Ex nihilo Neil

30 août 2021

Les vrais films de l'été

 Il y a aussi eu des sorties de films cet été. Des vraies sorties, au cinéma, en salles, avec passe sanitaire et tout et tout (sauf un...). Et qu'est-ce que j'en ai pensé ? Eh bien voici...


Black Widow, de Cate Shortland, 2021

Avec Captain Marvel on avait des doutes, mais cette fois c'est sûr, Marvel ne sait pas trop quoi faire avec ses héroïnes. C'est triste vu que les BD Marvel ont toujours été globalement progressistes, mais en films, les producteurs sont un peu perdus. Ce Black Widow est au final un long-métrage foutraque qui essaie d'être tout et son contraire : un film d'espionnage cool, une tragédie familiale, une sitcom rigolote, une réflexion sur la condition féminine... C'est particulièrement voyant sitôt qu'on réalise que chaque acteur/rice joue dans son propre film, générant des décalages franchement malvenus par moment. Le résultat est tout simplement raté, malgré quelques moments sympas. En même temps j'en attendais pas grand-chose.

 Luca, d'Enrico Casarosa, 2021 

Luca n'est clairement pas le film le plus subtil de Pixar, mais il fonctionne. Il est merveilleusement beau et donne envie de partir en vacances sur la côte italienne, à faire de la Vespa en mangeant des pâtes avec les copains. Sans doute la meilleure adaptation du Cauchemar d'Innsmouth que j'aie vue, même si elle ne respecte pas exactement la trame d'origine, je trouve.


Kaamelott - premier volet, d'Alexandre Astier, 2021

Dix ans après la fin de la série, enfin le film. Moi, pour tout dire, j'en attendais plus grand-chose. J'aime beaucoup la série, même si je fais partie de ceux qui trouvent que la qualité de rythme s'est perdue avec les saisons 5 et 6 (je persiste à trouver la structure de la saison 6 assez mal écrite, avec des personnages auxquels on est supposés s'attacher mais dont on n'a rien à faire). Le film a réussi à bien me faire rire, et à me faire retrouver le plaisir du début. Ceci dit, je ne vois pas comment il pourrait plaire à des non-fans de la série, tant il n'explique rien. D'autant que l'humour de Kaamelott, c'est pas instantané, il faut un peu de temps pour comprendre le délire...


The Suicide Squad, de James Gunn, 2021

C'est pas compliqué, j'ai a-do-ré The Suicide Squad. Comme quoi quand on laisse les coudées franches à un réalisateur compétent, ça paye. C'est d'autant plus drôle de le comparer au précédent Suicide Squad, la bouse avec Will Smith, et de constater à quel point le réalisateur a pris un malin plaisir à prendre systématiquement le contre-pied des choix effectués par son prédécesseur. Le résultat est un pur divertissement violent, rigolard, qui ne s'arrête jamais d'être inventif. 

OSS 117 - Alerte rouge en Afrique noire, de Nicolas Bedos, 2021

Il a fait les Arabes, il a fait les Juifs, maintenant, les Noirs. Logique. Pour moi, ce troisième opus est parfaitement dans la lignée des deux précédents : pastiche de film raciste, sexiste et homophobe avec des punchlines dévastatrices, et ce petit supplément du jeu de Dujardin que je trouve tout simplement parfait en gros connard imbu de sa France bien-aimée. Après, on peut débattre de la réussite de la dénonciation, qui il me semble marche par exemple beaucoup mieux avec le racisme qu'avec le sexisme (OSS, malgré sa bêtise et son manque d'évolution, finit toujours par emballer), mais bon, le film nous a quand même bien fait marrer. Ceci étant dit, il serait sans doute bon de s'arrêter à trois, je ne suis pas sûr qu'une énième suite soit nécessaire.


27 août 2021

L'aventure néo-aquitaine

 

L'autre grande activité de l'été, c'était les parcours Tèrra Aventura. Il s'agit en fait d'une variante du géocaching (un loisir que je vous conseille si vous avez des gosses) qui a été développée par la région Nouvelle-Aquitaine (quoique ça a probablement commencé dans le Limousin).

Tout commence avec l'appli du même nom ou sur le site www.terra-aventura.fr, où vous pourrez rechercher les parcours les plus proches de chez vous. Une fois que vous en avez trouvé un, vous y allez, vous lancez l'appli, et vous suivez la petite histoire en marchant et en répondant à de petites énigmes sur des éléments environnant. A la toute fin, si vous avez bien répondu à tout, vous obtenez les coordonnées GPS d'une cache où vous attend notamment un badge dédié.

Ça, c'est le gameplay de base, mais il faut savoir que chaque parcours a une thématique bien identifiée (histoire, médiéval, arts, commerce...) et vous fera découvrir des points d'intérêt et des aspects historiques de la zone où il prend place. Le tout en suivant les Poï'z, de petites créatures mi-mascottes mi-Schtroumpfs, qui créent tout un univers à travers leurs dialogues (saviez-vous que Zéroïk, le Poï'z spécialiste du médiéval, en pince pour Zabeth, l'historienne ? Ou que c'est une bêtise de Zarthus, équivalent poï'z du Schtroumpf à lunettes, qui a failli déclencher la guerre de cent ans ?).

Alors oui, c'est ciblé pour les enfants (genre 7-11 ans), mais nous on s'est éclatés à faire les parcours alentours de ma petite ville d'enfance, on a appris plein de trucs sans jamais nous ennuyer (les parcours durent de 1 à 3 heures, mais tout est indiqué dans l'appli), et même ma mère (qui connaît pourtant bien son coin) a découvert des choses qu'elle ignorait.

Ah, et bien sûr il y a des succès, donc autant vous dire qu'on n'a pas fini de découvrir de nouveaux parcours !

Notez le Poï'z en bas à droite, spécialiste des vins et spiritueux,
que j'ai tendance à appeler Zalcoolic ou Zéthylic.


25 août 2021

Le jeu de l'été

Je pensais faire tout un post sur les différents jeux testés cet été, car il y en a eu pas mal, et des sacrément bons (Abyss, It's a Wonderful World, TTMC...), mais le gros, l'énorme coup de cœur, ça a été Paleo.


Paleo est un jeu coopératif créé par Peter Rustemeyer, un nom qui fleure bon les cubes en bois et la gestion de ressources. Seulement Herr Peter n'est pas seulement un créateur de jeux, c'est aussi un archéologue, et ça se sent. Paleo vous met à la tête d'une petite tribu de l'âge de pierre, qui va devoir coopérer pour réussir à progresser (en l'occurrence achever une fresque pariétale à travers divers objectifs).

Il y a plein de présentations du jeu sur YouTube, donc je ne vais pas entrer dans les détails, mais j'aimerais surtout souligner l'exceptionnelle qualité narrative du jeu : chaque élément de gameplay a un sens en termes de dramaturgie, qui vous donne réellement la sensation de vivre une aventure, le tout en restant hyper fluide. Le système de modules permet de varier les expériences et la difficulté (et pour ce qu'on a pu tester, le jeu est clairement plus facile à deux qu'à trois, et plus facile à trois qu'à quatre), tout en restant remarquablement équilibré : on ne compte plus les fois où on était à deux doigts de la défaite avant que tout se dénoue et qu'une belle victoire à un cheveu ne couronne la soirée. 

Bref, un jeu délicieux dont j'attends les extensions avec impatience.

23 août 2021

Les films de l'été

Et nous sommes de retour de vacances, qui nous ont bien reposés et surtout donné envie qu'elles continuent. Pas de bol, il faut se remettre au boulot, et ça ne va pas être facile. 

Alors pour commencer mollo, je vais commencer par la session « films de l'été ». J'ai en effet profité du mauvais temps de la première partie des vacances pour rattraper pas mal de vieux films que j'avais de retard, en particulier des films réputés pour leur côté « surtout il ne faut pas raconter la fin ! » Et je n'ai pas regretté, il n'y a pas eu une fausse note dans ma sélection : tous étaient au moins excellents.

Les voici donc, classés chronologiquement...

The Shawshank Redemption (Les Évadés), Frank Darabont, 1994

Film célèbre pour avoir la traduction française la plus spoilante de l'histoire du cinéma, The Shawshank Redemption raconte l'histoire d'un type condamné à perpétuité (par erreur ? peut-être) dans un bagne où il va faire preuve de toute la bonne volonté possible. Le film a une très bonne réputation, et franchement c'est mérité tellement c'est un chef-d'œuvre intestable. Notez qu'il s'agit d'une adaptation d'une nouvelle de Stephen King, elle a donc été réalisée par Frank Darabont, spécialiste du sujet, et c'est parfait. Le jeu, l'ambiance, le rythme, tout vous tient en haleine, et Tim Robbins et Morgan Freeman sont merveilleux. Un film sur l'espoir qui vous fera comprendre que rien n'est jamais perdu.


 

The Mist, Frank Darabont, 2007

Autre adaptation de Stephen King, autre film de Frank Darabont, ce long-métrage vous entraîne dans une petite ville du Maine (non ?) soudainement envahie par un brouillard impénétrable. Un groupe de personnes se retrouvent bloquées dans un centre commercial, et c'est le début des embrouilles : ceux qui sortent meurent (parce que non, ce n'est pas « juste un brouillard »), les autres essaient péniblement de s'organiser, et le verni de la société craque face à une menace clairement lovecraftienne. Un film sur l'absurdité de l'espoir qui vous fera comprendre que tout est perdu et que l'humanité mérite de crever. Oui, chez Stephen King, y a deux écoles...


 Triangle, Christopher Smith, 2009

On m'avait conseillé de me pencher sur l'œuvre cinématographique de l'Anglais Christopher Smith, et je n'ai pas regretté. Vous voyez l'affiche du film ci-dessus ? Bon, vous imaginez sans doute un film d'horreur sur l'eau avec en fond le triangle des Bermudes ? Eh bien ce n'est pas ça du tout. Enfin, un peu, mais pas vraiment. On est plus dans un épisode géant de La Quatrième Dimension, avec un concept fantastique déstabilisant mais très bien mené, une poignée de bons acteurs et des twists inattendus. Franchement une excellente surprise (attention, sans être à proprement parler un film d'horreur, c'est un poil cracra par moment).

Black Death, Christopher Smith, 2010

Film peu connu, Black Death conte l'aventure d'un petit groupe de chevaliers partis en pleine épidémie de peste noire à la recherche d'un village de sorcières responsables de la maladie. Menés par Sean Bean en armure et épée bâtarde (parce qu'on n'imagine pas Sean Bean autrement), nos héros révèlent rapidement une moralité très discutable. Au final, le film porte un regard extrêmement critique sur l'héroïsme et le fanatisme, et la frontière parfois moins que mince entre les deux. Pas très joyeux mais plein de bonnes idées, d'excellents acteurs (les fans des Animaux fantastiques – je ne vous en veux pas, ce n'est pas votre faute – retrouveront notamment Eddie Redmayne, toujours excellent) et de visions sans concession de la société médiévale et humaine en général, c'est une parfaite illustration de la manière dont la violence engendre la violence.


 Shutter Island, Martin Scorsese, 2010

Tout le monde n'adore pas Shutter Island, pourtant je l'ai trouvé brillant. Alors oui, il y a une sorte de « twist » qu'on peut trouver trop facile à déceler, sauf à se laisser totalement embarquer dans le film, mais j'ai quand même trouvé la mise en scène parfaitement maîtrisée, avec juste ce qu'il faut d'éléments délibérément tordus pour mettre la puce à l'oreille. Leonardo DiCaprio est bien sûr incroyable, Ben Kingsley ambigu à souhait et Mark Ruffalo toujours impeccable. Un film troublant avec une fin que j'ai trouvée très marquante et magnifiquement amenée.

 


Us, Jordan Peele, 2019

Get Out, du même Jordan Peele, m'avait déjà bien calmé, mais son film suivant est une excellente réussite. Us est un film d'horreur bien dérangeant, partant d'un postulat original en le traitant de manière réaliste, sans omettre un certain humour. C'est souvent glaçant, visuellement il y a des idées géniales, la critique de la société américaine (très présente dans l'œuvre de Peele) est bien là, c'est parfait.

 

Knives Out (À couteaux tirés), Rian Johnson, 2019

Et pour finir un petit bijou : Knives Out commence comme un hommage à Agatha Christie et aux whodunit, ces œuvres où un détective va déterminer, de déduction en déduction, qui a commis le crime... mais part très vite dans tout autre chose, en cassant les codes habituels pour devenir une métaphore sociale terriblement pertinente, terriblement intelligente et terriblement drôle. Une merveille au casting cinq étoiles (Daniel Craig, Christopher Plummer, Jamie Lee Curtis, Chris Evans... et la merveilleuse Ana de Armas), à découvrir au plus vite.