Ex nihilo Neil

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02 juin 2025

Derniers films

 Que des bons films, ça change...


Sinners, Ryan Coogler, 2025

Ryan Coogler s'était fait remarquer avec Black Panther, un Marvel plutôt cool qui mettait notamment en avant tout un délire afrofuturiste, et Creed, une suite correcte à Rocky. Avec Sinners, on part sur autre chose, sans perdre l'angle afro-américain : les frères Smokestack (tous deux joués par Michael B. Jordan, devenu acteur fétiche de Coogler, qui ne démérite vraiment pas) reviennent dans leur Sud natal après avoir fait leurs armes de truands à Chicago. Objectif : se mettre au vert et faire fructifier leurs gains en ouvrant un beuglant clandestin, où ils comptent produire quelques gloires locales du blues. Tout se présente bien, mais le soir de l'ouverture, pas de bol, des vampires débarquent.

Je sais, ça fait très fort penser à From Dusk Till Dawn (Une nuit en enfer, Robert Rodriguez, 1996), mais en fait pas vraiment. Déjà, y a pas de twist : on sait dès le début qu'il va y avoir du fantastique, une bonne partie du film étant en fait un flash-back. Et surtout, on n'est pas dans la pochade régressive : Coogler a des choses à dire, et des prouesses à mettre en scène. Le film est ancré dans son époque (les années 1930 dans le Mississippi, vous voyez l'ambiance), ça sent la sueur, et surtout il y a la musique. Deux scènes, notamment, qui me hantent encore près d'un mois après leur visionnage : le concert de blues qui convoque les mânes des ancêtres africains, voire chinois, en un medley fiévreux et hallucinogène... et la danse irlandaise des vampires, qui m'a tellement donné envie de les rejoindre. Il y a beaucoup d'interprétations possibles pour ce film qui est beaucoup moins d'horreur que ce qu'on pourrait croire, mais ces deux scènes à elles seules méritent le prix du billet. 

 


The Keep (La Forteresse noire), Michael Mann, 1984

Je ne sais pas pourquoi, les cinémas parisiens repassaient ce vieux film de Michael Mann, devenu raisonnablement culte depuis sa sortie. Durant la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands sont chargés de sécuriser une forteresse planquée dans un recoin d'une vallée roumaine. Ils vont vite comprendre que ce bâtiment à l'architecture étrange est moins conçu pour empêcher des envahisseurs d'entrer que pour empêcher quelque chose de sortir...

Le film a vieilli, bien sûr, mais le concept et le propos restent intéressants. Curiosité, on y trouve un Ian McKellen déjà vieux (en fait il est maquillé, il rajeunit pendant le film) qui joue déjà un Juif menacé par les nazis, seize ans avant X-Men.

 


The Phoenician Scheme, Wes Anderson, 2025

Un nouveau Wes Anderson, ça fait toujours plaisir, mais ça fait aussi un peu peur : est-ce que ce sera celui de trop ? Le film trop wesandersonien qui va nous dégoûter de ses obsessions symétriques et de ses plans fixes ? Peut-être bien que The Phoenicien Scheme sera votre point de bascule. Perso je peux encore en supporter quelques-uns...

Oui, sinon, dans ce film, vous suivez Benicio del Toro, un homme d'affaires / escroc qui essaie de conclure un dernier gros coup, accompagné de sa fille nonne et d'un secrétaire particulier entomologiste. Ils croisent un casting qui ferait baver n'importe quel producteur d'Hollywood, dont Bill Murray en Dieu, Tom Hanks et Bryan Cranston en frères basketteurs (j'ai tellement envie de voir un film entièrement centré sur ce duo d'acteurs !) ou encore Benedict Cumberbatch en méchant barbu... Pour moi ça fait le café.


 

Paris Police 1900, 2021

Mon gros coup de cœur de ces derniers temps, c'est la série Paris Police, dont parlait fort opportunément Bolchegeek il y a quelques semaines. Une série qui nous transporte donc dans le Paris de 1899, en pleine révision du procès Dreyfus. La capitale est sous tension, le président Faure vient de calancher suite à une ponction séminale, et le nouveau gouvernement rappelle aux affaires le préfet de police Lépine (celui du concours, oui, une espèce de vieux shérif badass qui pète la classe). 

C'est bien documenté, très bien écrit (le scénariste Fabien Nury* s'est adjoint les services d'un certain Alain Ayroles** pour la saison 1, et d'un certain Xavier Dorison*** pour la saison 2, je suppose que s'il y a une troisième ce sera avec Alex Alice**** ou quelqu'un du genre...) et très bien joué (enfin, la plupart des acteurs, certains me convainquent moins mais on va pas râler). Seul problème, la deuxième saison se passe en 1905 et aimerait clairement parler de religion et d'homosexualité, ce qui semble difficile pour une série produite par Vincent Bolloré. Je rejoins l'analyse de Bolchegeek : on sent les réécritures et l'autocensure, ce qui est bien dommage. Mais je serai curieux de voir la saison 3. 

* Scénariste de BD géniales comme Il était une fois en France, WEST ou Je suis légion

** Scénariste de BD géniales comme De cape et de crocs, Garulfo ou Les Indes fourbes.  

*** Scénariste de BD géniales comme Le Troisième Testament, WEST ou Le Château des animaux.  

**** Scénariste de BD géniales comme Le Château des étoiles.  

 

23 avril 2025

Daredevil rené ?

 

La nouvelle série Daredevil est enfin terminée, parlons-en rapidement (ou pas).

Tout d'abord, un résumé des faits, parce que ce n'est pas simple. À l'origine, Daredevil est une série Netflix, qui faisait plus ou moins sa vie en parallèle du MCU. Elle avait un scope plus restreint (New York et plus particulièrement le quartier insalubre de Hell's Kitchen), un ton plus mature et une réalisation qui allait avec. C'était sombre, très violent, volontiers esthétisant (avec quelques longs plans-séquences de bagarre très cool) et ça parvenait à rendre sérieux les concepts parfois très perchés du comics original.

Puis Disney a racheté Marvel, et a voulu faire des séries pour traire la vache à lait produire du contenu pour sa nouvelle plateforme Disney +. Ça a donné un peu de bon (WandaVision, Loki), un peu de médiocre (Moon Knight, Echo) et beaucoup de catastrophique (She-Hulk, Ms. Marvel, Hawkeye...), mais jamais rien au niveau du Daredevil de Netflix. Les quelques tentatives de faire des clins d'œil à la série cornue n'ont d'ailleurs pas été incroyables : un caméo de Charlie Cox en Matt Murdock dans Spider-Man, une apparition épouvantable dans She-Hulk et un combat plutôt stylé dans Echo, mais sans vrai enjeu. Quant à Vincent D'Onofrio, on l'a vu jouer Wilson Fisk dans Hawkeye (et c'était à chier) et dans Echo (et c'était nul).

Wilson Fisk vs. Kate Bishop. Ça devrait finir avec de la
purée de Kate Bishop, mais non, les dieux du scénario sont avec elle.

Bref, quand Disney a déclaré, à la non-surprise générale, vouloir relancer une série Daredevil, le monde a retenu son souffle, vomi un peu dans sa bouche, et attendu de compter les injures à la série originelle. Mais !

Il se trouve que les derniers films du MCU se sont pas mal plantés au cinéma, non pas à cause de leur supposé wokisme, mais bien parce qu'ils étaient à chier debout (Quantumania, je pense à toi très fort). Le studio s'est donc dit qu'il fallait redresser la barre, car comme le disait Michael Eisner à l'époque où il présidait Disney, ce n'est pas notre boulot de faire des bons films, mais si on veut gagner de l'argent, de temps en temps, on est bien obligés (je paraphrase hein*). Du coup ils ont interrompu le tournage de la série, rappelé les anciens showrunners de l'époque Netflix, tout réécrit, fait des reshoots, et boum, voilà Daredevil Born Again. Alors, est-ce que le résultat valait cette looooongue intro ?

Esthétiquement, on est dans les clous, c'est pour ainsi dire une saison 4.

Meh. C'est franchement dans le haut du panier des séries du MCU faites pour Disney +. La réal est très honnête, certaines scènes sont très réussies (le duel contre Bullseye du premier épisode, notamment), il n'y a pas de concessions sur la violence graphique, les acteurs sont au top niveau, et l'insertion de Daredevil dans la diégèse du MCU passe plutôt bien. 

Mais le scénario est jonché de chausse-trappes dans lesquelles il tombe un peu trop souvent. L'arc du serial killer Muse est bâclé, certains concepts sont balayés trop vite, et surtout l'intrigue nous emmène dans les tréfonds de la politique populiste, de la corruption et des bavures policières. Autant vous dire qu'en ces temps troublés, il faut manipuler ces concepts avec finesse et être bien solide sur ses appuis, surtout quand dans la vraie vie, des flics tuent des innocents en exhibant fièrement le symbole du Punisher. Oui, Marvel a intérêt à se prononcer sur la question, et à se prononcer clairement. Je ne trouve pas que ce travail soit accompli. 

La série fait revenir Jon Bernthal en Frank Castle, sans grand génie
malgré la qualité de l'interprétation.

Certes la série est conçue comme un diptyque et tease une saison 2, il faudra donc attendre celle-ci pour se prononcer vraiment sur la qualité de l'ensemble. Mais elle part sur des prémisses bien bancals. On peut espérer que les showrunners, qui cette fois auront pu gérer le projet depuis le début, parviennent à retomber sur leurs pieds, mais personnellement je ne crois plus beaucoup au MCU, quelle que soit sa forme. Si on a beaucoup de chance, le prochain Fantastic 4 sera intéressant et correct, mais c'est mon dernier espoir vis-à-vis de cette franchise qui n'a plus rien à raconter. 

* La véritable citation est « We have no obligation to make art. We have no obligation to make history. We have no obligation to make a statement. But to make money, it is often important to make history, to make art, or to make some significant statement. We must always make entertaining movies, and, if we make entertaining movies, at times, we will reliably make history, art, a statement or all three. »

19 mars 2025

Les deux séries du moment

Si vous suivez les séries, il y a de quoi faire en ce moment, mais j'en ai vu deux récemment qui font beaucoup parler, donc parlons-en...

Bref.2

Bon, déjà, vous n'avez pas pu passer à côté tant tout l'Internet français a tourné en boucle autour de l'événement : Kyan Khojandi a shadowdroppé la saison 2 de Bref, dix ans après la conclusion de son petit programme court. La première saison était incontestablement incroyable sur le plan formel mais beaucoup plus critiquable (et fortement critiquée) sur le fond, et on sent qu'il a appris de ses erreurs.

Les critiques reprochaient en général à la saison 1 de faire un portrait très positif d'un personnage qui, de fait, prenait des décisions horribles et se révélait régulièrement être un vrai connard. Toute la série tournant autour de la projection du spectateur dans ce type « comme tout le monde », forcément, ça a fini par coincer. 

Il repart de cette base et adresse résolument le sujet, traçant cette fois une trajectoire de rédemption du personnage, assumant ses défauts et le montrant remonter la pente à travers les épreuves de la vie. Là encore la projection marche à fond, et là encore malgré quelques défauts sur le fond (un appart' beaucoup trop grand et un boulot beaucoup trop facile à trouver), la forme est impériale. La saison 2 a frappé au cœur les spectateurs et moi avec, en traitant magistralement certains sujets difficiles et en enchaînant les moments de bravoure en termes de réalisation. Qu'on ait aimé ou pas la première saison, c'est clairement un truc à voir.



Win or Lose (Gagné ou perdu)

L'autre événement du moment c'est la nouvelle série Pixar, Win or Lose, qui nous raconte la semaine précédant la grande finale d'une petite équipe de softball*. Chacun des huit épisodes relate la même période, vue à travers les yeux d'un personnage différent, avec à chaque fois un gimmick typiquement pixarien qui nous révèle les pensées profondes du héros du moment**. Et il s'en passe des choses dans ces petites têtes de préados...

Quoi qu'on en pense, Win or Lose est une série extrêmement ambitieuse. Au-delà des gimmicks visuels et de la contrainte de narration imposée par les huit récits simultanés (ce qui serait déjà beaucoup), elle se donne pour but d'explorer en profondeur les angoisses de ses personnages, ce qui donne des épisodes parfois très intenses, avec une montée en tension assez raccord avec ce que l'on sait de la santé mentale des jeunes de notre société. Chaque membre de l'équipe (et quelques proches) s'astreint à masquer ses  sentiments profonds, pour des raisons diverses, ce qui génère fatalement une pression terrible qui va finir par éclater lors de la fameuse finale, marquant la fin de chaque épisode sur une note généralement sombre. Et l'interconnexion des histoires nous rappelle au passage que personne n'est jamais seul avec ses angoisses, et qu'elles ont en outre de vraies conséquences sur nos proches. Mais que si on y travaille tous ensemble, on a un espoir de s'en sortir.

J'ai du mal à dire que Win or Lose est parfait, notamment parce que la série s'inscrit dans une culture vraiment, vraiment très américaine (le softball, les suburbs...) qui fait que j'ai régulièrement eu l'impression de passer à côté de certaines subtilités. En outre elle a traversé une petite crise durant sa production qui n'a pas dû aider***. Mais elle a le potentiel de devenir culte pour une génération, ça j'en suis sûr.

* Si vous l'ignorez, le softball est une version allégée du baseball, avec un terrain plus petit, un lancer différent et plusieurs différences absolument radicales si vous êtes américain, et totalement invisibles si vous êtes normal. Le cliché habituel veut que le softball soit un « baseball pour les filles ». Je n'y souscris évidemment pas.

** Laurie voit son angoisse apparaître sous forme d'un blob plus ou moins gros (en mode Elliot au collège), Yuwen dévoile un monde intérieur qui semble conçu par Michel Gondry, Kai s'envole ou s'enterre dans le sol en fonction de son humeur... pour le dire vite on a l'impression que les créatifs de chez Pixar ont mis dans la série toutes les idées dont ils n'ont pas réussi à faire un film.

*** Pour le dire plus clairement, un des personnages était prévu pour être transgenre, et l'équipe créative a dû reculer par peur des réactions parentales. Dommage car la série aurait été la parfaite opportunité pour que Disney se lance enfin un peu concrètement dans la représentation des LGBTQ+. Dommage au carré puisque l'arc modifié du personnage se conclut par une scène de réconciliation qui était sans doute prévue pour la première version, et qui semble du coup désormais un peu disproportionnée.

26 février 2025

Pont inférieur


Je n'ai pas grandi en regardant Star Trek, mais depuis que je vis avec Bij j'ai appris à connaître cet univers de SF. Et depuis quelque temps on s'est laissé porter par une des dernières séries de la franchise, Lower Decks.

L'originalité de Lower Decks, c'est d'abord évidemment qu'il s'agit d'une série d'animation, dans un style assez proche de, disons, Gravity Falls, pour autant que je puisse en juger. C'est une série humoristique, volontiers parodique, mais qui reste canonique dans l'univers ST, se déroulant quelques années après les événements de Deep Space Nine (un épisode se déroule d'ailleurs sur la fameuse station éponyme). 

La seconde originalité, c'est de nous proposer de suivre une équipe de seconds rôles, de sous-officiers, bref d'occupants du pont inférieur (lower deck) de l'USS Cerritos, un vaisseau de Starfleet chargé non pas des premiers mais bien des seconds contacts, c'est-à-dire la partie administrative, compta, tout ce qui vous permet de vraiment entamer le processus d'adhésion à la Fédération. Mission essentielle mais nettement moins exaltante que de repousser les limites de l'univers connu « à la Kirk ». Nous y suivons de fiers représentants de Starfleet, avec la tête brûlée, le besogneux stressé, l'ingénieur cyborg, la scientifique optimiste, auxquels s'ajoutera une Vulcaine rebelle (ce qui revient à dire qu'une fois, elle a remis en question un ordre stupide).

Et comme d'habitude avec Star Trek, ça fait du bien de suivre une humanité qui a surmonté ses problèmes pour en embrasser d'autres, finalement plus existentiels, comme éviter de déclencher une guerre plutôt que de la gagner, se prendre le bec parce qu'on veut prouver sa valeur plutôt qu'exprimer sa jalousie mesquine, et assumer son amitié plutôt que de se braquer sur toutes les différences culturelles. Parfois je me dis que les enfants préfèrent Star Wars, mais les adultes préfèrent Star Trek, et j'ai hâte que le monde devienne adulte.

29 janvier 2024

Echo

 

J'avais décidé d'arrêter les séries du MCU. Secret Invasion, c'était trop, y a mieux à faire dans la vie, m'étais-je dit. Même le début de Loki saison 2 n'a pas réussi à me faire revenir. Mais bon, la chair est faible, j'ai entendu dire du bien d'Echo, qu'il y avait quelque chose, que c'était pas si mal. Surtout pour une suite de Hawkeye.

Je ne connais pas du tout le personnage d'Echo dans les comics, mais j'étais ouvert. Un personnage sombre, sourde et muette à jambe de bois, d'origine native américaine... ouais, allez, je veux bien. D'ailleurs le premier épisode est plutôt classe, avec un caméo de Daredevil particulièrement bien fichu, très très loin (heureusement) de ce qu'on avait vu dans cette purge de She Hulk, une scène de baston rude, en plan-séquence (qui rappelle évidemment beaucoup celle de la série Daredevil de Netflix, mais bon, on va pas se plaindre). Dommage, à partir de là ça ne fait que descendre.

En fait Echo me rappelle un peu Moon Knight : ça commence pas mal, mais ça ne sait vite plus où aller, alors ça va insérer des twists au chausse-pied, ça va accumuler les couches de scénario inutiles (pourquoi les pouvoirs amérindiens ? Juste une athlète handicapée, c'était déjà pas mal, pas la peine d'ajouter de la magie tribale !), ça va introduire des personnages pour ne rien en faire (Bonnie, mon Dieu, Bonnie ! on se dit que ça va être un personnage de femme forte, et c'est tellement une demoiselle en détresse sans aucune substance au final !), bref c'est mal branlé. 

Je reste fan de l'interprétation de Vincent D'Onofrio en Kingpin,
même si à moment donné il faudra quand même penser à le montrer
dur et inflexible, plutôt que sensible et papa gâteau.
 

Par ailleurs, si Alaqua Cox est irréprochable, on ne peut pas dire que son personnage parvienne à se rendre sympathique au fil de la série. Elle est badass, ok, mais c'est quand même surtout une criminelle qui n'a pas vraiment d'arc rédempteur. C'est pas parce qu'on veut tuer le grand méchant qu'on n'est pas un grand méchant soi-même. 

Bref c'est pas nullissime (She Hulk et Secret Invasion ayant largement redéfini le terme), ça redonnerait même un vague espoir d'avoir une série Daredevil potable, mais ça reste globalement sans intérêt. Touchez pas à ça les enfants.

10 janvier 2024

Poe pourri

 

Pendant les vacances j'ai découvert un peu par hasard la mini-série The Fall of the House of Usher, qui comme son nom l'indique à moitié est une adaptation de La Chute de la maison Usher, d'Edgar Allan Poe. Mais pas seulement...

Si vous vous intéressez un peu à la littérature américaine, vous avez forcément entendu parler d'Edgar Poe, auteur du XIXe siècle qui a peu ou prou inventé la littérature moderne. Poe, c'est le mec qui a inventé le roman policier (son personnage de Dupin dans Double meurtre dans la rue Morgue est un proto-Sherlock Holmes), la science-fiction, le fantastique, c'était un poète macabre des plus élégant (notez que la traduction française de son œuvre a été assurée par un certain Charles Baudelaire, qui n'a pas peu contribué à sa célébrité chez nous) qui a influencé toute la création romantique, jusqu'à Tim Burton... 


Et donc les créateurs de cette série TV se sont dit que, plutôt que de choisir parmi cette œuvre foisonnante, autant tout adapter à la fois. Ainsi The Fall... narre la mort des différents enfants de Roderick Usher. Ce n'est pas du spoil, on le sait de suite, et on comprend que chaque épisode nous montrera comment l'un de ces trous du cul (oui, les Usher ne sont pas très recommandables) est décédé dans des circonstances rappelant fortement divers ouvrages de Poe (Le Masque de la mort rouge, Le Puits et le Pendule, Le Cœur révélateur...). 

 

Roderick Usher, le patriarche, joué par Bruce Greenwood, le Sam Neill du pauvre. 
Non, ce n'est pas très gentil car il est très bon, en plus il s'est fait
un joli cosplay de Vincent Price, ce qui semble approprié.

C'est franchement très inventif et assez captivant (quoique sombre et un peu gore par moment), le casting est excellent et les amateurs de littérature pourront s'amuser à chercher les dizaines de références cachées un peu partout. Une excellente surprise qui m'a sans doute un peu plombé le moral pendant quelques jours, mais ça valait le coup.

31 mai 2023

Tribute to Bolchegeek

 

J'en ai déjà souvent parlé mais comme on vient de m'offrir son livre, je me fends d'un petit post sur Benjamin Patinaud, alias Bolchegeek, sans doute le youtubeur pop-culture le plus intéressant du moment (en tout cas en attendant que Karim Debbache revienne aux affaires, ce qui va peut-être arriver puisqu'il quitte l'équipe du JdG pour des « projets persos »).

Comme son pseudo l'indique, Bolchegeek analyse les produits de la pop-culture avec un certain angle politique, et c'est à la fois très fouillé et très intéressant. Son nouveau livre, Le Syndrome Magneto (aux éditions du Diable Vauvert, elles aussi assez anglées politiquement), porte sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : les méchants. Et notamment cette étonnante manie qu'ils ont à vouloir bousculer le statu quo, faisant des gentils des agents de la réaction. C'est très intéressant, et je suis en train de le dévorer goulûment. En attendant je vous conseille toute sa chaîne, et aussi les émissions qu'il écrit et réalise pour le site de L'Humanité, tout aussi riches et passionnantes.

Bolchegeek arborant son livre en proférant son fameux cri : « Mais ils ont pris
de la drogue les développeurs ?
 »
Ah, la la, qu'est-ce qu'on rigole !


12 mai 2023

Brome et baryum

 

J'ai fini Breaking Bad. Vous me direz, il était temps, la série s'est achevée en 2013 (dix ans déjà !). J'avais vu les deux premières saisons à l'époque, j'avais beaucoup aimé mais j'étais passé à autre chose. Je ne m'y suis remis que tout récemment, à l'occasion des vidéos de Guillaume Cassar sur le sujet. C'était quand même sacrément bien !

Bon, j'enfonce des portes ouvertes, Breaking Bad est considérée comme une des plus grandes séries de l'histoire de la télévision, elle a quasiment détrôné The Wire dans le top des « meilleures séries » citées par les experts du sujet, il y avait peu de chances que je n'apprécie pas. Cette histoire d'un prof de chimie minable qui se transforme en baron de la drogue peut être analysée à travers plein de grilles de lecture (personnellement j'aime à y voir la pression sociale du patriarcat qui pousse Walter White à assurer à tout prix la prospérité de sa famille, mais on peut trouver plein d'autres interprétations sociologiques, tout aussi justes). 

Les épisodes regorgent de moments cultes, de répliques cultes, d'images cultes, et certaines scènes resteront gravées dans ma tête pour toujours.

Tous les acteurs/rices de la série sont géniaux, hein.

Et bien sûr, la cerise sur le gâteau, Bryan Cranston. Il ne faisait aucun doute pour les fans de Malcolm in the Middle qui connaissent un peu le métier que ce mec était un acteur de génie, mais la manière dont il le redémontre dans Breaking Bad est juste folle. Le type est toujours hyper juste, même dans l'excès, c'est dingue.

Bref, si vous n'avez pas vu Breaking Bad, essayez de planifier ça dans votre vie.

25 janvier 2023

Andor : la veille

Et quand Bij vous dit à 23h20 « on peut regarder un autre épisode », j'aime
autant vous dire que c'est que ça lui plaît.

Il y a deux semaines, j'avais invité un vieux camarade pour regarder quelques épisodes d'Andor, la nouvelle série Star Wars, histoire de voir ce que ça valait. Je pensais le virer vers 22h, au final on a scotché jusqu'à minuit. Quand il est parti, c'était avec la promesse solennelle qu'il reviendrait le week-end suivant pour finir la saison 1 (sans quoi on le ferait sans lui).

Andor, c'est exactement ce qu'on espérait quand on a appris que Disney rachetait la licence de George Lucas. Une série qui creuse l'univers étendu, de manière sérieuse et réaliste, mais surtout de manière intéressante, en éclairant des pans méconnus, avec de vrais personnages bien écrits incarnés par des acteurs et actrices impliqués. 

Tous les comédiens sont bons, mais Diego Luna tient
particulièrement bien sa tête d'affiche.

Développant le personnage de Cassian Andor, qui apparaissait dans Rogue One (dont chacun admet de plus en plus qu'il s'agit du meilleur Star Wars depuis L'Empire contre-attaque), la série montre comment naît une Résistance, quels degrés divers de la société s'y retrouvent impliqués (des bourgeois qui dirigent et financent dans l'ombre aux petites mains aussi dévouées que sacrifiables, en passant par les masses laborieuses) et quelles mesures sont capables de prendre les oppresseurs pour contrer ces rebelles. Les morceaux de bravoure s'enchaînent, et l'écriture n'est pas sans rappeler certains bons moments de Game of Thrones, le cul et le gore en moins (ce qui est au final plutôt appréciable).

Un excellent moment, et sans conteste une des meilleures séries sorties chez Disney depuis longtemps.

11 janvier 2023

Mercredi des Cendres

 


On a bingé les huit épisodes de Wednesday en un week-end. Est-ce que ça veut dire que c'est bien ? Non, ça veut dire qu'on a aimé.

Jenna Ortega est excellente,
et porte en grande partie la série sur ses épaules.

Wednesday est une fanfiction. Ni plus, ni moins. Une fanfiction produite avec de gros moyens, mettant en scène de bons acteurs dans de beaux décors, mais c'est très clairement une œuvre écrite par des gens qui adorent le personnage de Mercredi Addams, beaucoup plus que la cohérence du récit. Ce qui tombe bien, car moi aussi j'adore le personnage de Mercredi Addams. Christina Ricci (qui l'incarnait dans les films de Barry Sonnenfeld) fut un de mes gros crushs d'adolescence, alors une série mettant en scène la jeune gothique enquêtant sur des crimes mystérieux dans un lycée paranormal, moi, j'achète. Mais rien qu'en lisant la description, vous avez compris pourquoi j'appelle ça une fanfiction.

Autant Ortega est parfaite en Mercredi, autant
Catherine Zeta-Jones et Luis Guzmán, malgré tout leur talent,
ne vous feront pas oublier le physique extraterrestre d'Angelica Huston
et l'abattage exceptionnel de Raúl Juliá.


Ceci dit, au-delà du pitch, le vrai aspect fanfic c'est l'indulgence complètement absurde de tous les personnages envers l'attitude de Mercredi. Dans la vraie vie, ou dans un scénario plus porté vers la cohérence, cette fille se serait fait virer quinze fois, serait détestée (et pour de plutôt bonnes raisons) de tous ses camarades et, en toute logique, aurait été déférée au tribunal pour mineurs depuis longtemps. La seule raison expliquant que tout le monde lui pardonne sa sociopathie, c'est l'amour que lui vouent les scénaristes. Comme je le disais, moi ça me convient parfaitement, parce que je l'aime aussi. Mais soyez prévenus, ce n'est pas pour tout le monde. 

Pour ce qui est de l'implication de Tim Burton, elle se ressent à peine.
La série serait indigne du Burton des années 1990, mais elle est franchement bien au-dessus
du Burton des années 2010, donc je suppose qu'on peut s'estimer heureux.


26 septembre 2022

MCU : jusque-là j'étais gentil mais...

Il est peut-être temps de faire un petit point sur les séries du MCU. J'avais déjà parlé des cinq premières (WandaVision, Falcon & Winter Soldier, Loki, What if... et Hawkeye). Deux sont tout à fait correctes (WV et Loki), grâce notamment à d'excellents acteurs et une écriture solide. Deux autres sont oubliables et, de fait, oubliées (F&WS et What If...), et une est totalement merdique (Hawkeye, où seules surnagent péniblement les merveilleuses Haylee Steinfeld et Florence Pugh). Dans quelle direction allaient partir les suivantes ?


 

Moon Knight, qui partait bien

On n'attendait pas grand-chose de Moon Knight, c'est sans doute pour ça que la série surprend en commençant super bien. Oscar Isaac est à fond dans son double rôle, Ethan Hawke est pété de charisme en méchant, la réalisation s'amuse, joue avec les ellipses, les mouvements de caméra, c'est cool, c'est rythmé... et puis la malédiction MCU s'applique. 

Car il est écrit dans le grand livre de Marvel que toutes les histoires doivent se terminer par de la bagarre (parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de résoudre les problèmes, ça se saurait). On se retrouve donc avec un combat de kaijus égyptiens et du boum-boum tchac-tchac ping-ping qui vient totalement contredire l'intéressante proposition non violente de la série (puisque une des personnalités du héros était plutôt contre le recours à la marave, et jusque-là la série semblait plutôt lui donner raison). C'est dommage, mais on va dire que ce n'est qu'un faux-pas...


 

Ms. Marvel, tout se casse la gueule

Ms. Marvel me donnait beaucoup plus envie : il y avait de quoi faire avec une héroïne adolescente qui découvre ses pouvoirs (d'autant que les Spider-Man du MCU avaient passé cet aspect sous silence), héroïne qui plus est musulmane et issue de la communauté pakistanaise du New Jersey. En plus les premiers visuels laissaient entendre un foisonnement graphique sympa, avec des petites éruptions d'animation à la Spider-Man into the Spider-Verse, plein d'humour... j'étais même prêt à pardonner les amourettes insipides si le reste était réussi.

C'est un échec complet. Mais un échec bien camouflé : le casting est au top, tout le monde joue super bien, les effets spéciaux sont très convaincants... Ne reste qu'un problème, mais de taille : l'écriture est à chier. On est à un niveau « téléfilm Disney Channel », vous savez, genre Descendants ou Lizzie McGuire. L'intrigue n'est pas intéressante (quand elle ne ressort pas les pires clichés), les antagonistes tellement mal définis qu'on s'en fout complètement, et l'humour tombe systématiquement à plat, malgré la bonne bouille d'Iman Vellani. Seule la représentation de la communauté musulmane sauve un peu la série.


 

She-Hulk, Attorney at Law, la honte 

Plus je regarde She-Hulk, plus je me rends compte que j'attendais vraiment cette série. She-Hulk le comics a toujours été une comédie ; le personnage principal étant avocate, elle se retrouve à gérer des procès impliquant le monde superhéroïque, terreau fertile pour une bonne parodie. Sauf que si vous foirez l'écriture dans une série d'action, au moins vous avez les scènes d'action pour vous divertir. C'est forcément moins bien que si c'était bien écrit, mais à la limite ce n'est pas le cœur du sujet. Alors que dans une comédie, l'écriture est l'alpha et l'oméga. Il faut un script ciselé, des répliques qui font mouche, et évidemment un rythme impeccable (95 % de l'humour, c'est le timing).

Ce n'est tellement pas le cas ici que c'en est gênant. C'est surtout gênant pour Tatiana Maslany, qui est géniale : elle a l'attitude, la voix, les intonations, les mimiques parfaites pour le rôle, mais même tout son talent n'arrive pas à sauver des blagues écrites par un exécutif sans âme qui pense que l'humour s'apprend dans les livres de comptes. Et que dire des scénarios ? Quand vous faites une série d'avocats, la moindre des choses c'est de proposer des procès avec des rebondissements, des twists, des issues inattendues... mais non. Un des premiers procès que l'on voit, l'élément perturbateur c'est que le témoin est en retard (parce qu'il a oublié, hein, même pas pour une raison drôle), et au final le procès se passe exactement comme l'avocate l'avait prévu. Juste pas d'intrigue, le néant scénaristique pendant trente minutes. Et je ne parle même pas de la dimension « série pour filles », avec son lot d'intrigues à base de fringues et de rencarts foireux, là on est carrément dans l'insulte (déjà sur le principe de faire forcément de She-Hulk une série « pour filles », mais en plus là aussi l'écriture est minable – parce qu'il est possible de bien écrire ce genre de série, hein, ça existe).

C'est simplement honteux, et c'est vraiment cet aspect qui me gêne dans cette série, bien plus que les effets spéciaux un peu ratés. Je peux m'habituer à un personnage flirtant avec l'uncanny valley. En revanche, une comédie mal écrite, de la part du plus grand studio hollywoodien actuel, ça je ne peux pas laisser passer. Il va être temps pour le MCU de se reprendre, mais vu la politique actuelle de Disney (qui veut juste remplir ses cases de programme pour Disney +), ça me semble peu probable.

23 mai 2022

Marvel phase IV.2

Et pendant ce temps, les séries Marvel continuent...

On a donc eu Moon Knight, qui était globalement convenable. Enfin... le début est super bien, et puis plus ça avance, plus on comprend qu'en fait les réalisateurs successifs n'ont juste pas envie de montrer de la bagarre, et au final on s'ennuie un peu, malgré des morceaux de bravoure en termes d'acting (Oscar Isaac et Ethan Hawke sont vraiment au taquet, et May Calamawy confirme la qualité des castings féminins dans ces séries). En outre on se balade dans des endroits inhabituels (Le Caire notamment), ça fait respirer un peu le MCU. Reste qu'on imagine mal comment cette saison se suffirait à elle-même, et il en faudra au moins une deuxième pour juger la série correctement.

Et on a donc Ms. Marvel qui arrive dans quelques semaines, pour laquelle je ne sais pas trop à quoi m'attendre (il y a un super potentiel pour une héroïne jeune et originale*, reste à voir où ça va aller), puis la fin de l'été verra arriver She-Hulk, dont la nouvelle bande annonce n'est pas très rassurante.

Ooooooh c'est moche...
(les parodies sur le thème « She-reck » essaiment déjà sur la toile)

 

Comprenons-nous bien, je suis à fond pour un Ally McBeal dans le MCU, pas de souci***. Le problème ici c'est, déjà, ces effets spéciaux : c'est quoi ce visage aux frontières de la vallée dérangeante ? Pour un personnage central il faut qu'on y croit à 100 %, surtout dans une comédie où les mimiques faciales vont être essentielles. Le MCU nous a donné Thanos, Rocket et Groot, qui comptent parmi les meilleurs persos en synthèse jamais créés (derrière Gollum qui reste sur la marche haute du podium), mais j'ai vraiment l'impression qu'il se repose sur ses lauriers dernièrement (ceux qui ont eu le courage surhumain de rester après le générique d'Eternals – ou qui se sont réveillés à ce moment-là – ont déjà pu subir l'horrible CGI de Pip le troll). 

Ça passera si l'écriture est réussie, mais là aussi, en termes de comédie, le MCU n'a pas brillé dernièrement. Les blagues dans Spider-Man No Way Home étaient franchement poussives, et Hawkeye... je ne vais pas reparler de Hawkeye. Donc je le sens mal.

* Rappelons que la véritable identité de Miss Marvel est Kamala Khan, adolescente musulmane d'origine pakistanaise, ce qui en France aurait largement suffi à interdire annihiler tout espoir de financer la série. La foi de Kamala joue un rôle relativement important dans les intrigues du comics, je suis curieux de voir si Disney suivra cette piste**.

** À noter que Moon Knight mettait de son côté en scène le premier super-héros juif du MCU... qui est asservi par un ancien dieu égyptien. Comme l'a finement remarqué l'équipe de Honest Trailer, les vieilles habitudes ont la vie dure apparemment.

*** Oui, parce que dans les comics, She-Hulk, c'est avant tout une avocate, et la série est plus une comédie un peu méta qu'une suite d'aventures destructrices.
 

11 avril 2022

La valse brune

Au moment où j'écris ce post, je ne connais pas les résultats du premier tour, et je ne suis pas sûr de vouloir le connaître... du coup je vais parler de la nouvelle série du MCU, Moon Knight.

Dessin fait au gros feutre noir et au blanc correcteur. C'est dégueulasse
mais c'est rigolo à faire...

Je vais en parler vite vu que pour l'instant il n'y a que deux épisodes, mais on peut dire que la série surprend. Déjà, parce qu'elle est bien, alors que franchement, tout le monde s'en fout de Moon Knight, héros Marvel de troisième zone, personnage à la triple personnalité dérivée d'un mythe égyptien dont on se demande ce qu'il vient faire dans cet univers. Mais entre la réalisation plutôt inspirée, les personnages bien caractérisés et les excellents jeux d'acteur d'Ethan Hawke en méchant et surtout d'Oscar Isaac en héros torturé, à la fois drôle et touchant, on se prend plutôt au jeu. 

Reste à voir si la série réussira à transformer l'essai, mais pour l'instant elle inspire plutôt confiance. A condition qu'elle ne sombre pas trop dans l'humour facile pour désamorcer la tension, une tendance souvent reprochée au MCU, qui pourrait être vraiment dommageable ici.

* Et toute ma considération à qui comprendra le titre du post.

23 février 2022

La paix des calamars

Pas trop le temps de dessiner, j'essaie de boucler mes revues du moment pour libérer du temps pour la semaine prochaine pour ce que vous savez. Du coup juste deux mini reviews de séries dont vous avez peut-être entendu parler...


On commence avec cette série peu connue et extrêmement originale, qui développe un concept jamais vu à part dans la moitié des œuvres jeune adulte des années 2000, et pas mal d'autres (je vous renvoie à l'excellente vidéo de Bolchegeek sur le sujet), et qui nous révèle que quand même, on vit dans une société, c'est fou, Thatcher avait tort.

Bon, plus sérieusement, Squid Game, c'est vraiment une très bonne série. En tout cas au début. Les cinq premiers épisodes sont excellents (avec une mention spéciale pour le deuxième, qui m'a vraiment fait dire « ah oui, ils tiennent un truc là ! »), mais après ça se perd un peu, vu qu'il faut bien finir, et on sombre dans le beaucoup trop caricatural là où le début laissait entrevoir une certaine subtilité. C'est dommage, mais quand même, dans la forme, c'est cool et ça va laisser des traces.


Je ne pensais pas regarder la série Peacemaker, même si j'ai adoré The Suicide Squad de James Gunn, parce que je ne voyais vraiment pas ce qu'il pourrait faire de ce personnage. Et puis j'ai vu le générique sur YouTube et je me suis dit que, quand même, ça avait l'air giga cool... et je n'ai pas regretté. La série est plus sage que le film (avec quelques passages cracra quand même, hein, on est chez James Gunn), John Cena arrive enfin à me convaincre en tant qu'acteur, la joyeuse équipe de losers mise en scène est plutôt attachante et on a même un Robert Patrick assez incroyable en papa Peacemaker adorable (not!). Après, c'est complètement du James Gunn, avec une équipe de minables qui va s'unir pour affronter une menace immense, il fait ça dans tous ses films, pas de raisons que ça ne revienne pas ici. Mais ce n'est pas un concept qui me déplaît, donc...


Pour info, oui, il y a vraiment un pygargue à tête blanche dans la série, ce n'est pas juste un délire du générique !

21 janvier 2022

Hawkeye


 

Alors, on va expédier les trucs que j'ai bien aimés dans Hawkeye : déjà il y a deux de mes jeunes actrices préférées, Haylee Steinfeld* et Florence Pugh**, et je me régale d'avance à l'idée que leurs personnages vont devenir copines (s'ils arrivent à engager un bon dialoguiste, ce qui ne semble vraiment pas facile ces temps-ci !). Et il y a une ou deux scènes (surtout celle du dialogue au téléphone avec le fils de Clint) qui sont authentiquement réussies.

Tout le reste est raté. Déjà, le problème de Hawkeye, c’est que la série pourrait durer deux heures et raconter les mêmes choses bien mieux, avec un bien meilleur rythme. Au lieu de quoi elle s'enlise, se perd dans des dialogues longs, chiants et mal écrits, et n'arrive même pas à présenter son personnage principal correctement. Je pensais naïvement qu'en six épisodes, on en apprendrait plus sur Clint Barton, comment il est entré au Shield, pourquoi il a un arc, comment il a rencontré sa femme... Ok, ça n'aurait peut-être pas été palpitant, mais au moins ça aurait ajouté de la cohérence, plutôt que du n'importe quoi.

Mais à la limite, j'aurais pu pardonner ça. Ce que je ne pardonne pas, c'est ce p... de dernier épisode qui fait n'importe quoi avec les personnages que la série a péniblement installés. 

Et surtout, surtout, ils introduisent le fucking Caïd, joué par fucking Vincent D'Onofrio***, juste pour en faire de la merde. Parce que, entre autres problèmes, Wilson Fisk contre Kate Bishop au corps à corps, ça finit pas en match nul. Ça finit avec une Kate Bishop cassée en deux et un Caïd même pas transpirant qui fait exécuter tous les membres de sa famille. 

* Révélée dans le formidable True Grit des frères Coen, revue depuis dans Bumblebee (et vous savez comme j'aime ce film) et entendue dans Arcane (c'est elle qui double Vi) et Spider-Man into the Spider-Verse (Spider-Gwen). Vous remarquerez que ce ne sont que des rôles qui pètent la classe.

** Que j'ai redécouverte dans Midsommar, où elle donne un aperçu impressionnant de son talent. 

*** Qui l'incarnait déjà magnifiquement dans le Daredevil de Netflix.

20 janvier 2022

What if...?

 

Tout le monde a adoré What if…?, et franchement je ne comprends pas pourquoi. Le concept avait un potentiel phénoménal, on aurait pu explorer des éventualités folles, et on se retrouve avec « et si Peggy Carter était devenue Captain America à la place de Steve Rogers ? » Eh ben ça n'aurait quasiment rien changé, super. « Et si T'Challa était devenu Starlord ? » Vous aviez pas plus random comme idée ? Genre « et si en fait Thanos c'était le crabe géant dans Vaiana ? » Ou « et si Loki était un bébé alligator ? » (ah, non, ça ils l'ont fait dans Loki, et c'était rigolo... comme quoi !)*.

Au final on se retrouve avec une série très inégale, avec des épisodes faiblards qui en côtoient d'autres un poil plus intéressants (celui sur Dr Strange, notamment, qui aura sans doute des conséquences dans le prochain film du MCU). Le concept de multivers est une fois de plus très présent, avec le personnage du Watcher, mais ça ne va vraiment pas très loin, et seule la qualité de l'animation (en même temps c'est une série Disney, on pouvait s'y attendre) rattrape un peu le tout. Y en a qui aiment, mais moi j'y vois juste un gros gâchis. 

* Ça me rappelle d'ailleurs que tout un tiers de la saison 4 d'Agents of SHIELD montre une société alternative où Hydra aurait pris le pouvoir, et même si c'était très cliché c'était quand même dix fois plus intéressant. Quand votre série n'arrive pas à faire aussi bien qu'Agents of SHIELD, il faut vous poser des questions.

19 janvier 2022

Loki

 

Est-il possible de rater une série mettant en vedette Tom Hiddleston dans son rôle star ? Apparemment non, pas vraiment. 

Même si on ne comprend pas tout et que le concept de multivers est à l’évidence une chausse-trappe à scénario de dimensions cosmiques, Loki la série a la classe, autant que Loki le personnage. Alors quand en plus vous avez sur le même écran Hiddleston et Owen Wilson*, il y a clairement concours de bouffage de caméra. L’arrivée de l'excellente Sophia Di Martino ne simplifie pas l’équation, et je passe sur le final où on nous révèle ce qui sera sans doute le futur grand méchant du MCU, Kang le Conquérant, dans une scène à rallonge qui devrait être insupportable mais que je trouve pourtant parfaite. Un gros cabotinage pour conclure Loki, franchement c’est logique.

* Que vous avez vu dans plein de trucs, mais notamment chez Wes Anderson au cinéma.

18 janvier 2022

Falcon and the Winter Soldier


 

« Michel, on a trouvé un nom pour la série avec Falcon et le Soldat de l’hiver, là ?

– Ben non, on cherche toujours.

– Parce que ça commence demain.

– Ah… ben tant pis, on garde le titre de travail, hein.

Falcon et le Soldat de l’hiver ? C’est pas un peu… pauvre ?

– Ben au moins les gens sauront à quoi s’attendre. »

C’est la série dont personne n’avait rien à faire, et franchement ça se comprend. Centrée sur deux personnages peu charismatiques (malgré les efforts démesurés d’Anthony Mackie et Sebastian Stan pour leur donner du relief et une alchimie), autour d’une histoire peu intéressante (qui va succéder à Captain America ? qui va « reprendre le bouclier » ? qui ça intéresse ?), la série va pourtant essayer d’aborder un sujet grave : la représentation des soldats noirs dans l’histoire militaire des États-Unis. Une noble intention, et un résultat que j’ai du mal à juger tant la problématique est loin de ma culture française (nous, on n’a pas de problème avec ça, comme il n'y a jamais eu de soldats noirs ou arabes dans nos arm… comment ?).

Reste une série peu prenante, qu’il faudrait que je revoie pour bien comprendre les tenants et aboutissants. Mais au milieu, il y a Daniel Brühl, et même si je n’aime pas du tout l’évolution de son personnage*, une œuvre est toujours mieux avec Daniel Brühl que sans.

* Je préférais nettement quand Zemo était juste un gars malin, déterminé et désespéré qui voulait flinguer les Avengers. Là ça devient un génie du crime arrogant, noble et pété de pognon, c’est un poil trop cliché pour moi.

17 janvier 2022

WandaVision

 

C’est dommage, on commence sans problème avec la meilleure série du tas (attention, ça spoile légèrement). 

WV attaque très fort avec un format original, commençant par des épisodes référençant directement des vieux classiques des sitcoms : des hommages à I Love Lucy (la première sitcom américaine, dans les années 1950), Ma sorcière bien-aimée, Malcolm… pour se transformer petit à petit en série plus conventionnelle, avec les épisodes de 45 minutes beaucoup plus habituels du format Marvel. Mais ce que la série perd en originalité, elle le gagne en fond, avec une illustration plutôt profonde et forte sur le deuil et la perte. 

Ajoutons qu’elle propose quelques twists foufous (et la toute première suggestion de la possibilité d'un multivers avec un personnage dont l'arrivée m'a complètement scotché – bon, finalement c’est un peu désamorcé par la suite, mais bon sang, j'ai séché dix minutes devant mon écran !), et qu’elle introduit plusieurs personnages qui seront sans doute importants pour la suite (Monica Rambeau, Agatha Harkness), qu’elle pose quelques bases sur l’irruption du surnaturel magique, qu’elle dispose de bons comic reliefs (Darcy et Jimmy me font marrer, désolé) et bien sûr qu’elle s’appuie sur l’excellente interprétation d’Elizabeth Olsen* et de Paul Bettany**, qui ne sont pas exactement des tâcherons en matière d’acting. Bref, s’il y a une série du MCU à voir, c’est sûrement celle-là.

* Sœur des jumelles Olsen, qui a clairement piqué tout le talent de la famille. 

** Acteur de grand talent, mais qui malheureusement restera à jamais pour mes potes et moi le boiteux albinos ridicule dans Da Vinci Code.

14 janvier 2022

Encore des séries !

L'année 2021 eut bien des défauts, mais elle a aussi été le théâtre de belles choses. Et puis, quelque part entre les deux, il y a eu les séries du MCU qui ont accompagné cette période sans sortie Marvel au cinéma. Et étonnamment, on me demande assez souvent mon avis dessus.

Alors maintenant que ça se calme un peu, il est temps de se repencher sur chacune de ces séries. Aussi la semaine prochaine ce sera la...