– Papa ! Papa !
Je me lève. Je suis crevé mais je me lève. Il est deux heures du matin, mais c'est normal, c'est mon tour. Elle a peur, je vais la rassurer, et ça va aller. C'est normal d'avoir des frayeurs la nuit, à cinq ans.
J'arrive dans la chambre, elle est assise au milieu de son lit. Elle a l'air effrayé.
– Qu'est-ce qui t'arrive ma chérie ? Tu as fait un mauvais rêve ?
Elle secoue la tête, les yeux écarquillés. En fait elle n'a pas simplement peur, elle est terrifiée, elle tremble. Je m'approche mais elle m'arrête d'un geste.
– Non. Y a un monstre sous le lit !
C'est donc ça.
– Mais non, ma puce, ça n'existe pas les monstres.
– Si. Y en a un sous le lit. Il fait très peur.
– Écoute ma chérie, je vais aller vérifier, d'accord ? Comme ça on sera sûrs tous les deux qu'il n'y pas de problème. Ça te va ?
Elle hoche la tête, sans prononcer un mot de plus. Elle a toujours peur. Elle est repliée sur elle-même, comme pour s'éloigner le plus possible de la bordure du lit.
Je m'accroupis, soulève la couette qui traîne par terre et passe la tête sous le lit. Là, je trouve ma fille, couchée sous le lit, qui me regarde terrifiée et murmure : « Papa. Il y a un monstre sur le lit. »
Voilà, moi c'est le genre d'histoire qui me met mal rien qu'à y repenser. Eh bien ce genre d'histoire, vous en avez plein dans le podcast de Boulet et Thomas Hercouët Les Nouilles rampantes (jeu de mots fort cocasse avec creepypasta, ces histoires d'horreur qui traînent sur le net), que j'écoute abondamment en ce moment.
Je trouve ça super intéressant d'explorer la peur et les légendes urbaines. On apprend des choses incroyables sur soi, et sur ce que notre cerveau parvient à élaborer pour se protéger de l'absurdité du monde.
L'intérêt du podcast est double : déjà les histoires sont souvent très bien racontées (notamment quand c'est Boulet qui s'y colle, ce mec a une voix parfaitement adaptée à l'exercice, et il écrit excellemment). Et ensuite ils débriefent les histoires en dernière partie d'émission : ils en donnent l'origine, les aspects inventés, les aspects réels, les influences, les tenants et aboutissants... L'approche est assez saine : on joue à se faire peur, mais on ne perd pas de vue la réalité (qui est en fait parfois plus horrible que la fiction, et parfois juste banalement explicable).
Je vous conseille notamment le récit de Boulet Le Ventre de Paris, qui m'a fait à peu près la même sensation que mes premiers Lovecraft. Sinon, Les Charognards, du même Boulet, Les Poupées russes par Cheriecream (qui est glaçante, a fortiori pendant le débriefing) ou, sur un mode plus rigolo, Les Toilettes impossibles sont aussi très bien.
3 commentaires:
Coïncidence, nous avons regardé une vidéo de la Manie du Cinéma qui interviewait Patrick Baud à propos de "La Veillée". Ma chérie remarquait que Baud serait pas mal dans les Nouilles Rampantes.
Et peu après, Boulet annonçait que Baud intervenait chez eux.
C'est cool.
Ils avaient déjà participé ensemble à une Nuit originale, mais c'est cool s'ils remettent ça, ça fait un peu dream team du récit fantastique... hâte d'entendre ça. En plein jour. Le matin.
Hâte de ne pas être là pour entendre ça :')
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