Johnny Halliday est mort, et on va en entendre parler pendant toutes les fêtes de fin d'année. Et encore, on a du bol, sous Sarkozy on aurait eu droit à un journée de deuil national, avec la parade et les gonzesses...
Vous savez quoi ? J'aimais bien Johnny. J'ai grandi avec ses chansons. Mon père était un énorme fan de Johnny. Il avait une sorte de fantasme du cowboy, mon père. A une époque, il a même eu des chevaux (le voisinage s'en souvient encore, ça n'a pas duré longtemps, ces saloperies s'évadaient en permanence et le paternel en a vite eu marre de leur courir après à travers la campagne lot-et-garonnaise).
Mon père adorait Johnny, c'était son idole. Je pense (psychanalyste à la manque) qu'il rêvait d'Amérique, mon père, qu'il se voyait tenant un ranch, ferrant lui-même ses bêtes. Il aimait D'où viens-tu Johnny ?, un film de 1963 où le chanteur interprétait un jeune truand redécouvrant la vie dans les steppes de Camargue. Un western camarguais, oui, ça existe, c'est même de là que vient la chanson Pour moi la vie va commencer.
Ironiquement, c'est la dernière chanson que j'ai chantée avec mon père, quelques semaines avant sa disparition, devant une émission de télé suggérant de se remémorer des paroles.
Un jour mon père est allé voir Johnny en concert. C'était un grand moment. Un autre jour, pour son anniversaire, je lui ai offert Destroy, l'autobiographie du chanteur... Je savais que Johnny y évoquait ses années de perdition, la drogue, la vie délirante, les arnaques des producteurs... Je ne suis pas sûr que ce cadeau partait d'un bon sentiment, je crois que je voulais juste détruire le mythe, briser une idole trop présente dans sa vie à mon goût... mais au final, je pense avoir fait plus de bien que de mal. Il a pris du recul sur sa fascination, et ça a laissé la place pour d'autres choses.
Aujourd'hui Johnny est mort. J'ai cru pendant des années que je serais triste quand ce jour viendrait, parce que je penserais à mon père et à sa passion. Finalement, je n'y arrive pas. Je me dis qu'il va pouvoir le rencontrer pour de vrai, enfin, et qu'ils auront sûrement beaucoup à apprendre l'un de l'autre.
Quant à moi, en ce moment je lis des textes de Terry Pratchett, j'écoute en boucle la bande originale de Coco, et je me dis qu'il est bien loin, le temps où Johnny constituait mon horizon artistique.
Bye-bye Johnny, et si ton cheval casse un fer sur les routes pavées du Paradis, je connais un bon forgeron.
1 commentaire:
Ma maigre participation au panégyrique :
Rien à dire, rien, nada, pas d'anecdotes vis-à-vis du monsieur ou de ses chansons. A écouter les médias, je suis le seul.
Et pendant ce temps, Trump fout le feu au monde entier et tous les médias s'en branle.
Le roi est mort vive Le Roi
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