Ex nihilo Neil

24 avril 2019

Agacement youtubesque

Dans la vraie vie, je suis secrétaire de rédaction et correcteur. Et je vais vous confier une règle essentielle de ce métier : on ne se relit jamais soi-même

Quand on écrit, on écrit. On ne passe pas son temps à se demander comment on orthographie tel ou tel mot, sinon on perd complètement le feu sacré. Donc quand on rédige un texte, un article, une note de blog, on fait des fautes. Mais comme on l'a écrit, on manque du recul nécessaire pour se relire efficacement (ou alors il faut attendre une semaine, le temps que ça retombe un peu, et on n'en a pas toujours le temps). C'est pourquoi, malgré tous mes efforts, il y aura toujours des fautes dans mes textes. C'est comme ça.

Et c'est pourquoi je n'en veux pas aux YouTubeurs (souvent bien plus talentueux que moi) qui se trompent dans les expressions, locutions, usages de certains mots qu'ils emploient. C'est normal, c'est humain, et du reste c'est beaucoup plus dur de s'exprimer correctement à l'oral, surtout quand on improvise (certains sont très bons, comme Usul, qui qu'on l'aime ou pas a une expression orale impressionnante, même en impro).

Ceci étant posé, j'y peux rien, c'est personnel, il y a des trucs qui me rendent dingue...



Tentacule, n.m.
J'écoute pas mal de podcasts de rôlistes, et je suis un grand passionné de céphalopodes (chacun ses goûts). Vous pensez donc à quel point ça me rend dingue d'entendre les gens dirent « une tentacule ». Tentacule est masculin, c'est sans doute bizarre mais c'est comme ça, alors prenez sur vous et choisissez correctement votre déterminant. En plus ça permet moult rimes rigolotes.



Dénoter/détoner/détonner
C'est d'autant plus triste qu'on sent que ceux qui emploient cette expression ont l'impression de parler un peu classe, de faire une jolie phrase. Seulement voilà, ces trois mots ne veulent pas du tout dire la même chose.
Dénoter, ça veut dire « signifier, vouloir dire ». « L'usage de cette expression dénote une méconnaissance de la langue française », par exemple. 
Si vous voulez dire que quelque chose jure dans le contexte, que ce n'est pas « dans le ton » (notez l'usage du mot « ton » !), alors ça ne dénote pas, ça détonne !
Et n'oubliez pas les deux n, parce que sinon, ça explose (détoner, comme détonation).



Goulot/goulet
Dans l'univers du jeu vidéo, que ce soit dans la stratégie (genre StarCraft) ou l'action (genre Overwatch), on a souvent des zones de resserrement, où les ennemis sont obligés de passer par un étroit passage, propice aux guet-apens et AOE en tout genre. Ce type d'endroit se nomme un « goulet d'étranglement ». Pas un goulot. Le goulot, c'est sur les bouteilles. Et ça fait un peu poivrot de se tromper.





 
Stephen/Steven
Là on touche à un truc encore plus délicat : la prononciation de l'anglais. 
C'est bien connu, la plupart des Français prononcent la langue de Shakespeare comme des vaches schtroumpfagnoles (et pour vivre avec une bilingue, je peux vous dire que moi-même, je foire régulièrement mon accent tonique). 
Et franchement, ce n'est pas bien grave, on s'y fait, on apprend vite à gérer ce franglais dégueulasse mais fonctionnel. 

Mais ce cas-là, je ne sais pas pourquoi, il m'énerve vraiment. Peut-être parce que je l'ai appris au collège, j'ai donc l'impression que tout le monde a dû l'apprendre aussi, ce n'est pas une exception mystérieuse seulement accessible après avoir passé trois ans en immersion dans le Sussex.

Les prénoms Stephen et Steven se prononcent strictement de la même manière : stiveunn (/sti.vœn/, si vous lisez la phonétique). Et pas stifeunn. Jamais stifeunn. 
Je sais, ça fait bizarre mais voilà, à l'oral, Stephen King et Steven Spielberg portent le même prénom. 




Malgré que
C'est une faute de syntaxe connue, battue et rebattue, mais on l'entend encore énormément et elle m'écorche le conduit à chaque fois. Après « malgré », on met un nom, pas une proposition. 
« Malgré » n'est pas une conjonction de subordination, c'est une simple préposition. On dit « Bien que je me sois trompé » mais « Malgré le fait que je me suis trompé », ou, plus élégant (car utiliser « le fait que », c'est quand même un peu la facilité) : « malgré mon erreur ».

2 commentaires:

SammyDay a dit…

Tiens, Stephen ne se prononce pas "stépheune" ? Comme quoi...

Bij a dit…

Moi non plus je savais pas ! Comme quoi...