Une banane, c'est jaune.
Tout le monde le sait.
La banane est jaune comme l'orange est bleue, chacun en conviendra.
Chacun, sauf un mien ami, qui se sent ponctuellement légitime à préciser la couleur de ces fruits, en parlant de « bananes jaunes ». S'ensuivent bien entendu lazzis, moqueries et accusations de pléonasme de la part de ses compagnons.
Il argumente généralement dans la foulée que « Mais non, la banane jaune, c'est ce que vous appelez des bananes plantains, bande de métropolitains bornés ! »
Bien sûr, arrivés à ce point de la discussion, j'essaie de tempérer les choses en déclarant sur un ton neutre : « Mais c'est n'importe quoi, insultant insulaire, pourquoi préciser la couleur ? N'as-tu pas lu mon incipit ? Une banane, c'est jaune, tout le monde le sait, la banane est jaune comme l'orange...
- Ben pas forcément ! Chez nous on a des bananes violettes par exemple ! »
Bon, là, à ce niveau, vous comprenez que l'argumentaire mesuré de l'honnête homme ne suffit plus, et que le défenseur du vrai doit se résoudre à de plus physiques démonstrations. Las, l'individu (que je préfère ne pas nommer, afin de ne point trop l'enfoncer) mesurant une bonne tête de plus que moi, la valeur de ma thèse ne parvient généralement pas à s'imposer.
D'où la seule conclusion possible, immortalisée par un grand musicien antillais dont l'histoire n'a pas retenu le nom...
La banane, respecte-la !