Une proche vint me voir tantôt et s’inquiéta en ces termes :
« Je crains d’être de droite… »
Cela me fit réfléchir. Longuement réfléchir.
En ces temps où la signification des termes gauche et droite
devient de plus en plus ambiguë, je me suis posé une question simple : quelle
est la divergence fondamentale, le schisme originel, le substantifique point de
séparation entre la pensée politique de gauche et la pensée politique de droite ?
Je pense que c’est assez simple : cette différence part
du rapport au peuple.
- La gauche considère que le peuple est composé d’individus intelligents qui, pour peu qu'on leur explique et que leurs besoins de base soient satisfaits, prendront les décisions qui les concernent en toute responsabilité, s’entraideront, feront cause commune pour aller de l’avant et faire progresser la société.
- La droite considère, au contraire, que le peuple est une jungle mortifère où chacun n’a de cesse de se hisser au-dessus de ses voisins, de vouloir plus et mieux qu’autrui et ne s’intéresse au progrès social que dans la mesure où il peut en profiter directement. Pour faire progresser la société, il faut donc opérer malgré elle, en retournant cette tendance néfaste pour qu'elle serve le plus grand nombre (c'est l'objectif initial du libéralisme : instrumentaliser la tendance naturelle de l'Homme à se mettre en concurrence pour servir le bien commun).
Bien sûr ce sont des considérations de base, rapidement
nuancées, mais fondamentalement tout part de là : faites-vous confiance
aux gens, ou pensez-vous qu’il faille les manipuler pour les mener sur le droit
chemin ?
Des tas de choses découlent de cette vision, notamment, côté droite, la
nécessité d’une élite dirigeante (littéralement « dirigeante »). Et côté gauche, la nécessité d'une éducation sociale et politique continue des masses et d'un débat citoyen permanent et soutenu.
Cette grille de lecture permet également de comprendre
pourquoi, parfois, on se sent plus de droite, et d’autre fois plus de gauche :
selon les exemples d'humanité qui s’offrent à nous, on prête plus ou moins foi aux autres.
Notez que les deux visions ont pour objectif le bien commun,
car je parle ici de gauche et de droite « politiques ». Ce qui n'a bien entendu rien à voir
avec la droite et la gauche actuellement représentée au gouvernement ou dans les médias, qui ne sont que des dérives éloignées et cyniques du concept original de droite (le concept original de gauche n'ayant, lui, même pas de représentant médiatisé actuellement au pouvoir).
N.-B. Les images illustrant cet article sont bien entendu issue du pamphlet lénino-trotskiste La Classe américaine, dont je viens juste de comprendre pourquoi il parle sans cesse de lutte des classes (puisque c'est son titre... il confond un peu tout, il fait un amalgame).
N.-B. Les images illustrant cet article sont bien entendu issue du pamphlet lénino-trotskiste La Classe américaine, dont je viens juste de comprendre pourquoi il parle sans cesse de lutte des classes (puisque c'est son titre... il confond un peu tout, il fait un amalgame).
2 commentaires:
Tu me rappelles George, politiquement....
En caricaturant à l’extrême, je pourrais poser la question : qu'est-ce qui fait le mieux progresser le peuple ? L'entente, l'entraide et une vision commune (la gauche) ou bien la concurrence avec certaines règles acceptées à l'avance (droite) ? Je n'ai pas la réponse.
C'est une excellente question, à laquelle je n'ai pas de réponse non plus. Je sais dans quelle utopie je préfèrerais vivre.
Toutefois, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on n'est pas du tout dans cette alternative-là à l'heure actuelle : on est dans une logique de concurrence faussée, avec des règles avantageant clairement certains et visant à prendre de plus en plus au plus grand nombre.
On se posera la question de la meilleure politique quand nos dirigeants auront décidé de refaire de la politique, et pas du gros nawak ultralibéral.
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