Ex nihilo Neil

10 octobre 2011

Magique, l'assemblée ! (3)

Un peu plus loin, j’aperçois le grand Merlin, conversant avec un autre gamin, un rouquin au visage criblé de taches de rousseur et habillé trois tailles trop haut. Curieusement, le vieux maître semble ne pas en mener large, et le petit n’affiche guère l’air impressionné que l'on serait en droit d’attendre d’un jeune fan. Je veux m’approcher quand je bute sur un parallélépipède de bois, une espèce de coffre qui n’a rien à faire au milieu d’une salle de réception. Un mage mité et miteux s’approche en s’excusant mollement :
« Je suis vraiment désolé… C’est très mal de faire des croche-pieds aux gens ! Méchant Bagage, méchant ! »
Je ne rêve pas, ce type est en train d’enguirlander le coffre. Je m’éloigne discrètement (ça devient une habitude) et m’approche alors des deux icônes de notre monde : Gandalf et Merlin, qui a lâché le rouquin (en fait, celui-ci est allé écluser quelques verres avec Nounou et Mlle Inverse, décidément indécollables du buffet). Le moment est historique, deux Plus-Que-Des-Hommes sont face à face, les deux plus grands magiciens du monde vont se parler. Je tends l’oreille, décidé à retranscrire, certainement sans bien comprendre mais au moins phonétiquement, ce qui restera sans doute, pour la postérité, l’un des plus grands dialogues de l’Histoire…
« Alors, Dadalf, on papote toujours avec les oiseaux ? Incroyable ce qu’on peut faire avec une bonne herbe à pipe, hein ? T’as appris à faire des boules de feu depuis la dernière fois ?
— Qui me parle ? Oh, c’est l’autre demi-elfe aux cheveux blancs ! Alors, comment va l’épée dans le caillou ? C’est toujours ton meilleur tour ? Oh, non, j’oubliais le brouillard autour du château pour que ton roi se tape sa reine ! Vieux pervers !
— Pervers ? Moi ? Je ne rappellerai pas à l’auguste assemblée ta douteuse escapade avec un certain Balrog, durant laquelle on ignore toujours ce qui s’est exactement passé !
— Moi, je passe pas mon temps à faire de la généalogie pour qu’un pays où il ne fait que pleuvoir ait un roi suffisamment débile pour vouloir y régner !
— Non, c’est vrai, tu préfères confier à deux nabots l’arme la plus puissante d’un monde, alors que, d’un coup d’aile d’aigle géant, t’aurais pu l’envoyer direct dans son enveloppe se faire rôtir dans le volcan !
— Je… C’était pas si simple !
— Pourquoi ? L’enveloppe était ignifugée ?
— Je t’emmerde, trouduc !
— Tafiole ! »


Le ton aurait pu monter davantage si le coffre de tout à l’heure n’avait brusquement jailli de nulle part pour saisir la jambe de Gandalf et l’emmener avec lui vers la sortie. Le mage piteux le suivit en courant : « Reviens ! Lâche-le tout de suite ! Fichue boîte, tu vas arrêter de me pourrir la vie, oui ? »
Gandalf, de son côté, proférait de terribles menaces : « Lâche-moi à l’instant, immonde coffre, ou je… je… je te tape avec mon bâton ! »
Merlin, quant à lui, ricanait, assisté de tout le staff de l’université, auquel appartenait manifestement le propriétaire du coffre.
Personnellement un peu surpris par la tournure des événements, j’articulai un court :
« Eh ben !
— BAH, RIEN D’ÉTONNANT QUAND ON LE CONNAÎT. »
Me retournant avec précaution, je remarquais une haute silhouette encapuchonnée de noir, appuyée contre une grande faux.
« Je… Qu’est-ce que vous faites ici ? »
Il me désigna un petit groupe de magos passablement éméchés qui s’approchaient de la liche, l’air mauvais. Ça sentait la bagarre.
« Ah… Ça va mal finir…
— QUESTION DE POINT DE VUE.
Je crois que je vais y aller.
— COMME BON VOUS SEMBLE.
Bon, bah… Au revoir.
— N’EN DOUTEZ PAS. »

Je pris alors le parti de quitter le GCMSN 2003. Une session des plus réussies, puisqu’on ne dénombra que vingt-trois morts et trente et un disparus. Au niveau des dégâts matériels, on notera également l’inondation de l’aile nord du château à la suite d’une erreur de bâton de coudrier par l’enchanteur Omnibus. Et parmi les moments forts de la soirée, on retiendra aussi la splendide démonstration du sieur Houdini, lequel a fait disparaître la tour de Koth avec trois miroirs, et la présence d’un certain McGyver qui a réparé le balai d’Esmé avec un œuf, une attache trombone et une boîte de raviolis. Si ça, c’est pas de la magie !

Les organisateurs se sont déclarés « ravis du résultat : l’invitation des plus jeunes a été très bien perçue par les aînés [seulement quinze pour cent de perte, la majorité à cause d’un énième avatar de lord Voldemort qui voulait se venger d’un truc…] et sera reconduite ».
Rendez-vous l’année prochaine à Poudlard pour la GCMSN 2004 !

Neil, mago reporter

Baston générale vers la fin du congrès.

07 octobre 2011

Magique, l'assemblée ! (2)

Je délaisse ces noceuses pour m’approcher de vraies sorcières, car il est de notoriété publique que les vraies sorcières ne se pochtronnent pas en entonnant des chansons paillardes, mais se concertent en secret la nuit lors de discrets convents, lesquels se terminent immanquablement par une danse en tenue de Lilith à la pleine lune (à la suite, parfois, d’une bataille de polochons en pyjama).
Je m’approche d’un quatuor plus proche de l’idée que je me fais d’une réunion d’ensorceleuses. Trois brunes, dont les prénoms débutent par la lettre P (que la décence m’interdit de retranscrire ici), et une blonde prénommée Sabrina discutent en cercle fermé. Je tends discrètement l’oreille, tout en faisant mine d’observer les pitreries des trois fêtardes (dont l’une – « Esmé » – est occupée à essayer de démarrer un balai en courant comme une dératée à travers tout le salon ; étrangement tout le monde s’écarte sur son passage). Peut-être pourrai-je saisir quelques-uns de ces mystérieux secrets transmis uniquement de magicienne à magicienne : la recette de quelque filtre d’amour ou bien un pernicieux poison sans odeur ni saveur, qui sait… ?
« Et alors j’lui dis : Brad, j’te jure que j’suis pas sorti avec Steve !
— Non, c’est pas vrai !
— Ben non, c’est pas vrai, j’suis sorti avec Steve, mais bon, il m’avait plaquée pour Cindy, alors ça comptait pas.
— Et alors, il a dit quoi ?
— Il a fait trop genre, j’m’en fous, j’t’aime quand même, t’vois. Comme s’il pouvait me récupérer comme ça, quoi !
— Oh, non, mais c’est trop un porc ce mec !
— Ouais ! En plus, y pense qu’au uc ! Au fait, alors, Steve ?
— Ben en fait, j’ai essayé le truc, là…
— Quel truc ?
— Mais tu sais, le truc, là…
— Ah, oui, le… »
Je m’éloigne de nouveau, terrorisé.

Comme je l’ai précisé en début d’article, cette année, de très jeunes éléments ont été invités à la réception. Et tout le monde attendait LA star qui monte dans le petit multivers de la magie, eh bien il est là, devant moi, à quelques mètres, en train de discuter avec une jeune sorcière de son âge : le seul, le vrai, l’unique Harry James Potter. Je m’approche, interrompant courtoisement leur conversation, et lui demande de ses nouvelles :
« Eh bien cette année je viens de remporter une nouvelle fois la coupe de quidditch pour Gryffondor, j’ai désamorcé un complot qu’avait fomenté le professeur de défense contre les forces du mal de Poudlard, j’ai chassé un dragon qui détruisait les récoltes des paysans de Pré-au-Lard, j’ai eu mes examens par défaut parce que j’étais à l’infirmerie, et j’ai encore détruit un avatar de lord Voldemort… Enfin, la routine, quoi ! »
Extraordinaires, le courage et la désinvolture de ce gamin. Je me tourne vers sa consœur, étonné qu’elle ne porte pas l’uniforme de Poudlard. La brunette arbore fièrement une robe noire bouffante, un ruban rouge dans les cheveux et une mine plutôt volontaire. Comme je lui demande le nom de son école, elle me répond de manière assez véhémente :
« Je travaille. J’ai monté un service de livraison à domicile dans une ville côtière. Tout le monde n’a pas les moyens de se payer des études à Poudd’ ! »
Harry et la gamine se lancent alors dans une discussion vaguement houleuse au sujet du système des bourses d’études en cours dans le milieu de la magie qui, il est vrai, n’est pas encore tout à fait au point (j’ignorais du reste qu’il en existât un). Je m’éloigne sur la pointe des pieds, d’autant que « Esmé » semble vouloir prendre la défense de la fillette.

05 octobre 2011

Magique, l'assemblée !

Il y a bien des lunes, j'ai participé à un fanzine. Ça s'appelait Bière & Bretzel, ça parlait de jeux de rôle et, comme 99 % des fanzines, ça a capoté au deuxième numéro. Pour ce second opus, qui ne vit jamais le jour, j'avais rédigé un article imaginaire sur une réunion de magiciens. Comme je viens de retrouver ce long texte que j'avais illustré, je vous le propose. Soyez indulgents, je n'étais pas encore journaliste professionnel, et c'était en 2003. Je pense que ça prendra bien trois notes, parce que c'est long... Vous pouvez toujours vous éclater à retrouver toutes les références, j'en ai mis des caisses.


MAGIQUE, L’ASSEMBLÉE !

Cette année, c’est dans un château isolé des contrées du Rêve, du côté du mont Kadiphonek, que s’est déroulée le Grand Convent des magiciens, sorcières et nécromants (GCMSN). Bravant la froideur hivernale (en janvier dans le coin, le mercure atteint gentiment les – 180 °C), notre vaillant reporter Neil, en sa qualité de mago piteux, est parti interviewer quelques-unes des grandes figures de cette noble corporation qu’il vaut mieux caresser dans le sens du poil.

La première chose qui surprend le néophyte est la majesté du château de l’hôte. L’architecte du lieu était probablement un grand rêveur (à ce niveau, on entre dans la maçonnerie onirique de pointe). Les envolées du bâtiment semblent défier toutes les lois de la physique, voire de la logique : sommet dix fois plus large que la base, tours se dressant dans tous les sens, donjons en pagaille (les sorciers aiment avoir LEUR donjon privé, même en déplacement), et c’est heureux : chacun a encore en mémoire l’incident de l’an dernier entre Saroumane le Blanc et Elric le Nécromancien, dont les dégâts ont par bonheur été limités à trois réalités alternatives entièrement annihilées.
Une fois à l’intérieur, on est saisi par l’atmosphère chaleureuse. Les magiciens sont trop souvent considérés comme d’austères praticiens peu enclins à quelque vie sociale que ce soit. C’est un tort : eux aussi aiment à se réunir et rire un peu entre potes de même condition. Notons d’ailleurs que cette année marque une évolution dans le cours de la GCMSN, avec l’invitation de jeunes éléments prometteurs, que l’on devine ravis de rencontrer leurs illustres aînés.

Après avoir laissé ma cape et mon bourdon (rappelons que la loi Grima de 1954 interdit le port du bâton dans les lieux publics) à l’elfe élémentaliste préposée au vestiaire (une charmante hôtesse portant un badge « Hi, my name is Deedo » et remplissant agréablement un T-shirt « I ♥ GCMSN »), je pénètre dans le cyclopéen hall du château, noir de monde. Magiciens, enchanteurs, élémentalistes, sourciers, mages, archimages, ultramages, sorcières, oracles, nécromants, invocateurs, révocateurs (au cas où les invocateurs boiraient un peu trop), prêtres (dans un coin, à part : on ne mélange pas les torchons et les serviettes) et même une liche, assez bien conservée pour son âge.

Les oreilles attentives, l’œil affûté, je guette les célébrités en m’avançant dans la foule. Chez les magiciens, les célébrités se distinguent par le caractère (mauvais), le chapeau (que personne n’ose leur demander d’ôter) et la cour d’obséquieux qui rampent alentour.
Progressant dans ce panier de crabes, j’intercepte quelques conversations : ici, une sorcière aux cheveux de feu raconte comment elle est parvenue, une fois, à détecter son propre groupe ; là, un mago compte le nombre de fois où il a transformé deux guerriers minables en une paire de bananes parlantes. Les collègues écoutent, amusés, intrigués, parfois admiratifs, parfois condescendants. Deux jeunes sorcières – une rouquine plutôt mignonne et une blonde plutôt boulotte –, vêtues comme l’as de pique, pouffent en évoquant une éventuelle utilisation personnelle du sort bananesque sur un certain « Xander ». Comme je m’approche d’elles pour leur demander ce qu’elles pensent de la soirée, je bouscule un grand personnage brun, demi-elfe, vêtu de noir et jaune et manifestement pété comme un coing. « Qu’ess’tu fous là, tâ, dégage avant que j’te fasse découper par mon drags ou boulotter par mes soldats… »
Je m’éloigne donc, reconnaissant l’archiprêtre de la Négation Wismerhill, réputé peu conciliant (et plus upgradé qu’un perso AD&D niveau 140), et m’approche du gros regroupement signalant invariablement à tous les connaisseurs de la chose événementielle la présence d’un buffet. Car quoi qu’on dise des magiciens, il est un fait rarement contesté : ils ne refusent jamais, au grand jamais un repas gratuit. Ils auraient même tendance à l’imposer. Je reconnais là une bonne partie (en fait, la totalité) du personnel enseignant de l’université de l’Invisible, y compris leur étrange mascotte simiesque et susceptible, pour l’heure très occupée à noyer dans le punch un imbécile l’ayant traitée de sin… d’anthropoïde. Une sorcière blonde essaie désespérément de le libérer des bras noueux de l’animal :
« Mais lâchez-le ! Il ne pensait pas ce qu’il disait, il est idiot… N’est-ce pas Jean-Pierre ?
— Oui, Samantha, glouglougloub… je suis idlougolougloug…
— Oook ! »

Pff, ces moldus ! Un peu plus loin, mais toujours au buffet (il est très grand, ce buffet ! La réception aurait coûté très cher si l’esclavage était interdit !), une chansonnette est reprise par plusieurs convives très en forme :
« Mais le hérisson, lui, ne s’fait jamais mettre… »
— Gytha Ogg, descends tout de suite de cette table ! Tu n’en as pas marre de te donner en spectacle ? »
Je m’approche pour découvrir, à l’épicentre de la joyeuse assemblée, trois sorcières, dont deux sur la table. La première est une dame un peu forte, que l’on devine plusieurs fois grand-mère, tenant un verre que l’on ne peut s’empêcher de trouver bizarrement plein et essayant vainement de se souvenir de la suite de la chanson. La deuxième, qui la soutient par le bras, est une jeune fille en tenue noir et rouge dont la très longue et très rousse chevelure est retenue par un bandana. Ajoutons qu’elle est manifestement aussi pintée que sa collègue. La troisième enfin, en bas de la table, les considère toutes deux d’un air sévère, tapant du pied.
« Oh, allez, Esmé, c’est pas tous les jours qu’on rigole ! Et puis, c’est agréable de voir que la jeunesse n’oublie pas les traditions ! », s’exclamait la grosse en désignant la plus jeune. La troisième, glaciale :
« Bien, excusez-nous mademoiselle Inverse, mais nous allons devoir partir. Je ne suis même pas sûre qu’elle tiendra sur son balai !
— Hé, non, Nounou Ogg, vous allez pas me laisser seule avec les sœurs Halliwel ? Elles sont pas drôles, elles savent même pas boire ! »

30 septembre 2011

C'est vendredi, c'est port' nawak

Je voulais finir sur un énième hommage à Starcraft II, mais je n'ai pas le temps ne serait-ce que d'allumer mon scanner, j'ai donc opté pour une démarche plus simple : récupérer les trois premières merdes qui traînent sur mon disque dur (dans le dossier Dessins persos/Divers/Divers divers) et vous les poster sans autre forme de procès. Du coup c'est du noir et blanc.

On commence fort avec une idée de série qui m'avait traversé l'esprit à moment donné. Idée vite avortée après avoir constaté que ça avait déjà été fait cent mille fois :


Ensuite, un petit Morgoth triste (les lecteurs d'ASP Explorer reconnaîtront une des scènes majeures du cycle de Morgoth l'Empaleur). J'aime bien cette image, sobre et efficace, je pense que je la coloriserai un jour.
Et pour finir une planche guillerette contant une divertissante saynète derrière laquelle on reconnaît tout l'entrain et l'optimisme de mon amie Sarah P, qui l'avait scénarisée à l'époque.


Voilà, sur ce bon week-end, j'espère avoir plus de choses à vous proposer lundi.

26 septembre 2011

Not enough minerals!

Ce week-end, j'avais la crève, j'ai donc profité de mon vendredi soir pour installer Starcraft II.
Puis, tout d'un coup, ce fut lundi matin...

Un jour il faudra que j'évoque ce que fut pour nous le premier Starcraft, bien avant les folies de Warcraft III et de WoW. Le jeu de rush ultime, le jeu où nous passions le peu d'heures qui nous restaient entre les cours de prépa, à nous agresser mutuellement, Terrans, Zergs, Protoss... Rhalala, je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans etc.


Eh ben Starcraft II, c'est un peu différent (déjà parce que j'y joue en mode campagne), mais c'est largement à la hauteur de son prédécesseur, avec un super scénario, un système de progression hyper agréable, plein de missions diverses et variées et une ambiance top. 
Je sens que les soirées vont être longues...