijksmuseum, équivalent local du Louvre,
un musée immense où on trouve notamment cette bibliothèque d'histoire de l'art
incroyable.

Et ce petit tableau qui me donne envie de manger des yaourts, je sais pas pourquoi.

Dans le port d'Amsterdam, très peu de marins qui chantent
les rêves qui les hantent, mais cette reconstitution d'un vaisseau hollandais
du XVIIe siècle.

Les poffertjes, délicieux mini pancakes imbibés de beurre et de sucre glace.

Mais les Pays-Bas, c'est aussi les champs de tulipes, et ça j'y reviendrai une autre
fois parce qu'on a appris plein de trucs, à défaut de voir beaucoup de tulipes...