Ex nihilo Neil

05 février 2025

Quel est cet ouragan ?

 


Dessiner les frères Ornithorynque m'a rappelé de vieux souvenirs. Quand on pense aux séries Warner des années 1990, on fait généralement référence à Tiny Toons ou Animaniacs (qui sont disons-le des chefs-d'œuvre inoubliables), les plus pédants évoquent Freakazoid, mais on oublie généralement Taz-Mania, alors qu'elle était tout aussi estimable*.

Taz-Mania est sortie entre Tiny Toons et Animaniacs, et en cela elle était parfaitement à sa place : entre la parodie de genre (série d'ados pour Tiny Toons, sitcom familiale pour Taz-Mania) et le méta postmoderne pur. Pour concevoir la série, les exécutifs de la Warner ont fait ce qu'ils font le mieux : considérer leurs toons comme des acteurs. Celui que l'on appelait jusque-là simplement « le Diable de Tasmanie », antagoniste récurrent de Bugs Bunny, devient Taz, un personnage décalé et en butte avec le reste du monde, star de son propre show comme Jerry Seinfeld ou Drew Carey à la même époque. On lui découvre une famille conventionnelle, très typique des nineties, avec le père lymphatique, la maman executive woman, la sœur ado fan de boys band et le petit frère excité par tout ce qui l'entoure. Et les trois cents seconds rôles qui orbitent autour.

L'action ayant lieu en Tasmanie, les créateurs ont logiquement convoqué tout le bestiaire océanien : on trouve Django le dingo, Woody Toufou le loup de Tasmanie**, Constance la koala, Yaka le wallaby, Bull et Harry les alligators, Daniel et Timothée, donc, les ornithorynques, Buddy Star le sanglier, Willy le wombat, des kiwis, des aborigènes, etc. Et tout le monde parle, parle, parle...

Beaucoup de personnages qui jouent tous un peu
dans leur propre série... ce qui préfigure clairement l'émission
à sketchs que sera Animaniacs.

L'idée à mon avis la plus géniale de la série est de mettre en face de Taz, personnage par nature incapable d'articuler deux mots de suite (encore aujourd'hui, entendre Taz éructer ses « Rhatatata prrt ! » me fait hurler de rire) des personnages s'exprimant copieusement, et de manière très soutenue. C'est tout bête mais le contraste marche très bien, et a sans doute beaucoup participé à ma tendance à pontifier en faisant des tournures de phrases trop complexes, même à l'oral.

La série devait être populaire puisque Taz a un temps présenté l'émission jeunesse Télétaz sur France 3 (un peu comme Donkey Kong animait DKTV sur France 2), avec des détournements des épisodes. Mais elle est depuis assez oubliée, et que je sache n'est même pas disponible en DVD***.

* Et y a sûrement un gars perdu qui crie au fond de la salle « Et Histéria ! Tu oublies Histéria ! » Oui, Jean-Kevin, j'oublie Histéria, comme tout le monde.

**  Concept hilarant puisqu'il s'agit d'une parodie de Woody Allen, très bavard et surtout très angoissé d'être le dernier de son espèce.

*** La trace la plus célèbre aujourd'hui restant sans doute l'horrible jeu vidéo sur Megadrive, dont le JDG a déjà parlé.

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