Ex nihilo Neil

21 juin 2024

From Lisboa to Wien

 

Chaque année, le temps d'un week-end, nous emmenons ma mère en balade dans une grande ville européenne de son choix. L'an dernier, c'était Lisbonne, et cette année ce sera donc Vienne.

Et ça n'a pas été sans mal, tant les billets pour les trains de nuit à destination de l'Autriche sont mal fichus, mais a priori c'est bon, on part samedi et on rentre mardi matin. Du coup pas de post lundi prochain, on sera occupés à visiter le Schönbrunn en mangeant des Schnitzel. Je vous encourage à profiter de ce moment de répit pour vous occuper de votre procuration, c'est vraiment devenu très facile à faire et cette année c'est particulièrement important.

19 juin 2024

Shark de triomphe

 



Tout le monde crache sur ce film, tout Internet hurle qu'il s'agit du pire film de requins, du pire film français, du pire film tout court de tous les temps. Forcément, on a voulu se faire une idée. Sous la Seine est-il un horrible navet ou un délicieux nanar ? Le second, bien sûr. Mais pas comme je m'y attendais.

Sous la Seine raconte l'histoire d'une femelle requin mako (vous savez, les mêmes que dans Deep Blue Sea) mutante qui vient se perdre dans les eaux insalubres de Paris pour semer le dawa dans les épreuves du triathlon. On s'attendait à un copié-collé des Dents de la mer remplaçant les autorités d'Amity et la saison touristique par la mairie de Paris et les JO, ce qui en soi avait du potentiel. On se retrouve avec un sous-La Mort au large, aux effets souvent foireux, aux dialogues tout aussi mal joués que mal écrits (on sait que Bérénice Bejo, si elle n'est pas très bien dirigée, c'est rarement génial, et là c'est festival), le dernier quart d'heure part dans le nawak total (le film aurait sûrement gagné à être comme ça tout le long en fait)... donc oui, déjà, on est sur du bon nanar, à voir avec deux-trois potes, quelques bières et une ou deux pizzas. Nous, on a beaucoup ri. Mais il y a mieux.

Parce qu'on s'attendait à ce que le film propose une petite dimension politique. Vu le sujet, comment faire autrement ? Et, comme on est dans un film de genre, catégorie traditionnellement un peu anti-système, et étant donnée la situation actuelle du pays, on pensait que ce serait une charge contre tout ce qui agace en ce moment : les JO, les politiques, la police... bref, on s'attendait à un film de gauche. Eh ben tellement pas !

Bouh !

Alors oui, ça tape sur les politiques : la maire de Paris du film, savant (non !) mélange d'Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse (pour le coup parfaitement interprétée), est imbuvable de bêtise et de suffisance. Mais pour le reste, le film ne sera certainement pas accusé de wokisme : les militants écologistes sont littéralement des lesbiennes aux cheveux bleus (le cliché par excellence utilisé par tous les connards d'Internet), ridiculisées en permanence et punies de leur engagement puéril en servant de gueuleton au fielleux sélacien. On est au-delà de la caricature. La police fluviale, elle, est représentée comme un quarteron de héros du quotidien, raisonnables, sympas, potes avec les gentils sans-abris (on le voit dans une scène surréaliste, surtout quand on sait comment ces derniers se font dégager à coups de pompe de tous les coins vaguement touristiques de la capitale à l'approche des Jeux)... 

Au point que je suis presque surpris de voir la critique Internet si unanime, alors que les cinéphiles extrémistes (et ça ne manque pas, l'algorithme YouTube m'en suggère souvent) devraient encenser le beau message du film. En tout cas oui, pour moi on est sur du grand nanar, et c'est déjà pas si mal.

17 juin 2024

Le 2000e post

 


J'aurais préféré que les circonstances soient meilleures, mais il se trouve qu'aujourd'hui c'est mon 2000e post sur ce blog. Du coup, petite fête. Merci à toutes et tous.

14 juin 2024

Cal le survivant

 

Pour mon anniversaire, je me suis fait offrir 16 Go de RAM. C'était pas pour miner davantage de NFT ou produire plus de plaques de métal dans Satisfactory, c'était juste pour pouvoir lancer et jouer à Jedi Survivor à plus de 0,2 image par seconde.

La suite de Jedi Fallen Order se comporte face à la mémoire vive comme Bij face à une barquette de fraises, il a donc fallu investir pour réussir à y jouer (même pas « y jouer confortablement », juste « y jouer »). Mais je n'ai aucun regret : j'avais beaucoup aimé le premier, j'ai adoré le deuxième.

La planète Koboh, principal terrain de jeu (et très bon monde ouvert)
de cette aventure.

Une fois de plus vous vous retrouvez dans la peau de Cal Kestis, jedi qui se retrouve un peu seul au monde après l'exécution de l'ordre 66, et tente vainement de résister face à l'Empire. La Rébellion n'existe pas encore, c'est donc avec une petite équipe qu'il mène difficilement des opérations de terrorisme qui vont fatalement mal tourner. C'est alors qu'il apprend l'existence d'un potentiel havre de paix où pourraient se réunir les forces d'opposition au régime de Palpatine... 

Et je n'en dis pas plus parce que l'histoire est étonnamment bien écrite (comme l'écrivait Sébum dans Canard PC : « C'est moins bien écrit qu'Andor – il faut dire que la barre est haute – mais nettement mieux que le reste de Star Wars – il faut dire que la barre est basse. ») Le gameplay n'est pas en reste puisque, loin de réinitialiser le personnage au début du jeu, on retrouve Cal en pleine possession des pouvoirs qu'il avait acquis précédemment (double saut, wall jump et télékinésie inclus). On en débloquera encore d'autres, ainsi que de nouvelles formes de sabre-laser très fun et originales (notamment un combiné sabre/blaster et une version « sabre lourd »). 

 

Ceci dit, face aux grosses bestioles, rien ne vaut le sabre double
à la Darth Maul, ça les démonte.

Tout ça donne un sentiment de puissance assez grisant, qui ne sera pas de trop face à un semi-monde ouvert très agréable à explorer, truffé de petits secrets et de nombreux PNJ aux dialogues multiples que je suis loin d'avoir épuisés après 45 heures de jeu. Alors certes, comme dans le premier, la grande majorité des secrets à découvrir sont des options cosmétiques (notamment pour ce que je ne peux appeler que du tuning de sabre-laser, sans aucun intérêt mais incroyablement fourni), mais ça reste un plaisir de chercher comment atteindre tel coffre ou explorer telle corniche qui semble pourtant inaccessible. 

Bref, la série ne fait que s'améliorer, et j'espère vraiment qu'un troisième épisode viendra la clore avec panache (et sans doute tristesse, car je ne vois pas comment Cal pourrait s'en sortir vu ce qu'on sait du lore).

12 juin 2024

C'est la mémé, c'est la mèmè, c'est la memerde

 

Donc Macron a décidé de tenter le coup. Franchement, ce n'est pas très étonnant. De son point de vue, la stratégie est effectivement assez safe. J'en vois qui déplorent un « coup de poker », c'est sans doute qu'ils s'imaginent que notre président espère juste réaffirmer la légitimité de son parti, mais ce n'est à mon avis qu'une demi-vérité. En provoquant ces législatives anticipées, il coupe l'herbe sous le pied de ceux qui demandaient une dissolution il y a encore quelques mois, il s'assure que l'opposition n'aura que très peu de temps pour organiser une union (ce en quoi notre gauche nationale n'est dramatiquement pas douée, malheureusement) et donc il prend le « risque » de se retrouver avec un Premier ministre d'extrême droite, ce qui en tout état de cause l'indiffère totalement.

Il n'y a rien dans la politique de Macron qui soit incompatible avec le programme du RN. Il a du reste déjà amplement démontré que le concept de Premier ministre n'était pour lui qu'un rôle de pantin ou de fusible, qu'il outrepasse aisément. Bien sûr ça pavera la voie au RN pour la prochaine présidentielle, mais ça il s'en fiche totalement : il aura eu tout loisir de démanteler ce qu'il pouvait d'ici-là, comme c'est son but depuis le début, et l'extrême droite viendra finir les restes. Et si jamais un « sursaut républicain » (qui reste probable) permet de rester sur une majorité LREM (hourra !), alors il pourra à bon droit se prévaloir du soutien des Français, « à la Chirac ». Donc pour lui, aucun coup de poker, c'est « pile je gagne, face tu perds ».

Le seul risque qu'il prend, c'est que la gauche l'emporte. Il n'y croit pas une seconde, et je ne peux pas lui donner tort, vu le paysage actuel. Mais ce serait tellement beau comme retournement de situation...


10 juin 2024

Angoisse ratée et bandes-annonces trompeuses

 

 

Civil War, Alex Garland, 2024

Les USA ont sombré dans la guerre civile suite à la sécession de plusieurs États. La dernière fois que j'ai vu un film sur le sujet, c'était The Second Civil War (Joe Dante, 1997), et c'était une comédie loufoque. Aujourd'hui que l'idée est devenue beaucoup moins absurde, c'est un film de guerre frontal et sombre qui l'aborde. Au final, je suis partagé. Le film contient son lot de scènes monumentales, certaines sans doute appelées à devenir cultes (si vous aviez trouvé Jesse Plemons flippant dans Breaking Bad, vous n'avez rien vu !), et illustre assez magistralement les horreurs de la guerre.

Mais parallèlement à ça, la promotion du film nous a clairement menti : il évacue quasiment tout l'aspect politique, on ne sait rien de ce qui a mené à cette situation, en dehors du fait que le président est devenu un dictateur, ce qui est une explication politiquement assez faible, dirons-nous. Or les bandes-annonces ne nous vendaient pas ça. Au final, on se retrouve avec un long-métrage sur la vie des reporters de guerre, ce qui est très bien, mais ce n'est pas le film que j'étais venu voir. Du coup je ne savais pas trop quoi penser, et je me suis dit que j'allais fouiller plus loin dans la filmographie du réalisateur.

Annihilation, Alex Garland, 2018

J'ai donc regardé Annihilation, son film précédent sorti sur Netflix, qui avait fait un peu de bruit à l'époque. C'est une sorte de variation sur La Couleur tombée du ciel de Lovecraft : une expédition est chargée d'explorer une région des États-Unis victime d'un étrange phénomène physique, le miroitement, qui provoque hallucinations, pertes de mémoire et désordres biologiques divers. Et là aussi, j'ai du mal à dire ce que j'en pense. Il y a de belles choses, et même quelques trouvailles assez géniales, des moments bien malsains, mais je ne suis pas sûr de ce que le réalisateur veut dire derrière. Génie ou fumisterie ? Je ne saurais pas me prononcer.


Abigail, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, 2024

Celui-là, je l'avais repéré depuis un moment. J'adore les petites filles vampires qui tuent des gens, je ne sais pas pourquoi, c'est un délire un peu perso, mais j'adore ça, alors forcément, un film d'horreur avec des gens qui enlèvent une petite fille pour demander une rançon, mais pas de bol c'est une vampire, c'était pour moi. Mais... ben déjà, la promo du film lui tire une balle dans le pied : la première moitié du long-métrage est clairement conçue pour que la découverte de la vampiricité d'Abigail soit un twist, un peu genre From Dusk till Dawn (Une nuit en enfer, Robert Rodriguez, 1996). Or, entre l'affiche et les bandes-annonces, je gage que peu de gens seront surpris.Les gens qui le découvriront par hasard en deuxième partie de soirée sur leur télé auront peut-être plus de chance (si ce genre de pratiques existent encore).

Ensuite, le film souffre d'un gros problème : il ne fait pas assez peur pour être un bon film d'horreur, et ne fait pas assez rire pour être une bonne comédie. Car c'est très clairement une comédie d'horreur à laquelle on assiste, servie par un casting que je jugerais inégal (certains en font beaucoup trop, mais la petite Alisha Weir qui joue Abigail est excellente, autant en gamine apeurée qu'en prédateur vicieux). Les dialogues tombent souvent à plat et l'action est trop cut pour être agréable (surtout les mouvements de ballerine de la petite, qui sont gâchés par les coupes trop nombreuses). Reste du gore quand même efficace et quelques idées de scénario assez marrantes. Et, coïncidence de ouf, il se trouve que...


Matilda, Matthew Warchus, 2022

... la petite Alisha Weir incarnait le rôle-titre de l'adaptation de la comédie musicale Matilda produite il y a deux ans par Netflix ! Et elle faisait déjà un sans-faute dans le rôle de cette « Carrie pour enfants », qui lutte contre les injustices d'une école inique et d'une principale horrible (jouée ici, c'est notable, par Emma Thompson, qui est incroyable, comme souvent Emma Thompson).

Pour le reste, le film constitue un ersatz passable si vous n'avez pas la possibilité de voir la comédie musicale sur scène. Le scénario a dégagé un bon cinquième des éléments (le grand frère, la rencontre entre Mrs Honey et la mère, plusieurs chansons) mais réussit quelques moments de bravoure, en changeant par exemple la mise en scène de School Song (qui est stupéfiante sur scène mais n'aurait eu aucun impact sur écran). Et marque le début d'Alisha Weir, donc, dont on entendra encore parler dans l'avenir, je vous en fiche mon billet.


07 juin 2024

La retraite, enfin

 

Ah, la retraite, biner ses tomates, aller à la pêche quand on en a envie, écrire la suite de son roman tranquillou, loin des deadlines et des bouclages... Bon, c'est pas pour tout de suite, mais avec Rusty's Retirement, on peut approcher de l'idée.

Rusty's Retirement est un petit jeu tout bête, quelque part entre un Stardew Valley simpliste et un Cookie Clicker encore moins actif. Autant dire que c'est pas pour les progamers de l'extrême. Le jeu va venir se caler en bas de votre écran d'ordinateur, vous laissant totalement libre de continuer à travailler (au moment où j'écris ces mots, des petits robots araignées sont en train de ramasser des carottes et des laitues toutes fraîches), et vous allez semer des légumes pour débloquer de nouveaux légumes, planter quelques ruches, installer vos copains dans le coin, acheter quelques parcelles de plus, peut-être élever un ou deux cochons...

Un exemple de ferme dans le désert. Là, à gauche, vous avez Forbic, une copine
de Rusty qui gère toute la partie ruches et buissons à baies.

Aucune pression, aucune inquiétude, vous ne pouvez pas vraiment bloquer le jeu, vous allez juste progresser à votre rythme, les possibilités d'optimisation sont de toute façon très limitées. Vous avez juste à vous laisser bercer par le rythme tout tranquille, sans stress. La retraite je vous dis...

05 juin 2024

Aventures londoniennes

 

Nous avons donc passé le week-end dernier à Londres, un séjour assez décevant en termes d'urbex post-apo, mais parfaitement satisfaisant sur tous les autres aspects. 

En effet, pas de voitures renversées, pas de guerre des gangs bigarrée, et sans doute moins de pauvres bougres dans la rue qu'à Paris (ce qui laisse quand même de la place pour une bonne dose de misère). Mais la capitale britannique nous a offert le plus beau soleil dont elle était capable, et si nos pieds criaient pitié, nos yeux n'en brillaient que plus. 

Ah, et on a vu la comédie musicale Matilda, tirée du livre de Roald Dahl, et c'était génial, bien sûr. La pièce est notamment connue pour faire jouer de nombreux enfants, et leur performance était tout simplement stupéfiante (en plus d'assurer que le spectacle se termine à 22h tapantes, sans doute en raison d'un obscur droit du travail des mineurs).

Allez, petite balade, dans le désordre parce que Blogspot fait n'importe quoi quand on uploade plusieurs photos en même temps :

Quand je disais qu'il a fait beau, il a fait vraiment très beau !

Ils ont mis une statue bizarre près du Tower Bridge, avec un dauphin
violeur et une naïade... enfin, c'est mon interprétation.

La dernière fois que je suis allé à Londres, le « Gherkin »,
ce gros immeuble en forme de suppositoire, dominait complètement l'horizon.
Dix ans plus tard, c'est juste une forme bizarre de plus au milieu d'une
dizaine d'autres immeubles aux géométries tout aussi bizarres.

Le dragon de Fleet Street, bien connu des touristes qui cherchent
à rallier Saint-Paul, mais pris depuis l'étage du bus à impériale
ouvert qui nous y a amenés. On n'a jamais été aussi près.

L'amiral Nelson qui veille sur Trafalgar Square.

La cathédrale Saint-Paul, toujours depuis le bus.

Leicester Square est entouré de plusieurs statues de
grandes figures de la littérature anglaise.

Dont acte.

J'ai absolument voulu passer au Hamleys, le grand
magasin de jouets londoniens, et je n'ai pas été déçu. C'est
pas tous les jours qu'on croise ses idoles.

La tour de Londres, désormais entourée de fleurs des champs
du plus bel effet.

L'abbaye de Westminster sous un ciel bleu azuréen.