Ex nihilo Neil

10 juillet 2023

Indiana Jones et le MacGuffin de la destinée


Il n'était évidemment pas envisageable que je parte en vacances sans voir d'abord le dernier Indiana Jones en date, vraisemblablement le dernier de la saga, en tout cas avec Harrison Ford (mais peut-être bien dernier tout court vu que Disney a déjà annulé la série prévue après avoir constaté les faibles résultats au box-office). C'était bien mais pas top.

James Mangold reprend la caméra après Spielberg, et alors qu'il aurait pu choisir d'occulter totalement le fameux quatrième épisode maudit, il embrasse au contraire sa continuité et en fait la raison même du mal-être d'Indy. En effet, notre héros est au plus bas en cette année 1969, alors même que le monde entier n'a d'yeux que pour la Lune, que ses ennemis d'hier sont désormais célébrés par le président des États-Unis pour leur avoir fait gagner la course à l'espace, que son fils est mort au Vietnam et que sa femme est partie. 

À partir de là, choisir comme mythe à poursuivre la machine d'Anticythère, mécanisme conçu par Archimède et permettant de remonter le temps, cadre parfaitement avec les thématiques de l'intrigue. Adjoindre à Indy une comparse plus jeune, sa filleule Helena Shaw (épatante Phoebe Waller-Bridge), au caractère bien trempé, fonctionne également très bien. Faire incarner le méchant nazi par Mads Mikkelsen, impeccable aussi, bien dans l'air du temps. Non, décidément, sur le papier, tout est parfait. 

Quelques plans iconiques au passage...

Et dans les faits, ça marche plutôt bien. La première séquence avec un Indy rajeuni est cool, les interactions entre personnages fonctionnent, les dialogues sont bien écrits, les courses-poursuites, quoique trop longues, sont pas trop mal pensées... Reste un petit truc, un manque difficile à définir, une gestion du rythme un peu boiteuse par moment, l'absence de la patte Spielberg (mais peut-on encore lui faire confiance après le scandaleux Crâne de cristal ?)... Impossible de ne pas penser que ce film restera un Indiana Jones mineur, que tout le monde aura oublié dans six mois. 

Alors qu'il constitue une conclusion plutôt maligne à la saga, il n'égalera jamais pour moi les trois œuvres essentielles qui en ont défini l'âme : Les Aventuriers de l'arche perdue, La Dernière Croisade et Fate of Atlantis (vous vous attendiez à quoi ?). Ce cinquième épisode se classe juste derrière cette trinité gagnante. C'est pas si mal.

2 commentaires:

SammyDay a dit…

Les acteurs sont bons, le scénario est valable (les vieux ont enfin des problèmes de vieux), et on a l'impression que la scène d'intro est issue d'un autre film de la franchise - qu'on aurait bien envie de voir d'ailleurs ;-). Les personnages sont bien campés, et j'apprécie notamment le fait que, bien que tout le monde parle anglais, l'acteur français jure dans sa langue natale quand la pression est trop forte.

Il est bien meilleur à mon goût que le précédent, mais comme tu le dis, pas forcément au niveau de ceux qu'on adule habituellement. Et il a quelques défauts qui le desservent :
- la moralité des compagnons - autant Phoebe Waller-Bridge joue TRES bien, autant le manque d'empathie d'Helena envers Indy et sa moralité sont plus proches de Belloq que de Willie Scot ; et son compagnon ne connait pas beaucoup les remords malgré son jeune âge...
- des personnages inutilisés (il lui est arrivé quoi au gars de la CIA qui a des béquilles ? Il sert à quoi en fait ?)
- des grosses incohérences (oui, les films d'Indy ont toujours des incohérences puisque pas réalistes, mais bon, y'a des fois où ça casse totalement l'immersion : une tablette en cire pour graver quelque chose d'important et le garder pendant plus de 20 siècles intact, ou Mads Mikkelsen qui a 30 ans de moins qu'Indy alors qu'ils se sont croisés à peu près au même âge...)

Donc à voir, parce que ça termine bien la saga, mais il ne faut pas s'attendre à un opus exceptionnel (il n'y a qu'un "Dernière croisade").

Neil a dit…

D'ailleurs, concernant ce mec en béquilles, j'ai sincèrement pensé que le film semait en fait des indices sur un futur retour dans le passé lié à l'artefact... genre on allait revenir au début du film et voir comment ce mec s'était fait mal aux jambes, comprendre comment Mikkelsen avait survécu à sa (absurdement violente) chute du train dans les années 1940... bref, qu'il y allait y avoir une boucle temporelle, qui allait justifier toutes les petites incohérences. Et en fait pas du tout ! Et je n'arrive pas à savoir si c'est fait exprès.