Ex nihilo Neil

19 juin 2024

Shark de triomphe

 



Tout le monde crache sur ce film, tout Internet hurle qu'il s'agit du pire film de requins, du pire film français, du pire film tout court de tous les temps. Forcément, on a voulu se faire une idée. Sous la Seine est-il un horrible navet ou un délicieux nanar ? Le second, bien sûr. Mais pas comme je m'y attendais.

Sous la Seine raconte l'histoire d'une femelle requin mako (vous savez, les mêmes que dans Deep Blue Sea) mutante qui vient se perdre dans les eaux insalubres de Paris pour semer le dawa dans les épreuves du triathlon. On s'attendait à un copié-collé des Dents de la mer remplaçant les autorités d'Amity et la saison touristique par la mairie de Paris et les JO, ce qui en soi avait du potentiel. On se retrouve avec un sous-La Mort au large, aux effets souvent foireux, aux dialogues tout aussi mal joués que mal écrits (on sait que Bérénice Bejo, si elle n'est pas très bien dirigée, c'est rarement génial, et là c'est festival), le dernier quart d'heure part dans le nawak total (le film aurait sûrement gagné à être comme ça tout le long en fait)... donc oui, déjà, on est sur du bon nanar, à voir avec deux-trois potes, quelques bières et une ou deux pizzas. Nous, on a beaucoup ri. Mais il y a mieux.

Parce qu'on s'attendait à ce que le film propose une petite dimension politique. Vu le sujet, comment faire autrement ? Et, comme on est dans un film de genre, catégorie traditionnellement un peu anti-système, et étant donnée la situation actuelle du pays, on pensait que ce serait une charge contre tout ce qui agace en ce moment : les JO, les politiques, la police... bref, on s'attendait à un film de gauche. Eh ben tellement pas !

Bouh !

Alors oui, ça tape sur les politiques : la maire de Paris du film, savant (non !) mélange d'Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse (pour le coup parfaitement interprétée), est imbuvable de bêtise et de suffisance. Mais pour le reste, le film ne sera certainement pas accusé de wokisme : les militants écologistes sont littéralement des lesbiennes aux cheveux bleus (le cliché par excellence utilisé par tous les connards d'Internet), ridiculisées en permanence et punies de leur engagement puéril en servant de gueuleton au fielleux sélacien. On est au-delà de la caricature. La police fluviale, elle, est représentée comme un quarteron de héros du quotidien, raisonnables, sympas, potes avec les gentils sans-abris (on le voit dans une scène surréaliste, surtout quand on sait comment ces derniers se font dégager à coups de pompe de tous les coins vaguement touristiques de la capitale à l'approche des Jeux)... 

Au point que je suis presque surpris de voir la critique Internet si unanime, alors que les cinéphiles extrémistes (et ça ne manque pas, l'algorithme YouTube m'en suggère souvent) devraient encenser le beau message du film. En tout cas oui, pour moi on est sur du grand nanar, et c'est déjà pas si mal.

2 commentaires:

Bij a dit…

Du point de vue de ta déviance cinéphile, c'est quoi le plus goûtu : un nanar de gauche ou un nanar de droite ? Ou il n'y a pas de règle générale ?

Neil a dit…

C'est une bonne question... Un nanar étant un mauvais film, il dessert donc forcément la cause qu'il soutient, mais d'un autre côté s'il fait rire, il acquiert une aura positive...
Mais bon, en vrai, les nanars de gauche, c'est assez rare, alors que le nanar de droite, c'est quasiment la règle (voir tous les actioners reaganiens des années 1980, par exemple)...