Ouais, ok, c'est pas moi qui l'ai dessiné celui-là...
Je suis un peu à l'arrache sur mes dessins, alors je vous mets vite fait un chapitre pour le week-end, et je file à Besançon.
Besançon ? Sérieux ?
Ouais, Besançon !
La croisière s’éclate
Le lendemain, Vallach’ vint prendre son petit-déjeuner avec un peu de retard et les yeux bouffis de sommeil. Il ne résista néanmoins pas à nous faire un romanesque résumé de ses péripéties nocturnes. Cette fois-ci, deux jeunes filles étaient présentes, toutes deux aux yeux verts, l’une brune, l’autre châtain. Il les avait baratinées toute la soirée, apparemment sans réussir à déterminer qui était qui…
« Attends, interrompit Galaad, tu ne leur as même pas demandé leur nom ?
— Ben… Si, en fait, à moment donné j’en pouvais plus, je leur ai demandé qui elles étaient par rapport à la princesse.
— Et elles ont répondu…?
— Qui sait ?
— Khy ? Putain, il est partout ! » s’exclama Pelenor avant de s’esclaffer devant sa plaisanterie.
« Et toi, chevalier, ça n’a pas marché hier soir ? glissa sournoisement Azyel.
— Comment ça ? Que veux-tu dire ?
— Ne me raconte pas d’histoire. Je t’ai bien vu discuter avec Thallia, avant d’aller me coucher. Or il ne me semble pas qu’elle soit sortie de ta chambre ce matin…
— Espèce de fouine inquisitrice, tu espionnes donc tout le monde ! » s’insurgea Pelenor. Puis, à Aléthéïos : « Je dois dire que je n’ai rien compris. Ton assistante n’avait pas l’air farouche, mais au dernier moment elle m’a glissée entre les doigts ! Elle serait pas un peu… ?
— Mmmh ? fit le mage des rêves en levant le nez de sa bolée, comme s’il venait d’entrer dans la conversation. Je ne sais pas, nous n’avons d’autres relations que purement professionnelles. Bien, vous savez que les festivités commencent aujourd’hui. La pleine lune, c’est après-demain soir, qu’est-ce qu’on fait pour la fille de la forêt ?
— Je propose de pister le bateau qui l’a emmenée, suggéra Galaad. Si on retrouve l’équipage, on pourra les faire parler et leur demander où ils l’ont embarquée. »
Tout le monde approuva, à l’exception de Vallach’, qui ne comptait évidemment pas s’éclipser alors que le soir même le bal d’ouverture des festivités lui permettrait de marquer quelques points de plus avec la princesse.
Un plan subtil fut mis au point par les deux protecteurs : nous réquisitionnerions un des prisonniers humanistes, il nous introduirait sur le navire comme nouveaux membres de la bande et nous verrions bien où il nous mènerait. Cela supposait des déguisements, ce qui n’était pas pour me plaire (le prodige se contente de son pagne et ne dissimule point son appartenance), mais le temps pressait, et je ne pouvais pas laisser la créature de la forêt détruire la ville.
Le bateau arriva le soir même, comme avaient fini par l’avouer les prisonniers. Celui que nous avions nous-mêmes arrêté (et qui semblait maintenant assez terrifié par notre coterie) accepta « volontiers » de nous faire passer à bord, en échange de la vie sauve. Nous remplîmes d’eau les jarres gravées de runes qui avaient été trouvées dans la cave, afin de suggérer la présence de Fléau, et nous nous postâmes sur les quais, les visages encapuchonnés afin de n’être point reconnu. Ce qui est bien sûr totalement stupide, car personne n’est plus suspect qu’un type encapuchonné des pieds à la tête. Mais pour ma part, je n’avais guère le choix, mon crâne rasé et tatoué aux couleurs de ma caste m’interdisant toute discrétion.
La passerelle baissée, le capitaine descendit et échangea quelques mots avec le prisonnier. Celui-ci se comporta de manière exemplaire et le capitaine nous permit de monter les jarres à bord, puis nous invita à rester dans la cale en attendant l’arrivée à bon port. À peine fûmes-nous installés que j’ôtai mon travestissement et récupérai mon shaaduk’t, camouflé en bras du brancard ayant servi à transporter les jarres. Une des jarres fut ouverte, découvrant les diverses épées de mes camarades, manifestement plus rassurés une fois équipés de leurs lames. La planque commença, malgré la volonté d’Azyel d’aller directement massacrer tout l’équipage.
Le lendemain matin, le bateau fit relâche dans une petite crique, bien au nord d’Elya. Nous observions tout à travers un sabord de la coque, et nous pûmes voir approcher un individu juché sur une barque. Arrivé sur le pont, il discuta avec le capitaine en ces termes :
« Où en sommes nous de ces gêneurs ?
— Ils sont dans la cale, jetés d’eux-mêmes dans la gueule du loup. Méfiance cependant, ils sont plus forts qu’ils n’en ont l’air…
— Et vous n’avez encore rien vu ! »
C’était Galaad qui s’était ainsi exclamé en jaillissant sur le pont à travers une écoutille, suivi de près par Pelenor, tous deux vivantes incarnations de la virilité martiale. Ils avaient vite compris que nous étions démasqués et avaient préféré jouer du peu d’effet de surprise dont nous pouvions encore disposer.
« Très bien. Arrêtez ces hommes ! » ordonna le nouveau venu, un homme massif, brun corbeau, dont le collier de barbe noire et la cicatrice barrant le visage ne laissait guère de doute sur l’initiale : c’était manifestement monsieur R. Son regard n’était pas celui d’un fou furieux, bien plus celui d’un homme fatigué. Il ne semblait pas particulièrement enthousiaste à l’idée de nous tuer, mais néanmoins résigné à le faire.
Tout l’équipage se précipita sur les deux guerriers, armé de cimeterres ou de simples gourdins, et les deux hommes en première ligne furent soufflés par une tempête de feu quand Azyel sortit par l’écoutille derrière Pelenor. Légèrement refroidis – on le serait à moins – les marins hésitèrent quelques secondes, qui furent fatales aux trois deuxièmes lignes, fauchés par les lames du protecteur et du chevalier.
Comme je sentais venir le massacre, je bondis à mon tour et attaquai au shaaduk’t un navigateur armé d’une lame courte. Mon adversaire était plus adroit qu’il n’en avait l’air, et sans doute plus habitué aux combats sur bateau, mais je réussis à le mettre hors d’état en lui brisant un genou d’un coup bien placé. Je me retournai alors pour découvrir que la bataille tournait largement en notre faveur. Aléthéïos avait à peine eu le temps de s’approcher qu’Azyel avait déjà fait rôtir la moitié de l’équipage, et Galaad et Pelenor s’approchaient maintenant de R. Celui-ci était armé mais n’avait pas défouraillé et se contentait de reculer paisiblement. Arrivé en bordure du bateau, il monta sur le garde-corps.
« Ne te battras-tu pas ? gronda Pelenor. Qui es-tu ? Nous voulons des explications !
— Elles viendront, répondit calmement l’homme en ôtant sa chemise. Vous comprendrez bientôt, mais vous n’en réchapperez pas plus.
— Tu ne peux pas aller plus loin ! N’espère pas t’enfuir par les eaux, nous avons de bons nageurs parmi nous.
— Je doute cependant que vous puissiez me suivre. Adieu. »
Et il sauta du parapet. Mais au lieu du « plouf » attendu, nous le vîmes remonter gracieusement à l’aide de deux immenses ailes immaculées accrochées à son dos. Il fila bon train et ne fut très vite plus qu’un point à l’horizon. Nous étions restés bouche bée, et même Azyel n’avait pas songé à envoyer une boule de feu sur l’étrange homme ailé.
« Bon, au moins maintenant, on sait d’où viennent ces plumes bizarres » déclara tranquillement Aléthéïos.
De tout l’équipage, il ne restait que quelques marins et le capitaine, qui avait miraculeusement survécu à la furie pyromane d’Azyel. On ne pouvait du reste pas en dire autant du navire, dont les voiles achevaient de se consumer et qui menaçait de couler à tout moment. Nous bâtîmes retraite vers la côte à l’aide du canot et commençâmes l’interrogatoire des prisonniers. Malheureusement, même Azyel dut convenir qu’ils n’étaient au courant de rien. Ils avaient juste été embauchés pour du transport, et s’ils n’avaient pas vu d’inconvénients moraux particuliers à participer à notre capture, ils ignoraient totalement pourquoi « on » nous en voulait. Du reste, ils ne savaient rien des ailes de leur commanditaire. Il les payait bien pour un travail pas très compliqué, cela suffisait à leur bonheur.
Nous nous rendîmes en un village tout proche et livrâmes les prisonniers à la garde locale. Les villageois nous confirmèrent qu’un convoi était bien passé par là à peu près un mois plus tôt, mais comme de bien entendu personne ne put en dire plus.
« Nous voici avec une nouvelle race sur le dos, souffla Galaad. Fagus, as-tu déjà entendu parler de ces hommes ailés ?
— Non point. De telles créatures me sont étrangères, mais peut-être les émissaires d’Heyra qui doivent arriver bientôt à Elya en sauront-ils plus.
— Des émissaires… ? Ah, oui, pour la larve géante. Eh bien, nous n’avons plus rien à faire ici. Où est Pelenor ?
— Je crois qu’il voulait faire un rapport à son dragon, intervint Azyel. En revanche, je ne vois pas Aléthéïos. Où est passé ce fourbe de fataliste ?
— Je crois qu’il fomente un dracocide avec les enfants du village. Je les ai vus jouer aux osselets ensemble. Sans doute une de ces fourberies fatalistes permettant de mieux se fondre dans la population.
— Ricane tant qu’il te plaira, petit prodige, répondit Azyel d’un ton beaucoup plus lugubre que celui dont il était coutumier. Tu penses sans doute que les fatalistes ne sont qu’une minorité qui prend à cœur l’intérêt du genre humain et tente de rendre plus égalitaire un système fondé sur la différence entre les deux races. Il est vrai que chez certains, la déviance se borne à abuser de l’herbe à pipe en taggant sur les murs des citadelles des propos naïvement blasphématoires. Mais tu rirais moins si tu savais de quoi sont capables les têtes pensantes, en particulier vis-à-vis de ta chère mère nature. J’en ai vu monter des nations entières les unes contre les autres, armer le père contre le fils, le frère contre le frère, l’homme contre le dragon. Des milliers d’innocents meurent pour servir leurs grands projets qu’ils sont seuls à couver, ou même à comprendre. Crois-moi, il n’y là que peu de matière à rire.
— Pour l’instant, les dégâts occasionnés à la nature et aux hommes dans le cadre de cette mission, ce sont davantage tes boules de feu que les rêves d’Aléthéïos qui en sont responsables », répondis-je un peu ébranlé malgré tout.
Azyel ne rétorqua pas, mais c’était surtout parce que Pelenor était de retour pour rendre le verdict de son dragon :
« Elle arrive. Essayez de bien vous tenir. »
Quelques heures plus tard, le dragon lié à Pelenor se posa parmi nous. Il s’agissait d’une dragonne de la nature, assez jeune mais déjà imposante, qui portait tous les traits caractéristiques de sa race. Sa peau était noueuse comme celle d’un vieux chêne et sa noble tête couverte de mousses et de lichens. Ses yeux brillants exprimaient une farouche détermination alors qu’elle sondait les environs de la crique. Elle revint vers nous après une demi-heure et exposa ses conclusions :
« La jeune fille qui fut enlevÉe par les humanistes Était lÀ, mais elle a de nouveau disparu. Il semble qu’ils aient rÉussi À ouvrir un portail pour un lieu indÉterminÉ.
— Cette diablerie ne semble pas très humaniste, déclara Azyel, pour une fois pragmatique. D’ordinaire, ils refusent la magie draconique.
— La magie utilisÉe ici est pourtant d’origine draconique, c’est indÉniable, reprit le dragon. Cependant, elle semble diffÉrente de la sphÈre draconique habituelle… Je sens… Je sens…
— Comme une vergence dans la Force, souffla Aléthéïos.
— Euh… Oui, un peu comme ça. Le Dragon parut s’enfoncer dans ses pensées, et parler plus pour lui-même que pour ses auditeurs. On dirait une sphÈre inconnue. Peut-Être est-ce dÛ À… »
Ses yeux dorés s’étaient tournés vers l’océan, où un grand nuage se déplaçait lentement.
— L’île de la Cité de la Magie. Elle est ici, n’est-ce pas ? demanda Aléthéïos.
— Oui. Elle doit approcher de ces cÔtes en ce moment. Cet ÉvÉnement est peut-Être liÉ À notre affaire. Poursuivez vos investigations À Elya, vous semblez sur la bonne piste. Pour l’instant nous n’avons aucun moyen de dÉterminer où ils ont pu emmener cette jeune fille.
— Vous avez une idée de son identité ? demandai-je.
— Il s’agit vraisemblablement de la Reine des Faës. Une crÉature de Heyra, immÉmoriale et intrinsÈquement attachÉe À la forÊt. La retrouver est la prioritÉ absolue. Nous vous avons envoyÉ quelques-uns de nos meilleurs ÉlÉments pour ce faire, ils devraient arriver incessamment À Elya.
— Comment allons nous rentrer ? demanda humblement Pelenor à son lien. Le bateau a coulé, et nous sommes à plusieurs jours de marche de la ville.
— Pfff ! Tout ça pour faire une balade À dos de dragon. Franchement, c’est petit. Bon, allez, montez. »
Et le dragon de la nature nous laissa monter sur son dos, nous ramenant ainsi en quelques coups d’ailes jusqu’aux portes d’Elya. Nous le remerciâmes humblement et repartîmes en quête d’information.
Comme je me rendais au temple d’Heyra pour les génuflexions d’usage (et faire don de ma part du pillage du bateau, auquel avaient absolument tenu les autres membres de l’équipe), je tombai sur Vallach’. Manifestement sur un petit nuage, il me narra par le menu sa grande aventure avant que je n’aie le temps d’entamer la nôtre.
Il avait donc assisté au bal d’ouverture, au milieu de la multitude des malheureux rivaux. Quand la princesse était apparue au balcon, son cœur avait bondi dans sa poitrine. Il savait que c’était elle depuis le début (j’appris donc au passage que la princesse Nadia était la brune des deux, celle que nous avions rencontrée de nuit sur les toits de la ville). Comme le bal démarrait, il la laissa s’entretenir et danser quelques pas avec l’un ou l’autre, afin de lui laisser le loisir de mesurer l’écart de valeur entre lui et les différents prétendants. Puis il joua son atout maître et alla demander à l’orchestre de jouer la musique qu’il avait lui-même interprétée à la princesse lors de leur rencontre sur les toits, quelques jours plus tôt. La jeune noble sembla émue et accepta de bonne grâce son invitation à danser. Ils conversèrent des heures durant de sujets divers, et Vallach’ avait fini la danse sur un chaleureux et chaste baisemain. La classe incarnée, à l’en croire.
Il ne lui restait plus qu’à emporter le tournoi, une vétille de peu de conséquences selon lui. La plupart des adversaires n’avaient pas l’ombre d’une chance de l’emporter sur son art consommé de la rapière. Je lui répliquai toutefois que certains participants étaient de fines lames, voire de grosses lames à double tranchant, vorpales + 4 à deux mains avec bonus aux dégâts et option buveuse d’âmes, sans compter les bûcherons venus tenter leur chance à coups de hache, les filous à la dague agile, les vétérans au curriculum bourré de XP, etc. En bref, le seul contre lequel il avait une réelle chance de l’emporter, à mon avis, était le ménestrel amoureux, qui semblait beaucoup plus à l’aise avec un luth qu’avec une épée.
Nous en étions là de la conversation (qui ne risquait pas de s’envenimer, le faisan n’entendant que ce qu’il avait envie d’entendre) quand nous rejoignîmes les autres à l’Anguille Crevée.
Personne n’avait perdu son temps, en particulier Aléthéïos qui était retourné s’entretenir avec Gorak le Borgne. Bien sûr, Azyel y trouva à redire :
« Quoi ? Tu es allé voir cette créature ?
— Ben quoi ? C’est un drags, de quoi tu te plains ? répondit le mage des rêves, amusé une fois de plus par le comportement un peu excessif de son confrère.
— Un dragon de la fatalité, que peut-il bien nous apprendre ? On sait bien que lui et ses pareils cultivent le mensonge, la félonie et le doute comme d’autres les navets ! Quelle caution apporter à ses racontars ?
— Il est au courant de la plupart des combines qui se déroulent dans cette ville et, crois-moi, il n’avait pas de raison de me mentir. Comme tu le dis si bien, les fatalistes ne mentent qu’à dessein.
— Peut-être désire-t-il nous envoyer sur une fausse piste.
— Il m’a juste appris qu’un client du prince Argen de Jaspor était en train de monter une petite milice privée, qu’il compte louer un bon prix lorsque les temps se feront plus incertains.
— C’est la destination finale des épées que nous avons interceptées l’autre jour sur le port ? demanda Pelenor.
— Exactement.
— Ça se tient, commenta Galaad. Avec la guerre qui commence à poindre à l’horizon, une milice bien entraînée pourrait faire pencher la balance. As-tu le nom de ce client ?
— Malheureusement non. Cependant, une autre possibilité peut venir à l’esprit…
— Celle d’une milice armée spécialement pour un coup d’État, reprit Pelenor. Il ne faudrait pas oublier le contexte local. Un des prétendants serait bien inspiré de profiter du trouble actuel pour imposer à la princesse un époux moins romantique mais mieux armé.
— Palsambleu, cela est hors de question ! s’exclama Vallach’ en tapant du poing sur la table, se ruinant au moins deux phalanges. Moi vivant, la princesse n’épousera pas un malotru de cette espèce ! Sa main se doit de revenir au plus noble des prétendants, qui l’aura conquise par sa grandeur d’âme et sa vaillance à l’épée, et non à un butor juste bon à payer des soldats et…
— Oui, oui, on a compris, tu peux te rasseoir, pas la peine d’expliquer ça à toute la taverne !
— Euh, oui, tu as raison Fagus, convint doucement le faisan avant de se poser sur sa chaise. C’est que j’ai grand-hâte que le tournoi commence, j’en ai des fourmis dans ma rapière.
— Et nous donc, s’exclamèrent conjointement Azyel, Pelenor et Galaad !
— Qu’est-ce à dire ? demanda Vallach’ alors qu’un doute affreux lui venait subitement.
— Ben tu crois quand même pas t’amuser sans nous ? On participe au tournoi, on s’est inscrits tout à l’heure.
— Beuh ?
— T’inquiète, c’est pas pour les beaux yeux de la princesse, rassura Pelenor.
— Ce serait plutôt pour ses suivantes, si tu vois ce que je veux dire… poursuivit Galaad, un sourire en coin.
— Mais… Heu… bafouilla le courtisan, qui n’avait pas prévu ce cas de figure. Et toi, Azyel ? La magie est interdite dans ces combats, non ?
— J’ai une épée, et la manie plutôt adroitement.
— Oh, oh, notre mage va tâter du vrai combat, celui où on est à moins de quinze mètres de l’adversaire, plaisanta Galaad. Et quel est le nom de la belle pour laquelle tu vas concourir ? Moi, c’est Sidney, la première suivante de la princesse. Celle qui l’accompagnait lors de votre dernier rendez-vous secret, Vallach’.
— Et la mienne, reprit Pelenor, c’est Ingrid, troisième suivante. La blonde à qui tu as chanté la sérénade en pensant que c’était la princesse.
— Quoi ? Mais comment ? Où ? Quand…? »
Vallach’ ne savait plus quelle question poser tant il était bouche bée. Comme je me questionnais sur l’origine de ces étranges prénoms, il réussit à articuler :
« Où et quand avez-vous rencontré ces filles ?
— Bah tout à l’heure. On a raté le bal, alors le premier truc qu’on a fait c’est aller traîner près du château pour prendre des nouvelles fraîches, et on les a rencontrées plus ou moins par hasard.
— Plus ou moins ?
— Ouais, c’est ça. On a vite entamé la conversation et bon, faut dire qu’on est quand même des combattants enquêtant sur une affaire secrète concernant la couronne, ça aide niveau chasse.
— Enfin, remarqua Pelenor en regardant Galaad, ça a moyennement marché avec ta Sidney. Elle avait pas l’air ultra emballé.
— Attends qu’elle m’ait vu combattre, répliqua le protecteur. Bon, et toi, Azyel, pour qui vas-tu combattre ?
— Elle a pour initiales XP, et je ne me bats pour nulle autre, répondit le mage du feu.
— Évidemment, toujours pareil avec les grobills !
— Quoi ? Qui est un grobill ? »
La conversation, qui avait déjà passablement dérivé, partit donc sur la définition du grobill et sur la question de l’appartenance d’Azyel à cette peu reluisante catégorie sociale. L’issue du débat ne faisant pour moi aucun doute, je me mis à discuter avec Thallia, la brune consœur d’Aléthéïos qui avait assisté à toute la conversation sans mot dire, à l’image du souriant mago. Sa beauté froide me fascinait et sa conversation me fit vite comprendre quel monument d’érudition elle était. Je lui proposai d’aller se promener le lendemain sur le marché qui aurait lieu au cours du tournoi, ce qu’elle accepta de bonne grâce, pour peu que je la laissasse assister aux joutes. L’affaire paraissait bien engagée…
3 commentaires:
C'est un scandale. Il n'y a plus de notes de bas de page.
Bon, (mauvaise) blague à part, ça se découvre petit à petit tout ça... Vraiment tout doucement... T'as prévu de nombreuses notes, ou pas ?
Encore six chapitres. A un par semaine, ça devrait nous mener vers la mi-août...
C'est vrai que ça va doucement, il faut bien comprendre que c'est une longue partie de jeu de rôle romancée, et ça commence souvent tranquille pour s'accélérer vers la fin. J'essaie de garder un certain intérêt et d'entretenir l'attention... Enfin, merci de continuer à lire, j'étais déjà pas certain de captiver aussi longtemps.
"Le père contre le fils, le frère contre le frère..."
Et vive le roi Lear !
Je crois que je m'essayerais bien à Prophecy... En tous cas, plus je découvre ce monde à travers l'aventure présente, plus j'en ai envie !
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