Ex nihilo Neil

17 décembre 2021

Quelques BD pour Noël

Je ne sais pas quoi dessiner, et comme Noël approche (je le sais parce qu'il y a un calendrier de l'Avent dans Satisfactory, et que mes wrinklers ont des bonnets rouges dans Cookie Clicker), je vais vous parler de ce que j'ai lu récemment. Comme ça, si vous ne savez pas quoi acheter ce week-end pendant vos courses...


Cordoue, fin du Xe siècle. Après avoir été durant des générations un lieu de savoir et de connaissance qui éclairait Occident comme Proche-Orient, la ville s'apprête à brûler les textes de sa grande bibliothèque sur les ordres du grand vizir. Deux copistes vont alors charger une mule des ouvrages les plus précieux pour tenter de les sauver.

Ça ressemble à une fable, et dans une certaine mesure c'en est une, mais on peut compter sur Wilfrid Lupano (par ailleurs auteur des formidables Vieux Fourneaux) pour dépasser l'aspect simpliste. Leçon d'histoire sur la dynastie omeyyade qui a régné sur l'émirat d'al-Andalus (devenu aujourd'hui, vous l'aurez compris, l'Andalousie), cette BD est tout autant une comédie qu'un drame, qu'une réflexion sur le savoir, son importance et sa transmission. Elle est en outre très agréable à lire, sans jamais tomber dans la pochade puérile. Bref, elle fera très bien sous votre sapin.


Que faut-il penser des nouveaux Astérix par Ferri et Conrad. Franchement, je ne sais pas trop. Objectivement, ils sont bien écrits, bien dessinés, ils remplissent le cahier des charges de ce qu'on est en droit d'attendre d'une série aussi prestigieuse, surtout après ce qu'en avait fait Uderzo (paix à son âme, mais quand même, La Galère d'Obélix quoi !). Mais je sais pas... Quand je repense à Astérix en Corse, j'ai de suite un sourire. Quand je lis Astérix et le Griffon, j'ai juste envie de le finir pour passer à autre chose. 

Peut-être qu'Astérix aurait dû faire comme Tintin, et mourir avec Goscinny (enfin... Tintin n'est pas mort avec Goscinny, hein, vous m'avez compris !). Ou bien il aurait fallu le réinventer entièrement, comme a fait Émile Bravo avec Spirou, ou Matthieu Bonhomme avec Lucky Luke. Tiens, puisqu'on en parle...


J'ai souvent postulé que Lucky Luke était une BD qui n'avait plus de raison d'être. Goscinny et Morris l'avait conçue comme une parodie de western, à une époque où tous les gamins dévoraient les aventures de John Wayne au cinéma et jouaient aux cow-boys et aux indiens dans les cours d'école... aujourd'hui cette imagerie n'a plus cours. C'est ce que je soutenais quand Laurent Gerra avait repris Lucky Luke (oui, c'est arrivé, nous vivons dans un monde où Laurent Gerra a pris la suite de René Goscinny, et qui continue de tourner, ça donne une idée de l'insignifiance humaine sur le plan cosmique). 

Et puis Matthieu Bonhomme a fait L'Homme qui tua Lucky Luke, et il vient de récidiver avec ce Wanted Lucky Luke. Reprenant les codes du western, en beaucoup plus sérieux (sans sacrifier complètement l'aspect comédie), il joue sur les grands espaces, la solitude, les images fortes... Luke devient une incarnation virile positive, en proie au doute et au questionnement. On peut trouver ça bateau, moi je trouve ça magnifique.


Ah oui, y a un nouveau Blacksad qui est sorti. C'est important parce que, déjà, Blacksad c'est important. C'est quand même une des plus belles BD de l'histoire de la BD, avec son aspect animalier somptueux qui mélange style Disney et film noir. Et puis ça sort pas souvent, un Blacksad, le dernier datait de 2013. Mais cette fois on a un espoir que le suivant arrive vite, vu qu'on est sur un diptyque : Alors, tout tombe parle de la politique urbanistique de New York, et il y a de quoi dire. C'est toujours sombre, sublime, inspiré, chaque case donne envie d'en faire un poster, bref là on est sur de l'incontournable.


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