L'été c'est aussi l'occasion de voir des films récents et de découvrir des vieux trucs ratés... et cette année y a de tout, du bon et du moins bon (et je parlerai de Deadpool & Wolverine dans un post dédié parce que j'ai des choses à dire).
Le Comte de Monte Cristo,
Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, 2024
Allez, on commence direct par un gros morceau à côté duquel personne n'a pu passer. Après les deux moyens Trois Mousquetaires (ce qui devrait faire six mousquetaires alors qu'en fait, ils sont quatre, le saviez-vous ?), le cinéma français enchaîne les adaptations d'Alexandre Dumas, cette fois avec la star du moment, Pierre Niney. Et franchement c'est très bien. Évidemment l'adaptation, pour tenir en trois « petites » heures, a dû raboter des pans entiers de l'intrigue, fusionner quelques personnages et zapper des centaines de pages, mais le résultat retrouve le souffle épique du meilleur roman de Dudu. Pierre Niney est impeccable, les trois méchants bien interprétés et malgré quelques erreurs de casting (les petits jeunes ne sont vraiment pas à la hauteur des comédiens confirmés), on passe un bon moment sans regarder sa montre. Au point que mes ados de petites-cousines sont allées le voir deux fois, ce que je prends pour un bon signe pour l'avenir.
Alien Romulus,
Fede Álvarez, 2024
Depuis 1997 on n'avait pas eu un film Alien un peu correct, et ça commençait à faire vraiment long, alors je ne vais pas bouder mon plaisir : Romulus est un super film autant qu'une lettre d'amour à la franchise, comme on dit. Alors oui il est plus tendu qu'effrayant, oui le casting de jeunes premiers fait un peu tache, surtout vu les thématiques, mais en dehors de ça, qu'est-ce que c'est beau, qu'est-ce que c'est bien filmé, qu'est-ce que ça fait plaisir ! Au-delà d'un scénario malin et bien mené, on se retrouve avec des clins d'œil jamais lourdingues à tous les films, d'Alien à Alien: Resurrection, en passant par une référence cohérente à Prometheus (une performance quand on connaît le bordel narratif du film de Ridley Scott), des visuels à tomber et même des regards en coin vers Alien Isolation, le meilleur jeu Alien jamais créé (le réalisateur y a joué, ça crève les yeux). C'est une petite pépite qui s'insère parfaitement dans le canon, ajoutant juste ce qu'il faut (vous saviez comment le chestburster devient un xénomorphe adulte ? eh ben y a une phase cocon qu'on n'avait jamais vue encore), et j'espère vraiment qu'il y en aura d'autres.
Trap,
M. Night Shyamalan, 2024
Comme je l'ai déjà écrit, Shyamalan, c'est tout l'un ou tout l'autre. Quand on rentre dedans, c'est magique, mais si le moindre petit détail vous sort de l'intrigue, le charme est rompu et vous réalisez à quel point c'est débile et prétentieux. L'avantage avec Trap, c'est que les coutures sont tellement grosses qu'il devrait mettre tout le monde d'accord. La première moitié pourrait passer pour un honnête thriller de deuxième partie de soirée sur M6 (ce qui ne va déjà pas bien loin pour un réalisateur qu'on qualifiait à une époque de « nouveau Spielberg »), mais sitôt que les personnages sortent du concert, tout s'effondre et Shyamalan court après les twists laborieux. Ça en devient presque gênant, et le sentiment « Hollywood Night » foireux prend le pas sur tout le reste, malgré la bonne volonté de Josh Hartnett qui se donne à fond et l'excellente prestation d'Ariel Donoghue (car on ne dira jamais assez que Shyamalan est un incroyable directeur de jeunes acteurs).
The Vvitch: A New-England Folktale,
Robert Eggers, 2015
J'ai aussi rattrapé ce film devenu un classique depuis sa sortie il y a presque dix ans. The Vvitch conte l'histoire d'une petite famille de colons américains chassée de son village parce que le père est trop puritain (eh ben !), qui va se retrouver aux prises avec de mystérieuses puissances maléfiques. Très ancré dans la culture néo-anglaise de l'époque, le film se veut réaliste dans sa représentation de cette vie épouvantablement rude et difficile, notamment de la pression mise sur les différents rôles familiaux, en particulier féminins. En découle très logiquement une œuvre sur la charge mentale, la folie et la révolte, un film lourd et captivant de bout en bout. C'est aussi le film qui a révélé Anya Taylor-Joy au grand public, et il faut reconnaître qu'elle y est impressionnante.
Sing (Tous en scène), Garth Jennings, 2016
J'avais ouvertement snobé ce film en 2016 car il me semblait sans grand intérêt, mais je suis tombé récemment sur des extraits qui m'ont fait dire qu'il fallait peut-être y jeter un œil. Et c'était une expérience absolument fascinante ! Sing est un excellent sujet d'études pour comprendre l'écriture au cinéma. Je n'ai jamais vu un film qui en avait aussi peu à foutre de ses enjeux.
Sing pose des situations classiques de scénario, genre une mère de famille surmenée qui voudrait devenir chanteuse, une musicienne qui veut réussir sans se faire diminuer par son mec, un brave gars doué pour le chant mais coincé par la carrière criminelle de son père... et n'en fait absolument rien. Les problèmes ne sont juste pas adressés, ou résolus sans explication. Le film se contente d'enchaîner les reprises musicales plus ou moins inspirées et se finit logiquement sur un grand concert durant lequel les différents arcs narratifs sont supposés trouver leur conclusion. Ce qui nous conduit à cette situation que je trouve incroyable : cette séquence finale est meilleure si vous n'avez pas vu le reste du film ! C'est tout simplement fascinant. Du coup je vous conseille de regarder juste les extraits de cette fin sur YouTube (notamment la cover de I'm Still Standing, emblématique du problème pour moi), et de vous contentez d'imaginer ce qui a pu mener jusque-là, parce que ce sera forcément mieux que ce qui se passe vraiment dans le film.
Sing 2 (Tous en scène 2), Garth Jennings, 2016
Du coup j'ai voulu voir la suite, qui reprend à peu près les mêmes éléments, pour me rendre compte. Et c'est à peu près le même problème, en moins bien géré puisqu'il y a encore plus de personnages, donc encore plus d'arcs narratifs à foirer. Signalons juste la présence de Bono en vieille star bougonne sur le retour, qui n'apporte pas grand-chose mais a dû coûter cher dans un film où les voix sont déjà assurées par des mégapointures du registre de Reese Whitherspoon, Scarlett Johansson ou Matthew McConaughey.
1 commentaire:
Note que je n'ai pas dit que c'était désagréable à regarder, hein ^_^ Le ton est léger, l'animation tout à fait correcte, les personnages sympathiques... ça donne plutôt le sourire. Mais j'ai vraiment trouvé que l'écriture était en mode OSEF. On a des stars, on a des bonnes reprises, on taille un scénar sur mesure vite fait... Moi ça me gêne un peu, mais c'est pas non plus catastrophique. Illumination, ce n'est pas Pixar, ni même Dreamworks, ils le savent, ils n'ont pas les mêmes ambitions.
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