Je délaisse ces noceuses pour m’approcher de vraies sorcières, car il est de notoriété publique que les vraies sorcières ne se pochtronnent pas en entonnant des chansons paillardes, mais se concertent en secret la nuit lors de discrets convents, lesquels se terminent immanquablement par une danse en tenue de Lilith à la pleine lune (à la suite, parfois, d’une bataille de polochons en pyjama).
Je m’approche d’un quatuor plus proche de l’idée que je me fais d’une réunion d’ensorceleuses. Trois brunes, dont les prénoms débutent par la lettre P (que la décence m’interdit de retranscrire ici), et une blonde prénommée Sabrina discutent en cercle fermé. Je tends discrètement l’oreille, tout en faisant mine d’observer les pitreries des trois fêtardes (dont l’une – « Esmé » – est occupée à essayer de démarrer un balai en courant comme une dératée à travers tout le salon ; étrangement tout le monde s’écarte sur son passage). Peut-être pourrai-je saisir quelques-uns de ces mystérieux secrets transmis uniquement de magicienne à magicienne : la recette de quelque filtre d’amour ou bien un pernicieux poison sans odeur ni saveur, qui sait… ?
« Et alors j’lui dis : Brad, j’te jure que j’suis pas sorti avec Steve !
— Non, c’est pas vrai !
— Ben non, c’est pas vrai, j’suis sorti avec Steve, mais bon, il m’avait plaquée pour Cindy, alors ça comptait pas.
— Et alors, il a dit quoi ?
— Il a fait trop genre, j’m’en fous, j’t’aime quand même, t’vois. Comme s’il pouvait me récupérer comme ça, quoi !
— Oh, non, mais c’est trop un porc ce mec !
— Ouais ! En plus, y pense qu’au uc ! Au fait, alors, Steve ?
— Ben en fait, j’ai essayé le truc, là…
— Quel truc ?
— Mais tu sais, le truc, là…
— Ah, oui, le… »
Je m’éloigne de nouveau, terrorisé.
Comme je l’ai précisé en début d’article, cette année, de très jeunes éléments ont été invités à la réception. Et tout le monde attendait LA star qui monte dans le petit multivers de la magie, eh bien il est là, devant moi, à quelques mètres, en train de discuter avec une jeune sorcière de son âge : le seul, le vrai, l’unique Harry James Potter. Je m’approche, interrompant courtoisement leur conversation, et lui demande de ses nouvelles :
« Eh bien cette année je viens de remporter une nouvelle fois la coupe de quidditch pour Gryffondor, j’ai désamorcé un complot qu’avait fomenté le professeur de défense contre les forces du mal de Poudlard, j’ai chassé un dragon qui détruisait les récoltes des paysans de Pré-au-Lard, j’ai eu mes examens par défaut parce que j’étais à l’infirmerie, et j’ai encore détruit un avatar de lord Voldemort… Enfin, la routine, quoi ! »
Extraordinaires, le courage et la désinvolture de ce gamin. Je me tourne vers sa consœur, étonné qu’elle ne porte pas l’uniforme de Poudlard. La brunette arbore fièrement une robe noire bouffante, un ruban rouge dans les cheveux et une mine plutôt volontaire. Comme je lui demande le nom de son école, elle me répond de manière assez véhémente :
« Je travaille. J’ai monté un service de livraison à domicile dans une ville côtière. Tout le monde n’a pas les moyens de se payer des études à Poudd’ ! »
Harry et la gamine se lancent alors dans une discussion vaguement houleuse au sujet du système des bourses d’études en cours dans le milieu de la magie qui, il est vrai, n’est pas encore tout à fait au point (j’ignorais du reste qu’il en existât un). Je m’éloigne sur la pointe des pieds, d’autant que « Esmé » semble vouloir prendre la défense de la fillette.
3 commentaires:
Kiki est pas si petite ;-)
Oui, mais elle a ce genre de caractère ^_^
par contre, je pense qu'Hedwige a un avantage face au chat.
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