Ex nihilo Neil

15 décembre 2021

On est venu, on a vu...

 



Concernant l'imaginaire américain des années 1980, je pense que l'Histoire retiendra trois périodes : les eighties elles-mêmes, qui ont fondé cette imagerie étrange où l'on réinventait les grands mythes (le voyage dans le temps, les invasions extraterrestres, les fantômes...) en les remettant au goût du jour avec de la science et du bricolage, les années 2000 où les gros producteurs sans scrupules (oui, Michael Bay, c'est toi que je regarde) proposaient des « adaptations » de ces séries, BD, jouets et films visant un public adolescent et bas du front sans aucun respect pour les licences... et le temps actuel, où des réalisateurs qui aiment sincèrement ces IP s'en emparent pour leur rendre un hommage sincère et digne, en s'efforçant d'en faire de bons films*. Je suis heureux d'avoir vécu assez longtemps pour voir ça.

Nous sommes donc allés voir Ghostbusters – Afterlife (traduit SOS fantômes – L'Héritage, et ça me coûte de le dire mais le sous-titre français est plus adapté que l'original), et on a kiffé. Bij avait tenu à revoir le premier Ghostbusters la veille, et elle avait bien raison tant plein de petits détails m'auraient échappé ; car Afterlife est gavé, ras la gueule, de fan service et de clins d'œil à son illustre aîné. Sans que ce soit jamais gênant ou désagréable, ce qui est en soi une performance.

Gros feeling Amblin/Spielberg/Goonies par moment.
Ce n'est vraiment pas un reproche.

 

Il est d'ailleurs très intéressant de constater que Jason Reitman, fils d'Ivan Reitman, a choisi une direction très différente du premier film : alors que Ghostbusters était un film de divertissement sans grande ambition en termes de message (la seule conclusion qu'on peut en tirer est, en gros, « le privé c'est mieux que le public »**), Afterlife lorgne très vigoureusement vers les productions Amblin. En clair, ça sent le Spielberg de tous les côtés, que ce soit dans la forme (grands espaces, Amérique profonde, lens flares à tous les étages) que dans le fond (parents absents, gamins géniaux et ayant du mal à s'intégrer, science-fiction à hauteur d'homme...).

Et c'est trop cool. Vraiment, on a passé un super moment, le film est très généreux, on retrouve tout ce qu'on aime dans l'original (notamment toute la technologie iconique des Ghostbusters : le PK-meter, les proton packs et leur sifflement caractéristique, l'Ecto-1 qui n'a jamais été aussi bien utilisée, les pièges et leurs rayures noire et jaune...), des easter eggs de fou (notamment concernant la gamme de jouets), les personnages sont très attachants (et je ne vais même pas décerner de mention spéciale, vu qu'ils sont tous attachants !), c'est parfait. Je pense qu'il ne deviendra pas aussi culte que l'original, mais il vaut définitivement le coup (et il devrait moins traumatiser les enfants).

Allez, si, quand même un gros coup de cœur pour Mckenna Grace
et son personnage de Phoebe, la vraie héroïne du film,
qui est trop cool et dont on a adoré les blagues.

* Je pense notamment à Bumblebee et Detective Pikachu.

** Oui, Ghostbusters est un film assez typique des années Reagan, ça a beaucoup été dit et c'est même évoqué dans Afterlife. Ça reste l'histoire de trois chercheurs qui se font virer de l'université publique, découvrent l'existence de la vie après la mort, créent une start-up pour aider les gens à se débarrasser de leurs fantômes (sans questionner le moins du monde les implications de leur découverte) et se font emmerder par un connard d'une agence publique de protection de l'environnement, qui s'est dit que quand même, laisser des guignols se balader avec des accélérateurs de particules sur le dos stocker des produits hautement instables en plein cœur de Manhattan est peut-être un problème...

1 commentaire:

Vichenteku a dit…

Pour ton **, oui c'est vrai que résumer de cette manière, on sent bien l'apologie d'une certaine façon de vivre américaine de l'époque. De la même manière, j'ai revu True Lies hier soir et bordel, le nombre de scènes qui ne pourrait être tournées actuellement sans être taxé de tout un tas de choses (anti-arabe, misogyne... etc...), un beau florilège de ce que les années 90 ont inculqué aux masses à travers le cinéma.