Que des bons films, ça change...
Sinners, Ryan Coogler, 2025
Ryan Coogler s'était fait remarquer avec Black Panther, un Marvel plutôt cool qui mettait notamment en avant tout un délire afrofuturiste, et Creed, une suite correcte à Rocky. Avec Sinners, on part sur autre chose, sans perdre l'angle afro-américain : les frères Smokestack (tous deux joués par Michael B. Jordan, devenu acteur fétiche de Coogler, qui ne démérite vraiment pas) reviennent dans leur Sud natal après avoir fait leurs armes de truands à Chicago. Objectif : se mettre au vert et faire fructifier leurs gains en ouvrant un beuglant clandestin, où ils comptent produire quelques gloires locales du blues. Tout se présente bien, mais le soir de l'ouverture, pas de bol, des vampires débarquent.
Je sais, ça fait très fort penser à From Dusk Till Dawn (Une nuit en enfer, Robert Rodriguez, 1996), mais en fait pas vraiment. Déjà, y a pas de twist : on sait dès le début qu'il va y avoir du fantastique, une bonne partie du film étant en fait un flash-back. Et surtout, on n'est pas dans la pochade régressive : Coogler a des choses à dire, et des prouesses à mettre en scène. Le film est ancré dans son époque (les années 1930 dans le Mississippi, vous voyez l'ambiance), ça sent la sueur, et surtout il y a la musique. Deux scènes, notamment, qui me hantent encore près d'un mois après leur visionnage : le concert de blues qui convoque les mânes des ancêtres africains, voire chinois, en un medley fiévreux et hallucinogène... et la danse irlandaise des vampires, qui m'a tellement donné envie de les rejoindre. Il y a beaucoup d'interprétations possibles pour ce film qui est beaucoup moins d'horreur que ce qu'on pourrait croire, mais ces deux scènes à elles seules méritent le prix du billet.
The Keep (La Forteresse noire), Michael Mann, 1984
Je ne sais pas pourquoi, les cinémas parisiens repassaient ce vieux film de Michael Mann, devenu raisonnablement culte depuis sa sortie. Durant la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands sont chargés de sécuriser une forteresse planquée dans un recoin d'une vallée roumaine. Ils vont vite comprendre que ce bâtiment à l'architecture étrange est moins conçu pour empêcher des envahisseurs d'entrer que pour empêcher quelque chose de sortir...
Le film a vieilli, bien sûr, mais le concept et le propos restent intéressants. Curiosité, on y trouve un Ian McKellen déjà vieux (en fait il est maquillé, il rajeunit pendant le film) qui joue déjà un Juif menacé par les nazis, seize ans avant X-Men.
The Phoenician Scheme, Wes Anderson, 2025
Un nouveau Wes Anderson, ça fait toujours plaisir, mais ça fait aussi un peu peur : est-ce que ce sera celui de trop ? Le film trop wesandersonien qui va nous dégoûter de ses obsessions symétriques et de ses plans fixes ? Peut-être bien que The Phoenicien Scheme sera votre point de bascule. Perso je peux encore en supporter quelques-uns...
Oui, sinon, dans ce film, vous suivez Benicio del Toro, un homme d'affaires / escroc qui essaie de conclure un dernier gros coup, accompagné de sa fille nonne et d'un secrétaire particulier entomologiste. Ils croisent un casting qui ferait baver n'importe quel producteur d'Hollywood, dont Bill Murray en Dieu, Tom Hanks et Bryan Cranston en frères basketteurs (j'ai tellement envie de voir un film entièrement centré sur ce duo d'acteurs !) ou encore Benedict Cumberbatch en méchant barbu... Pour moi ça fait le café.
Paris Police 1900, 2021
Mon gros coup de cœur de ces derniers temps, c'est la série Paris Police, dont parlait fort opportunément Bolchegeek il y a quelques semaines. Une série qui nous transporte donc dans le Paris de 1899, en pleine révision du procès Dreyfus. La capitale est sous tension, le président Faure vient de calancher suite à une ponction séminale, et le nouveau gouvernement rappelle aux affaires le préfet de police Lépine (celui du concours, oui, une espèce de vieux shérif badass qui pète la classe).
C'est bien documenté, très bien écrit (le scénariste Fabien Nury* s'est adjoint les services d'un certain Alain Ayroles** pour la saison 1, et d'un certain Xavier Dorison*** pour la saison 2, je suppose que s'il y a une troisième ce sera avec Alex Alice**** ou quelqu'un du genre...) et très bien joué (enfin, la plupart des acteurs, certains me convainquent moins mais on va pas râler). Seul problème, la deuxième saison se passe en 1905 et aimerait clairement parler de religion et d'homosexualité, ce qui semble difficile pour une série produite par Vincent Bolloré. Je rejoins l'analyse de Bolchegeek : on sent les réécritures et l'autocensure, ce qui est bien dommage. Mais je serai curieux de voir la saison 3.
* Scénariste de BD géniales comme Il était une fois en France, WEST ou Je suis légion.
** Scénariste de BD géniales comme De cape et de crocs, Garulfo ou Les Indes fourbes.
*** Scénariste de BD géniales comme Le Troisième Testament, WEST ou Le Château des animaux.
**** Scénariste de BD géniales comme Le Château des étoiles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire