Les salles de cinéma vont bientôt rouvrir, c'est la fête. Du coup, pour amorcer la pompe, parlons des deux dernières animations Disney.
Soul, Pete Docter et Kemp Powers, 2020
Soul est un Pixar, ça se sent du bout à l'autre du film. C'est l'esthétique Pixar, c'est les thématiques Pixar (la mort, le sens de la vie, la place de l'art dans tout ça, des sujets tranquilles quoi !), c'est la qualité Pixar.
Je ne dévoile pas l'intrigue parce qu'un Pixar, ça doit se découvrir vierge de toute attente (je me débrouille d'ailleurs généralement pour ne jamais regarder les deuxièmes bandes-annonces de leurs films, même si elles sont souvent assez bien faites pour ne pas trop en dire). Mais Soul est incontestablement très, très bon. Déjà, visuellement, il est sublime : les décors sont hallucinants de réalisme, les personnages parfaitement conçus et animés, les couleurs créent des ambiances stupéfiantes, la musique est (évidemment) à tomber et le style est capable de partir dans des délires cubistes incroyables.
Ensuite évidemment dans son histoire et son traitement de ses thématiques, qui sont comme d'habitude parfaitement agencés. Et pourtant...
Pourtant je n'ai pas pleuré. J'ai senti pendant tout le film que j'étais un peu moins touché que j'aurais dû l'être. Peut-être que je vieillis. J'ai en fait ressenti la même chose que pour Inside Out (Vice-versa, 2015, aussi réalisé par Pete Docter d'ailleurs) : c'est super bien, mais ça ne me transporte pas comme me transporte un Wall-E, un Up! ou un Coco. Je pense que c'est purement une question d'affinités personnelles, et je suis convaincu que plein de spectateurs, au contraire, seront beaucoup plus touchés par Soul que par Coco. Ça n'enlève rien à la qualité du film, qui manie à merveille des sujets hyper casse-gueules sans jamais se ramasser. J'ai peut-être un léger reproche à faire sur la toute fin, mais c'est finalement de peu de conséquence.
Raya and the Last Dragon, Don Hall et Carlos López Estrada, 2021
Raya... est un Disney, ça se sent d'un bout à l'autre du film. C'est l'esthétique Disney (princesse au visage tout rond, méchants anguleux, comic reliefs mignons et tout fous), c'est les thématiques Disney (la magie, les responsabilités, les princesses...), c'est la qualité Disney.
En fait non. C'est pas la qualité Disney. C'est magnifique, hein, les décors, les couleurs, tout ça, mais l'animation, étonnamment, pèche à pas mal d'endroits. J'ai souvent trouvé les visages, notamment, assez figés. Entendons-nous bien, de la part de n'importe quel autre studio, ce rendu serait sublime, mais de la part de Disney Animation, je trouve ça nettement insuffisant. On est un peu au-dessus de ce que j'attendrais d'une série d'animation, mais pas au niveau d'un long-métrage. Surtout un long qui se veut dans la continuité de la deuxième renaissance Disney (entamée en 2010 avec Raiponce).
Niveau histoire, on est dans la suite logique des films de princesses de la dernière décennie, sans prise de risque, ça mélange un peu tous les précédents en ajoutant une grosse pincée de Mulan et une bonne louche d'Avatar le dernier maître de l'air (mais qui ne met pas de l'Avatar dans ses films d'aventure aujourd'hui ?). D'ailleurs la structure, l'univers tel qu'il est décrit font davantage penser à un concept de série qu'à un film d'une heure et demie.
Ça fait le taf. Mais clairement pas plus. Ça n'a pas la fougue de Raiponce, l'envolée métaphorique de La Reine des neiges ni le souffle épique de Vaiana. Ce n'est pas mauvais. Ce n'est pas La Reine des neiges 2. Mais ce n'est pas non plus un très bon signe pour la suite...
5 commentaires:
C'est l'âge ma pov'dame, c'est l'âge... la même recette avec les mêmes ingrédients font qu'au bout de la dixième fois, bah, ça marche moins bien. Tu mets ce film au début de l'ère 2000 et tu aurais été tout fou.
Oui, sauf que justement non, le film n'est pas sorti début 2000, il sort aujourd'hui, et s'inspire fortement (trop ?) de ce qui est sorti depuis. Il n'aurait pas pu sortir à l'époque.
En revanche, je veux bien admettre que si j'avais 12 ans aujourd'hui, il m'enthousiasmerait davantage. ^^
Je ne parlerai que de Soul (je n'ai pas vu Raya). Une nouvelle fois, les studios Pixar montrent leur dextérité à parler de sujets délicats, voire tabous. Et ils le font, en plus, avec un film aussi bien pour les petits que pour les grands. C'est une prouesse ! Après, si je dois classer les Pixar, il y a évidemment les émotions qu'ils te font ressentir, mais il y a autre chose aussi. Dans vice-versa, montrer à l'écran les émotions et leur fonctionnement, je trouve le sujet très original; plus original que Soul ou Coco par exemple. Dans Ratatouille le sujet aussi sort de l'ordinaire et ça se passe à Paris. Coco et Soul sont tous les deux très bien, mais honnêtement, même moi qui me laisse porter en général, j'ai assez bien senti venir la fin (rigolo de dire ça pour des animations qui parlent de la mort :-D).
Je ne peux qu'être d'accord avec toi sur Wall-E qui est sûrement le meilleur compromis :-D. Inversement, et là je vais mettre des gens à dos, mais 3 Cars, ça fait 3 films de trop pour moi : les voitures qui parlent, un scenario "mouais", j'ai du mal à adhérer, même si c'est bien fait.
Ne t'inquiète pas, les films Cars sont généralement considérés comme le fond du panier de la production Pixar, en dehors des jeunes enfants (sur qui Flash McQueen et Martin exercent une incompréhensible fascination). Tu ne te feras pas beaucoup d'ennemis en les fustigeant.
Si, moi je fustige Oud (par principe mais bon fustigation max tout de même....). C'est marrant, mais j'ai vraiment ressenti ce manque d'enthousiasme sur Soul, il a toutes les qualités que tu décris et même plus, mais il n'y a pas eu le déclic. J'ai fini le visionnage avec arrière goût amer de quelque chose qui aurait pu être plus que ce que je venais de regarder. J'imagine que la télé et mon son pourri à la maison n'ont pas aidé non plus.
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