Ex nihilo Neil

22 décembre 2021

Et joyeux Noël !

 

Bon ben c'est pas tout ça, c'est les vacances hein. Alors je laisse le site en friche pendant quelque temps, et je reviendrai en 2022 avec toujours plus de bêtises à partager en ces temps difficiles. Je vous souhaite les meilleures fêtes possibles, profitez bien, et à bientôt.

20 décembre 2021

Spider-verse, plus ou moins


Et voilà, on a enfin vu Spider-Man - No Way Home. Et bien sûr on a aimé. Bien sûr j'ai trépigné sur mon siège à plusieurs moments en poussant des petits cris de belette. Bien sûr c'était cool et je vous le conseille, si vous avez aimé les Spider-Man précédents et si vous connaissez un peu le MCU (c'est clairement pas le bon film pour débuter en la matière). 

Cependant...

Mais grave !


Je pense que d'un point de vue légal, droits d'auteur et avocats, le film est une performance hallucinante. Réunir les personnages et acteurs de trois autres séries de films Sony plus une série Netflix dans un film du MCU, ça tient de la signature de contrats en mode de difficulté De Mesmaeker.

Et c'est super agréable de revoir Willem Dafoe (qui nous prouve s'il en était besoin qu'il n'a absolument pas besoin d'un casque à la con pour incarner le Bouffon Vert, il lui ressemble déjà au naturel), Alfred Molina, Jamie Foxx, Thomas Haden Church (qui est né pour jouer Flint Marko)... Bon, en vrai il faut reconnaître qu'Osborn et Doc Oc se taillent la part du lion*. Et que du coup les protagonistes principaux pâtissent un peu de la comparaison. Mais quand Andrew Garfield et Tobey Maguire débarquent, là c'est la folie. Évidemment qu'on est émus. Trois Spider-Man à l'écran, on n'avait pas vu ça depuis... attendez une minute !


Ben oui, No Way Home est bien gentil, et il essaie à fond de se démarquer, mais voilà, quoi. Le meilleur Spider-Man de la décennie, peut-être bien de tous les temps, ça reste Into the Spider-Verse, dont on vient opportunément d'annoncer la suite. Parce que c'était un film d'une richesse délirante, à la cheville duquel No Way Home arrive difficilement.

Et surtout No Way Home ne brille pas dans sa réal. Il nous abreuve de fan service, mais l'humour est à la peine (avec des dialogues pas toujours très inspirés) et aucune scène d'action ne surnage. Dans Homecoming, il y avait la scène du bateau ; dans Far from Home, il y avait les illusions de Mysterio. Là, rien de bien foufou. La scène sur le pont avec Doc Octopus ne fera pas oublier la scène sur le train dans le Spider-Man 2 de Sam Raimi**. Ajoutez un scénario assez prétexte, et on a un film agréable à regarder, mais plutôt faible niveau cinéma.

Ah, et y a Charlie Cox en Matt Murdock. Et c'est quand même super cool.
Surtout depuis qu'on sait qu'il y a Kingpin dans Hawkeye.
Oh, zut, j'ai spoilé Hawkeye... De rien.

 

En revanche, on ne peut pas lui reprocher un point : il se démarque des précédents. Les Spider-Man du MCU étaient des respirations dans cet univers, des teen-movies plus légers, plus joyeux, avec le trio Peter/MJ/Ned qui faisait des blagues et résolvaient des problèmes un peu moins cosmiques que les histoires des Avengers et compagnie... Là, on bascule dans une atmosphère beaucoup plus dark, pour se rapprocher de l'ambiance prolo/emo des films de Sam Raimi. La fin du film, c'est la fin de l'insouciance, fini les gadgets rigolos de Stark Industries qui vous sauvent au dernier moment et les amourettes qui marchent toutes seules. 

Je comprends l'idée, et c'est bien de faire évoluer le personnage. En gros, on a eu trois films (durant lesquels les haters ont passé leur temps à se plaindre que ce n'était pas le « vrai Spider-Man ») pour faire de Peter Parker... ben, le « vrai Spider-Man », celui des comics, photographe pigiste qui galère à boucler son mois tout en sauvant la veuve et l'orphelin pour honorer la mémoire d'un proche qui lui a enseigné qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités***. C'est très bien, mais du coup je suis plutôt content que le studio lève le pied sur cette franchise, parce que j'en ai un peu soupé de cette version sombre et torturée.


* D'ailleurs les effets spéciaux du Lézard et de l'Homme-Sable font assez tache dans un film du MCU qui nous a habitués à beaucoup mieux.

** Ah, y a Tom Hardy en Venom aussi, dans un post-générique. Je n'ai pas vu les films Venom, mais d'après ce que j'en sais et la qualité dudit post-générique, c'est très bien qu'ils se soient contentés de ça.

*** Et je ne me moquerai pas de cette phrase parce que c'est l'essence de Spider-Man, et que non, ce n'est pas débile, ni ringard, ni ridicule. Et je salue le fait qu'ils aient mis trois films à la faire prononcer, de surcroît dans une scène assez traumatisante.

17 décembre 2021

Quelques BD pour Noël

Je ne sais pas quoi dessiner, et comme Noël approche (je le sais parce qu'il y a un calendrier de l'Avent dans Satisfactory, et que mes wrinklers ont des bonnets rouges dans Cookie Clicker), je vais vous parler de ce que j'ai lu récemment. Comme ça, si vous ne savez pas quoi acheter ce week-end pendant vos courses...


Cordoue, fin du Xe siècle. Après avoir été durant des générations un lieu de savoir et de connaissance qui éclairait Occident comme Proche-Orient, la ville s'apprête à brûler les textes de sa grande bibliothèque sur les ordres du grand vizir. Deux copistes vont alors charger une mule des ouvrages les plus précieux pour tenter de les sauver.

Ça ressemble à une fable, et dans une certaine mesure c'en est une, mais on peut compter sur Wilfrid Lupano (par ailleurs auteur des formidables Vieux Fourneaux) pour dépasser l'aspect simpliste. Leçon d'histoire sur la dynastie omeyyade qui a régné sur l'émirat d'al-Andalus (devenu aujourd'hui, vous l'aurez compris, l'Andalousie), cette BD est tout autant une comédie qu'un drame, qu'une réflexion sur le savoir, son importance et sa transmission. Elle est en outre très agréable à lire, sans jamais tomber dans la pochade puérile. Bref, elle fera très bien sous votre sapin.


Que faut-il penser des nouveaux Astérix par Ferri et Conrad. Franchement, je ne sais pas trop. Objectivement, ils sont bien écrits, bien dessinés, ils remplissent le cahier des charges de ce qu'on est en droit d'attendre d'une série aussi prestigieuse, surtout après ce qu'en avait fait Uderzo (paix à son âme, mais quand même, La Galère d'Obélix quoi !). Mais je sais pas... Quand je repense à Astérix en Corse, j'ai de suite un sourire. Quand je lis Astérix et le Griffon, j'ai juste envie de le finir pour passer à autre chose. 

Peut-être qu'Astérix aurait dû faire comme Tintin, et mourir avec Goscinny (enfin... Tintin n'est pas mort avec Goscinny, hein, vous m'avez compris !). Ou bien il aurait fallu le réinventer entièrement, comme a fait Émile Bravo avec Spirou, ou Matthieu Bonhomme avec Lucky Luke. Tiens, puisqu'on en parle...


J'ai souvent postulé que Lucky Luke était une BD qui n'avait plus de raison d'être. Goscinny et Morris l'avait conçue comme une parodie de western, à une époque où tous les gamins dévoraient les aventures de John Wayne au cinéma et jouaient aux cow-boys et aux indiens dans les cours d'école... aujourd'hui cette imagerie n'a plus cours. C'est ce que je soutenais quand Laurent Gerra avait repris Lucky Luke (oui, c'est arrivé, nous vivons dans un monde où Laurent Gerra a pris la suite de René Goscinny, et qui continue de tourner, ça donne une idée de l'insignifiance humaine sur le plan cosmique). 

Et puis Matthieu Bonhomme a fait L'Homme qui tua Lucky Luke, et il vient de récidiver avec ce Wanted Lucky Luke. Reprenant les codes du western, en beaucoup plus sérieux (sans sacrifier complètement l'aspect comédie), il joue sur les grands espaces, la solitude, les images fortes... Luke devient une incarnation virile positive, en proie au doute et au questionnement. On peut trouver ça bateau, moi je trouve ça magnifique.


Ah oui, y a un nouveau Blacksad qui est sorti. C'est important parce que, déjà, Blacksad c'est important. C'est quand même une des plus belles BD de l'histoire de la BD, avec son aspect animalier somptueux qui mélange style Disney et film noir. Et puis ça sort pas souvent, un Blacksad, le dernier datait de 2013. Mais cette fois on a un espoir que le suivant arrive vite, vu qu'on est sur un diptyque : Alors, tout tombe parle de la politique urbanistique de New York, et il y a de quoi dire. C'est toujours sombre, sublime, inspiré, chaque case donne envie d'en faire un poster, bref là on est sur de l'incontournable.


15 décembre 2021

On est venu, on a vu...

 



Concernant l'imaginaire américain des années 1980, je pense que l'Histoire retiendra trois périodes : les eighties elles-mêmes, qui ont fondé cette imagerie étrange où l'on réinventait les grands mythes (le voyage dans le temps, les invasions extraterrestres, les fantômes...) en les remettant au goût du jour avec de la science et du bricolage, les années 2000 où les gros producteurs sans scrupules (oui, Michael Bay, c'est toi que je regarde) proposaient des « adaptations » de ces séries, BD, jouets et films visant un public adolescent et bas du front sans aucun respect pour les licences... et le temps actuel, où des réalisateurs qui aiment sincèrement ces IP s'en emparent pour leur rendre un hommage sincère et digne, en s'efforçant d'en faire de bons films*. Je suis heureux d'avoir vécu assez longtemps pour voir ça.

Nous sommes donc allés voir Ghostbusters – Afterlife (traduit SOS fantômes – L'Héritage, et ça me coûte de le dire mais le sous-titre français est plus adapté que l'original), et on a kiffé. Bij avait tenu à revoir le premier Ghostbusters la veille, et elle avait bien raison tant plein de petits détails m'auraient échappé ; car Afterlife est gavé, ras la gueule, de fan service et de clins d'œil à son illustre aîné. Sans que ce soit jamais gênant ou désagréable, ce qui est en soi une performance.

Gros feeling Amblin/Spielberg/Goonies par moment.
Ce n'est vraiment pas un reproche.

 

Il est d'ailleurs très intéressant de constater que Jason Reitman, fils d'Ivan Reitman, a choisi une direction très différente du premier film : alors que Ghostbusters était un film de divertissement sans grande ambition en termes de message (la seule conclusion qu'on peut en tirer est, en gros, « le privé c'est mieux que le public »**), Afterlife lorgne très vigoureusement vers les productions Amblin. En clair, ça sent le Spielberg de tous les côtés, que ce soit dans la forme (grands espaces, Amérique profonde, lens flares à tous les étages) que dans le fond (parents absents, gamins géniaux et ayant du mal à s'intégrer, science-fiction à hauteur d'homme...).

Et c'est trop cool. Vraiment, on a passé un super moment, le film est très généreux, on retrouve tout ce qu'on aime dans l'original (notamment toute la technologie iconique des Ghostbusters : le PK-meter, les proton packs et leur sifflement caractéristique, l'Ecto-1 qui n'a jamais été aussi bien utilisée, les pièges et leurs rayures noire et jaune...), des easter eggs de fou (notamment concernant la gamme de jouets), les personnages sont très attachants (et je ne vais même pas décerner de mention spéciale, vu qu'ils sont tous attachants !), c'est parfait. Je pense qu'il ne deviendra pas aussi culte que l'original, mais il vaut définitivement le coup (et il devrait moins traumatiser les enfants).

Allez, si, quand même un gros coup de cœur pour Mckenna Grace
et son personnage de Phoebe, la vraie héroïne du film,
qui est trop cool et dont on a adoré les blagues.

* Je pense notamment à Bumblebee et Detective Pikachu.

** Oui, Ghostbusters est un film assez typique des années Reagan, ça a beaucoup été dit et c'est même évoqué dans Afterlife. Ça reste l'histoire de trois chercheurs qui se font virer de l'université publique, découvrent l'existence de la vie après la mort, créent une start-up pour aider les gens à se débarrasser de leurs fantômes (sans questionner le moins du monde les implications de leur découverte) et se font emmerder par un connard d'une agence publique de protection de l'environnement, qui s'est dit que quand même, laisser des guignols se balader avec des accélérateurs de particules sur le dos stocker des produits hautement instables en plein cœur de Manhattan est peut-être un problème...

13 décembre 2021

Sous la banquise...

 

On avait adoré le premier Subnautica, et je le conseille toujours à tous ceux qui ont soif d'exploration mais ne se sentent pas forcément prêts à tâter du Dark Souls, nous avons donc plongé (lol) sur sa suite, Subnautica Below Zero. C'est en gros la même chose, mais avec une autre histoire, et avec du froid. Et c'est un tout petit peu moins bien.

Je vais nuancer : si ça se trouve vous préférerez Below Zero à son grand frère. Ce n'est franchement pas honteux. Le jeu reste un hymne à la découverte, et réserve d'authentiques moments d'émerveillement dont très peu de jeux peuvent se targuer (citons Outer Wilds, au hasard), l'histoire est bien écrite, le monde fascinant, le craft agréable, la partie survie très légère n'est jamais un gros problème...

Mais ce second opus souffre d'un ventre mou, du moins c'est ce qui nous est arrivé à mi-parcours. On avançait dans l'intrigue et tout d'un coup on s'est retrouvés à court de pistes. Et on a galéré. Peut-être pas si longtemps, mais suffisamment pour me faire passer le goût du jeu et nous forcer à regarder la solution sur Internet. Et ça, dans un Subnautica, ça casse pas mal... l'immersion (lol²). 

C'est dommage, mais ça reste un grand jeu. Toutefois, si vous ne connaissez pas du tout, commencez par le premier.

10 décembre 2021

Celle qui pille plus vite que son ombre

 

J'ai enfin bouclé la boucle et joué à Shadow of the Tomb Raider, dernier opus de la trilogie rebootée en 2013 (je parlais des deux premiers ici et ici). Et c'était pas terrible.

Le tout premier m'avait bien plu, il allait droit au but et modernisait correctement le mythe Lara Croft. Le deuxième m'avait déjà laissé plus dubitatif. Mais je m'étais dit que c'était mon complétionnisme qui me l'avait gâché : je m'étais efforcé de faire tous les tombeaux, trouver tous les morceaux de journal, toutes les reliques, tous les dictaphones qui traînaient, et ça avait fini par me saouler. En attaquant le troisième, je m'étais promis que je ne tomberais pas dans cet excès absurde.

Eh ben j'ai bien fait, déjà parce que tout ce fatras de lore finit par être pesant et assez inutile (le gain d'expérience sert à obtenir des compétences globalement sans intérêt). Et ensuite parce que ça m'a permis d'en finir plus rapidement avec une histoire complètement débile. Lara a retrouvé une relique mayincaztèque ancienne que recherchait son père, et ce faisant a déclenché... l'apocalypse. Des séismes. C'est pas clair. Même en ayant fini le jeu, je n'ai pas compris si cette fin du monde allait toucher uniquement le village perdu, l'Amérique latine ou le monde entier, mais clairement les scénaristes non plus.

Oh, un petit village perdu dont les habitants vivent paisiblement.
Allons piller leurs huttes et leurs temples sacrés !
(à quels indices avez-vous deviné que Lara était européenne ?)

 

Du coup les enjeux sont absurdement élevés et mal définis, et ce n'est pas le gloubi-boulga archéologique mêlant légendes mayas, incas et aztèques (avec un peu de The Descent dedans, parce que pourquoi pas ?) qui rattrape le coup. Comme d'habitude, Lara dézingue des légions entières de pauvres gars, affronte une secte paramilitaire plus équipée que pas mal d'armées régulières, participe au massacre de peuples entiers et vandalise des hectares de trésors archéologiques, tout ça pour régler son historique avec son père mort. 

Ajoutons que le jeu est trop sombre, et pas métaphoriquement : l'étalonnage est débilement obscur, ce qui rend certaines zones difficiles à aborder tant on n'y voit littéralement rien. Bref, non seulement je n'ai pas aimé, mais le jeu m'a énervé, au point que j'ai souvent failli juste le désinstaller sans en voir le bout. Mais c'est fait, maintenant j'attendrai le futur portage PC de Uncharted pour me réconcilier avec les TPS d'aventure.

08 décembre 2021

Visite de voisinage


Nous avons donc passé le week-end dernier à Munich, chez des amis. L'occasion
de visiter l'orgueilleuse capitale bavaroise, dont vous pouvez ici admirer le
Rathaus, c'est-à-dire l'hôtel de ville (et non pas la maison des rats).

En Allemagne, ça rigole pas, même les angelots sont armés et défoncent du démon,
ainsi qu'en témoignent ces adorables bronzes sur la place de la mairie.

Ça rigole pas non plus en termes de statue, puisque vous avez ici la Bavaria, une allégorie de
la Bavière, avec son lion domestique (parce que pourquoi pas ?), qui domine bien
la gigantesque esplanade où a traditionnellement lieu l'Oktoberfest
(bien sûr annulée cette année).

L'Allemagne, c'est aussi ce pays où les portions sont deux fois plus grandes
qu'en France, et où tout ou presque est à base de gras pour résister à l'hiver
(arrosé de bière, bien sûr). Ici vous avez donc le Kaiserschmarrn,
spécialité bavaroise fabuleuse, sorte de pâte à crêpe brouillée, servie avec de la compote.


Il n'y a qu'en Allemagne qu'on voit ce genre de panneau.

 

03 décembre 2021

L'aventure bavaroise

 

Ce week-end, nous partons au pays merveilleux du Kaiserschmarn (si Lufthansa nous laisse monter dans son avion, je croise les doigts en touchant du bois), on ne rentre que lundi donc je vous donne rendez-vous... ben mercredi du coup.

Bon week-end !

01 décembre 2021

Enchantement

 


Comme pas mal de films qui m'intéressent sortent en ce moment, je comptais attendre un peu pour faire un post spécifique où je parlerai d'un peu tous. Mais d'une part, je n'ai pas beaucoup de temps pour dessiner, d'autre part j'ai vraiment beaucoup aimé Encanto, alors il va avoir son post rien qu'à lui.

Encanto est donc le 60e (60e !) « grand classique » Disney, label qui ne veut rien dire puisqu'il réunit autant des œuvres majeures du septième art comme Blanche-Neige et les sept nains que des trucs très sympas mais relativement méconnus comme Kuzco, l'empereur mégalo, voire des curiosités genre Melody Cocktail, Coquin de printemps ou La Boîte à musique, dont personne n'a jamais entendu parler. Je dis ça parce que j'aime ergoter, mais en vrai je suis assez certain qu'Encanto va y trouver sa place sans problème.

Mirabel, un personnage fun, cool, original, qui plaira
à petits et grands et qui, en plus, est doublé par Stephanie Beatriz.

 

Encanto (en français : Encanto, la fantastique famille Madrigal, parce que si on met pas le nom des personnages les spectateurs sont perdus) conte l'histoire de la... famille Madrigal, une smala dont tous les membres disposent de dons spéciaux, sauf une : Mirabel. Et je vais pas en dire plus, parce que le spoil c'est mal, mais j'ai vraiment beaucoup aimé, et ce pour trois raisons.

La première, c'est que c'est magnifique. Ok, ce n'est pas Coco, mais l'ambiance colombienne de cet univers chatoyant est vraiment prenante, la mise en scène virevolte dans tous les sens, c'est très, très agréable à regarder. 

La deuxième, c'est que ce n'est jamais cynique. La plupart des derniers Disney (La Reine des neiges, Vaiana, Ralph 2.0...) avaient un sous-texte très méta et assez mesquin envers la « formule Disney », avec ses princesses, ses animaux mignons, ses romances instantanées... c'était rigolo au début mais au bout d'un moment on dirait qu'ils s'amusent plus à cracher dans la soupe qu'à en changer la recette. Dans Encanto, rien de tout ça : le film est d'une sincérité touchante, il n'y pas de fan service, pas de clins d'œil appuyé à la caméra, pas de petits scuds planqués dans un coin envers les imbéciles qui aimeraient les niaiseries. 

Et il est beau, et il sent bon, et il est trop classe...

 

La troisième, elle tient en trois mots : Lin-Manuel Miranda. Si vous ne connaissez pas Lin-Manuel Miranda, apprenez qu'il s'agit de la coqueluche de Broadway et de Hollywood depuis cinq-six ans. Il a été révélé avec sa comédie musicale Hamilton, qu'il compose et interprète, et depuis on le voit partout, notamment chez Disney (il signait les chansons de Vaiana et doublait Fenton Crackshell dans Ducktales, par exemple*). Il signe ici les chansons et a participé au scénario, et franchement c'est un enchantement total (pun intended). Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'Encanto est une comédie musicale, bien plus que n'importe quel autre grand classique Disney : ça chante beaucoup, souvent, avec plusieurs interprètes et des chorégraphies complexes, et ce n'est pas de la pop comme dans La Reine des neiges ou Raiponce. On est, forcément, sur des rythmes beaucoup plus latino, mais aussi hip-hop, très prenants et... et j'ai adoré, voilà, c'est ma bande originale des six prochains mois, sans problème.

Bref, pour moi c'est du tout bon, je conseille.


* Et si j'ai un seul, minuscule, ridicule espoir pour le prochain film live La Petite Sirène, c'est bien parce qu'il est associé au projet aux côté d'Alan Menken.



29 novembre 2021

La destinée des uns empiète sur celle des autres

 

En ce moment on joue à Destinies, un jeu plutôt original par bien des aspects. Déjà, c'est narratif, donc j'aime bien, dans un univers un peu dark fantasy, genre The Witcher : c'est la cambrousse, y a des démons qui foutent le boxon dans des petits villages... et vous venez pour « arranger » les choses (ou les empirer, ça dépend de votre... destinée !).

Car dans Destinies, chacun des (de un à trois) joueurs incarne un personnage qui doit remplir l'un de ses deux objectifs, chaque objectif étant partagé par l'un des autres joueurs. Le premier qui a réussi emporte la partie, ce qui n'empêche pas de devoir partager des infos régulièrement. 

Le système de jeu, qui rappelle un jeu de rôle simplifié, est très efficace et les parties sont plutôt cool, sauf quand on se met à patiner et à ne plus pouvoir avancer, ou à se retrouver bloqué sur une  épreuve dont on foire les jets de dés en permanence.

Le matériel est très classe, avec notamment plein de figurines
très belles (et totalement superflues).

Je vais pas forcément en conseiller l'achat, mais nous on nous l'a prêté et ça vaut le coup de tester.

26 novembre 2021

Spider-verse

Parfois on me demande : « T'aimes Spider-Man et pourtant
t'es arachnophobe, c'est bizarre non ?
»
Et je réponds généralement : « Ben, j't'emmerde ! »

Franchement, pour les fans de Marvel, cette phase IV est différente mais quand même pas fofolle. Je reviendrai sûrement sur chaque série une par une (oui, je les ai toutes vues !), mais à part WandaVision, qui était au moins très originale dans la forme, on ne peut pas dire qu'il y ait de quoi se réveiller la nuit. Côté films, on en a eu un sympa (Shang-Chi) et deux oubliables (Black Widow et Eternals). Et ce n'est pas l'arrivée de Hawkeye en série de Noël qui va me faire pousser de petits cris...

Bref, je pensais être blasé du MCU. Et puis j'ai vu la bande-annonce du prochain Spider-Man, et malgré ma volonté (réelle) de rester de marbre, j'ai gloussé comme une écolière devant un ticket pour un spectacle de Wejdene.

24 novembre 2021

Au guet !

 

La fine équipe : Cheerie, Angua, lady Ramkin, Vimes, Detritus et Carrot.
Oui, y en a qui surprennent...

 

J'ai finalement pris sur moi, et j'ai regardé la saison 1 de The Watch, la série adaptant les romans du Disque-Monde de Terry Pratchett. En tant que grand fan de l'œuvre, j'étais très inquiet, surtout que les premiers retours n'étaient pas du tout enthousiastes. Au final, il y a beaucoup de choses à dire. 

Adaptation honteuse ?

Et le premier point qui va choquer le fan des romans, c'est très certainement l'univers. Les annales du Disque-Monde sont généralement présentées comme une version parodique de récits d'heroic fantasy à la Tolkien, mais c'est extrêmement réducteur : bien sûr on y trouve des nains et des trolls et on s'y bat à l'épée et à l'arbalète, mais la ville d'Ankh-Morpork, au centre de cet univers, est tout autant une ville de la Renaissance (avec son patricien, son système de guildes et ses intrigues politiques) qu'une cité du XIXe siècle en pleine Révolution industrielle (on y voit apparaître des innovations technologiques quasi steampunk, comme les clacs – mélange de télégraphe et d'Internet – ou le chemin de fer).

La série télévisée s'est embarquée dans une vision très moderne, un peu steampunk (mais surtout punk), très éloignée de ce à quoi les adaptations nous avaient habitués jusque-là*. C'est... déroutant, parce que c'est rare en fait. Je n'ai jamais vu d'univers comme ça. C'est assez rafraîchissant, et je gage que des gens qui ne connaissent pas du tout Terry Pratchett pourraient y trouver beaucoup de qualités. Mais je comprend que beaucoup de fans se sentent trahis.

Richard Dormer et Marama Corlett font
à mon avis partie des points forts de cette adaptation.

 

Des personnages défigurés ?

Autre point de discorde évident : les personnages. Tous ont été modifiés, et ça va du changement relativement mineur (Carrot est moins naïf mais il reste Carrot, Vetinari est une femme désormais mais sinon, c'est toujours Vetinari) à des métamorphoses complètes (Sybil Ramkin est tout simplement un autre personnage). Avec au centre le capitaine du Guet Sam Vimes, à la fois totalement différent et très proche de ce qu'il est dans les romans, joué par un Richard Dormer** que j'hésite presque à dire « en état de grâce »... Certes il cabotine à bloc, mais en même temps il est à 200 % dans son personnage, et offre une performance que je trouve inoubliable. Toujours est-il que maintenant, quand je visualise Vimes, c'est lui que je vois, et ce n'est pas rien.

J'ajoute que la série se donne beaucoup de mal pour être inclusive et très LGBT+, notamment avec le personnage (très) modifié de Cheerie, mais aussi dans une esthétique régulièrement « fabulous », et c'est également à mettre à son crédit.

Oui, Il est là lui aussi. Heureusement.

 

Une histoire foutraque ?

Le scénario, en revanche, est sans doute le point faible objectif de la série. Il mélange des éléments de Guards! Guards! (Au guet !), Nightwatch (Ronde de nuit), Thud! (Jeu de nains), Snuff (Coup de tabac)... pour un résultat un peu bordélique et sans doute pas facile à suivre si on ne connaît ni l'univers, ni les personnages. Au final je trouve que ça passe, mais il ne faudrait sans doute pas trop analyser les tenants et aboutissants de l'enquête en cours. 

Le méchant de la saison sera Carcer Dun (le serial killer de Nightwatch,
totalement repensé). Avec des gobelins mercenaires, qui font partie des
personnages les plus drôles de la série.

Mais l'esprit est-il toujours là ?

Bien sûr, on n'est pas au niveau des livres, de l'écriture ciselée, magnifique, montypythonnesque et en même temps terriblement acérée de sir Terry Pratchett. Mais les créateurs de la série ont bien fait leurs devoirs. Il y a sans arrêt des références à des tas d'aspects du Disque-Monde, à d'autres histoires, à des points de détail de l'univers qui auraient très facilement pu être oubliés. 

Et globalement, l'histoire est une enquête menée par un pauvre type qui essaie de bien faire malgré les aléas du destin, de donner un sens à sa vie, une intrigue durant laquelle on nous explique qu'il vaut mieux être soi-même et se sacrifier pour ses amis que laisser faire et souffrir dans son coin. J'ai du mal à dire que ces gens n'ont pas un peu compris le message de Pratchett, et qu'ils n'ont pas essayé de le partager***.

Cheerie, naine de 1,80 mètre sans barbe. Un choix audacieux,
mais qui a du sens dans l'approche LGBT+ de la série.

 

Alors, au final ?

Je me suis surpris à apprécier.Vraiment. Je ne dis pas que c'est devenu ma série préférée, ni même que c'est mon adaptation préférée de Pratchett*, mais il y a plein de bonnes choses, les acteurs sont bons, les décors et l'ambiance réussis, le rythme soutenu (il se passe beaucoup de choses en huit épisodes) et au final, il m'est même arrivé de rire pour de vrai.

Si vous aimez les livres, ça va sûrement vous faire bizarre, et au final vous n'aimerez peut-être pas du tout. Si vous n'avez pas lu les livres, ce sera sûrement plus facile d'accepter certains choix, et en même temps vous allez être un peu perdus au début. Et je me refuse naturellement à envisager l'hypothèse où vous auriez lu mais pas aimé les livres. Ce serait trop triste.

 

* Adaptations dont la meilleure reste encore aujourd'hui Going Postal, sans contredit.

** Son nom ne vous dit rien mais vous l'avez déjà vu quelque part ? Oui, dans Game of Thrones. C'était Beric Dondarrion, le Robin des Bois immortel. 

*** Et de fait je me retrouve, et j'en suis navré, en désaccord avec Rhianna Pratchett (fille de) qui a déclaré : « Je pense qu'il est assez évident que The Watch n'a aucun ADN commun avec le Guet de mon père. Ce n'est ni une critique, ni un soutien, c'est juste un fait. » De son côté Neil Gaiman (ami de) a simplement commenté : « Les fans aiment le matériau d'origine, donc si vous faites autre chose, vous risquez de vous les aliéner à une échelle monumentale. Ce n'est plus Batman si vous en faites un reporter en imperméable jaune avec une chauve-souris domestique ! » Voilà voilà...

22 novembre 2021

Crossover œil pour œil

 


 

En ce moment, Don't Starve Together fait un crossover avec Terraria. Habilement intitulé « An Eye for an Eye », l'event consiste à faire passer des boss d'un des jeux dans l'autre ; en l'occurrence Deerclops débarque tout pixellisé dans Terraria, tandis que l'Œil de Cthulhu arrive dans DST.

En soi, c'est assez cool, mais surtout, je me demande : est-ce que ce ne serait pas la toute première fois que ce genre de chose arrive ? Que deux jeux vidéo organisent un event commun comme ça ? Oui, on a déjà vu Geralt de Riv s'inviter dans SoulCalibur, et les Smash Bros ont par essence des héros venus d'autres franchises, mais je ne sais pas, ce n'est pas tout à fait pareil il me semble... Déjà parce qu'on n'a pas vu en retour Cervantes partir chasser le griffon. Je sais pas, mais c'est cool que les deux studios se soient entendus comme ça, je suis curieux de voir si l'idée fera florès.

19 novembre 2021

L'appel du cercle


 

J'ai essayé très fort, mais je n'ai pas réussi à m'empêcher de regarder, puis re-regarder, et encore une fois, les vidéos de streamers qui ont pu essayer Elden Ring. Je suis beaucoup trop hypé, donc je vais essayer de redescendre un peu d'ici février pour le savourer dignement. Mais ça s'annonce dingue.

15 novembre 2021

Les amis du petit déjeuner

 

Ce week-end fut plein de rebondissements assez inattendus et pas toujours bienvenus, mais il y eut aussi des moments rigolos.



12 novembre 2021

Pont dans le Sud-Est

 

Ce week-end, je suis allé voir ma belle-famille dans le Sud-Est (c'est un peu comme le Sud-Ouest, en moins bien, bien sûr, mais bon, au moins y a mes neveux et nièces qui écoutent en boucle l'album Mortelle Adèle par Aldebert et... pourquoi j'y vais moi déjà ?). Du coup pas de post, j'ai juste cherché une photo pour illustrer en tapant le nom de leur village dans Google Image.

C'est marrant, cette image, elle me fait penser à quelque chose... Mais quoi...?



10 novembre 2021

Schtroumpfs !*

 

Il y a plein d'interprétations politiques du village des Schtroumpfs, qui vont de l'utopie communiste au totalitarisme nazi, alors je vais pas en faire le tour. 

N'empêche que c'est sûrement plus cool d'être le Schtroumpf Paresseux, qui passe officiellement son temps à ronquer, que le Schtroumpf Cuisinier, qui doit assurer une centaine de couverts deux fois par jour.

* Salauds ! (à prononcer avec la voix d’Émile Lantier)

08 novembre 2021

Les Abominables Cités d'or

 

Ce week-end, nous avons amené une de nos nièces découvrir le spectacle musical Les Mystérieuses Cités d'or, actuellement au théâtre des Variétés. C'était atroce.

Bon, elle a beaucoup aimé, et les autres enfants de la salle aussi, donc je suppose que le spectacle est bien ciblé. Le soir même on lui a montré des extraits de la vieille série animée, et elle a aussi beaucoup apprécié, comme quoi tout espoir n'est pas perdu, on ne sera pas obligés de la vendre (la nièce, pas la série !).

Globalement, le spectacle est mal écrit et les chansons ne sont pas fabuleuses (à l'exception, évidemment, du générique repris de la série), mais ça passait encore tant que les enfants n'étaient pas sur scène. C'est pas tant qu'ils chantent faux (même si), c'est surtout qu'ils chantent beaucoup mieux qu'ils ne jouent. La gamine interprétant Zia, notamment, a des faux air d'Hermione dans le premier film Harry Potter, vous savez, cette diction de première de la classe qui récite son dialogue par cœur, de manière pas du tout naturelle. Et bien sûr ça devient encore pire quand les Olmèques entrent en scène, rappelant les meilleurs déguisements d'extraterrestres du Joueur du grenier, montés sur des Segway pour donner un côté irréel.  

Bref, on n'était pas loin d'un spectacle de fin d'année d'école primaire avec un poil plus de budget... Disons que si vous voulez faire découvrir Les Mystérieuses Cités d'or à vos enfants, il y a des coffrets DVD moins chers et bien plus appropriés.

Du coup j'ai fait un petit fanart de mon personnage préféré de la vieille série,
l'immense Mendoza, aventurier hidalgo que je trouvais très impressionnant
quand j'étais gamin. Avec le recul,
il fait penser à Long John Silver dans L'Île au trésor, une figure
paternelle ambiguë mais très charismatique.


05 novembre 2021

Eternals

Hier, après avoir réussi à boucler tout ce que j'avais à boucler (enfin !), j'ai été voir Eternals, le dernier film du MCU. Je n'en attendais absolument rien, et pourtant je me demande encore s'il m'a donné ce que j'espérais...

Il faisait moche lors du dernier concours de Cosplay
d'Anglet, près de Biarritz...

Je ne peux pas dire qu'Eternals soit mauvais, parce que je n'ai pas passé un mauvais moment, que les acteurs, une fois digéré un jeu un peu ampoulé, finissent par bien camper leurs rôles, et que l'intrigue est plutôt intéressante. Mais je ne peux pas dire qu'il soit bon, vu qu'il dure 2h35 en laissant quand même l'impression de rusher des trucs, qu'il arrive difficilement à développer l'alchimie de ses personnages (qui sont quand même supposés se fréquenter depuis 7 000 ans) et qu'on a souvent l'impression d'avoir déjà vu tout ça ailleurs. Bref, ce n'est pas Black Widow ou Thor 1, mais ce n'est pas non plus Avengers. C'est... Captain Marvel, allez. Captain Marvel / 20.

Ceci étant dit, le film reste intéressant dans la mesure où il développe tout un aspect du MCU dans l'ombre jusque-là, avec les Célestes, ces entités surpuissantes qui créent des galaxies sur leur temps libre, et l'énergie cosmique, qui pourrait bien revenir dans le prochain film Fantastic 4. Les scènes mettant en scène lesdits Célestes sont d'ailleurs les plus impressionnantes du long-métrage.

Vous vous souvenez de Knowhere, dans Les Gardiens de la galaxie ?
Ben c'est une tête de Céleste. Pour dire que c'est grand.

Les scènes post-crédits ouvrent d'ailleurs des portes un peu ouf avec... euh, attendez !

Y avait longtemps...

Voilà, donc, avec rien moins qu'Eros, alias Starfox, alias le frère de Thanos ! Comment ? Oui, ça pue du cul dit comme ça, mais ça peut être cool. S'ils retravaillent le personnage en synthèse qui l'accompagne, parce que ces CGI sont dégueulasses.

Et avec carrément Black Knight, oui, vous avez bien lu, LE Black Knight du MCU, porteur de la Lame d’Ébène, derrière les traits fort bien choisis de Kit Harington, aka Jon Snow. Que d'émotions !

Bon, non, on s'en fout un peu, mais quand même, je suis curieux de voir dans quoi ils s'embarquent avec ces personnages. Et c'est forcément un peu rigolo de voir Robb Stark et Jon Snow se croiser dans le film.


03 novembre 2021

Respiration

C'est un peu chaud en ce moment : comme c'est les vacances, on voit pas mal de famille de passage sur Paris, et à côté j'ai des gros projets pros qui bouclent difficilement (avec un retard qui se compte en semaines, ce qui n'est pas top dans le monde de l'édition de périodiques), donc je suis un peu à court d'imagination (et de temps).

Heureusement, on peut toujours compter sur Yotsuba&!, dont le 15e tome vient de sortir. C'est toujours aussi chill, aussi agréable, aussi merveilleux.



29 octobre 2021

Le bois Curieux

 

 

Quand j’étais enfant, il y avait non loin de mon école une petite forêt que l’on appelait le bois Curieux. Au début, comme beaucoup de gens, j’avais cru que c’était parce qu’il était bizarre, mais les grands de CM m’apprirent rapidement que ce nom était en fait dû à une particularité de son sous-bois : à certaines périodes de l’année, on entendait des sortes de craquements que l’on pouvait assez facilement, avec un peu d’imagination, interpréter comme des questions : « T’es qui ? » et « T’as quoi ? » Cette petite curiosité locale n’attirait guère les touristes, et notre instituteur avait eu tôt fait de doucher nos croyances en nous donnant l’explication scientifique du phénomène. Il s’agissait en fait d’un mélange de craquements de certaines branches tordues qui s’asséchaient à l’automne, cumulés avec le martèlement des pics épeiches qui nichaient là. L’ensemble résonnait contre les conformations particulières du relief, et produisait ces étranges sons que l’on pouvait entendre à l’orée de la forêt.

Bien sûr les enfants savent que la science n’est qu’une béquille que les adultes ont inventée pour nier la réalité. Ainsi il était notoire pour nous que le bois était hanté par de petits êtres cliquetants qui s’enquéraient de notre identité et de nos possessions : « T’es qui ? T’as quoi ? » Nous allions donc, forcément, y jouer après l’école, à cache-cache, à trappe-trappe, à la gamolle (un jeu incompréhensible pour qui n’est pas du coin, mélange de cache-cache, de balle au prisonnier et de mauvaise foi) et aux billes, car c’était encore un peu à la mode à l’époque. J’avais d’ailleurs une assez belle collection, qui variait en fonction de mes performances face à Johnny, un copain qui me disputait mes agates et mes boulards lors de parties endiablées.

Bien sûr, le meilleur moment pour jouer dans le bois Curieux était la rentrée, quand les feuilles commençaient à rougir et tomber et que les petits êtres de la forêt étaient le plus bavard. « T’es qui ? », demandaient-ils. « Johnny ! », répondait Johnny. « T’as quoi ? », s’enquéraient-ils. « Ta gueule ! », répondait Johnny, et nous riions tous de ce bon mot. Puis nous rentrions, car dans notre savoir des mystères de ce monde figurait en bonne place cette réalité ancestrale : il ne faut pas rester dans la forêt la nuit.

C’est arrivé un jour d’automne, donc. Un jour où le soir nous avait surpris, Johnny et moi. Nous jouions aux billes dans les racines d’un grand chêne du bois Curieux, et je venais de soulager Johnny de tout ce qu’il avait apporté. Il était aigri et voulait se refaire, et c’est ainsi que nous n’avons pas vu le soir arriver. Quand l’obscurité est devenue préoccupante, nous avons réalisé que les heures étaient passées bien plus vite que nous ne l’avions cru, et qu’il était plus que temps de rentrer. À l’époque, nous n’avions pas de portables pour faire lampe-torche, il a donc fallu parcourir le chemin au jugé. À un embranchement nous sommes tombés en désaccord sur la route à suivre. Comme Johnny m’en voulait encore pour les billes, il est parti à droite en grommelant, et j’ai poursuivi vers la gauche, sûr de mon choix (plus par colère que par certitude objective).

Passé dix minutes de marche, je dus me rendre à l’évidence : je m’étais trompé. Au bout d’autant de pas, j’aurais déjà dû être sorti du bois et apercevoir les lumières du village, voire les fenêtres accueillantes de ma maison. Au lieu de quoi j’étais encore au milieu des chênes, qui prenaient des attitudes de plus en plus menaçantes à mesure que la nuit s’épaississait. À la limite, si le bois avait posé ses questions habituelles, peut-être aurais-je trouvé un vague réconfort dans ces voix familières, mais le silence était aussi épais que les ténèbres. Sans comprendre pourquoi, cela m’inquiétait encore plus. Je ne le savais pas à l’époque, mais la nuit, une forêt est tout sauf silencieuse. Mais mon instinct le savait, et m’avertissait que quelque chose d’anormal était en train d’arriver.

C’est parvenu à un carrefour dont je n’avais aucun souvenir que je retrouvai Johnny. Il s’était adossé à l’ombre d’un grand chêne, me tournant le dos, de sorte que je ne voyais qu’une silhouette sombre, mais ce ne pouvait être que lui, et je sentis un instant mon cœur se gonfler de reconnaissance : il était revenu me chercher, oubliant cette absurde histoire de billes. C’est alors qu’il parla. « T’es qui ? »

Il était parvenu, je ne sais comment, à parfaitement imiter le craquement habituel du bois. Surpris, peut-être légèrement sidéré, je décidai de jouer le jeu et lui donnai mon nom. « T’as quoi ? » Je lui objectai que ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour rigoler, et que nos parents nous attendaient certainement pour dîner. « T’as quoi ? » C’est alors que je compris plusieurs choses. D’abord que, finalement, ces sons interrogatifs ne m’avaient pas tant manqué que ça. Ils étaient assez effrayants, en fait, quand on les entendait perdu au milieu d’un bois sombre, à un moment où, il me semble, les pics épeiches devaient être couchés depuis longtemps. Ensuite que Johnny voulait surtout une chose : « Tes billes ! J’ai tes billes ! C’est ça que tu veux, hein ? Je les ai gagnées à la loyale, mais d’accord, très bien, les voilà, prends-les ! » Et je balançai son ex-sac de billes dans sa direction. Il atterrit à ses pieds, dans les feuilles mortes d’un arbre dont je ne connaissais pas le nom, illuminé par un rayon de lune qui parvenait à se faufiler jusque-là. Il se pencha pour les ramasser. Mais ce n’était pas lui.

La silhouette avait bien sa taille et sa forme générale, mais elle était raide, ne se dépliant qu’avec peine, émettant un bruit de craquement à chaque mouvement, comme un arbre qui voudrait se déplacer. Sa tête restait dans l’ombre, mais je discernai le temps d’un instant des cheveux qui n’en étaient pas, beaucoup plus proches d’un feuillage. La seule chose que je vis très distinctement, passant dans le rayon de lune qui balayait le sol à l’endroit où le sac de billes était tombé, était sa main. Une main de bois et de brindilles, munie de quatre doigts secs, ligneux, qui vinrent saisir le sac d’une poigne calme mais ferme. Elle rapporta lentement la bourse jusqu’à son nouveau propriétaire qui, après en avoir extrait une des billes – elle scintillait dans l’ombre, et je crus deviner l’éclat de deux yeux cupides à la forme totalement étrangère – la contempla longuement. Puis, aussi vite qu’un écureuil, il disparut. Comme s’il n’avait jamais été là.

Je courus. À perdre haleine. À aucun moment je ne criai, je me contentai de courir tout droit, pour sortir du bois quelques minutes plus tard et me retrouver tout près du village et de ma maison. Je claquai la porte, à bout de souffle, le visage livide, ce que mes parents prirent pour l’angoisse de la punition. J’avais largement dépassé l’heure limite de retour pour le dîner, et n’avais pas prévenu. Au milieu de l’engueulade qui suivit, je n’arrivai qu’à repenser à la créature que j’avais croisée. À sa fascination pour les billes. Au fait qu’elle avait peut-être aussi croisé Johnny. Au fait que lui, et par ma faute, n’avait plus de quoi négocier son passage…