Ex nihilo Neil

29 janvier 2020

Angoulême... ben non

Cette année, j'ai beaucoup de boulot et, accessoirement, mes amis qui m'accueillent d'ordinaire sont pas mal occupés de leur côté (une histoire de naissance, je sais pas), donc je ne vais pas au festival d'Angoulême. 

Oui, déception, mais que voulez-vous ?

Mais il se trouve que ces derniers temps, on nous a prêté pas mal de BD, alors je vais vous faire un petit bilan de mes dernières lectures, en vrac, non exhaustif, parce que je n'ai pas trop le temps de dessiner non plus.



Château de sable (Frederik Peeters, Pierre Oscar Lévy, éd. Atrabile)
On commence par une petite claque. Je savais que Frederik Peeters était un excellent dessinateur, je ne connaissais pas P. O. Lévy (qui signe plutôt des documentaires d'ordinaire), mais cette histoire de personnes lambda se rencontrant dans une petite crique, qui bascule très vite dans le fantastique à la Dino Buzzati (je sais pas pourquoi, c'est ce à quoi ça m'a fait penser), elle est très, très bien menée. C'est plutôt court, et il est hors de question que je vous spoile l'intrigue, mais foncez.



Cigish ou Le Maître du je (Florence Dupré la Tour, éd. Ankama, label 619)
J'étais passé complètement à côté de ce blog dans les années 2010, mais Cigish, on peut dire que ça calme. Le scénario est très facile à décrire mais l'œuvre est très difficile à définir. En gros, l'auteure craque et décide de devenir le personnage de nain nécromancien chaotique mauvais qu'elle incarnait à une époque dans ses jeux de rôle. Mais ça c'est juste une base, l'histoire est plus méta que ça.
Cigish, c'est gênant, bizarre, inconfortable. J'ai beaucoup de mal à en dire du bien, et en même temps je suis bien obligé de le reconnaître : j'ai plutôt aimé. C'est un essai anar, un pavé dans la mare, ou bien un monumental foutage de gueule, ou les trois à la fois. En tout cas ça mérite un coup d'œil. 


Donjon Antipodes – L'Armée du crâne (Grégory Panaccione, Joann Sfar, Lewis Trondheim, éd. Delcourt)
Sfar et Trondheim reviennent à Donjon, après quelques années d'absence. Et tant qu'à faire, ils nous pondent une nouvelle série, « Antipodes » (qui sera déclinée en Antipodes – et Antipodes +, correspondant respectivement aux périodes – 10000 et + 10000). Cette première histoire est dans la droite ligne de ce qu'on attend d'un Donjon hors série, des personnages rigolos, des situations tragicomiques, une réflexion bizarre sur la nature humaine (et canine). De toute façon il faut le lire.


Donjon Zénith – Hors des remparts (Boulet, Joann Sfar, Lewis Trondheim)
On continue dans l'univers de Donjon avec la suite des aventures d'Herbert, Marvin et Isis. Une aventure parfaitement classique, qui fait un peu avancer l'intrigue, avec un Boulet moins flamboyant qu'à l'ordinaire (mais peut-être que c'est moi qui attends trop). C'est rigolo, plein d'idées, bien dessiné, bien raconté, qu'est-ce que vous voulez de plus ?


L'Homme gribouillé (Frederik Peeters, Serge Lehman, éd. Delcourt)
J'ai déjà dit du bien de Peeters, je vais recommencer, parce que cet album est absolument magnifique. Mais je vais aussi dire du bien de Lehman, que je connaissais comme scénariste de La Brigade chimérique (une espèce de Ligue des gentlemen extraordinaires à la française, qui réussit le tour de force de ne pas trop pâlir de la comparaison !). L'Homme gribouillé a un scénario de polar fantastique comme on aimerait en voir plus souvent. Même s'il lance des pistes qui se perdent parfois un peu (mais c'est peut-être moi qui n'ai pas su les comprendre), ça reste palpitant jusqu'au bout, les héroïnes sont très attachantes et l'ambiance est tout simplement fabuleuse.


Les Nouvelles Aventures de Lapinot – Prosélytisme et morts-vivants (Lewis Trondheim, éd. L'Association)
On savait depuis le tome précédent que Lapinot n'était pas mort, il revient de nouveau pour une aventure tout à fait classique, à base de temples athées, de zombis conduisant des voitures et de paris stupides (jamais loin quand Richard est sur la couverture). C'est toujours bien, même si je peine parfois un peu à voir où Trondheim veut en venir.


Shangri-La (Mathieu Bablet, éd. Ankama, label 619)
Il fallait bien qu'il y ait une déception, et elle n'est sûrement due qu'à la qualité exceptionnelle du reste de la sélection. Shangri-La se veut une œuvre de science-fiction politique, et l'auteur fait beaucoup d'efforts pour nous rappeler 1984, Soleil Vert, Fahrenheit 451 et plein d'autres classiques, et c'est globalement magnifique (les décors notamment), et c'est très travaillé, mais... je m'y suis un peu perdu, j'ai du mal à accrocher aux personnages (ce qui je pense est voulu : conséquence sociologique logique de la société dans laquelle ils vivent, les individus de cette station spatiale ultracapitaliste deviennent désagréables à nos yeux), et du coup j'ai moins palpité pour eux qu'il ne l'aurait fallu. C'est sans doute une limite de cette thématique (et c'est pourquoi les héros des dystopies sont toujours rendus beaucoup plus malins qu'ils ne devraient l'être).

2 commentaires:

SammyDay a dit…

Shangri-La, on me l'avait offert, mais le dessin est assez particulier et j'y ai peu accroché. Mais je reconnais la qualité du travail.

Personnellement, les surprises de l'année pour moi sont nettement plus classiques : "Les Indes fourbes", qui n'est évidemment une surprise pour personne, et "Le Château des animaux", dont j'espère beaucoup.

Neil a dit…

Oui, Les Indes fourbes, c'est assez ouf (mais en effet on s'y attendait vu le casting).
Le Château des animaux, je ne connaissais pas mais ça a l'air impressionnant niveau dessin, et j'aime beaucoup Xavier Dorison, donc je pense que je vais y jeter un œil très vite, merci du conseil.