Alors, mercredi, je voulais aller voir Brice 3 (oui, et je vous emm... bête), mais ça ne passait plus, alors on est allés voir Les Animaux fantastiques (Fantastic Beasts and Where to Find Them), sorte de spin-off/préquelle de Harry Potter inspiré (vaguement) du livret du même nom de J. K. Rowling.
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Principal intérêt du film : il étend l'univers de Harry Potter aux États-Unis. Principal défaut : il ne s'en rend pas compte. |
Je dis "livret" parce que FB&WtFT (ça fait bizarre en abrégé, non ?) n'était vraiment rien de plus : une liste d'animaux imaginaires aux descriptions fantaisistes, pas du tout indispensable pour les fans du petit sorcier balafré (et d'ailleurs vendu à l'époque à des fins caritatives, intentions bien louables dont je doute que le film soit pourvu).
Eh bien je n'ai pas aimé.
Du tout.
Je n'ai pas aimé pour tout un tas de raisons, mais pour faire mon original je vais commencer par dire ce qui n'est pas forcément mauvais dans ce film.
Le scénario
Bizarrement, je ne trouve pas que le scénario soit la plus grande faiblesse. Ce n'est pas très fin, mais en bidouillant un peu, en travaillant un peu la réal et la direction d'acteurs, ça aurait pu passer (à part le twist final sur lequel je reviendrai). Ah, oui, je vous préviens, je vais spoiler sans vergognes, alors faites gaffe !
La musique
La musique est cool (James Newton Howard, que vous connaissez pour la plupart des musiques des films de Shyamalan), malheureusement on ne l'entend quasiment jamais à cause des CRASH, BADABOUM, WHIIIIZZZ qui parasitent sans cesse la bande-son.
Colin Farrell
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Même si c'est un peu bizarre de caster un Irlandais pour jouer un méchant Américain. |
Je sais que plein de gens détestent Colin Farrell, ben pas moi, j'adore cet acteur. Je ne dis pas que j'ai raison, mais je l'aime beaucoup. Et dans ce film, je trouve que c'est le seul à essayer d'insuffler quelque chose dans son jeu. Alors, souvent ça ne marche pas, parce que c'est complètement décalé avec tout le reste, mais j'ai nettement préféré ses tentatives à celles des autres acteurs.
La scène dans le bar clandestin
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Hein ? Comment ? Un être cupide au nez crochu qui tient un bar clandestin ? Meuh non c'est pas raciste. Ou alors tout l'univers de Harry Potter est rac... attendez ! |
Globalement, cette scène est ratée (mal filmée, mal mise en scène, tout ce que vous voulez), mais l'idée est géniale : montrer un rade de sorciers en pleine prohibition, avec une "revue elfe" (l'asservissement des elfes de maison prenant une dimension supplémentaire dans cette période très raciste des États-Unis), c'était une très bonne idée. Et le gobelin Gnarlack (doublé par Ron Pearlman) avait tout d'un bon personnage. Dommage qu'ils n'en fassent rien.
Ensuite, qu'est-ce qui ne va pas dans ce film ?
La réalisation
C'est le truc qui m'a le plus énervé pendant tout le film : David Yates a réalisé Harry Potter 5, 6, 7 et 7.2, on aurait pu penser qu'il finirait par apprendre quelques trucs mais non, c'est toujours aussi indigeste. C'est plat quand il faudrait du rythme, c'est débilement frénétique quand il faudrait qu'on comprenne ce qui se passe... les scènes d'action, notamment, sont totalement foutraques, la caméra fait n'importe quoi... On touche d'ailleurs ici à un problème récurrent des scénarios où les personnages peuvent se téléporter : soit on oublie très vite cette capacité parce qu'elle flingue l'histoire (vous imaginez si Frodon avait su se téléporter ?), soit on l'utilise et dans ce cas ça devient infilmable tant les personnages se téléportent sans arrêt. Et ici, c'est exactement le cas : les sorciers transplanent tellement que ça en devient totalement abscons, à la limite du ridicule.
L'humour
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Ah, ah, regardez cette adorable créature vaguement assimilable à une musaraigne cleptomane... N'est-il pas trop mignon et délicieusement espiègle, surtout quand le film passe une heure à lui courir après alors qu'un simple "Accio" suffirait ? Si vous êtes comme moi, au bout d'une minute vous aurez envie de lui écraser la tête sous votre talon ! |
Clairement, les gens qui ont fait ce film (et ceux qui étaient dans la salle avec moi) n'ont pas la même conception que moi de l'humour. L'humour, ce n'est pas "un sac à main qui marche tout seul", ou "un petit animal mignon qui passe à travers les murs". Ça, ce n'est pas drôle en soi, il faut qu'il y ait une réalisation, un rythme parfait pour que ce soit marrant. Yates rate consciencieusement chaque scène drôle (à part une ou deux répliques de Dan Fogler, qui m'ont fait rire) et se contente au final de filmer des animaux imaginaires qui sont supposés nous faire rêver et/ou rire... mais les effets spéciaux ne sont pas si convaincants que ça (je gage qu'ils vieilliront très mal), et ça tourne vite (très, très vite) au gimmick agaçant.
Les personnages
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La fine équipe, dont vous n'aurez franchement pas grand-chose à faire... |
Qu'est-ce qui fait que Harry Potter est aussi aimé ? Ce n'est pas l'univers, on a déjà vu ça cent fois et on l'a revu mille fois depuis. Ce n'est pas la magie (j'ai toujours trouvé les sorts de cet univers assez ridicules, comme s'ils avaient été inventés par un gamin de cinq ans). Ce sont les personnages. La foule de personnages suffisamment fouillés et complexes pour être attachants, et qui évoluent au fil des années et des aventures. Dans Fantastic Beasts..., qu'est-ce qu'on a ? Des personnages complètement monolithiques, parfois même mal fichus : Newt Scamander, le héros ? Apathique (il semble ne se réveiller qu'au milieu de ses bestioles, mais globalement il n'est pas très sympathique, ni agréable à suivre). Les sœurs Goldstein ? L'une est beaucoup trop en retrait, l'autre force beaucoup trop le côté évaporé, et elles finissent par se rendre insupportables toutes les deux. Jacob Kowalski, le faire-valoir ? C'est encore celui qui s'en sort le mieux, même si on le force un peu dans l'intrigue. Tous les autres sont des figurants (prix spécial à Jon Voight, qui ne savait clairement pas pour quoi il signait et s'emmerde ostensiblement).
Le twist
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Je vous le mets de dos, mais il est beaucoup plus ridicule de face (oui, c'est possible). |
Accrochez-vous bien pour le grand final. Alors que Colin Farrell, à l'évidence supporter de Grindelwald (le Hitler des sorciers et premier amour de Dumbledore, pour ceux qui l'ignorent), se sait perdu, il se retourne vers le conseil magique américain et se lance dans un dernier baroud d'honneur. Je m'attendais à une charge héroïque : prêt à mourir pour ses idées politiques, Farrell avance bravement vers sa fin, une mort noble, quoiqu'on en pense. Mais non, ils le neutralisent (difficilement encore, alors qu'on a là l'équivalent d'un peloton de soldats d'élite face à un mec tout seul), et révèlent qu'il s'agissait en fait de... Grindelwald déguisé, depuis le début ! C'est complètement con !!! Ça aurait été tellement logique de n'en faire qu'un agent retourné, un mec isolé qui annonce une future menace, qui montre que le ver est déjà dans le fruit et que petit à petit, la société magique va s'écrouler sur elle-même. Grindelwald, c'est pas un petit criminel, c'est supposé être un grand leader politique, bordel ! En plus ils lui ont donné un look complètement improbable (et ridicule), et - je ne m'en suis rendu compte qu'en allant fouiner sur Internet derrière - ils l'ont fait jouer par Johnny Depp ! Ce qui veut dire qu'ils envisagent plein de suites sur le même modèle. Une trilogie ! Avec Johnny Depp maquillé en Jack Frost dirigé par David "Prozac" Yates ! RHAAAAA !!!
Bon, je suis furieux, j'ai besoin d'un bon film pour me remonter... voyons voyons...
Aaaaaah... on va rire.