Ex nihilo Neil

13 décembre 2019

Laissez-le partir !

J'ai vu Frozen 2. En VO, parce que déjà le premier je le trouve bien moins bon en français (Anaïs Delva elle est bien gentille, mais face à Idina Menzel, elle peut aller se rhabiller). Et je vais spoiler, donc soyez prévenus. Pas beaucoup,et rien sur l'histoire proprement dite, mais je vais parler du film, et d'une certaine manière c'est déjà du spoil en soi.



Frozen a été un succès monumental, je pense que la porte ouverte que je viens d'enfoncer s'en remettra très bien. Du coup, ça fait un moment qu'on se doute que Disney réfléchit à une suite, histoire de capitaliser sur le sujet. Or, s'il y a un domaine dans lequel Disney est plutôt mauvais, c'est bien la suite.

Pour des raisons évidentes : le cœur de métier de la compagnie d'animation Disney, c'est l'adaptation de contes de fée. Et les contes de fée, en général, ça se conclut sur une fin fermée. Vous savez, « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ». 
Et en dehors, peut-être, à la limite, du Roi Lion 2 (qui partait sur une histoire à la Roméo et Juliette, contrepoint au Hamlet du premier), de Bernard et Bianca au pays des kangourous (qui a ses défauts mais qui est visuellement sublime) et, paraît-il, de Cendrillon 3 qui serait plutôt sympathique (c'est des on-dit, je ne l'ai pas vu), toutes les suites de Disney ont été des direct-to-DVD moisis. 

Pour ce que j'en sais, ceci est une des meilleures suites Disney. Mouais.

On peut donc en conclure qu'il est difficile de faire une bonne suite Disney. Je dirais même que, si ça fait sept ans qu'ils y réfléchissent, c'est qu'ils ne veulent pas faire un film au rabais, ils ne veulent pas que La Reine des neiges 2 soit Le Retour de Jafar en Norvège. Ils ont des ambitions, sinon ils auraient sorti une suite pourrie deux ans après le premier (puis une série toute naze), comme ils le faisaient dans les années 1990.

Et c'est là, je pense, que le grand patron est arrivé dans le studio :
« Bon, les gars, ça fait sept ans, là, où est mon Frozen 2 ?
– Ben, chef, on galère un peu là. On a des idées mais c'est pas encore...
– Coco, je t'arrête tout de suite : sept ans. Ok ? Vous avez eu sept putains d'années pour y réfléchir, les gamines qui vénéraient le film ont suffisamment grandi pour avoir de l'argent de poche mais pas assez pour avoir du goût, et tout le monde commence à se lasser de notre “renaissance des princesses Disney”, donc il faut qu'on y aille maintenant. Alors tu me mets toutes tes super idées dans un film, tu mets une chanson qui prend la tête pour hacker le top 50 pendant tout l'hiver, et c'est parti, on envoie.
– Mais... On ne sait même pas dans quelle direction orienter le film. Quel message on veut communiquer...
– Qu'est-ce qu'on s'en fout du message ? Y avait un message dans le premier ?
– Ben euh... oui, un peu, quand même. Le coming-out métaphorique d'Elsa, qui a fait que tellement de minorités se sont retrouvées dans Let it Go. Et la déconstruction du conte de fée avec le personnage de Hans. Je sais, on avait déjà commencé ça dans Enchanted, mais c'est dans...
– Mais de quoi tu me parles ? Allez, au boulot ! Et tu m'évites ces histoires de coming-out, là, hein, pas de lesbiennes dans mon film. Tu gardes ça pour les fanfics, t'es gentil. »

Du coup, voilà. Un film... décevant. Pas horrible, pas catastrophique, pas minable. Juste sans intérêt. Un film qui part dans tous les sens, et en même temps ne va nulle part. Un film faible qui essaie d'être grand. Un film qui, au final, ne raconte quasiment rien. Un film dont on sort sans rien dans le cœur. Un film qui fait attention à ne pas froisser. Un film plat.

Et une honte absolue dans l'utilisation de son Idina Menzel.

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