Ex nihilo Neil

31 mai 2021

Arts & crafts

 Il y a quelques mois de cela, nous avons récupéré un bureau. Il avait à l'origine été confectionné sur mesure pour un appartement bien précis, mais les aléas de la vie l'ont fait échouer chez nous. Télétravail oblige, Bij avait justement besoin d'une surface pour travailler.

L'objet en question. Encore merci à nos amis Pamela et Oud pour avoir aidé au transport
à travers Paris.


Le bureau remplissait admirablement son office. Il allait même jusqu'à s'insérer parfaitement dans l'espace entre nos deux étagères, comme on peut le voir sur la photo, sans qu'on n'ait besoin de rien déplacer, ce qui n'était pas du tout évident. 

Mais, reconnaissons-le, son esthétique n'était pas optimale. Pour diverses raisons, il n'avait été que verni mais jamais peint, comme c'était pourtant l'ambition. Alors, avec un gros coup de main de sa mère qui touche un peu en matière d'artisanat graphique, Bij s'est lancée dans la décoration du machin.

Le résultat me scotche tous les matins quand, en allant prendre mon petit déjeuner, je tombe nez à cube avec un Mondrian dans mon salon.


Pour ceux que ça intéresse, elles n'ont pas utilisé de la peinture mais une sorte de Vénilia,
un papier adhésif coloré vendu en rouleaux ou à la découpe (on en trouve
au BHV, typiquement), qui permet d'obtenir avec précision de belles surfaces
de couleurs pétantes.


28 mai 2021

Les origines diaboliques de Fantomiald


 

Savez-vous pourquoi Fantomiald s'appelle Fantomiald ?

C'est bien sûr un hommage à Fantômas, le criminel héros du feuilleton de Pierre Souvestre et Marcel Allain, surtout connu de nos jours pour son interprétation par Jean Marais dans la célèbre trilogie d'André Hunnebelle. Ces films sont d'ailleurs d'assez mauvaises adaptations, le ton sérieux des livres étant transformé en  comédies policières mettant largement en avant le génie de Louis de Funès en commissaire Juve. 

Seulement Fantomiald n'a pas été inventé par un Français mais par un Italien, Guido Martina, et s'appelle en version originale Paperinik, ce qui ne ressemble que fort peu à Fantômas. C'est parce qu'à l'origine, il s'inspire surtout de Diabolik, un criminel de roman italien créé par les sœurs Giussani. En italien, Donald s'appelle Paperino, ça donne donc Paperinik. En français, on a cherché un équivalent et on a bouclé la boucle : Diabolik était un ersatz transalpin de Fantômas, Paperinik est donc devenu Fantomiald.

À noter que le personnage a été un temps rebaptisé Powerduck (PK pour les intimes). Je n'aime pas du tout cette période, mais j'imagine qu'elle a ses fans.

*

* *

Ah, et Diabolik a été adapté en série animée dans les années 2000. Avec un générique qui est devenu une private joke avec mon pote Sam tellement on le trouve nanardesque.


Diaboliiiik... Diaboliiiik...

26 mai 2021

Control : brutalisme et new weird

 

En ce moment, je suis en train de finir les DLC de Control, jeu de Remedy sorti il y a deux ans, et j'aime franchement beaucoup.

Control est un TPS qui vous met dans la peau de Jesse Faden, qui vient d'arriver au Bureau fédéral de contrôle, une agence gouvernementale secrète dont le bâtiment est actuellement la proie d'une étrange entité. Vous flinguez à tout va, vous explorez, vous obtenez des super pouvoirs de télékinésie et vous vous éclatez à tout défoncer à coup de photocopieuses ou de parpaings fraîchement arrachés aux murs.

Le gameplay est très bien. Mais ce qui vous fera rester dans Control, c'est surtout l'incroyable univers qui y est déployé. Control, c'est du new weird sur fond d'architecture brutaliste, c'est ce que voulait être The Secret World au début (vous savez, « tout est vrai », les mythes et légendes urbaines sont authentiques mais on vous cache tout), c'est X-Files du point de vue de l'Homme à la cigarette, et c'est surtout une adaptation officieuse des écrits de la Fondation SCP (si vous ne connaissez pas, voici une excellente vidéo d'Alt 236 qui en parle en long, en large et en détails).

Une ambiance joyeuse et primesautière.

En gros, le FBC (Federal Bureau of Control, donc) s'occupe de récupérer, étudier et (surtout) confiner tous les éléments un tant soit peu paranormaux qui existent sur notre planète. Téléviseur hanté, portemanteau téléporteur, frigo meurtrier... tout un tas d'objets à l'apparence banale qui se révèlent dotés de pouvoirs étranges, parfois sans intérêt, parfois extrêmement dangereux, sont stockés dans les meilleures conditions possibles (c'est-à-dire « pas top mais si on fait pas trop les cons ça devrait tenir ») au sein de locaux eux-mêmes paranormaux situés au cœur de New York. Alors forcément, quand une entité mystérieuse mais indubitablement maléfique se réveille dans ce contexte, le bazar est total. 

Control propose une masse de lore caché assez stupéfiante, qui contribue énormément à l'intérêt de l'exploration du lieu. Les rapports, lettres et comptes rendus que l'on trouve à la pelle nourrissent un univers hyper riche, lié par ailleurs au jeu précédent du studio, Alan Wake, et laissent présager de futurs jeux dans le même contexte. C'est enthousiasmant. Et souvent assez drôle, car si les visuels et les idées sont parfois glaçantes, l'ironie sous-jacente est parfaitement assumée par les auteurs. Le FBC ne contrôle absolument rien, nombre de membres de son personnel en sont conscients, et agissent avec un certain fatalisme.

Jesse Faden, notre héroïne, est super cool et assez badass. Du reste tous les
personnages secondaires sont intéressants et, détail agréable,
ont des physiques qui détonnent plutôt dans les jeux modernes.

 

Attention toutefois, deux défauts assez importants : 1. les combats sont parfois un peu frustrants, car il arrive qu'on meure bêtement, parce qu'on s'est fait déborder ou qu'on n'a tout simplement pas vu qu'il n'y avait pas de barrière. C'est agaçant. Mais c'est surtout d'autant plus agaçant que 2. le jeu a des temps de chargement qui (sur mon ordi) étaient longs, très longs, punissant d'autant plus les morts inattendues. 

Mais en dehors de ce point qui incite à la prudence (alors que le gameplay est axé sur le mouvement et l'agressivité), Control, c'est du tout bon, et je conseille.

24 mai 2021

Invincible

 


J'ai visionné récemment la série Invincible, qui m'a laissé pas très en forme, mais qui est globalement plutôt bien. Dans un certain sens. 

Bon, disons-le, si vous en avez assez des super-héros, entre le MCU qui essaie de ressusciter sur petit écran, le DCU qui n'a jamais vraiment décollé et les trois milliards de séries sur le sujet, je ne sais pas si Invincible vous convaincra. « Ouais, c'est du super héros dark, c'est hyper violent, ça déconstruit vraiment le genre m'voyez », certes, comme des tas d'autres séries, films ou comics depuis des décennies, ça va, on a déjà vu tout ça. 

Des histoires de super héros en collants joyeux et bigarrés.
Pour ainsi dire.

 

Mais, bon, il faut lui reconnaître quelques mérites. Déjà, comme bien souvent dans ce domaine, c'est nettement plus radical, violent et subversif que les films et séries live sur le même sujet. C'est rigolo d'ailleurs, parce qu'on vit dans un monde où beaucoup considèrent encore que les dessins animés c'est un truc de gosses, alors que les adaptations de comics les plus dark sont clairement celles en animation (DC en tête – je continue à estimer que la série Batman des années 1990 est plus mature que le Batman v. Superman de Zack Snyder). Même The Boys, qu'on peut raisonnablement considérer comme un produit assez subversif, tempère en permanence son hyper violence par un humour omniprésent. Pas Invincible. Ou pas bien, en tout cas : l'humour y tombe souvent à plat, mais c'est peut-être bien volontaire... Du coup on a une série au final très sombre, chaque mort (civile ou héroïque) compte et fait mal (contrairement, par exemple, à un Harley Quinn où la violence est surtout marrante).

Ensuite, il y a des personnages intéressants, surtout chez les secondaires. Cecil, Robot, Monster Girl, les jumeaux Mauler... je les trouve plutôt cool et attachants. Nettement plus que le héros, Mark, qui m'agace plus qu'autre chose (mais en même temps, il prend cher le pauvre). Mais nettement moins que le personnage central autour duquel tout s'articule : Omni-Man, qui devrait marquer pour un bon moment l'imaginaire super-héroïque.

Oh ben dis donc, une petite fille super héroïne qui botte des culs
et que j'aime bien. Mais quelle surprise !

 

Et puis il y a le casting vocal assez ouf, avec tout en haut J. K. Simmons en Omni-Man, J. K. Simmons et sa voix grave, tempérée, calme, qui gronde comme le tonnerre d'un orage lointain mais qui pourrait vous en faire méchamment baver... 

Bref, si vous avez aimé The Boys et que vous êtes en manque, Invincible, c'est pour vous. Si vous n'avez pas aimé The Boys parce que c'est trop timide, Invincible, c'est pour vous. Si vous en avez ras la casquette des super héros, violents ou non... bon, là, par contre, vous pouvez passer votre tour.

De toute façon si vous finissez le premier épisode vous regarderez toute la série.

21 mai 2021

Bienvenue dans l'arène


Comme beaucoup de geeks passés par le confinement, nous nous sommes créé un compte sur Board Game Arena. Vous connaissez sûrement, c'est une plateforme en ligne qui permet de jouer à distance à tous vos jeux de plateau préférés, et aux autres, tant l'offre est pléthorique. Des Dames à 7 Wonders, y en a pour tous les goûts. Pour les plus complexes (typiquement les jeux où le décompte des points requiert une licence de mathématiques, genre L'Âge de pierre*), c'est même parfois plus agréable qu'en version physique puisque l'ordinateur gère les règles et les calculs. Plus moyen de tricher, mais plus moyen de se tromper non plus.

Mais je dois faire mon coming out : j'aime beaucoup les jeux. J'aime les objets physiques (je ne suis pas le seul, ce n'est pas pour rien si les illustrateurs de boîtes de jeu sont devenus des valeurs ajoutées majeures de ce marché), j'aime le concept de jeu, les subtilités que peuvent induire des règles parfois toutes simples, l'idée d'avoir des groupes d'amis réunis pour un bon moment... Mais je ne prends pas un plaisir incroyable à jouer, en soi. Surtout que je ne suis pas très bon : je suis un diesel, il me faut trois-quatre parties de chauffe pour commencer à me sentir un peu à l'aise avec un jeu, même un jeu que je connais. Et à la limite ce ne serait pas un problème, si je ne jouais pas tout le temps avec des PGM qui ont intégré toutes les règles et intuité toutes les stratégies optimales à peine ont-ils entendu le début du livret. 

Par exemple, le croirez-vous, mais il fut un temps où j'étais plutôt bon
à Race for the Galaxy. Mais on n'avait joué qu'à ça pendant une semaine !
Aujourd'hui ma belle-sœur me défonce, et je suis sûr que sa fille de 8 ans
est capable d'en faire autant.

 Et comme il est de nos jours très rare de faire plus de deux parties du même jeu à la suite, je me fais tôler en permanence, et mon profil Board Game Arena n'affiche que des défaites plus ou moins humiliantes. Mais bon, l'été approche, on va pouvoir enchaîner des parties plus régulières, qui sait, je vais peut-être remonter la pente ?

* Un jeu allemand de 2008 qu'on a testé récemment, avec des meeples, des ressources, des cubes de couleur, tout le bazar que vous imaginez bien, et qui s'avère très plaisant.


19 mai 2021

L'âge de la Réponse


 Dans la religion geek, 42 est un saint nombre. Ben ça y est, j'y suis. Vénérez-moi !

17 mai 2021

Bébé xéno

 

J'ai passé un week-end très réussi, en famille avec mes neveux et nièces, ça fait bien du bien. Allez, on retourne au boulot !

12 mai 2021

Petit pont

 

On est un peu crevés et c'est l'Ascension, alors on va se retrouver un peu en famille à la campagne (le dessin ci-dessus est très optimiste niveau météo, mais bon...). Je reviens la semaine prochaine.

Bon week-end !

10 mai 2021

L'orang-outan et la lame douce


Comme je disais, je me suis remis à Sekiro pour quelques runs à la cool. C'est toujours un plaisir, et je persiste à trouver que c'est le plus accessible des jeux From Software. Et l'univers est toujours aussi passionnant, avec cet aspect archéologique de leurs jeux, où l'intrigue est disséminée dans le level design et dans les descriptions des objets. Et il y a cette thématique, originale pour le studio, de la paternité, qui se retrouve chez tous les personnages que l'on croise.

Du coup j'ai fait un petit fan art de Sekijo (le Sculpteur, Orang-outan, le Démon de la Haine, choisissez votre nom préféré) et Emma toute jeune, lors de leur rencontre sur un champ de bataille (peut-être le même que celui où Loup rencontre la Chouette ? Qui sait ?).

07 mai 2021

Histoire qui fait peur (vous êtes prévenus)

– Papa ! Papa !

Je me lève. Je suis crevé mais je me lève. Il est deux heures du matin, mais c'est normal, c'est mon tour. Elle a peur, je vais la rassurer, et ça va aller. C'est normal d'avoir des frayeurs la nuit, à cinq ans. 

J'arrive dans la chambre, elle est assise au milieu de son lit. Elle a l'air effrayé.

– Qu'est-ce qui t'arrive ma chérie ? Tu as fait un mauvais rêve ?

Elle secoue la tête, les yeux écarquillés. En fait elle n'a pas simplement peur, elle est terrifiée, elle tremble. Je m'approche mais elle m'arrête d'un geste.

– Non. Y a un monstre sous le lit !

C'est donc ça.

– Mais non, ma puce, ça n'existe pas les monstres.

– Si. Y en a un sous le lit. Il fait très peur.

– Écoute ma chérie, je vais aller vérifier, d'accord ? Comme ça on sera sûrs tous les deux qu'il n'y pas de problème. Ça te va ?

Elle hoche la tête, sans prononcer un mot de plus. Elle a toujours peur. Elle est repliée sur elle-même, comme pour s'éloigner le plus possible de la bordure du lit.

Je m'accroupis, soulève la couette qui traîne par terre et passe la tête sous le lit. Là, je trouve ma fille, couchée sous le lit, qui me regarde terrifiée et murmure : « Papa. Il y a un monstre sur le lit. »


Voilà, moi c'est le genre d'histoire qui me met mal rien qu'à y repenser. Eh bien ce genre d'histoire, vous en avez plein dans le podcast de Boulet et Thomas Hercouët Les Nouilles rampantes (jeu de mots fort cocasse avec creepypasta, ces histoires d'horreur qui traînent sur le net), que j'écoute abondamment en ce moment. 

Je trouve ça super intéressant d'explorer la peur et les légendes urbaines. On apprend des choses incroyables sur soi, et sur ce que notre cerveau parvient à élaborer pour se protéger de l'absurdité du monde. 

L'intérêt du podcast est double : déjà les histoires sont souvent très bien racontées (notamment quand c'est Boulet qui s'y colle, ce mec a une voix parfaitement adaptée à l'exercice, et il écrit excellemment). Et ensuite ils débriefent les histoires en dernière partie d'émission : ils en donnent l'origine, les aspects inventés, les aspects réels, les influences, les tenants et aboutissants... L'approche est assez saine : on joue à se faire peur, mais on ne perd pas de vue la réalité (qui est en fait parfois plus horrible que la fiction, et parfois juste banalement explicable).

Je vous conseille notamment le récit de Boulet Le Ventre de Paris, qui m'a fait à peu près la même sensation que mes premiers Lovecraft. Sinon, Les Charognards, du même Boulet, Les Poupées russes par Cheriecream (qui est glaçante, a fortiori pendant le débriefing) ou, sur un mode plus rigolo, Les Toilettes impossibles sont aussi très bien.


05 mai 2021

Personne ne vit sous le phare


Je n'ai pas vu The Lighthouse, le film de Robert Eggers avec Willem Defoe et Robert Pattinson. 'Paraît que c'est génial, en tout cas ça a l'air chelou. Par contre j'ai joué à No One Lives Under the Lighthouse, un petit jeu vidéo assez surprenant, qui s'en inspire apparemment.

No One Lives Under the Lighthouse se plie en deux heures. Il vous met dans la peau d'un gardien de phare, seul sur une petite île paumée. Le soir, il faut allumer le phare. Et il y a des bruits étranges. 

Esthétiquement, on a un peu l'impression d'être coincé dans un jeu PlayStation (1 !). En termes de gameplay, il y a quelques twists intéressants, même si c'est pas toujours hyper maniable, et au moins un passage dans un labyrinthe que je n'ai pas du tout aimé, mais dont on finit par se sortir...

Mais globalement, No One Lives Under the Lighhouse est une expérience horrifique intéressante, évidemment lovecraftienne, que vous pouvez essayer si vous avez deux heures devant vous. Et personne derrière. 

Vérifiez, quand même. On ne sait jamais.

03 mai 2021

L'âme du dernier dragon

Les salles de cinéma vont bientôt rouvrir, c'est la fête. Du coup, pour amorcer la pompe, parlons des deux dernières animations Disney.


Soul, Pete Docter et Kemp Powers, 2020

Soul est un Pixar, ça se sent du bout à l'autre du film. C'est l'esthétique Pixar, c'est les thématiques Pixar (la mort, le sens de la vie, la place de l'art dans tout ça, des sujets tranquilles quoi !), c'est la qualité Pixar.

Je ne dévoile pas l'intrigue parce qu'un Pixar, ça doit se découvrir vierge de toute attente (je me débrouille d'ailleurs généralement pour ne jamais regarder les deuxièmes bandes-annonces de leurs films, même si elles sont souvent assez bien faites pour ne pas trop en dire). Mais Soul est incontestablement très, très bon. Déjà, visuellement, il est sublime : les décors sont hallucinants de réalisme, les personnages parfaitement conçus et animés, les couleurs créent des ambiances stupéfiantes, la musique est (évidemment) à tomber et le style est capable de partir dans des délires cubistes incroyables. 

Ensuite évidemment dans son histoire et son traitement de ses thématiques, qui sont comme d'habitude parfaitement agencés. Et pourtant...

Pourtant je n'ai pas pleuré. J'ai senti pendant tout le film que j'étais un peu moins touché que j'aurais dû l'être. Peut-être que je vieillis. J'ai en fait ressenti la même chose que pour Inside Out (Vice-versa, 2015, aussi réalisé par Pete Docter d'ailleurs) : c'est super bien, mais ça ne me transporte pas comme me transporte un Wall-E, un Up! ou un Coco. Je pense que c'est purement une question d'affinités personnelles, et je suis convaincu que plein de spectateurs, au contraire, seront beaucoup plus touchés par Soul que par Coco. Ça n'enlève rien à la qualité du film, qui manie à merveille des sujets hyper casse-gueules sans jamais se ramasser. J'ai peut-être un léger reproche à faire sur la toute fin, mais c'est finalement de peu de conséquence.


Raya and the Last Dragon, Don Hall et Carlos López Estrada, 2021

Raya... est un Disney, ça se sent d'un bout à l'autre du film. C'est l'esthétique Disney (princesse au visage tout rond, méchants anguleux, comic reliefs mignons et tout fous), c'est les thématiques Disney (la magie, les responsabilités, les princesses...), c'est la qualité Disney. 

En fait non. C'est pas la qualité Disney. C'est magnifique, hein, les décors, les couleurs, tout ça, mais l'animation, étonnamment, pèche à pas mal d'endroits. J'ai souvent trouvé les visages, notamment, assez figés. Entendons-nous bien, de la part de n'importe quel autre studio, ce rendu serait sublime, mais de la part de Disney Animation, je trouve ça nettement insuffisant. On est un peu au-dessus de ce que j'attendrais d'une série d'animation, mais pas au niveau d'un long-métrage. Surtout un long qui se veut dans la continuité de la deuxième renaissance Disney (entamée en 2010 avec Raiponce).

Niveau histoire, on est dans la suite logique des films de princesses de la dernière décennie, sans prise de risque, ça mélange un peu tous les précédents en ajoutant une grosse pincée de Mulan et une bonne louche d'Avatar le dernier maître de l'air (mais qui ne met pas de l'Avatar dans ses films d'aventure aujourd'hui ?). D'ailleurs la structure, l'univers tel qu'il est décrit font davantage penser à un concept de série qu'à un film d'une heure et demie.

Ça fait le taf. Mais clairement pas plus. Ça n'a pas la fougue de Raiponce, l'envolée métaphorique de La Reine des neiges ni le souffle épique de Vaiana. Ce n'est pas mauvais. Ce n'est pas La Reine des neiges 2. Mais ce n'est pas non plus un très bon signe pour la suite...