Ex nihilo Neil

10 juin 2024

Angoisse ratée et bandes-annonces trompeuses

 

 

Civil War, Alex Garland, 2024

Les USA ont sombré dans la guerre civile suite à la sécession de plusieurs États. La dernière fois que j'ai vu un film sur le sujet, c'était The Second Civil War (Joe Dante, 1997), et c'était une comédie loufoque. Aujourd'hui que l'idée est devenue beaucoup moins absurde, c'est un film de guerre frontal et sombre qui l'aborde. Au final, je suis partagé. Le film contient son lot de scènes monumentales, certaines sans doute appelées à devenir cultes (si vous aviez trouvé Jesse Plemons flippant dans Breaking Bad, vous n'avez rien vu !), et illustre assez magistralement les horreurs de la guerre.

Mais parallèlement à ça, la promotion du film nous a clairement menti : il évacue quasiment tout l'aspect politique, on ne sait rien de ce qui a mené à cette situation, en dehors du fait que le président est devenu un dictateur, ce qui est une explication politiquement assez faible, dirons-nous. Or les bandes-annonces ne nous vendaient pas ça. Au final, on se retrouve avec un long-métrage sur la vie des reporters de guerre, ce qui est très bien, mais ce n'est pas le film que j'étais venu voir. Du coup je ne savais pas trop quoi penser, et je me suis dit que j'allais fouiller plus loin dans la filmographie du réalisateur.

Annihilation, Alex Garland, 2018

J'ai donc regardé Annihilation, son film précédent sorti sur Netflix, qui avait fait un peu de bruit à l'époque. C'est une sorte de variation sur La Couleur tombée du ciel de Lovecraft : une expédition est chargée d'explorer une région des États-Unis victime d'un étrange phénomène physique, le miroitement, qui provoque hallucinations, pertes de mémoire et désordres biologiques divers. Et là aussi, j'ai du mal à dire ce que j'en pense. Il y a de belles choses, et même quelques trouvailles assez géniales, des moments bien malsains, mais je ne suis pas sûr de ce que le réalisateur veut dire derrière. Génie ou fumisterie ? Je ne saurais pas me prononcer.


Abigail, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, 2024

Celui-là, je l'avais repéré depuis un moment. J'adore les petites filles vampires qui tuent des gens, je ne sais pas pourquoi, c'est un délire un peu perso, mais j'adore ça, alors forcément, un film d'horreur avec des gens qui enlèvent une petite fille pour demander une rançon, mais pas de bol c'est une vampire, c'était pour moi. Mais... ben déjà, la promo du film lui tire une balle dans le pied : la première moitié du long-métrage est clairement conçue pour que la découverte de la vampiricité d'Abigail soit un twist, un peu genre From Dusk till Dawn (Une nuit en enfer, Robert Rodriguez, 1996). Or, entre l'affiche et les bandes-annonces, je gage que peu de gens seront surpris.Les gens qui le découvriront par hasard en deuxième partie de soirée sur leur télé auront peut-être plus de chance (si ce genre de pratiques existent encore).

Ensuite, le film souffre d'un gros problème : il ne fait pas assez peur pour être un bon film d'horreur, et ne fait pas assez rire pour être une bonne comédie. Car c'est très clairement une comédie d'horreur à laquelle on assiste, servie par un casting que je jugerais inégal (certains en font beaucoup trop, mais la petite Alisha Weir qui joue Abigail est excellente, autant en gamine apeurée qu'en prédateur vicieux). Les dialogues tombent souvent à plat et l'action est trop cut pour être agréable (surtout les mouvements de ballerine de la petite, qui sont gâchés par les coupes trop nombreuses). Reste du gore quand même efficace et quelques idées de scénario assez marrantes. Et, coïncidence de ouf, il se trouve que...


Matilda, Matthew Warchus, 2022

... la petite Alisha Weir incarnait le rôle-titre de l'adaptation de la comédie musicale Matilda produite il y a deux ans par Netflix ! Et elle faisait déjà un sans-faute dans le rôle de cette « Carrie pour enfants », qui lutte contre les injustices d'une école inique et d'une principale horrible (jouée ici, c'est notable, par Emma Thompson, qui est incroyable, comme souvent Emma Thompson).

Pour le reste, le film constitue un ersatz passable si vous n'avez pas la possibilité de voir la comédie musicale sur scène. Le scénario a dégagé un bon cinquième des éléments (le grand frère, la rencontre entre Mrs Honey et la mère, plusieurs chansons) mais réussit quelques moments de bravoure, en changeant par exemple la mise en scène de School Song (qui est stupéfiante sur scène mais n'aurait eu aucun impact sur écran). Et marque le début d'Alisha Weir, donc, dont on entendra encore parler dans l'avenir, je vous en fiche mon billet.


2 commentaires:

WookieOfTheYear a dit…

Il y a donc 2 films Matilda ! Mais le livre et la comédie musicale sont mieux.

Neil a dit…

En effet. Et en effet.
Mais les films ne sont pas si mal. Juste moins bien que leurs modèles.