Ex nihilo Neil

19 février 2025

Films plus ou moins bons

 J'ai vu des films, parlons-en...

 


 Captain America - Brave New World, Julius Onah, 2025

Un des reproches que j'entends le plus souvent sur les films du MCU, c'est qu'il faut avoir vu tous les films précédents pour les comprendre. Je suis rarement d'accord avec ce reproche, que je trouve la plupart du temps très exagéré. Toutefois, ce n'est pas le cas avec le nouveau Captain America. Vraiment pas.

Avant de voir Brave New World (titre choisi probablement au pif), il va falloir faire vos devoirs. J'ai compté, ce sont au moins dix films et séries qui sont directement référencés dans le film*, avec des enjeux parfois essentiels à une bonne compréhension. J'en étais d'autant plus conscient que je l'ai vu avec deux de mes nièces, une très au fait du MCU, l'autre beaucoup moins, et la seconde a galéré. 

Ceci dit, est-ce que c'est bien ? Boaf (attention ça spoile). 

Déjà, parlons purement technique : les effets sont vraiment pas ouf. On sent qu'ils ont dû faire des choix et se sont concentrés sur le Hulk rouge, qui est relativement réussi, mais tout le reste du film en pâtit vraiment. La réal n'est jamais très intéressante, et de nombreuses scènes puent le fond vert et les faux champs / contre-champs à plein nez (avec des acteurs qui se donnent la réplique sans s'être jamais croisés au cours du tournage). 

Ensuite, le casting n'est pas foufou non plus : Anthony Mackie n'a pas les épaules pour tenir un film (ce qui fait tristement écho à l'histoire de son personnage), Harrison Ford est (hors Indy et Han) un acteur fort surestimé et le film gâche globalement son Giancarlo Esposito, ce qui relève du crime.

Quant à l'histoire, si elle fait avancer le MCU (on aborde enfin la question du Céleste qui a surgi au milieu de l'océan dans Eternals) et annonce pour de bon les X-Men (avec l'adamantium), son approche trop légère des enjeux mène parfois le tout à la limite du ridicule. Eh, quoi, un nouveau minerai révolutionnaire vient d'apparaître, et seulement quatre pays se disputent pour l'avoir ? Et ces quatre pays sont les États-Unis, la France, le Japon et l'Inde ? Le truc est dans l'océan Indien, et y a pas un pays d'Afrique, pas un pays d'Océanie, pas un pays d'Asie du Sud-Est qui lève un sourcil ? Et ça se gère juste avec des discussions entre deux portes entre chefs d'État ? 

Quand Civil War mettait en scène la signature des accords de Sokovie (qui ne sont pourtant pas l'acmé du réalisme politique), au moins ça se passait à l'ONU, avec de multiples élus, une assemblée, des débats, on y croyait un minimum. Là c'est vraiment « les présidents arrangent les bidons entre eux ». Sans, étonnamment, aucun clin d’œil à la situation actuelle et désastreuse de la présidence américaine dans le vrai monde. Quant au climax du film, je m'attendais à des surprises, mais même pas : comme la bande-annonce l'a absurdement spoilé il y a des mois, le président devient le Hulk rouge, on le bat et c'est la fin. Eh, les gars, quand on disait qu'on ne voulait plus de twists débiles dans nos films, c'était le côté débile qui gênait, pas le twist !

Bon bref, y a des bons trucs dans le tas, forcément, mais c'est quand même très oubliable, ce qui est ennuyeux pour un film qui se veut clairement le pivot de la phase V du MCU.

* Soit L'Incroyable Hulk (oui !), deux Captain America (The Winter Soldier et Civil War), les quatre Avengers, Black Widow, Eternals et la lénifiante série Falcon and the Winter Soldier.


 Presence, Steven Soderbergh, 2025

Dans une maison de banlieue américaine typique, une petite famille emménage, inconsciente de la présence de... d'une présence, justement. Nous on le sait parce que la présence, c'est la caméra. Littéralement : tout le film se déroule en vue subjective du point de vue de ce poltergeist invisible. Et c'est génial. Formellement, déjà, parce que ça transforme tout regard caméra en élément diégétique crucial. Si un personnage regarde vers vous, c'est qu'il est conscient de la présence, ce qui permet quelques scènes assez impressionnantes. Par contre, attention, ce n'est pas du tout un film d'horreur, plutôt un thriller fantastique (on comprend notamment assez vite que la présence n'est pas là pour faire du mal), mais la qualité du jeu des acteurs, la maestria de la caméra (merci Soderbergh, qui n'a pas volé son statut de réalisateur culte) et l'intelligence du script (merci David Koepp, qui a signé quelques-uns des meilleurs scénarios des années 1990-2000, Jurassic Park en tête) font de ce film un vrai moment mémorable.


 Your Name, Makoto Shinkai, 2016

Depuis le temps qu'on entend parler de Your Name (et de Makoto Shinkai, le « nouveau Miyazaki », soi-disant), on avait envie de le découvrir. Et comme on n'avait aucune idée du scénario, et que la hype est quand même un peu retombée depuis 2016, on a pu être surpris comme à l'époque. Your Name raconte l'histoire de deux lycéens japonais qui, par un étrange phénomène, échangent leurs esprits un jour sur deux. Mitsuha s'ennuie dans sa campagne éloignée de tout, Taki s'ennuie dans son micro-appartement de Tokyo, et ils vont chacun découvrir la vie de l'autre. C'est tout ? Non, loin, très loin de là, Your Name en a sous le capot et ne se repose pas jusqu'à la dernière minute, comme le fera Suzume, du même réalisateur, quelques années plus tard. Une fable moderne, dynamique, joyeuse et sombre à la fois, et toujours une vision porteuse d'espoir sur cette jeunesse en mal de repère mais pas d'énergie.

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