Ex nihilo Neil

30 novembre 2022

Le mal habite au 7

 

Comme la soirée Carpenter, Carrion, Providence et l'actualité du monde n'étaient pas assez anxiogènes, j'ai joué récemment à Resident Evil VII – Biohazard*, qui traînait dans mon backlog depuis bien longtemps. J'avais beaucoup apprécié mon expérience sur le remake du deuxième opus, à ma grande surprise, et j'ai tout autant apprécié celle-ci.

Le repas de famille, sans doute une des scènes les plus cultes de cet opus.

Niveau histoire, on reste dans le un peu nanar, mais la narration (la nanarration ?) est excellente. On va découvrir la tentaculaire maison de la charmante famille Baker, de sympathiques habitants du bayou. Ce sera l'occasion d'explorer plusieurs clichés horrifiques américains : les passages avec le père rappellent les slashers, ceux avec la mère nous plongent davantage dans le body horror, les niveaux du fils évoquent ouvertement les torture porns à la Saw et la petite dernière rappelle clairement les gamines psychopathes à pouvoirs genre Firestarter. Y a que mamie, dans son fauteuil roulant, qui nous fout la paix. Encore que...?

Alors moi, les Resident Evil, je m'embête pas, je les fais en mode Facile. Rien à faire du qu'en-dira-t-on, je veux bien sursauter de temps en temps, mais pas me prendre la tête à mourir en boucle, je réserve ça aux jeux avec un gameplay de combat précis et léché (genre... les jeux From Soft). Au final j'ai dû mourir trois fois durant les neuf heures que m'aura pris la partie, ça va. Et j'ai passé un excellent moment : le gameplay se renouvelle sans cesse, les énigmes sont cool, la map est bien fichue et très claire, la progression... progressive, les jump scares fonctionnent sans être ni terrifiants, ni trop abondants... Une bonne expérience, que je ne tenterai cependant jamais dans un mode de difficulté supérieur. Ni, Dieu m'en préserve, en VR (parce que faut quand même pas déconner !).

* Notez qu'en japonais, le jeu s'appelle Biohazard VII – Resident Evil. Oui, parce qu'en japonais, Resident Evil ça s'appelle Biohazard, ça a été renommé lors du passage aux États-Unis (pour des questions de droits).

28 novembre 2022

Confondre la classe et l'élégance

 

Ce week-end, c'était notre traditionnelle soirée costumée annuelle dite du Triple Anniv', et pour moi c'est clairement mon pote Oud qui a gagné le prix du costume le plus original.

L'occasion aussi de me rendre compte à quel point je suis heureux de vivre encore, à mon âge canonique, ce genre d'événement un peu idiot avec mes potes. Profitons des bons moments.

25 novembre 2022

L'apocalypse selon saint John

 


Ces derniers jours, j'ai joué à Carrion, j'ai écouté Karim Debbache et j'ai relu Providence, autant dire que tout me prédisposait à ce qui allait arriver. Un soir que Bij était de sortie, j'ai enchaîné les films de la trilogie de l'Apocalypse du grand John Carpenter, afin de parfaire ma connaissance de son cinéma. Y a eu petite claque, quand même...

Mais reprenons du début...


En 1982 sort The Thing, réadaptation du roman Who Goes There? (John W. Campbell, 1938) après un vieux film de 1951. Le film est un gros bide, totalement incompris par le public comme par la critique. Aujourd'hui, impossible de ne pas y reconnaître un chef-d'œuvre absolu du cinéma d'horreur, largement au même niveau que l'Alien de Ridley Scott sorti à peine trois ans plus tôt. Il en partage d'ailleurs l'aspect huis clos et l'ambiance lovecraftienne, avec de simples humains qui affrontent une chose incomparablement plus puissante, face à laquelle ils n'ont aucune chance, et dont l'arrivée au contact de la civilisation signerait imparablement la fin de celle-ci. On peut d'ailleurs trouver que l'esprit de Lovecraft se marie mieux avec le nihilisme de Carpenter qu'avec l'esthétisme de Scott.

Le film était et reste une tuerie aujourd'hui (vous l'avez ?), avec des effets toujours aussi impressionnants, au sens où ils font grande impression, et un rythme dingue, notamment lors des quelques scènes restées cultes pour de bonnes raisons (une a même été parodiée dans Chroma). La créature de The Thing demeure encore aujourd'hui une des plus grandes réussites du cinéma (même quand on la voit, elle est impossible à décrire, ce qui est l'essence même du lovecraftien), et les concepts qu'elle soulève sont toujours aussi forts. C'est cracra, mais qu'est-ce que c'est bien !


En 1987 sort Prince of Darkness (Prince des ténèbres en VF), un film qui ne débute pas du tout comme je l'imaginais. Dans la cave d'une église de Los Angeles, une sorte de grande jarre en verre contient un liquide vert aux propriétés étranges. À la demande d'un prêtre, une équipe de scientifiques va venir étudier la chose. 

Sans doute celui des trois qui a le plus mal vieilli, Prince of Darkness nous propose une nouvelle vision du Mal corrupteur sans visage (thème fétiche de Carpenter), avec ce liquide malveillant, équivalent sérieux du slime de Ghostbusters 2. On retrouve l'idée d'enfermement dans un lieu unique avec un danger insidieux qui rôde. J'ai du mal à interpréter le film, il évoque beaucoup de choses et met face à face de manière encore plus frontale que The Thing la science et l'incroyable, mais il est moins marquant. C'est aussi celui que j'ai vu en dernier, donc je suis sans doute un peu biaisé, les deux autres opus de la trilogie étant d'authentiques chef-d'œuvre. d'ailleurs...

In the Mouth of Madness (L'Antre de la folie) sort en 1995, et je me souviens très bien en avoir entendu parler à l'époque ; je lisais Player One, magazine de jeux vidéo qui se piquait de parler aussi de pop culture, qu'on n'appelait pas encore geek. Et m'être dit que je ne verrais jamais ce film, qui n'était clairement pas pour moi. Comme quoi on est bien bête à 14 ans.

In the Mouth of Madness est tout simplement une des adaptations les plus fidèles de l'univers de Lovecraft que j'aie jamais vue. Tout y est, des personnages aux lieux, en passant par cette idée d'horreur cosmique, de destinée implacable, de livres maudits, au point que j'ai réalisé qu'Alan Moore avait sans doute piqué quelques idées au film pour son Providence (la scène dans le bus, notamment, m'a clairement rappelé un passage identique évoqué dans la BD, où le protagoniste est jeté à la porte d'un autocar après avoir hurlé dans son sommeil).

Pour résumer, Sam Neill joue un enquêteur d'une maison d'assurances qui essaie de retrouver un auteur mystérieusement disparu, Sutter Cane, mélange pas du tout dissimulé de H. P. Lovecraft et de Stephen King. Comme le film nous le révèle dès le début, cette investigation ne va pas du tout lui réussir. Le long-métrage est magistral, l'écriture est parfaite. Il en émane surtout une profonde compréhension des idées de Lovecraft. Les acteurs sont à fond, en particulier Sam Neill qui fait complètement oublier le bourru mais sympathique Alan Grant de Jurassic Park (dont il était tout auréolé à l'époque) pour incarner un cynique désagréable, dragueur, fumeur, sans-gêne mais réaliste, qui va voir ses certitudes s'écrouler face au pouvoir corrupteur d'un livre. 

On est décidément très proche de Providence, ce qui explique sans doute pourquoi j'ai autant apprécié ce film, qui semble malheureusement devoir rester le dernier grand chef-d'œuvre de Carpenter (les suivants ayant quelque peu perdu le feu sacré). 


23 novembre 2022

La pêche au léviathan

 


Je viens de passer deux mois (facile) à lire Moby Dick, le bien connu chef-d'œuvre d'Herman Melville. Ce fut un peu long, car le bouquin est un pavé de presque 800 pages particulièrement indigeste, mais je ne regrette pas. La scène ci-dessus, correspondant au chapitre 49, m'a particulièrement marqué par son comique de situation, du coup j'ai eu envie de la mettre en image (le livre n'est pas exempt d'humour, même si c'est très loin d'être son point fort, mais ce passage m'a fait rire... bien sûr j'ai modernisé le texte, mais c'est bien l'idée générale).

Un pavé indigeste que j'ai bien aimé, mais il faut
que je vous explique pourquoi...

 

Ceci étant dit, à qui conseiller la lecture de Moby Dick ? C'est assez simple :

  • si vous êtes passionné de littérature symboliste américaine, c'est un incontournable. Le livre est connu comme étant pétri de symboles, et même si vous êtes hermétiques à ce genre de subtilité les milliers de comparaisons, métaphores et autres analogies parfois très explicites ne pourront pas vous échapper. De fait, Moby Dick est considéré comme un chef-d'œuvre du symbolisme, ce n'est pas usurpé, et des centaines de thèses expliquent en quoi cette chasse à la baleine est en fait une lutte du bien contre le mal, ou un défi face à Dieu, bref plein de concepts philosophico-religieux très subtils dont je n'ai sans doute pas saisi le centième ;
  • si vous vous intéressez à la pêche à la baleine, ce qui, pour je ne sais quelle raison, était mon cas, c'est là aussi un passage obligé. Melville a lui-même travaillé un temps sur un baleinier, le livre est hyper documenté et explique en détail tous les aspects de la « grande pêche », de la traque au dépeçage, en passant par l'étonnante récupération du spermaceti, cette huile particulière contenue dans la tête des cachalots. Ces descriptions occupent largement plus de 75 % du livre, autant vous dire que si ça ne vous intéresse pas, vous pouvez laisser tomber la lecture ;
  • si vous voulez vivre un moment intense de face à face entre un titan quasi surnaturel et une volonté de fer à la limite du pathologique (plus qu'à la limite en fait... à quelques encablures au-delà de la limite, disons), je vous suggère de commencer au chapitre 131 (p. 751 dans mon édition), puisque ce n'est pas avant qu'ils croisent enfin ce putain de cachalot blanc qui donne son titre au livre, et que l'affrontement est relativement vite expédié.
Sinon j'ai vu le film de John Huston il y a quelques années,
et j'en ai un souvenir assez fort, donc à tout prendre je vous
le conseille plus que le livre. Qui est bien, hein, mais
quand même c'est long.


21 novembre 2022

Grand écart vidéoludique

Ces deux dernières semaines, j'ai joué à deux petits jeux et je pense qu'on ne peut pas faire plus radicalement opposé dans l'esprit...


Le premier ce fut Alba - A Wildlife Adventure, qui était gratuit sur l'Epic Game Store la semaine dernière. Alba, c'est du condensé de mignonnitude recouvert d'une fine pellicule de sucre, juste ce qu'il faut pour que ce soit délicieux sans être lourd.

Le style visuel ne fait qu'ajouter à la mign... Alba,
derrière toi, une perdrix !
 

Vous dirigez Alba, 11 ans, qui parcourt la petite île où elle passe ses vacances en s'efforçant d'identifier toutes les bestioles qu'elle croise. Le gameplay est simplissime : vous vous baladez, vous prenez les animaux croisés en photo, l'appli les reconnaît. Vous avez également des petites missions à remplir, jamais trop difficiles, pour sauver la réserve naturelle locale, aider les habitants à résoudre leurs petits problèmes, et pendant tout le temps de l'aventure vous allez vous extasier devant les animations hyper choupettes des personnages, notamment Alba et sa manière de courir en écartant les bras.

Alba, c'est un petit bijou des mêmes auteurs que Assemble With Care, un jeu hyper chill pour vous détendre entre deux survivals, voire un jeu pour n'importe quel enfant de 7-8 ans qui voudrait s'évader un week-end de pluie (deux sessions suffiront). Il dispose même d'une bonne traduction française, alors pourquoi se priver ?


 Le second, ce fut Carrion, dont j'avais déjà évoqué la démo. Carrion, c'est du condensé de cracra, avec des gros pixels qui dégouttent du sang de vos victimes, puisque vous incarnez une créature dans l'esprit de The Thing, qui essaie de s'enfuir d'un centre de recherche.

La grosse originalité de Carrion, c'est cette improbable boule de chair que vous dirigez, et surtout son animation et sa maniabilité exemplaires. Dans son genre, c'est incroyablement agréable à diriger, et le pixel art est magnifique, avec une vraie ambiance. 

Attention, petite boule de chair dégueulasse,
tu risques de te faire pincer très fort !

Malheureusement, dans les faits, le jeu derrière cette prouesse n'est pas foufou : c'est un petit metroidvania pas toujours inspiré, relativement linéaire (ce qui est gênant dans un metroidvania, justement), qui vous occupera environ cinq heures. Je m'y suis un peu ennuyé pendant le premier tiers, puis ai fini par y trouver un certain apaisement en laissant, de temps en temps, survivre tel ou tel humain par pur caprice, plutôt que de l'éclater contre une cloison à grand coup de pseudopode sanguinolent... Que voulez-vous, les jeux vidéo, ça me rend poète.

18 novembre 2022

Nouvelles du donjon

 

 

Un petit fanart d'Horous, qui est, je ne sais pas pourquoi, un personnage que j'aime vraiment beaucoup dans Donjon. Je trouve qu'il a la classe, à la fois inquiétant et marrant, compétent et un peu con et mortellement dangereux... Et puis c'est un vautour, et les vautours c'est trop cool.


Bon, plus sérieusement, trois nouveaux tomes de Donjon sont sortis récemment, tous évidemment excellents. 

Les Poupoutpapillonneurs (Donjon Monsters 15) nous emmène à Cochonville une vingtaine d'années avant l'histoire principale, où nous suivons de jeunes étudiants en magie faire des trucs un peu cons. Le dessin de Juanungo est somptueux, et l'histoire raccorde plein de trucs vus ailleurs (et explique un peu plus le fonctionnement de la magie dans cet univers, ce qui n'est pas du luxe). En outre on a enfin une reprise du Poupoutpapillon vu dans Le Géant qui pleure, qui reste en tête de mon top des incantations les plus débiles.

Quelque part ailleurs (Donjon Monsters 16) présente un nouveau personnage et prend place (en grande partie) à Nécroville, cité des morts. L'histoire est bien, mais la principale originalité de l'album est d'être dessiné par Guy Delisle, qui nous a plus habitués à des chroniques intimistes et/ou politiques (tout est bien dans sa bibliographie mais si vous ne devez en lire qu'un, lisez Pyongyang, c'est complètement fou).

Larmes et Brouillard (Donjon Zénith 9), enfin, reprend la trame principale avec Herbert et Isis, et se révèle un album particulièrement fort (je vais pas dire que j'ai pleuré, mais ça m'a foutu un coup quand même). Boulet au dessin est toujours aussi puissant, et l'intrigue progresse (enfin !, diront certains). 

Bref, Donjon reste sans problème une des meilleures séries françaises à ce jour, j'envie ceux qui vont la découvrir.

*

*  *

Par ailleurs, puisqu'on parle de BD et d'excellentes séries, ceci vient de sortir.


Après deux tomes que j'ai trouvés (très) légèrement en-deçà, Les Vieux Fourneaux reviennent en pleine forme avec un très, très bon album parfaitement en phase avec notre époque à l'ambiance légèrement tendax. Une lecture indispensable (d'ailleurs Bolchegeek parle de la série dans sa nouvelle émission, je conseille tout autant).

16 novembre 2022

Bienvenue dans le bac à sable

 

Supraland est un jeu surprenant. Vous pensez lancer un puzzle game, et vous vous retrouvez avec une espèce de metroidvania bac à sable, mais en fait quand même pas mal puzzle game... et surtout vous vous marrez. Mais vraiment.

Supraland a été apparemment créé par un seul homme, David Münnich, un développeur que j'imagine un peu fou mais avec qui j'aimerais bien prendre une bière (pas comme d'autres développeurs indé qui me font juste peur). Il s'agit d'un jeu où vous incarnez un petit bonhomme en pâte à modeler dans un grand bac à sable. Pas n'importe quel petit bonhomme : vous êtes le fils du roi et de la reine des Rouges, et les Bleus vous ont coupé l'eau ! Charge à vous d'aller chez l'ennemi comprendre ce qui s'est passé.

Une espèce de Portal acidulé et rigolard, plein de surprises.

En cours de route, vous allez devoir résoudre trois milliards de puzzles environnementaux, explorer chaque recoin (et il y en a approximativement 6,02.1023) de la map, trouver des quintillions de coffres qui contiennent des tas d'améliorations plus ou moins utiles... Oui parce que dans Supraland, vous partez de zéro : au début vous n'avez rien, à peine une barre de vie, et vous allez devoir trouver de nouvelles armes, compétences et même éléments de l'interface de jeu au fur et à mesure de votre progression.

Ajoutons que le jeu est drôle, vraiment drôle, avec un humour méta assez absurde, un univers foutraque mais joyeux, et des énigmes parfois tordues mais jamais bloquantes (vous pouvez toujours aller vous balader ailleurs et revenir plus tard, l'esprit frais). J'y ai passé une vingtaine d'heures avant de voir la fin, et j'ai juste envie de continuer pour trouver tous les coffres et toutes les astuces...

14 novembre 2022

Wakanda Whatever

 


Donc on a vu Wakanda Forever, et on est tombés à peu près d'accord pour dire que, a minima, le film durait une heure de trop. En fait, c'est pire : je ne trouve pas que 2h40 pour raconter cette histoire, ce soit trop, je trouve que cette histoire aurait dû être assez riche pour remplir 2h40 !


C'est quand même dommage de produire un truc aussi faible comme suite à un des films les plus marquants du MCU. Black Panther avait fait grand bruit, pour des raisons qui tenaient autant de la politique et de la sociologie que de sa qualité en tant qu'œuvre de cinéma. Ce n'est sans doute pas le plus grand film de l'histoire, mais c'est un film important qui a su trouver une résonance chez son public. Et il bénéficiait du charisme stellaire de Chadwick Boseman et Michael B. Jordan. 

Las, Boseman est mort. Au moins les scénaristes ont-ils évité de faire mourir son personnage durant le film en jouant avec des images d'archive et des images de synthèse, et ont-ils eu le bon goût de faire tourner toute l'intrigue autour de ce décès. Vous vous souvenez de la bande-annonce magnifique où on voyait ses funérailles wakandaises, sur fond de reprise de No Woman No Cry ? Jamais vous ne retrouverez une émotion semblable dans le film lui-même.

Peut-être que la meilleure scène du film est sa bande-annonce en fait...

Quant au reste, malgré de bons acteurs/actrices impliqué(e)s, le scénario peine à rendre crédible une guerre qui n'a pas vraiment de raison d'être. Le film en devient (à son corps défendant je pense) une charge anti-monarchique, démontrant l'absurdité pour un peuple de laisser le pouvoir à une seule personne (surtout des sanguins genre Namor ou Shuri). On notera tout de même une évolution agréable : pour une fois, ce sont deux peuples qui s'affrontent, et pas un peuple contre une ruche d'entités sans personnalité (extraterrestres, robots, animaux mystiques...), les combats font de vrais dégâts humains et c'est appréciable.

Côté visuel, en dehors d'une scène d'attaque sur une plate-forme que j'ai trouvé plutôt cool, rien de bien foufou. J'ai bien aimé la manière assez maline d'intégrer Atlantis Talokan dans le lore du MCU, mais la cité elle-même est d'une tristesse, terne, à des milles marins des couleurs flashy d'Aquaman (je pense que c'était le but, mais du coup l'émerveillement n'est pas là).

Bon, après, vu les circonstances de production, j'imagine qu'on peut s'estimer heureux de s'en sortir à si bon compte. Mais pour le dernier (oui, déjà) film d'une phase IV globalement très décevante, on aurait espéré un petit sursaut.  

11 novembre 2022

Curieuse horticulture et autres amusements...

 

Dans la catégories « petits jeux sympas », j'ai également pratiqué Strange Horticulture, un jeu à mi-chemin entre Papers Please et Return of the Obra Dinn, dans lequel vous héritez d'une boutique d'horticulture. Le précédent propriétaire devait jouir d'une excellente mémoire, puisque aucune des plantes n'est étiquetée, il va donc vous falloir parcourir votre livre de botanique pour déterminer quel nom et quelles propriétés correspondent à quel végétal. Une petite histoire de meurtres rituels vient s'ajouter en surimpression, avec plein de petites énigmes jamais très difficiles mais toujours agréables. 

Des clients viendront régulièrement vous offrir de nouvelles
plantes en échange de conseils ou de produits.

Le jeu est en outre disponible en français, avec une VF de très bonne qualité, achevant d'en faire un excellent divertissement qui vous occupera six-sept heures, le temps de tout identifier et d'élucider le mystère.

J'ai également essayé The Sinking City, dernière incursion de Frogwares (à qui l'on doit les jeux Sherlock Holmes) dans l'univers de Lovecraft. On se retrouve dans l'ambiance crapoteuse d'une ville à demi submergée suite à un ouragan, à enquêter sur une expédition mystérieusement décimée, et vous voyez le truc. J'ai résolu la première enquête, puis j'ai eu affaire à une scène d'action et c'était bon, j'ai décidé que j'en avais assez. Ce n'est pas mon premier jeu Frogwares, et j'ai toujours un problème avec leur game design. Sur le papier ça devrait me plaire, c'est de l'enquête, on réunit des indices et on les associe, mais à l'arrivée j'ai toujours l'impression qu'on me mâche le travail, ou plutôt qu'on me force à réfléchir d'une certaine manière... 

Personnellement je pense que l'avenir du jeu d'enquête est beaucoup plus à rechercher dans la direction que prenaient Outer Wilds ou Obra Dinn, par exemple, en laissant le cerveau du joueur faire le taf, plutôt que l'interface du jeu. Bon, ceci dit The Sinking City plaira sûrement à plein de gens, il est très beau et très bien fait, mais pour moi ce sera plutôt un let's play sur YouTube et au lit.


Dernier petit jeu testé récemment, le gratuit Songs from the Iron Sea, projet étudiant très bien abouti que vous devriez finir en une heure environ. Il s'agit d'un cinematic platformer (à la Limbo) très beau, très bien fait, très pur dans son approche, où vous dirigez une espèce de sirène batracienne qui tente de s'échapper d'un complexe industriel englouti. 

C'est très bien, en dehors de certains points de maniabilité qui auraient mérité un poil plus de travail. Sauf que le jeu s'est mis à ramer comme un débile lors du dernier boss (probablement à cause de mon portable qui en a eu marre d'afficher ces magnifiques décors) ; j'ai donc éteint et rallumé le programme, pour découvrir qu'il n'y avait pas de sauvegardes. Au final j'ai été voir la fin en ligne, avec un petit chouia de frustration quand même. Mais franchement ça vaut le coup de passer une heure de votre vie dessus.

09 novembre 2022

Quelques films

Aujourd'hui sort Wakanda Forever, mais du coup je ne l'ai pas encore vu (et franchement, j'essaie de ne pas trop en attendre parce que phase IV, toi-même tu sais...), mais j'ai vu d'autres films ces derniers mois, alors c'est parti.


 

Everything Everywhere All at Once,
Daniel Scheinert et Daniel Kwan, 2022

Le film un peu phénomène du moment, qui doit renouveler le film de genre, le nouveau Matrix selon certains, le film qu'il faut voir en salles pour pouvoir dire à vos petits-enfants « j'y étais ! »... Eh bien sachez que cela est vrai, Everything Everywhere All at Once est une belle claque qui fait un bien fou, un film totalement imprévisible mais délicieux, généreux, qui va sans doute laisser des traces dans l'histoire future du cinéma de genre. De tous les genres, puisque le propos du film est, sans grande surprise cette fois, tout, partout, en même temps.


The Endless, Justin Benson et Aaron Moorhead, 2017

J'avais raté ce film à sa sortie, mais j'en ai entendu parler par plusieurs sources de confiance ces derniers temps (Alt236, Karim Debbache... que du bon !) : The Endless raconte le retour de deux frères dans une communauté (une secte !) vivant recluse dans les montagnes américaines, pour tenter d'exorciser leurs traumas d'enfance. Comme le film ne cache pas son influence lovecraftienne, ils vont découvrir des trucs bien chelous, mais pas dans le même genre que dans Midsommar... Difficile d'en dire plus, sinon que c'est vraiment très bien.


 In the Heights (D'où l'on vient), Jon M. Chu, 2021

Comédie musicale signée Lin-Manuel Miranda, dont vous savez qu'on est désormais très fan, In the Heights raconte la vie d'un quartier latino de New York (en l'occurrence Washington Heights). C'est l'œuvre qui a fait connaître Miranda, avant Hamilton, et je n'étais même pas au courant que son adaptation cinéma était sortie l'an dernier. Lacune comblée, et pour le meilleur puisque le film est flamboyant, on trouve déjà le mélange de musiques hip-hop et latino qui fera la réputation du compositeur et le thème de l'intégration, très présent. Les chansons sont très belles et la mise en scène défonce très régulièrement (avec notamment les chansons 96,000 dans une piscine gigantesque et When the Sun Goes Down, qui... que... je sais pas comment ils ont fait ça mais c'est énorme).

 

Vivo, Brandon Jeffords et Kirk De Micco, 2021

Autre film à côté duquel j'étais totalement passé, Vivo est un film d'animation sorti sur Netflix avec des chansons de... Lin-Manuel Miranda, qui prête également sa voix au petit singe qui fait office de personnage titre. Alors oui, en voyant l'affiche vous vous dites instantanément « c'est quoi ce Pixar du pauvre ? », ou pire « C'est par l'équipe qui a fait Les Minions 2, c'est ça ? » sauf que pas du tout, c'est plutôt bon, avec de vrais passages émouvants et quelques personnages comme vous n'en avez jamais vus dans aucun autre film (la petite Gabi, notamment, qui rappelle un peu Lilo – mais pas vraiment –, doublée par la toute jeune mais très prometteuse Ynairaly Simo). Une découverte.

07 novembre 2022

Disney's Avengers... non, pas ceux-là !

 



Alors que nous visionnions la dernière série DuckTales, j'ai beaucoup saoulé Bij (non, en fait j'ai saoulé tout le monde) en développant longuement les multiples références aux anciennes séries Disney qui parsemaient les épisodes. Il en fut pourtant une qui ne me disait rien alors qu'elle semblait importante, c'était celle au « circuit de Solego » dans l'épisode 313 (Let's Get Dangerous!, sans aucun doute un de mes épisodes préférés, qui plus est). En fouinant, j'ai découvert qu'il s'agissait d'une référence obscure à un comics paru en 1994 et dont je n'avais simplement jamais entendu parler.

Ma culture Disney est pourtant conséquente, et j'étais convaincu que je n'aurais pas laissé passer un truc pareil : un crossover entre toutes les séries du Disney Afternoon dans une longue histoire à suivre. Intitulée The Legend of the Chaos God (titre surprenant qui fait plutôt penser à une aventure de Conan...), cette intrigue suit les pérégrinations d'un joyau magique enfermant l'âme du dieu sorcier Solego qui tente de revenir à la vie. L'artefact va ainsi traverser des aventures de Super Baloo, des Rangers du risque, de la Bande à Dingo, de la Bande à Picsou et finir son épopée dans un épisode de Myster Mask. J'aurais, je pense, vendu ma mère pour lire ce truc quand j'étais gosse.

Le numéro où l'aventure est sortie... peut-être encore
en kiosque, je sais pas, ça se tente.

Heureusement pour ma maman (que j'aime), je n'avais pas la moindre idée que ça existait, car cette aventure n'avait jamais été éditée en VF. Jusqu'à aujourd'hui, puisque le dernier Picsou Magazine (n° 565) vient de l'éditer. Alors qu'est-ce que ça vaut ?

C'est pas terrible. Le dessin de Cosme Quartieri ne démérite pas et le scénario de Bobbi J. G. Weiss part d'une bonne idée : en suivant un MacGuffin qui traverse les âges, il s'affranchit des contraintes imposées par la diversité des programmes (Super Baloo se passe plusieurs décennies avant les autres séries, l'univers des Rangers du risque repose sur un concept radicalement différent...), mais ça manque franchement de punch, les couleurs (dans la grande tradition des BD Disney) sont sans relief et on s'en fout très vite de cette histoire qui ne prend aucun risque avec les personnages. On est très loin du dynamisme des histoires de Barks ou de l'inventivité délirante des auteurs italiens de la même période. C'est dommage, mais il ne fallait pas non plus en attendre davantage de ce qui demeure une curiosité, témoin d'une autre époque.

Solego dans le comics, et dans la série DuckTales 2017.
Notez que ses répliques sont quand même assez rudes pour ce genre de publication
(le mot die dans une BD Disney, c'est très rare),
quand je référençais Conan le barbare, j'étais pas si loin.


04 novembre 2022

Le chant des lamantins, le soir, au-dessus des eaux

 

Le Parc zoologique de Paris (qui aimerait bien qu'on ne l'appelle plus « Zoo de Vincennes » parce que ce terme évoque de mauvais souvenirs à plein d'amoureux des animaux) abrite moult bestioles toutes plus fascinantes les unes que les autres, dans des conditions bien plus dignes qu'il y a vingt ans. Il propose en outre, pour une somme pas du tout modique (je préfère vous prévenir si ça vous intéresse), de participer aux soins de certains animaux avec vos enfants. Concrètement, vous faites une donation au zoo, et ça vous donne le droit d'accompagner un soigneur pendant deux heures. 

L'offre existe en quatre versions : les lémuriens, les reptiles, les oiseaux et les lamantins. On avait déjà fait les lémuriens, visite dont on était sortis enchantés, on a réitéré avec les lamantins, et c'était encore plus génial. Il faut dire que si l'objectif des soigneurs, dans le cas des lémuriens, est de toucher le moins possible les animaux, avec les lamantins on peut les nourrir directement à la main, ce qui est évidemment le truc le plus cool que vous ferez jamais de votre vie terrestre et non, je n'exagère pas, j'aime juste beaucoup les lamantins. Même ma nièce, qui affirmait très ouvertement ne venir que pour « faire plaisir à tonton », est ressortie complètement hypée de l'expérience.

Regardez moi cette boubouille ! Sachez du reste que les dents du lamantin
sont de grosses molaires logées tout au font du gosier, donc
aucun risque de se faire mordre, le gros pépère se contentera de vous lécher
la main en la frottant avec ses vibrisses.

Pour ceux qui, pour leur bonheur, découvriraient ici l'existence des lamantins, sachez qu'il ne s'agit ni de gros dauphins, ni de phoques obèses, ni de morses édentés, mais de siréniens, un ordre de mammifères marins relativement proche des éléphants et ne comportant guère de représentants (les lamantins, les dugongs – leurs cousins de l'océan Indien – et la rhytine de Steller, aujourd'hui éteinte, dont je reparlerai sûrement un jour). On les appelle souvent les « vaches de mer », et l'adjectif le plus adéquat pour les définir est « placide ». De fait, ce sont d'adorables gros pépères qui engloutissent leurs 60 kg de salade par jour sans embêter personne.

Ah, oui, pour qu'ils ne s'ennuient pas dans leur cuve, les soigneurs du zoo leur ont mis des poissons divers, dont un arapaïma, le géant rouge qu'on voit sur le dessin et qui zone en surface dans le but d'engloutir tout ce qui tombe à l'eau. Là c'était un petit, de seulement 2 mètres (ils en atteignent 4,50 dans la nature), et on aimait moyen le voir s'approcher pour manger avec ses voisins.

02 novembre 2022

Le radeau sans méduse

 

Dans Raft, vous vous réveillez sur un radeau constitué de quelques planches de bois, avec un crochet qui vous permet tout au plus d'attraper les ordures qui flottent autour de vous... Et c'est pourtant le début d'une palpitante aventure pleine d'énigmes, de combats et de construction. Sauf les combats. J'ai viré les combats.

Raft est un jeu de survie à l'ancienne (comme on en faisait en ces temps reculés comme 2018), qui a un peu souffert de son très long accès anticipé. Beaucoup l'ont découvert alors qu'il était disponible mais pas fini, et de fait bien peu l'ont relancé depuis qu'il est officiellement sorti avec son histoire complète (j'en veux pour preuve le fait que seulement 8,2 % des joueurs ont obtenu le succès « Finish the story »). Comme disait je ne sais plus quel marketeux, « un jeu ne sort qu'une fois », et c'est sans doute la leçon à tirer ici : quand on a passé une vingtaine d'heures sur Raft, on n'a pas envie de recommencer à zéro pour suivre l'histoire.

Terre ! Terre !

Mais ça n'empêche pas le jeu d'être agréable, une fois que vous avez compris le principe. Vous allez vous balader d'île en île, améliorer votre radeau avec les matériaux collectés (jusqu'à en faire une véritable ferme flottante) et suivre les émissions radio jusqu'à certains lieux particuliers qui vous en apprendront plus sur l'histoire. En vrai, c'est très cool, sous deux conditions :

  • regardez un tuto (ceux du Jreu Gaming par exemple sont très bien, d'ailleurs globalement les let's play du Jreu sont très bien, je conseille) avant de jouer pour comprendre comment on boit. Je sais, ça a l'air débile, mais je suis mort de soif à ma première partie parce que je n'avais pas compris comment obtenir de l'eau douce, c'est quand même très con ;
  • jouez en mode paisible : vous prendrez moins de dégâts, votre vie remontera plus vite, les créatures hostiles ne le seront plus et surtout, surtout, ce putain de requin ne viendra pas défoncer votre radeau case par case toutes les cinq minutes. Je suis certain que j'aurais désinstallé Raft au bout d'un quart d'heure si j'avais joué en mode normal : ne vous embêtez pas avec ça, ça n'apporte que de la frustration, alors que c'est un jeu qui gagne à être joué chill.

Une fois que vous aurez à peu près stabilisé la vie quotidienne sur votre radeau (c'est-à-dire que vous aurez de quoi boire, une ressource de nourriture à peu près correcte – genre poissons et patates – et la station de radio), l'aventure commence pour de bon, et c'est tout à fait plaisant. En plus on peut jouer en multi (moi je l'ai pas fait, mais ça doit apporter un petit plus).

01 novembre 2022

Inktober 1-2 (bonus)

 

Et voilà, Inktober c'est fini, et pendant ce temps vous n'avez rien vu mais on a bossé comme des oufs, on est partis en vacances, on a joué à des tas de trucs, j'ai nourri des animaux que vous n'imaginez même pas, bref il s'est passé plein de trucs, que je vais essayer de vous raconter dans les posts qui viennent.

D'ici-là, comme j'avais raté les deux premiers défis du Inktober, je les ai compilés dans un dessin ci-dessus. À très vite les amis.