Ex nihilo Neil

11 septembre 2024

L'été des super-héros vintage

 


Si les super-héros sont à la mode au cinéma depuis une dizaine d'années (en fait plutôt une vingtaine, mais le MCU a tendance à occulter tout ça), ils l'étaient déjà sur le petit écran dans les années 1990, et tous les lecteurs et lectrices de ce blog se souviennent la larme à l'œil de la fameuse série Batman de Bruce Timm et Paul Dini. 

L'heure étant à la nécrophilie nostalgie et à la profanation réexploitation des vieilles licences, il se trouve que les trois séries de super-héros majeures des années 1990 ont été ressuscitées récemment et, c'est sans doute le plus étonnant, de plutôt belle manière. Suivez-moi, mes amis...


Commençons par le plus célèbre des super-héros, celui que DC n'a jamais eu peur de surexploiter à toutes les sauces, ce brave fils de Krypton, Superman ! My Adventures with Superman est une série très facile à résumer : c'est Superman avec des graphismes à la Totally Spies. Et avant que vous ne hurliez à la lune, je vous le dis tout net : c'est une très bonne idée. C'est un choix visuel fort, marquant, hyper expressif et dynamique. Ça donne à Clark et Loïs un côté juvénile parfaitement raccord avec le ton de la série, léger quand il le faut (c'est sûrement la version la plus adorable de ce couple légendaire), grave le reste du temps (car l'intrigue pique à droite à gauche dans les dernières variations sur le personnage, et notamment beaucoup à Invincible, ce qui est un juste retour des choses).

Le résultat est une série très plaisante à suivre, pleine de réinventions de personnages (toute la backstory de Livewire, notamment), de combats épiques, de gags drôles et d'une histoire d'amour trop cute. Déjà deux saisons, et on sera au rendez-vous de la troisième.



Marvel n'a jamais brillé dans le domaine de l'animation, surtout comparé aux séries disruptives de DC. Pourtant il y a une série qui a remporté tous les suffrages : les fameux X-Men des années 1990. Il faut dire qu'ils y allaient à fond, compensant la (relative) faiblesse de l'animation par un foisonnement d'intrigues et de personnages directement tirés de plus de trente ans de comics cumulés. Évidemment, quand Disney a repris la franchise qui appartenait à la Fox, le studio s'est dit qu'il fallait capitaliser sur cet héritage et a lancé le projet X-Men '97, qui se veut la suite directe de cette série culte. Et ça marche.

Alors attention, vous avez intérêt à avoir fait vos devoirs parce que les personnages ne sont pas particulièrement expliqués, on reprend vraiment comme à l'époque : Xavier est chez les Shi'ar, Magneto reprend l'école, Scott et Jean essaient de vivre leur vie... Et comme à l'époque les événements s'enchaînent très vite, cette fois basés sur un arc de comics publié quand j'étais étudiant : Opération Tolérance Zéro. Le résultat est vraiment très proche de la série de l'époque, avec ses défauts et ses qualités, et surtout son ton sombre à base de racisme anti-mutant contrebalancé par des couleurs vives très typées comics. En tout cas elle devrait combler les fans à qui elle a manqué, faute de réinventer la roue.



Bien sûr, qu'ils allaient aussi creuser pour déterrer ce cadavre-là. C'était trop beau. Pourtant il y en a eu des séries Batman, depuis la cultissime de 1992, mais celle-là a tant marqué qu'il fallait capitaliser dessus. Et ils n'ont pas fait les choses à moitié : ils ont carrément été chercher Bruce Timm pour lui demander de réinventer le concept. Et vous savez pas le pire ? Il a réussi !

Batman: Caped Crusader n'est pas un hommage plein de clins d'œil à la vieille série, ou plutôt ce n'est pas que ça. C'est une vraie réinvention, pleine d'idées, avec un ton bien à elle, plus sombre, plus mature sans tomber dans le « dark emo ». Un Batman plus jeune, très low-tech, sans gros ordinateur ou super gadgets, qui mène de vraies enquêtes de détective dans une Gotham City sombre et poussiéreuse...

Y en a forcément qui râlent parce qu'on a wokisé le tout, et il faut dire qu'ils n'y sont pas allés à moitié, avec un Jim Gordon noir (en même temps, un commissaire de police black, quelle idée originale !), une Montoya lesbienne (ce qu'elle est canoniquement depuis 2006) et un Pingouin femme (ce qui a le mérite de porter un autre éclairage sur le personnage). On notera aussi un choix de design nettement plus... charpenté, pour les personnages féminins, qui ne ressemblent plus à des pin-up des années 1940, ce qui me semble une évolution tout à fait louable. Et surtout on revient à ce ton sombre, ambigu, où chaque victoire de notre héros laisse un goût amer... comme dans la vieille série. 

Ce sera sans doute âprement discuté dans l'avenir, mais j'ai trouvé que c'était une franche réussite pleine d'excellentes idées. Elle ne révolutionnera pas l'animation comme l'a fait sa grande sœur (pour ce genre de défis, la saison 2 d'Arcane arrive prochainement), mais elle est une digne héritière qui ne se contente pas de refaire la même chose, mais prend des risques et innove. Chapeau bas.

Eh oui, évidemment qu'il y a Harley Quinn.
Réinventée. Par son créateur.



Aucun commentaire: