Ex nihilo Neil

25 janvier 2013

Saint qui ça ?

Discussion autour d’un verre à Denfert-Rochereau. 
‒ Salut Seyar. 
‒ Euh… salut. Rappelle-moi… 
‒ Neil ! Chevalier du Poulpe ! 
‒ Ah oui, bien sûr, pardon, j’oublie, y en a tellement, des chevaliers de bronze ! 
‒ Ouais, enfin, on dirait pas parfois. Tu te souviens de mon pote, Oud, chevalier du Bacalau. 
‒ Euh… 
‒ Ouais, laisse tomber. Tu prends un verre ? 
‒ Ok. De toute façon j’attends ma copine, elle sera pas là avant une bonne heure… 
‒ Ta copine… c’est laquelle déjà ? Sheena ? Mylène ? Shun ? Marine ? 
‒ Eh ! Marine c’est ma sœur, mec, tu la laisses en dehors de tout ça ! 
‒ D’où c’est ta s… non mais on s’en fout en fait. Tu reviens du Sanctuaire ? 
‒ Ouais, je faisais mon bilan de fin d’année avec Athéna. 
‒ Eh ben, la religion c’est plus ce que c’était. 
‒ T’as obtenu quelque chose ? 
‒ Ouais, toute sa considération. 
‒ Super. Mais elle t’a au moins fait passer argent ? 
‒ Que dalle. 
‒ Non mais sans déconner ! Il faut faire quoi pour monter d'un échelon dans cette taule ? Vous l’avez sauvée combien de fois, la greluche Athéna ? 
‒ Euh… je sais pas. Quatre fois je dirais. 
‒ Mettons. Je dis pas que vous avez fait du zèle, hein, c’est normal, c’est notre boulot de la protéger. Mais moi je dis, quand on fait bien son boulot, on monte dans la hiérarchie, merde ! 
‒ Ben ouais mais les postes sont tous occupés et… 
‒ Et mes couilles ? Les armures d’or, y en a la moitié de vide. Et je parle pas que des Gémeaux, hein ! 
‒ Oui mais il faut un peu d’ancienneté… 
‒ Ah ben oui, c’est clair. Camus, chevalier d’or du Verseau, vingt ans. Ayor, chevalier d’or du Lion, vingt ans… 
‒ Ça va, ça va, j’ai compris l’idée générale ! Mais j’étais supposé faire quoi ? Merde, mec, c’est une déesse la môme Kido, je vais pas la traîner aux prud’hommes ! 
‒ En plus, y a au moins une fois où vous l’avez sauvée des chevaliers d’or eux-mêmes, non ? Ils ont été puni ? Au moins rétrogradés ? 
‒ Euh… y en a qui sont morts quand même. 
‒ Mouais. N’empêche, ça pue le piston tout ça. 
‒ Et puis vous étiez où vous ? C’est vrai quoi, paraît qu’on est quatre-vingt-huit chevaliers d’Athéna, dont cinquante-deux de bronze, et pendant la bataille du Sanctuaire on était dix à la marave, dont quatre qui fightaient un peu sérieusement. 
‒ C’est toi que tu comptes pas ? 
‒ Non, mais Ikki il en a tué qu’un, j’appelle ça un petit bras. Mais change pas de conversation, vous foutiez quoi vous ? 
‒ Eh ben figure-toi qu’on bossait ailleurs. Voilà ! Y a pas que la baston dans la vie, nous on avait une mission délicate de négociation avec une autre caste de chevaliers. 
‒ Qui ? Poséidon ? Asgard ? 
‒ Non, les chevaliers d’Anansi, dans le sanctuaire noir d’Accra, au Ghana. 
‒ Beu ? 
‒ Ben ouais, qu’est-ce que tu veux, depuis qu’Athéna a relancé la mode, le moindre dieu veut une escouade de chevaliers à ses ordres. Et vas-y que je te recrute trois pouilleux du village à côté, que je te les équipe de trois plates à base de boîtes de conserve redressées, que je leur refile un titre ronflant et vogue la galère. 
‒ Mais c’est qui, Nancy ? 
‒ Anansi. Super la culture gé, mais j’en attendais pas plus d’un gosse de l’assistance. 
‒ Hé ! 
‒ Non mais ça va, c’est pas comme si t’avais grandi dans une fondation pétée de thunes, avec tous les moyens d’éducation moderne à disposition. 
‒ On était plus dans l’esprit « sport études ». Donc, Anansi, c’est qui ?
‒ Un dieu d’Afrique de l’Ouest, une espèce de… disons un peu comme Hermès. T’as fait ta formation en Grèce, Hermès, ça te parle ? 
 ‒ Euh… bien sûr. C’est un maroquinier, c’est ça ? 
‒ Laisse tomber. Bon, toujours est-il qu’Anansi s’est mis en tête d’avoir ses propres chevaliers, et bien sûr il en a envoyé trois pour tuer Athéna. 
 ‒ Pourquoi il a fait ça ? 
 ‒ Je crois que c’est plus ou moins devenu un rite de passage. « Mamadou de la Mygale, va tuer Athéna, et essaye de trouver un truc bien chelou qui la tue en douze heures, avec des épreuves à surmonter pour quiconque veut la sauver. » 
‒ Ça expliquerait bien des choses. Et qu’est-ce qui s’est passé ? 
‒ Ben ils ont débarqué, et y en a un, Umbapo de la Tégénaire je crois – leur gimmick, c’est les araignées, me d’mande pas pourquoi – qui a tenté une espèce d’empoisonnement. Mais il a raté son coup, ses deux potes sont venus l’aider et on est arrivés avec Marc et Hervé… 
‒ Qui ? 
‒ Pardon, les chevaliers du Mutalisk et du Thylacine, qui ont engagé le combat. Thylacine a fait son attaque spéciale à base de fusil d’assaut AK-47, qui a calmé le chevalier de la Tarentule. Le Bacalau ici présent a déclenché sa « chiquetaille infernale » sur la Tégénaire. Et Marc a servi sa technique habituelle du « coup de griffes dans le dos » sur le chevalier à l’Épeire. 
‒ Ça fait pas très chevalerie tout ça ! 
‒ Ah ben surtout avec des griffes rétractiles, empoisonnées et électrifiées. C’est clair que ça ne marche qu’une fois, mais ça marche bien. 
‒ Et qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? 
‒ Ben Saori nous a envoyé parlementer avec les chevaliers d’Anansi, histoire de voir si tout ça n’était pas une tragique méprise. Elle voulait venir avec nous mais on l’en a habilement dissuadée. D’ailleurs, si vous faisiez ça plus souvent, vous auriez moins d’emmerdes. 
‒ Oui, oui. Donc, vous filez au Ghana. 
‒ C’est ça. À Accra, la capitale. Ce qui n’était pas pour déplaire au chevalier du Bacalau, pas vrai Oud ? 
‒ Ha, ha. 
‒ Hu, hu. 
‒ Pas compris. 
‒ Laisse tomber. On arrive, et on tombe sur le chevalier du Vinaigrier, qui nous explique qu’il faudra traverser les douze cases du zodiaque arachnéen avant de pouvoir affronter le grand Anansi, et qu’on a que douze heures pour le faire. 
‒ Pourquoi douze heures ? 
‒ Parce qu’on avait rendez-vous à dix-sept heures tapantes, et qu’ils rigolent pas avec les horaires. Bref, on fait ce qu’on a à faire… 
‒ Vous affrontez chaque chevalier arachnéen dans de glorieux combats, explorant les ressources insoupçonnés de vos cosmo-énergies et atteignant le septième sens au passage ? 
‒ Non, on contourne par la jungle, et on arrive au palais d’Anansi à huit heures et demie, à peu près. 
‒ Ah. 
‒ Oui, moi j’avais proposé de cramer toutes les cases, mais ils ont dit qu’on perdrait trop de temps. 
‒ Et là vous affrontez la fureur du dieu malin, vos amis tombent les uns après les autres, et… 
‒ Non, non, c’était cool. En fait il s’attendait à vous voir arriver, vous, et il avait préparé une série de pièges à couillons. Mais quand il nous a vus, il s’est marré, nous a offert à boire et on a joué au poker avec lui et les chevaliers qui lui restaient. 
‒ Hein ? 
‒ Oui. Je lui dois du fric d’ailleurs, il est bon le con ! Et après on a négocié un pacte de non-agression, voire d’entraide au cas où. 
‒ Ah. C’est pas très glorieux tout ça. 
‒ Ben non. La politique des petits pas, mec. Pas glorieux, mais ça fait avancer. Vous, vous avez fait quoi, à part tendre nos relations avec Poséidon, Asgard et compagnie ? 
‒ On a sauvé la déesse… 
‒ … Athéna, ouais, je sais, mais qui c’est qui l’avait amenée là-bas à chaque fois ? Qui c’est qui fout la merde, en vrai ? 
‒ Le Sanctuaire était aux mains du mal… 
‒ Et tout le monde s’en foutait. Franchement, ta copine de l’orphelinat, là, ça lui a changé la vie, que vous alliez dérouiller le Grand Pope ? Vous dites que vous protégez les gens, mais dans les faits vous passez votre temps à tirer votre déesse de la mélasse. Vous réglez des problèmes qui ne se poseraient pas si vous n'étiez pas là. Vous savez à qui vous me faites penser ? 
‒ Ne le dis pas ! 
‒ À des jedi ! 
‒ RHAAAAAAAAAAAAAAA !!! TU VAS TE MANGER UN P… DE MÉTÉORE DANS LA TRONCHE, MEC ! 
‒ AH OUAIS ? VIENS-Y, J’T’ATTENDS ! ATTAQUE VENTOUSES ! 
‒ MÉTÉORE DE PÉGASE ! 
‒ Pfff ! Et ça r’commence. 

Pour preuve que ces clampins sont à l’origine de bien des misères, on notera l’absurde surreprésentation des ressortissants grecs parmi les récipiendaires d’armures d’or, ce qui explique probablement l'état actuel de la nation hellénique.
Notez également comme certaines nationalités peuvent surprendre : que Shaka soit bouddhiste, ça ne me choque pas outre-mesure, mais qu’il soit indien, ça m’épate déjà un peu plus tant les grands échalas blond platine n’abondent pas dans la péninsule…
En revanche, on apprendra avec une fierté bien légitime que Camus, un des chevaliers les plus classes, est français. Et que Masque de Mort, le plus gros salopard du tas, est italien. Comme quoi, on peut critiquer ce manga tant qu’on voudra, il entretient une certaine cohérence.

Enfin, presque...

Et puis, évidemment, si vous ne connaissez pas :

4 commentaires:

SammyDay a dit…

Tu devrais faire un crossover avec Slate Alchemist ! Excellent !

Victor von Jul a dit…

J'ai ri XD
Venant de relire de "vieux" Spiderman qui traitent justement d'Anansi, je trouve ta comparaison très à propos ! Mention spéciale à "Mamadou de la Mygale" :D

Quant à la nationalité des héros de Saint Seiya, ça reste quand même un shonen japonais, il aurait été étonnant qu'il en soit autrement : les mangas qui ont des héros qui ne sont pas des Japonais pur jus, ça ne court pas les rues, quand même.

La série abrégée CDZ est excellente, rien que pour le dialogue de fin d'anthologie de l'épisode 2, la maison du Taureau, entre Mu du Bélier et le Taureau (avec l'accent espagnol... LOL) - je cite de mémoire :

Taureau : Nan, mais je les ai laissé passé exprès, ils me plaisent bien. Tu penses que je les aurai éclaté sinon.
Bélier : Maaaais moi aussi, bien entendu.
........
Bélier : Ils sont trop forts pour nous.
Taureau : On est des merdes.

:))))

SammyDay a dit…

Par contre, je pensais que Neil, tu étais plutôt chevalier du Roach...

Notons que sur les 4 grecs, il y en a un qui est mort. Mais c'est vrai qu'avec 4 armures d'or, l'endettement du pays augmente un peu... Et le chinois qui conserve précieusement son armure à la banque, c'est déjà le signe du sens de l'économie de cette future (à l'époque) puissance mondiale... contrairement aux japonais qui étaient limités à du bronze.

Neil a dit…

Waouh, je pensais pas que ça plairait autant ^_^
Très bonne analyse socio-économique de SammyDay.
Quant à moi, une de mes répliques préférées des CDZ abrégés c'est sûrement le grand pope qui sonne l'alerte :
"Au secours, au secours, il y a un traître au Sanctuaire, et j'vous jure, c'est pas moi !"

Et concernant Anansi, ma référence était plutôt American Gods de Neil Gaiman, et sa suite Anansi Boys, que je conseille pour bien comprendre l'esprit du dieu araignée africain.