Ex nihilo Neil

31 mars 2021

Fin en queue de canard

Donc, Ducktales est fini. Après trois saisons, et avant la quatrième qu'avaient probablement prévue les showrunners, vu comme cette troisième sent un peu le rush. Un rush maîtrisé, le dernier épisode se révélant quasi exemplaire, mais un rush tout de même.

Woo-hoo !

 

Ça se devine déjà à un point évident pour ceux qui ont suivi la série : chaque saison met en avant un des neveux. La saison 1 est centrée sur Dewey, la 2 sur Louie, on attendait donc logiquement une saison 3 autour de Huey, et sans doute une quatrième sur Webby. Or, si le début de la troisième est clairement dédié au neveu en rouge, on voit bien que l'ultime opus, The Last Adventure, essaie de faire d'une pierre deux coups, en résolvant l'arc (assez faible) de Huey et celui, beaucoup plus riche, de Webby en un seul triple épisode. Le résultat n'est pas désagréable, mais j'aurais clairement préféré qu'ils prennent un peu plus leur temps, où qu'ils dégagent des épisodes moins indispensables pour faire de la place. 

Je crois que les scénaristes avaient si peur de surexploiter Launchpad qu'ils
l'ont sous-exploité. En même temps il aurait tellement pu avoir sa propre série que
c'est sûrement pas plus mal...
 

Le tout se conclut donc sur un épisode où ils ont essayé de caler des références à absolument toute la série, et quasiment tous les personnages font un caméo (ce qui en soi est une référence au dernier épisode de la première saison de la série d'origine, où on retrouvait également tous les personnages de la série). Il s'échine ainsi à conclure tous les arcs à la fois, mission complexe étant donné le nombre de personnages. Vous saviez que Launchpad avait un arc narratif ? Non ? Forcément, il débute et se dénoue en deux scènes de ce même épisode (alors qu'on sent qu'il aurait dû être beaucoup plus étalé). 

Quant à la relation Donald/Daisy, on aurait clairement apprécié un peu plus de fond : les scénaristes ont essayé très fort de ne pas faire de la cane une simple love interest, sans parfaitement réussir. Elle a du caractère (encore heureux : c'est Daisy !), mais reste la dulcinée de Donald et pas grand-chose d'autre. Même Gandra Dee, pourtant conçue dans la vieille série comme une potiche sans intérêt, s'en sort nettement mieux.

En plus elle est doublée par Jameela Jamil, la classe atomique et internationale.

 

En revanche, j'admets que le scénario m'a surpris. Notamment, quand j'avais proposé en décembre dernier de mettre April, May et June dans Ducktales, je ne pensais pas qu'ils me prendraient au mot. Ces personnages sont... intéressants, et bien exploités pour le temps qu'ils sont présents. 

Bien sûr le point essentiel est l'arc narratif de Webby. Après avoir passé une saison et demi à la recherche de la mère des triplés, on pensait que les intrigues à base de parenté étaient terminées, mais non : l’identité des parents de Webby est finalement abordée, et la réponse va vous surprendre, comme on dit sur Facebook. En tout cas elles surprendra davantage les vieux fans, qui peuvent difficilement s'attendre à un sacrilège pareil (j'ai pas dit que c'était pas bien, mais c'est clairement hérétique)... 

Les « triplettes » sont pour le coup trrrrrès différentes de leur version
de La Légende des trois caballeros. Que je vous conseille. Si vous avez 7 ans.


Bon, bref, au final, cette série, elle était comment ? 

Elle était cool. Elle n'est pas parfaite, elle a des défauts (notamment ses scènes d'action qui manquent vraiment d'idées et où les animateurs laissent la musique faire tout le travail). Mais, déjà, ça n'essaie pas de singer la vieille série, et c'est très bien. Ça a été noté bien souvent : le Ducktales de 1987 était une série d'aventure, le Ducktales de 2017 est une série sur l'aventure. On y parle de famille, on y parle des relations entre membres d'une même communauté liée par ce qu'ils vivent ensemble. Beaucoup lui avaient reproché son mauvais esprit au début (tous les personnages s'avérant être des sales types, jusqu'à Gyro Gearlose, l'inventeur au cœur d'or qui devient un savant fou sociopathe), mais après trois saisons il faut bien admettre que c'était une prémisse nécessaire pour faire évoluer les personnages vers plus d'empathie. Oui, ils ont tous un sale caractère, mais au final, chacun évolue, compose avec les autres, et l'entité ainsi créée s'appelle une famille. 

Dans la catégorie « série métaréflexive sur le corpus télévisuel de Disney dans les trente
dernières années », l'épisode Quack Pack est assez violent.

Et évidemment, sur un plan plus méta, Ducktales parle de toutes les séries du Disney Club, y compris les plus obscures (les Wuzzles font une apparition remarquable), avec même une référence totalement inattendue à Gargoyles dans le dernier épisode. 

C'est une série bien écrite, faite par des passionnés qui aiment ce qu'ils adaptent, avec en prime un casting vocal complètement dingue. Je suis un peu triste qu'ils aient arrêté après trois saisons, mais c'est déjà de la chance d'en avoir eu autant. Elle a pris des libertés énormes avec des personnages qu'on croyait gravés dans le marbre, et le résultat paye : c'est désormais ma version préférée de l'univers des canards (ce qui ne diminue en rien les autres versions, hein). C'est moderne, inventif, drôle, et il n'y a pas de raison de bouder son plaisir.

29 mars 2021

La verge axiomatique (euh...)


Je vous parle du temps d'avant. Non, même pas... du temps d'avant le temps d'avant. Je vous parle d'avant... 2017 !

Avant que Hollow Knight ne débarque dans le petit univers des metroidvania en déclarant très calmement : « Voilà, maintenant c'est moi le patron. Des objections ? » et tout le monde de s'écraser face à la toute-puissance du nouveau roi.

Mais avant Hollow Knight, il y avait un roi. Il y avait un représentant majeur, créé de A à Z par un homme seul qu'on imagine un peu fou. Il y avait Axiom Verge.

Ça sent la NES. Même la palette de couleurs sent la NES.

Axiom Verge est un jeu vidéo indépendant développé par Tom Happ, qui n'y a consacré « que » cinq ans de sa vie. En termes de gameplay, il est facile à définir : c'est un metroidvania, et re-Metroid par derrière. L'hommage à la saga de Samus Aran est évident : des sprites semblent tout droit sortis du vieux jeu NES, la map est identique, le système d'évolution par les armes qu'on trouve à droite à gauche similaire... En revanche, Axiom Verge se distingue par une histoire fouillée, racontée notamment à travers les notes cachées dans les décors (comme une multitude d'autres items d'ailleurs). Et par une ambiance de ouf.

Les rusalkis, ces immenses robots en forme de tête de femme, sont au cœur de l'intrigue
et créent une ambiance quelque part entre Alien et Terminator...

Vous êtes Trace, un chercheur terrien perdu dans Sudra, ce monde biomécanique frappé par le Pathogène, une substance corruptrice conçue par le terrible Athetos. Après un début à la Another World (une expérience tourne mal, votre labo explose, boum, vous êtes dans un autre monde), vous rencontrez Elsenova, une tête de robot géante, qui vous expose les bails. Et c'est parti pour des heures d'exploration, de découverte et de combats dans un monde vaste à la beauté trouble.

Les boss peuvent être impressionnants mais sont rarement difficiles.

Le jeu n'est pas particulièrement ardu, pas besoin d'avoir torché Hollow Knight en speedrun pour venir à bout du mode Normal. Mais il est magnifique (avec des designs à la Giger sans tomber dans le vulgaire), il rend un superbe hommage aux vieux jeux NES (jusqu'aux clignotements et petits glitchs caractéristiques de la console de Nintendo, qui ont ici un sens dans la diégèse) et il donne envie de le relancer une fois fini pour trouver tous les petits secrets.


26 mars 2021

Vikings, espions, bébé Yoda et canards

Le confinement est donc de retour (en quelque sorte, parce que, bon, déplacements libres dans un rayon de 10 km sans attestation, moi, ça change pas grand-chose à ma vie), du coup il faut s'occuper. Alors petit résumé des séries que j'ai vues récemment, si des fois ça vous tente...

 


Norsemen

Norsemen est une série de Jon Iver Hellgaker et Jonas Torgersen. Vous aurez rapidement inféré qu'il s'agit d'une série norvégienne à base de vikings, de drakkars et autres coups de hache.

Norsemen est surtout une très étrange formule que je résumerai ainsi :

C'est indéniablement une comédie, mais la production value extrêmement poussée la rend visuellement difficilement discernable d'une série « historique », « réaliste » (genre... Vikings. Ou Game of Thrones. Enfin, vous voyez, quoi !)

L'humour de Norsemen vient principalement du décalage entre un visuel de gros barbares tachés de sang et des dialogues très doux, prononcés très calmement avec un détachement particulier. On est en gros sur du Monty Python. Avec en prime un personnage principal dont la ressemblance avec Benjamin Brillaud, le barbu de la chaîne Nota Bene, est troublante.

Reste que, même si j'ai enchaîné les trois saisons (de six épisodes chacune, rien d'alarmant), je n'arrive toujours pas à déterminer si la série est très subtile ou super lourde (notamment en termes d'homophobie). Je vous laisse vous faire votre avis.




Agents of SHIELD

Agents of SHIELD, c'est mon petit plaisir coupable. La série n'a rien d'incroyable, les acteurs ne sont vraiment pas tourneboulants, mais les scénaristes sont capables de tout et on sent encore le fantôme de Joss Whedon planer au-dessus du script (j'ai écrit cette chronique avant que Whedon ne soit accusé de harcèlement moral par plusieurs acteurs/rices... fait chier !). Cette septième saison est a priori la dernière, et conclut les aventures de nos agents très spéciaux du MCU.

Et je l'ai regardée avec Bij à côté. C'est là que j'ai senti à quel point cette série était nawakesque : à chaque fois que Bij me demandait « et c'est qui lui ? » « et pourquoi il fait ça ? » « mais je croyais qu'il était gentil ? », j'en avais pour trois quarts d'heure d'explications très confuses pour finir par reconnaître que « je sais plus, mais sur le moment c'était logique ». Même après le visionnage d'un résumé des six premières saisons sur YouTube, je suis incapable de donner une explication satisfaisante. Ça part dans tous les sens. Mais c'est un peu cool.

Cette ultime saison parle de voyage temporel (parce qu'il faut bien justifier que nos héros ne subissent pas le Blip de Thanos), autant vous dire que ça n'arrange rien à la confusion, mais j'ai quand même apprécié.




The Mandalorian

Il y a quelques années, j'étais allé voir une mise en scène de La Garçonnière, de Billy Wilder, au Théâtre de Paris. J'en étais ressorti dubitatif. En effet, il était indéniable que la pièce était bonne, que les acteurs faisaient du bon travail, que les décors étaient somptueux et que la technique (un immense plateau tournant) avait de la gueule... mais c'était justement là que le bât blessait. La production était pharaonique, et ils n'en avaient fait qu'un spectacle parfaitement banal. Pas mauvais, hein, même plutôt bon, mais sans aucune fulgurance, sans rien qui dépasse, au point qu'en me dirigeant vers le métro, je commençais déjà à oublier ce qui s'y était passé. 

C'est exactement le même sentiment que je ressens devant The Mandalorian, saison 1 comme saison 2. C'est beau, c'est même magnifique, les acteurs sont bien castés et font leur job, mais tout ce talent et tout ce pognon ont été mis à disposition d'un créateur fainéant qui s'est contenté d'en faire un spectacle lambda. En l'occurrence, j'ai bien envie d'accuser Jon Favreau, qui apparaît à de nombreuses reprises dans le générique, et dont l'unique (mais assez grandiose) titre de gloire est d'avoir réalisé Iron Man, lançant ainsi le MCU. 

Oui, je le dis ici, l'écriture de The Mandalorian est fainéante, il n'y a aucune idée, aucune invention, les scènes d'action n'ont pas de punch, et les tentatives de grandes réflexions tombent systématiquement à plat. J'en prendrai pour exemple cette scène autour d'une table dans l'avant-dernier épisode, entre deux protagonistes et un officier nazi (oui, impérial, c'est pareil), qui aimerait sans doute évoquer du Tarantino mais qui ressemble davantage à ce qu'écrirait un élève de primaire si on lui demandait d'expliquer pourquoi la guerre, c'est pas bien (« Parce qu'y a des méchants, ben ils sont très méchants, et ils tuent des gens qui sont gentils ! »). 

J'ajoute que c'est la foire au fan-service décomplexé, au point que c'en est presque malaisant. Vous me direz, Star Wars, ça a toujours été ça, et vous aurez raison. D'ailleurs je ne vais pas dire que The Mandalorian, c'est nul. Mais je ne vais toujours pas crier au génie : avec des moyens pareils, j'attendais nettement mieux que « convenable ».




Ducktales

Ducktales est fini. La saison 3 a tout conclu. Et j'ai besoin de beaucoup plus de place pour dire tout ce que j'en pense, donc on y reviendra...


24 mars 2021

60 secondes chrono

 

Autre jeu que nous avons expédié récemment, l'excellent mais méconnu Minit.

Comme son nom l'indique plus ou moins, vous y dirigez un petit personnage dans un univers très stylisé (vous voyez les graphismes d'une Game Boy ? Enlevez quelques pixels et vous y êtes) qui n'a qu'une minute d'espérance de vie. Vous sortez de chez vous, vous explorez deux-trois écrans, vous mourez. Et vous recommencez. Si vous trouvez un objet, vous le gardez dans la vie d'après.

Minit se plie en quelques heures, mais il est extrêmement agréable. Déjà c'est tout mignon, le style rappelle vaguement un Link's Awakening qui aurait mangé trop de bonbons, c'est très maniable (bien que ça ne se joue qu'au clavier) et les multiples petites énigmes qui émaillent le jeu ne sont ni trop simples, ni trop compliquées.

Le jeu est par ailleurs traduit en français, avec une syntaxe parfois touchante (« Les serpents ne sont méchants ! ») mais pas de quoi fouetter un chat. Pour 10 euros, on passe 5 heures très cool, et j'imagine que ce doit même être jouable en famille, avec tout le monde qui donne son avis en même temps sur où aller et quoi tenter. 

Je dis ça parce qu'il y a un nouveau confinement en cours, hein...

22 mars 2021

Sorry Dave

 

Ça faisait déjà un moment que je l'avais dans mon backlog, et je remercie au passage Victor von Jul (vieux lecteur du blog) qui me l'avait conseillé il y a quelque temps, j'ai enfin joué à Observation (à ne pas confondre avec Observer, un jeu qui fait peur).

Si on voulait résumer le principe très rapidement, on dirait qu'Observation, c'est 2001 l'odyssée de l'espace, mais vous jouez HAL. Mais ce serait vraiment très réducteur.

Vous vous éveillez donc sur une station spatiale internationale, amnésique (comme dans tant d'autres jeux), sauf que vous n'êtes pas un membre de l'équipage, vous êtes SAM, l'intelligence artificielle qui gère tout le bazar (je conseille d'ailleurs à mon pote Sam d'y jouer, vu que le jeu va l'appeler par son prénom durant toute la partie). 

Vous comprenez vite que quelque chose est partie en quenouille, vous retrouvez Emma Fisher, une des scientifiques de la mission, et vous allez vous astreindre à remettre en marche les différentes parties de la station tout en essayant de restaurer votre mémoire et de comprendre au passage ce qui se passe.

Emma Fisher, votre meilleure amie. À ne pas confondre avec Jenna Fischer, qui
joue Pam dans The Office (en plus il y a un Jim dans le jeu, c'est très confusant).

Concrètement, vous passez d'une caméra à l'autre, et vous devez résoudre des mini puzzles à base d'interfaces pour relancer les divers systèmes dans le bon ordre. Ce n'est jamais très compliqué, ni très difficile, le plus dur est de comprendre l'interface. L'équipe à l'origine du jeu avait travaillé sur Alien Isolation, et ça se sent : visuellement, la station est magnifique et très réaliste. On a vraiment l'impression d'être dans l'ISS (ou un truc du genre), chaque appareil semble à sa place, et il est très plaisant de fouiner dans les diverses interfaces à la recherche de petits secrets.

Le jeu se finit en six heures environ et réserve plein de surprises. Et franchement, pour une œuvre qui louche autant vers Gravity, 2001 ou Interstellar, c'est déjà assez de dire qu'elle est à la hauteur de ses références.

19 mars 2021

Ex nihilo Neil 8.43 et une surprise !

Ça y est, ce loooong épisode (commencé en mai dernier !) est enfin terminé. J'espère qu'il vous a plu, moi j'ai beaucoup aimé le dessiner, et j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir où les personnages amenaient le récit (même si j'ai une idée générale de là où je vais, je m'autorise beaucoup d'improvisation dans mes scénarios, et je trouve que ça a bien marché ici).

Vous vous en doutez, la suite, ce ne sera pas pour tout de suite, il faut recharger un peu les accus à intrigue, mais elle viendra.

En attendant, nous allons enfin répondre à ceux qui réclament la possibilité de tout lire d'un coup !

En effet, depuis plusieurs mois, Bij travaille vaillamment à un site regroupant toutes mes histoires dessinées sous une forme plus accessible. Et ça y est, il est en ligne. Il s'appelle La Salle en bas (merci à Oud pour ce titre fantastique), il est ici et vous y trouverez d'ores et déjà mes deux séries « phares », L'Appart' et Ex nihilo Neil. D'autres viendront au fur et à mesure de mes campagnes de numérisation de vieux trucs (les titres Kannenbaum et Cursed évoqueront peut-être des choses aux plus vieux).

Un immense merci (et bravo) à Bij, qui s'est donnée à fond pour que ce site existe. On espère qu'il vous plaira.


12 mars 2021

Ex nihilo Neil 8.40

 

Un petit mot pour changer : comme vous le sentez sans doute, nous approchons de la fin de cet épisode (que je n'aurais pas cru si long), et donc la semaine prochaine sera tout entière consacrée à Ex nihilo Neil, avec une planche par publi (lundi, mercredi et vendredi), et peut-être même une petite surprise à la fin... Je n'en dis pas plus, mais j'espère que ça vous plaira.

10 mars 2021

Tribute to... Canard PC, l'émission

 


Cela fait maintenant plus de deux ans que Canard PC le magazine s'est décliné en Canard PC l'émission Twitch, mettant en avant les journalistes du fameux journal qui dézingue le jeu vidéo. 

Et cela fait presque dix ans que je lis assidûment cette revue au ton délicieusement vigoureux, avec ses critiques sans concession et ses articles d'investigation, du genre à s'associer avec Médiapart pour dénoncer les conditions de travail dans le JV à l'époque où personne n'en parlait (à part Usul, mais c'est une autre histoire).

Certes, je pourrais dire que le ton CPC a un peu perdu après le départ d'auteurs aussi flamboyants qu'Omar Boulon ou Maria Kalash (à qui je dois la découverte de moult point & click incroyables), mais ce serait bien médisant vis-à-vis de l'équipe actuelle, qui a réussi sa reconversion sur Twitch avec une maestria d'autant plus épatante qu'elle n'était pas gagnée d'avance. Créant au passage un quasi-lore, puisque chaque personnalité est désormais bien implantée et dispose de ses fenêtres de stream attitrées.

Nous avons ainsi ackboo, pro-gamer autoproclamé, méchant jusqu'à l'os, qui au début m'énervait un peu mais a fini par devenir mon préféré, au point que je l'écoute jouer à Satisfactory sans regarder l'écran et que je me marre quand même. Il est en guerre perpétuelle avec Noël Malware, anarcho-dépressif intellectualisant aux formules imagées (« c'est pas vraiment un jeu, c'est plus une expérience ! ») qui font marrer tout le monde alors qu'elles sont souvent bien vues. On trouve aussi Louis-Ferdinand Sébum, sorte d'intellectuel féru de Doom et de Lovecraft, capable de disserter pendant des heures sur de nombreux sujets passionnants, Kahn Lust, le rédac-chef fan de jeux de rôle et de plateau qui fait très « loubard au grand cœur », Izual, le petit jeune (qui doit quand même l'être de moins en moins) vegan et communiste, expert ès RPG et surtout ès Fallout (il a écrit un livre dessus et on ne vous laissera pas l'oublier), Ellen Replay, fan de jeux d'épouvante et probablement la seule à parler anglais vu que c'est toujours elle qui se tape les interviews dans la revue, Oni, spécialiste du hardware qui botte des culs à la chaîne sur Street Fighter V, Pollynette, qui « anime » la mardinale avec sa voix suraiguë et ses fiches jamais dans l'ordre... le tout chapeauté par le vénérable Ivan le Fou, ancien de Joystick, c'est dire s'il est vieux.

Un belle brochette de c... ouillons.


Au bout d'un moment, une espèce de dynamique s'est constituée et chaque émission est devenue une sorte de cross-over réunissant tous ces personnages qui se vannent d'ordinaire par streams interposés. C'est très intriguant, mais aussi très amusant, et souvent instructif (même si les débats partent dans tous les sens et qu'il vaut souvent mieux lire les articles qui en feront la synthèse dans la revue).

On a ainsi vu l'élection du GOAT (GOAT of All Time... oui, c'est un acronyme récursif, comme GNU... ah ben c'est des PCeux, hein !), une interview (pas du tout fake !) de Marc Lévy (oui, le Marc Lévy !), le revirement express d'ackboo en fan de jeux de plateau au moment où Kahn Lust est devenu rédac-chef, le test de 2020 par Noël Malware (allez voir ça c'est génial !) et des containers entiers de vannes sur Sardoche, Gamekult ou Star Citizen.

Bref, merci à eux, merci à monsieur Chat et à Sylvester Standalone qui font aussi un super boulot, et comme disent ceux qui ont une âme : cœur cœur cœur ! 


En cadeau, le best of des conneries de CPC en 2020. Moi ça me fait hurler de rire, vous je sais pas...

08 mars 2021

Fils d'empuse !

 Il y a une semaine nous sommes allés nous promener et nous sommes tombés sur cette adorable créature.


Bon, en vrai, c'est plutôt elle qui nous est tombée dessus (là, elle est sur la manche du manteau de Bij, qui était contente d'avoir remonté sa fermeture Éclair). 

Il s'agit en fait d'une larve d'empuse (Empusa pennata), une petite mante relativement commune dans le sud de la France et le pourtour méditerranéen en général. On la surnomme aussi « diablotin de Provence », à cause de ses « cornes » et de son abdomen relevé. Le mimétisme évident dont elle fait preuve la prédestine à hanter les buissons. 

Notez qu'il s'agit bien d'une forme larvaire, l'adulte étant assez différent (le mâle en particulier arborant deux énormes « plumets » sur la tête).


03 mars 2021

Crissements

 


J'ai déjà témoigné à plusieurs reprises de notre amour pour les jeux du studio tchèque Amanita Design : Botanicula, Samorost, Machinarium... ces développeurs réinventent régulièrement le point & click et le jeu de casse-tête en y ajoutant des designs complètement fous et des univers hyper attachants. En outre, ils ont su dépasser la confidentialité de la langue tchèque : leurs jeux sont muets, ce qui les rend universels. 

Leur petit dernier, c'est Creaks, un jeu de casse-tête qui vous met dans la peau d'un jeune homme propulsé dans un monde étrange, où des oiseaux anthropomorphes sont en lutte contre une créature géante. Concrètement, il s'agit d'une succession de tableaux où vous allez devoir trouver comment actionner tel ou tel interrupteur en évitant telle ou telle bestiole étrange.

C'est très beau, c'est bien tordu (nos deux cerveaux n'étaient vraiment pas de trop) et ça se finit en 6 heures, ce qui est pile la bonne durée pour ce genre d'amusement.

01 mars 2021

Exit : dehors !

 Pour Noël dernier, j'avais offert à Bij Exit : Journal de bord 1907, un « escape book » dérivé de la série de jeux Exit.

En effet, nous sommes férus des boîtes Exit, sorte de successions d'énigmes scénarisées qui ne nous ont que très rarement déçus. C'est un peu dans la veine d'Unlock (qui garde tout de même notre préférence), mais ça se fait tranquille à deux en une heure. En revanche ça ne sert qu'une fois, puisqu'il faut souvent découper, plier ou percer les éléments.

J'avais donc bon espoir que ce livre nous embarque dans l'aventure de la même façon. Bon sang que j'avais tort !

Ce truc est catastrophique ! Les énigmes ne sont pas très bien écrites, et jamais très claires. Vous me direz : c'est normal pour des énigmes, mais le problème c'est que même quand vous regardez la solution, même quand vous comprenez comment le jeu voulait que vous trouviez, ça reste extrêmement tiré par les cheveux, voire absurde. Parfois il faut aller dans les annexes trouver un élément essentiel qu'absolument rien ne vous indique. Parfois il faut intuiter que telle page est purement illustrative. Parfois la solution fait appel à des concepts qui vous tirent complètement de l'intrigue (on est en 1907 sur un bateau et il faut penser à utiliser une clé USB ou des codes couleurs HTML !). Et la tentative de narration qui essaie de relier le tout est très bancale (une espèce d'aventure lovecraftienne plutôt mal écrite). Mais encore, ça ce n'est rien.

Le problème c'est qu'il faut jouer sur le carnet et sur Internet en parallèle, et que LE SITE EST BUGGÉ ! Sérieusement ! L'affichage est foireux, les vidéos qui sont supposées se lancer n'apparaissent même pas, et certaines énigmes n'acceptent tout simplement pas la bonne solution. La solution que les indices vous donnent explicitement ne fonctionne pas ! Rendant le jeu infinissable ! 

Pour être honnête, c'est sans doute dû à la localisation, l'ouvrage d'origine étant allemand. D'après ce qu'on a compris, le site allemand fonctionne, je suppose donc que l'équipe chargée de tout traduire a fait ça à la zob, sans tester le résultat.

Bref, un échec cuisant (ce qui est dommage vu la qualité objective de l'ouvrage, qui est plutôt joli). Je désespère de trouver un jour un escape book potable, pour l'instant tout ce qu'on a testé est nul.


En revanche, et pour rester dans les trucs d'outre-Rhin, on a essayé les Escape Puzzles de chez Ravensburger, et celui-ci nous a franchement plu (mais depuis on a testé un niveau 5 et c'était nettement moins convaincant).