Ex nihilo Neil

20 décembre 2023

Bonne fin de 2023


 Mon ami Oud a fait le père Noël lors d'une fête récemment, ce qui m'a donné l'idée de cette petite illustration. Sur ce je pars en vacances quelques jours, rendez-vous l'an prochain pour de nouvelles aventures. D'ici-là, passez de bonnes fêtes de fin d'année.

18 décembre 2023

Chocolate for the soul


  

Donc, à l'origine, je n'avais aucune intention d'aller voir Wonka, qui me semblait un énième reboot commercial sans âme issu du cerveau dégénéré de quelque producteur aux narines panées à la cocaïne. Puis une amie m'a demandé une critique du film, une émission en ligne en a vanté les mérites, alors je me suis dit... pourquoi pas ? Et ça aurait vraiment été dommage de rater ce qui sera sans doute le meilleur film de Noël de 2023. 

Dans une ville qui pourrait tout aussi bien être Londres, Paris ou Vienne, le jeune Willy Wonka débarque pour ouvrir sa boutique et partager ses concepts de chocolat avec le plus grand nombre. Mais c'est compter sans le cartel du chocolat qui tient la ville, ou les terribles aubergistes qui le retiennent en quasi-esclavage. Heureusement, Willy a plus d'un tour dans son sac à malice. (oui, je compte postuler pour la rédaction de résumés de films dans Télé 7 jours...). Eh bien figurez-vous que malgré ce pitch qui semble vouer le film aux tréfonds du crétinisme, j'ai passé un moment merveilleux !

Timothée Chamalayan est excellent, plus proche de
Gene Wilder que de Johnny Depp (le film est d'ailleurs une
prequel incompatible avec le film de Burton).

Wonka n'est pas un petit miracle, c'est très clairement le résultat de beaucoup de travail investi par toutes les personnes impliquées. La production est magnifique, avec des décors superbes et colorés et des costumes impeccables. Les musiques (attention, c'est une comédie musicale, une vraie, une belle) sont très attachantes. La réalisation est inventive, riche et généreuse (Paul King, le réalisateur, avait signé les adaptations ciné de l'ours Paddington et apparemment, là aussi, c'était réussi). Le scénario est adorablement cliché mais connaît ses points forts et les pousse jusqu'au bout, tout en conservant cette fibre Roald Dahl indéfinissable, ce côté « Dickens sous acide », sans jamais recourir à des références mal placées. Les acteurs sont parfaits, aucune fausse note, de Timothée Chalumeau (qui pour une fois ne fait pas la gueule, et incarne à merveille la fantaisie de son personnage en butte avec la dure réalité du monde) à Hugh Grant (que personne n'attendait dans ce rôle mais qui a choisi de le jouer en mode « British ++ », et il le fait très bien). 

Bref, c'est une sucrerie, un délicieux petit cadeau pour les fêtes, un moment de joie et de bonheur pour toute la famille, d'une sincérité absolue. Je ne m'y attendais vraiment pas, mais c'est ma recommandation du moment.

15 décembre 2023

Nautilus

 

Ouais, c'est un peu la panne en ce moment. Y a le rush de fin d'année (moins violent que d'autre fois, mais quand même, faut boucler les revues de janvier), j'essaie de finir mon roman (même si j'ai renoncé à l'idée de l'avoir achevé pour Noël), et j'ai pas beaucoup d'idées en rabe pour le blog. D'où ce nautile.

Et j'ai pas d'anecdote sur les nautiles (Gérard Lenorman ne s'y est jamais intéressé, curieusement), donc tant pis. La semaine prochaine j'essaierai de vous parler de Wonka, puisqu'une copine lectrice m'a demandé mon avis dessus et que j'en entends (à ma grande surprise) plutôt du bien, donc je vais essayer d'aller le voir ce week-end, puis ce sera les vacances, qui seront bienvenues.

13 décembre 2023

Tursiops

 

Je savais pas quoi faire, j'ai dessiné un dauphin. 

Du coup je me suis dit que j'allais vous expliquer d'où vient le mot « dauphin », mais en fait on n'est pas sûr que ce soit de δελφὐς (utérus) ou de δέλφαξ (porc), alors je vais plutôt vous raconter une histoire vraie que vous connaissez peut-être déjà.

En 1975 sort en salles Jaws, renommé Les Dents de la mer en français (et non pas Jaws – Martin Brody part à la pêche, car la traduction de titre était laissée à des professionnels à l'époque). Le film fait un carton monumental, lance la carrière internationale de Steven Spielberg et traumatise le monde entier. La vue d'un aileron affleurant à la surface de l'eau devient désormais la plus grande terreur des baigneurs. 

Au point, selon certains, que les gens s'effraient parfois du passage de dauphins, car quand on n'est pas trop versé sur le sujet on peut confondre les ailerons. Et ça, c'est nul. C'est en tout cas ce que se dit alors Gérard Lenorman, le « Petit Prince de la chanson française » (rigolez pas, c'était vraiment son surnom), et comme c'est un artiste engagé il va se mettre en tête de composer une chanson dénonçant cette horrible injustice. C'est vrai qu'en 1976, y avait pas grand-chose d'autre à dénoncer. 

Le résultat c'est Gentil dauphin triste, une soupe assez typique de l'auteur (même si j'aime bien La Ballade des gens heureux et Voici les clés, faut reconnaître que c'est pas exactement la voix d'une génération). Le succès est monumental (son plus gros hit apparemment, même si peu s'en souviennent aujourd'hui).

L'histoire en serait restée là si le merveilleux Gilles Stella ne s'était mis en tête, dans son CD Ton hirsute compagnon (un album assez chelou mais fort sympathique qui s'inscrit bizarrement dans le canon de Chroma et Crossed), de répondre à Lenorman, avec tout juste quarante-quatre ans de retard. La chanson, intelligemment intitulée Droit de réponse à Gérard Lenorman, rétablit quelques vérités sur les dauphins de manière fort subtile. Je vous mets ça là.

 

11 décembre 2023

Le retour de Gaston

 

Si vous ne suivez pas l'actualité de la bande dessinée et que vous n'êtes pas abonné à Spirou, vous avez peut-être été surpris en découvrant dans les bacs de la Fnouc un nouvel album de Gaston, plus de trente ans après la fin de la série. Alors, s'agit-il d'une vraie réussite artistique, ou d'une énième resucée purement commerciale ?

Avant de répondre à la question, il est important de signaler quelques points importants, le premier étant que, comme beaucoup de dessinateurs de ma génération, je considère que Franquin est Dieu. Au sens où c'est un artiste à la cheville duquel j'estime que personne n'arrive ni n'arrivera jamais. André Franquin était au dessin humoristique ce que Bach fut à la musique baroque, ce que Super Mario est au jeu de plate-forme, ce que le xénomorphe est aux monstres de film : la perfection, un horizon indépassable, derrière lequel les suivants se contentent d'espérer produire quelque chose de potable qui leur vaudrait une petite tape sur l'épaule de la part du maître. 

Franquin c'est le pivot, le centre, le pic de la BD franco-belge : avant, ça progresse vers Franquin, ensuite ça court après Franquin. Que ce soit en termes de composition de planches, d'humour mais surtout de dessin et de dynamisme, c'est l'optimum, pas moyen de faire mieux. C'est tout. 

Alors quand les éditions Dupuis annoncent une reprise de sa série phare, Gaston, cette série avec laquelle j'ai quasiment appris à lire (mais pas à dessiner, car déjà à l'époque j'avais compris qu'il était inutile d'essayer de reproduire les œuvres du grand homme et me contentais de copier le style de Peyo, exigeant mais plus accessible), autant vous dire que j'étais prêt à hurler à la lune avec le reste des fans. Gaston, l'œuvre phare, inégalable ! Qui allait oser s'y frotter ? Sûrement un inconscient, un petit jeune qui allait souiller le chef-d'œuvre sans même comprendre la teneur de son sacrilège... J'étais presque prêt, par avance, à lui pardonner.


Eeeet... tiens non, ils ont choisi Delaf, dessinateur et coauteur des Nombrils. Et... c'est une très bonne idée en fait. Pour peu qu'on les analyse en profondeur, les planches des Nombrils ont un peu la même structure que les gags de Gaston : une écriture fine (quoique plus bavarde), plusieurs gags parsemés qui préparent la dernière case (car dans les deux œuvres la chute n'est pas le seul élément drôle) et définissent tout un univers, une grande attention apportée aux caractères des personnages... bref, une BD de gags qui n'oublie pas d'y mettre beaucoup d'efforts, qui ne prend pas le rire par dessus la jambe, tout en s'astreignant à rester accessible.

Mais je demeurais vigilant. Après tout de bons auteurs s'étaient déjà risqués à l'exercice (Yann et les deux Léturgie avaient réalisé Gastoon, version juvénile – en quelque sorte – du héros sans emploi) et ça n'avait pas été incroyable. Qu'est-ce que ça allait donner cette fois ?

Eh bien, et croyez bien que je mesure chaque mot dans la phrase qui va suivre, Delaf fait du bon boulot. Le nouvel album de Gaston n'a pas à rougir à côté des albums de Franquin. Je ne saurais l'écrire autrement, mais j'espère que vous comprenez que de ma part, il n'y a pas de compliment plus fort que celui-ci : Le Retour de Lagaffe est un bon album de Gaston.

08 décembre 2023

Histoire de vœux

 


Alors, j'ai été voir Wish, le dernier Disney, eeeet... oui, faut qu'on en parle.

En soi, et pour faire court, Wish (ou Wish – Asha et la bonne étoile en français, parce que fuck) est un film oubliable. Il part sur une excellente base, qui mériterait franchement un meilleur traitement (un pays vous accorde asile et protection, mais en échange vous devez sacrifier votre souhait le plus profond, le plus personnel... le potentiel philosophique et politique d'une idée pareille est incroyable !), et n'en fait pas grand-chose. 

Déjà sur le fond, c'est pas foufou, mais sur la forme, c'est d'une tristesse ! Le studio est parti sur une logique de 3D avec cell shading qui donne une impression de fadeur et de platitude désespérante, surtout si on repense aux couleurs et à l'exubérance visuelle d'Encanto (sans même parler des expérimentations de la concurrence comme Spider-Man into the Spider-Verse ou Arcane...). Les chansons sont instantanément oubliées (en dehors – à l'extrême limite – de la chanson phare This Wish, dont la reprise finale porte une scène là aussi intéressante mais sous-exploitée). Bref, un film sans grand intérêt. Et autant je suis convaincu que Strange World sera redécouvert dans les années à venir, autant je parierais bien que Wish va sombrer dans l'oubli pour longtemps.

Mais ça, c'est juste le film. Seulement voilà, Wish n'est pas juste un Disney de plus : il est supposé être le long-métrage qui célèbre les cent ans du studio d'animation ! Et donc une synthèse de ce que Disney fait de mieux. Et quelque part, c'est réussi : Wish est un amas de clichés et de références incomprises à des films antérieurs, bien meilleurs, servi sur une animation sans âme, le résultat d'une succession de réunions de décideurs incapables de comprendre pourquoi leurs succès passés ont fonctionné. Disney finit son premier siècle dans une impasse artistique impressionnante. Ce n'est pas le premier creux de la vague du studio, mais l'étendue de sa mainmise sur Hollywood le rend particulièrement visible : que ce soit le MCU, la licence Star Wars, la Fox et donc le studio historique d'animation, y a plus grand-chose qui tienne debout côté cinéma chez Disney*. Le studio s'en relèvera, comme il l'a toujours fait, mais il va falloir penser à se recentrer sévèrement.  

* Paradoxalement, c'est en fait sans doute le studio d'animation qui tient le mieux la route, puisque les meilleurs films de la firme ces dernières années sont pour moi Encanto et Strange World. Mais ce dernier a été totalement boudé par le marketing, à la limite du désaveu public, ce qui là encore démontre à quel point les exécutifs ne comprennent plus rien à ce qu'ils font.


C'est d'autant plus cruel que dans la même soirée, j'ai vu Puss in Boots – The Last Wish (ça me semblait dans le thème). Et la claque ! 

Rien ne prédestinait le Chat Potté, personnage secondaire d'une licence surestimée, à devenir autre chose qu'un spin-off au mieux rigolo et sans intérêt. Et pourtant, les équipes de chez Dreamworks se sont sorti les doigts, creusé la tête et investies à fond pour proposer non seulement une animation au niveau des standards actuels, mais aussi une vraie histoire profonde, creusée, avec des thématiques fortes que ne négligerait pas un Pixar, des personnages tous très attachants (mention spéciale à Boucle d'Or et sa petite famille) et un méchant assez incroyable qui va marquer le monde de l'animation, que dis-je du cinéma pendant un bon moment. C'est une vraie pépite et je vous encourage à le voir au plus vite.


Ah oui, et y a Mars Express en ce moment au ciné, tous les vidéastes français en ont parlé, de Jean Massiet à Nexus VI, et c'est vrai, c'est super bien, de l'excellente SF française, ça fait plaisir, il faut encourager ça, allez-y. 

Mais on ne m'ôtera pas de l'idée que les voix sont à la ramasse, ce qui est très étrange pour de la création de voix (ce n'est pas du doublage, les voix ont été enregistrées avant l'animation, comme on fait toujours). Mon hypothèse c'est que le réalisateur, l'excellent Jérémy Périn, ne savait pas encore très bien ce qu'il voulait pour ses personnages et n'a pas osé dire à Léa Drucker et aux autres acteurs chevronnés qu'il avait dans son studio d'enregistrement : « Non, on la refait. » Ça n'a pas l'air de gêner grand-monde (les professionnels semblent même louer ce travail vocal que je trouve très médiocre), mais moi ça m'a sorti du film plusieurs fois. Ça reste super bien, hein.

06 décembre 2023

Les bonnes BD de Noël

 

En cette fin d'année, deux de mes auteurs préférés sortent une nouvelle BD, autant dire que c'est la fête (comme souvent en fin d'année, me direz-vous).

La première, c'est le deuxième tome de Lou! Sonata par Julien Neel.


La saison 2 de l'excellente série Lou! continue, avec un épisode entièrement centré autour de l'organisation d'un festival où vous allez retrouver tous les personnages déjà croisés (autant dire qu'il vaut mieux ne pas commencer par là). C'est toujours un plaisir de retrouver cette ambiance joyeuse, cette ode à la jeunesse plein d'optimisme qui fait chaud au cœur. Une bouffée de fraîcheur, servie en outre par une bande originale composée spécialement et accessible en ligne. Très lofi, je l'écoute souvent en travaillant, pour replonger avec délice dans les tons pastel du Dead Dung Fest.


Et la seconde, c'est Clovd, de Florent Maudoux. Comme d'habitude, avant de finir le cycle en cours (Funérailles s'est arrêté au tome 7, et je cracherais pas sur un 8), Maudoux s'est dit qu'il avait plein d'idées pour un spin-off, alors pourquoi pas se lancer ? Le résultat est une série post-apo qui reprend quelques personnages des BD précédentes sans avoir vraiment l'air liée, de sorte qu'on ne sait plus très bien si on est dans une série dérivée, un univers parallèle, le futur ou encore complètement autre chose. Et c'est pas grave, parce que Clovd s'annonce d'ores et déjà comme une excellente série bourrée ras la gueule d'idées magistrales, avec cette fois un gros accent sur le concept de jeu de rôle (sujet qui a toujours intéressé Maudoux). C'est délicieux, quoique moins pastel que Lou!, et ça donne toujours autant envie de créer à son tour.

04 décembre 2023

Le lore perdu de la flemme

 

Je savais pas quoi faire, je lisais de vieux comics Transformers (parce que la vie est parfois curieuse), et j'ai découvert le personnage de Circuit Breaker, alors j'ai fait un fan-art. C'est qui Circuit Breaker ?

Circuit Breaker, comme le glisse fielleusement sa fiche sur le wiki Transformers, c'est ce qui se passe quand les auteurs estiment que des robots transformables géants qui se mettent sur la tronche ne suffisent plus à retenir le lecteur : on ajoute une meuf à poil enveloppée dans du papier alu.

Donc, origin story déboussolante d'originalité : Josie Beller est une petite génie de l'informatique employée chez Blackrock Enterprise (en gros le Stark Industries de l'univers TF), elle est tout gentille et dévouée à son employeur G. B. Blackrock, et un jour que les Decepticons attaquent elle se retrouve paralysée, et pour pouvoir se venger se bricole une espèce de costume qui lui permet de manipuler les champs électriques et notamment de se déplacer, de voler, de faire sauter des plombs et sans doute d'emballer aisément toute forme de nourriture.

Bizarrement, malgré un matériau de base trouvable en abondance dans toutes les supérettes du monde, je n'ai pas trouvé d'images de cosplay.