Ex nihilo Neil

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12 février 2025

Game of Oz

 

Ça faisait quelque temps que je voulais lire le roman de Gregory Maguire dont est tiré Wicked. Ça tombe bien, on le trouve partout, réédité en version Poche par Bragelonne, avec en couverture l'affiche du film. Du coup soyez prévenu : ne l'achetez surtout pas pour vos enfants qui veulent en savoir plus sur l'univers !

Je pèse mes mots quand je le dis : Wicked le roman, c'est Game of Thrones. Et pas dans le sens « ouais, c'est de la fantasy avec du cul, trop dark ! », non*. Dans le sens où c'est de la fantasy très matérialiste, très sérieuse, qui explore en profondeur les aspects géopolitiques, philosophiques, religieux et sociologiques qu'implique un monde comme Oz**. C'est sombre dans le sens où ce n'est pas du tout merveilleux. Du coup, vous vous en doutez si vous l'avez vue, c'est très éloigné de la comédie musicale.

La base est (relativement) proche : Elphaba, née verte et méprisée pour cela, va rencontrer Glinda à l'université de Shiz, et prendre parti pour la cause Animale***. Boq et Fiyero existent et jouent un rôle. Passés ces points, ça diverge très fortement du musical. Les intrigues et manigances politiques sont nombreuses et complexes, et la romance, si elle est présente, est totalement accessoire par rapport à la question de l'origine du mal (il semble que ce soit un élément récurrent dans l'œuvre de Maguire). 

Après, est-ce que le roman est bien ? Oui, indubitablement, c'est un excellent roman de dark fantasy que je conseille ardemment. Est-ce qu'il est mieux que le musical ? Je botterai en touche en reprenant les propos de Lindsay Ellis : « En théorie, je préfère le roman. En pratique, je préfère le musical. » 

* Même s'il y a du cul, oui.

** Exemple parmi d'autres, les distances sont très importantes et quand on voyage d'une région à l'autre, ça prend vraiment du temps. 

*** Avec un grand A, car au pays d'Oz, on distingue les animaux (tels que nous les connaissons) des Animaux, qui ont une conscience et savent s'exprimer à l'oral.

10 janvier 2024

Poe pourri

 

Pendant les vacances j'ai découvert un peu par hasard la mini-série The Fall of the House of Usher, qui comme son nom l'indique à moitié est une adaptation de La Chute de la maison Usher, d'Edgar Allan Poe. Mais pas seulement...

Si vous vous intéressez un peu à la littérature américaine, vous avez forcément entendu parler d'Edgar Poe, auteur du XIXe siècle qui a peu ou prou inventé la littérature moderne. Poe, c'est le mec qui a inventé le roman policier (son personnage de Dupin dans Double meurtre dans la rue Morgue est un proto-Sherlock Holmes), la science-fiction, le fantastique, c'était un poète macabre des plus élégant (notez que la traduction française de son œuvre a été assurée par un certain Charles Baudelaire, qui n'a pas peu contribué à sa célébrité chez nous) qui a influencé toute la création romantique, jusqu'à Tim Burton... 


Et donc les créateurs de cette série TV se sont dit que, plutôt que de choisir parmi cette œuvre foisonnante, autant tout adapter à la fois. Ainsi The Fall... narre la mort des différents enfants de Roderick Usher. Ce n'est pas du spoil, on le sait de suite, et on comprend que chaque épisode nous montrera comment l'un de ces trous du cul (oui, les Usher ne sont pas très recommandables) est décédé dans des circonstances rappelant fortement divers ouvrages de Poe (Le Masque de la mort rouge, Le Puits et le Pendule, Le Cœur révélateur...). 

 

Roderick Usher, le patriarche, joué par Bruce Greenwood, le Sam Neill du pauvre. 
Non, ce n'est pas très gentil car il est très bon, en plus il s'est fait
un joli cosplay de Vincent Price, ce qui semble approprié.

C'est franchement très inventif et assez captivant (quoique sombre et un peu gore par moment), le casting est excellent et les amateurs de littérature pourront s'amuser à chercher les dizaines de références cachées un peu partout. Une excellente surprise qui m'a sans doute un peu plombé le moral pendant quelques jours, mais ça valait le coup.

05 décembre 2022

En rose et vert...


Quand j'étais jeune, les choses étaient simples, on savait où était sa place. Les filles portaient des jupes, jouaient à l'élastique sous le préau et lisaient la Bibliothèque Rose, pendant que les mecs, grâce à la supérieure vertu de leurs merveilleux testicules, jouaient au foot dans la cour et lisaient la Bibliothèque Verte. Eh ben figurez-vous que les lobbies islamo-gauchistes de la woke culture, dans une énième tentative de renverser notre belle civilisation, ont décidé de tout renverser ce bel ordre du monde.

En effet, une discussion récente avec une amie m'a appris que plusieurs séries classiques des susnommées collections avaient changé de couleur, en un curieux mercato que j'ai tenté de résumer dans le schéma ci-dessous...

Notez que certaines restent en place. Langelot, lui, part
carrément se faire publier ailleurs, en l'occurrence aux éditions
du Triomphe (lisez Langelot, c'est super bien).
 

Bon, bien sûr tout ce que je dis au début du post, c'est des conneries, hein, des fois qu'il y ait un doute. Déjà, les mecs, les vrais, ils ne lisaient ni la verte, ni la rose, ils lisaient pas, ils jouaient au foot ou au rugby. Ensuite, même dans mon enfance, ça faisait déjà un bail que les Bibliothèques Rose et Verte n'étaient plus dédiées l'une aux filles, l'autre aux garçons, mais bien plutôt à des tranches d'âge. En gros, la Bibliothèque Rose, c'était jusqu'à 11 ans, la Verte c'était pour après. Ce qui était déjà franchement arbitraire si vous voulez mon avis.

Saviez-vous qu'à la base, les aventures du Club des cinq se déroulent
en Cornouailles anglaises, et pas du tout en Bretagne ? Et que les héros
s'appellent George, Julian, Dick, Anne et Tim, et pas du tout
Claude, François, Mick, Annie et Dagobert ? Magie de la traduction.

Qu'est-ce qui, dans Le Club des cinq, rend leurs aventures plus puériles que celles des Six Compagnons de la Croix-Rousse ? Qu'est-ce qui fait que les exploits de Fantômette seraient particulièrement plus orientés gosses que ceux de Langelot ? Même gamin, alors que je me régalais autant en lisant les enquêtes de boy-scouts de Tidou et compagnie que les intrigues surréalistes mettant en scène Françoise Dupont en costume jaune, j'arrivais difficilement à comprendre cette répartition.

Hachette (éditeur derrière les deux collections) a donc décidé récemment de tout reclasser, sans forcément y mettre beaucoup plus de cohérence. Je n'ai pas trouvé de communiqué officiel expliquant cette démarche (qui a eu lieu il y a deux-trois ans), et je ne me l'explique franchement pas très bien. On a l'impression qu'on a mis toutes les séries dans un chapeau et qu'on a tiré au sort leur nouvelle distribution. Mais de toute façon, aujourd'hui les Bibliothèques Verte et Rose servent surtout à accueillir des novélisations de gros succès genre Star Wars ou Pat'Patrouille, les vieilles séries étant cantonnées dans des sous-collections plus confidentielles. 

Enfin, tout ça pour dire que si vous ne savez pas quoi offrir à vos gosses à Noël, il y a là une mine d'aventures parfaitement adaptées à leur âge, peu importe la couleur. 

Voilà, les 5 sont en vert et les 6 en rose, faudra s'y faire.
Pour la mise à jour graphique, c'est une habitude dans ces collections,
donc pas la peine de râler.



23 novembre 2022

La pêche au léviathan

 


Je viens de passer deux mois (facile) à lire Moby Dick, le bien connu chef-d'œuvre d'Herman Melville. Ce fut un peu long, car le bouquin est un pavé de presque 800 pages particulièrement indigeste, mais je ne regrette pas. La scène ci-dessus, correspondant au chapitre 49, m'a particulièrement marqué par son comique de situation, du coup j'ai eu envie de la mettre en image (le livre n'est pas exempt d'humour, même si c'est très loin d'être son point fort, mais ce passage m'a fait rire... bien sûr j'ai modernisé le texte, mais c'est bien l'idée générale).

Un pavé indigeste que j'ai bien aimé, mais il faut
que je vous explique pourquoi...

 

Ceci étant dit, à qui conseiller la lecture de Moby Dick ? C'est assez simple :

  • si vous êtes passionné de littérature symboliste américaine, c'est un incontournable. Le livre est connu comme étant pétri de symboles, et même si vous êtes hermétiques à ce genre de subtilité les milliers de comparaisons, métaphores et autres analogies parfois très explicites ne pourront pas vous échapper. De fait, Moby Dick est considéré comme un chef-d'œuvre du symbolisme, ce n'est pas usurpé, et des centaines de thèses expliquent en quoi cette chasse à la baleine est en fait une lutte du bien contre le mal, ou un défi face à Dieu, bref plein de concepts philosophico-religieux très subtils dont je n'ai sans doute pas saisi le centième ;
  • si vous vous intéressez à la pêche à la baleine, ce qui, pour je ne sais quelle raison, était mon cas, c'est là aussi un passage obligé. Melville a lui-même travaillé un temps sur un baleinier, le livre est hyper documenté et explique en détail tous les aspects de la « grande pêche », de la traque au dépeçage, en passant par l'étonnante récupération du spermaceti, cette huile particulière contenue dans la tête des cachalots. Ces descriptions occupent largement plus de 75 % du livre, autant vous dire que si ça ne vous intéresse pas, vous pouvez laisser tomber la lecture ;
  • si vous voulez vivre un moment intense de face à face entre un titan quasi surnaturel et une volonté de fer à la limite du pathologique (plus qu'à la limite en fait... à quelques encablures au-delà de la limite, disons), je vous suggère de commencer au chapitre 131 (p. 751 dans mon édition), puisque ce n'est pas avant qu'ils croisent enfin ce putain de cachalot blanc qui donne son titre au livre, et que l'affrontement est relativement vite expédié.
Sinon j'ai vu le film de John Huston il y a quelques années,
et j'en ai un souvenir assez fort, donc à tout prendre je vous
le conseille plus que le livre. Qui est bien, hein, mais
quand même c'est long.


24 novembre 2021

Au guet !

 

La fine équipe : Cheerie, Angua, lady Ramkin, Vimes, Detritus et Carrot.
Oui, y en a qui surprennent...

 

J'ai finalement pris sur moi, et j'ai regardé la saison 1 de The Watch, la série adaptant les romans du Disque-Monde de Terry Pratchett. En tant que grand fan de l'œuvre, j'étais très inquiet, surtout que les premiers retours n'étaient pas du tout enthousiastes. Au final, il y a beaucoup de choses à dire. 

Adaptation honteuse ?

Et le premier point qui va choquer le fan des romans, c'est très certainement l'univers. Les annales du Disque-Monde sont généralement présentées comme une version parodique de récits d'heroic fantasy à la Tolkien, mais c'est extrêmement réducteur : bien sûr on y trouve des nains et des trolls et on s'y bat à l'épée et à l'arbalète, mais la ville d'Ankh-Morpork, au centre de cet univers, est tout autant une ville de la Renaissance (avec son patricien, son système de guildes et ses intrigues politiques) qu'une cité du XIXe siècle en pleine Révolution industrielle (on y voit apparaître des innovations technologiques quasi steampunk, comme les clacs – mélange de télégraphe et d'Internet – ou le chemin de fer).

La série télévisée s'est embarquée dans une vision très moderne, un peu steampunk (mais surtout punk), très éloignée de ce à quoi les adaptations nous avaient habitués jusque-là*. C'est... déroutant, parce que c'est rare en fait. Je n'ai jamais vu d'univers comme ça. C'est assez rafraîchissant, et je gage que des gens qui ne connaissent pas du tout Terry Pratchett pourraient y trouver beaucoup de qualités. Mais je comprend que beaucoup de fans se sentent trahis.

Richard Dormer et Marama Corlett font
à mon avis partie des points forts de cette adaptation.

 

Des personnages défigurés ?

Autre point de discorde évident : les personnages. Tous ont été modifiés, et ça va du changement relativement mineur (Carrot est moins naïf mais il reste Carrot, Vetinari est une femme désormais mais sinon, c'est toujours Vetinari) à des métamorphoses complètes (Sybil Ramkin est tout simplement un autre personnage). Avec au centre le capitaine du Guet Sam Vimes, à la fois totalement différent et très proche de ce qu'il est dans les romans, joué par un Richard Dormer** que j'hésite presque à dire « en état de grâce »... Certes il cabotine à bloc, mais en même temps il est à 200 % dans son personnage, et offre une performance que je trouve inoubliable. Toujours est-il que maintenant, quand je visualise Vimes, c'est lui que je vois, et ce n'est pas rien.

J'ajoute que la série se donne beaucoup de mal pour être inclusive et très LGBT+, notamment avec le personnage (très) modifié de Cheerie, mais aussi dans une esthétique régulièrement « fabulous », et c'est également à mettre à son crédit.

Oui, Il est là lui aussi. Heureusement.

 

Une histoire foutraque ?

Le scénario, en revanche, est sans doute le point faible objectif de la série. Il mélange des éléments de Guards! Guards! (Au guet !), Nightwatch (Ronde de nuit), Thud! (Jeu de nains), Snuff (Coup de tabac)... pour un résultat un peu bordélique et sans doute pas facile à suivre si on ne connaît ni l'univers, ni les personnages. Au final je trouve que ça passe, mais il ne faudrait sans doute pas trop analyser les tenants et aboutissants de l'enquête en cours. 

Le méchant de la saison sera Carcer Dun (le serial killer de Nightwatch,
totalement repensé). Avec des gobelins mercenaires, qui font partie des
personnages les plus drôles de la série.

Mais l'esprit est-il toujours là ?

Bien sûr, on n'est pas au niveau des livres, de l'écriture ciselée, magnifique, montypythonnesque et en même temps terriblement acérée de sir Terry Pratchett. Mais les créateurs de la série ont bien fait leurs devoirs. Il y a sans arrêt des références à des tas d'aspects du Disque-Monde, à d'autres histoires, à des points de détail de l'univers qui auraient très facilement pu être oubliés. 

Et globalement, l'histoire est une enquête menée par un pauvre type qui essaie de bien faire malgré les aléas du destin, de donner un sens à sa vie, une intrigue durant laquelle on nous explique qu'il vaut mieux être soi-même et se sacrifier pour ses amis que laisser faire et souffrir dans son coin. J'ai du mal à dire que ces gens n'ont pas un peu compris le message de Pratchett, et qu'ils n'ont pas essayé de le partager***.

Cheerie, naine de 1,80 mètre sans barbe. Un choix audacieux,
mais qui a du sens dans l'approche LGBT+ de la série.

 

Alors, au final ?

Je me suis surpris à apprécier.Vraiment. Je ne dis pas que c'est devenu ma série préférée, ni même que c'est mon adaptation préférée de Pratchett*, mais il y a plein de bonnes choses, les acteurs sont bons, les décors et l'ambiance réussis, le rythme soutenu (il se passe beaucoup de choses en huit épisodes) et au final, il m'est même arrivé de rire pour de vrai.

Si vous aimez les livres, ça va sûrement vous faire bizarre, et au final vous n'aimerez peut-être pas du tout. Si vous n'avez pas lu les livres, ce sera sûrement plus facile d'accepter certains choix, et en même temps vous allez être un peu perdus au début. Et je me refuse naturellement à envisager l'hypothèse où vous auriez lu mais pas aimé les livres. Ce serait trop triste.

 

* Adaptations dont la meilleure reste encore aujourd'hui Going Postal, sans contredit.

** Son nom ne vous dit rien mais vous l'avez déjà vu quelque part ? Oui, dans Game of Thrones. C'était Beric Dondarrion, le Robin des Bois immortel. 

*** Et de fait je me retrouve, et j'en suis navré, en désaccord avec Rhianna Pratchett (fille de) qui a déclaré : « Je pense qu'il est assez évident que The Watch n'a aucun ADN commun avec le Guet de mon père. Ce n'est ni une critique, ni un soutien, c'est juste un fait. » De son côté Neil Gaiman (ami de) a simplement commenté : « Les fans aiment le matériau d'origine, donc si vous faites autre chose, vous risquez de vous les aliéner à une échelle monumentale. Ce n'est plus Batman si vous en faites un reporter en imperméable jaune avec une chauve-souris domestique ! » Voilà voilà...

28 mai 2021

Les origines diaboliques de Fantomiald


 

Savez-vous pourquoi Fantomiald s'appelle Fantomiald ?

C'est bien sûr un hommage à Fantômas, le criminel héros du feuilleton de Pierre Souvestre et Marcel Allain, surtout connu de nos jours pour son interprétation par Jean Marais dans la célèbre trilogie d'André Hunnebelle. Ces films sont d'ailleurs d'assez mauvaises adaptations, le ton sérieux des livres étant transformé en  comédies policières mettant largement en avant le génie de Louis de Funès en commissaire Juve. 

Seulement Fantomiald n'a pas été inventé par un Français mais par un Italien, Guido Martina, et s'appelle en version originale Paperinik, ce qui ne ressemble que fort peu à Fantômas. C'est parce qu'à l'origine, il s'inspire surtout de Diabolik, un criminel de roman italien créé par les sœurs Giussani. En italien, Donald s'appelle Paperino, ça donne donc Paperinik. En français, on a cherché un équivalent et on a bouclé la boucle : Diabolik était un ersatz transalpin de Fantômas, Paperinik est donc devenu Fantomiald.

À noter que le personnage a été un temps rebaptisé Powerduck (PK pour les intimes). Je n'aime pas du tout cette période, mais j'imagine qu'elle a ses fans.

*

* *

Ah, et Diabolik a été adapté en série animée dans les années 2000. Avec un générique qui est devenu une private joke avec mon pote Sam tellement on le trouve nanardesque.


Diaboliiiik... Diaboliiiik...

23 avril 2021

Dernières lectures

 Je suis un peu fatigué ces temps-ci alors j'ai pris quelques jours de repos. Aujourd'hui pas de dessin, juste quelques impressions sur mes dernières lectures...


Un vieil ami très cher m'a offert cet ouvrage qui me tapait dans l'œil depuis un moment... Contrairement à ce que je pensais, il ne s'agit pas simplement de la transcription intégrale des dialogues surréalistes de La Classe américaine, le chef-d'œuvre de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette (si vous ne connaissez pas... sérieux ? Enfin, bon, si vous ne connaissez pas, découvrez-le, puis redécouvrez-le, parce que la première fois on trouve ça débile, et la deuxième on trouve ça génial), il s'agit d'une véritable étude de l'œuvre. Avec des commentaires, des questions (« Selon vous, que veut dire Dave quand il traite la jeune femme de connasse ? », « Êtes-vous déjà allé vous faire foutre ? Si oui, exposez le contexte. Quels enseignements en avez-vous tiré ? ») comme on en avait dans les livres de théâtre qu'on devait lire au collège. 

Bon, bien sûr, c'est plein de conneries, d'approches aristotéliciennes absurdes, de références à Koulechov, Eisenstein et autre Orson Welles (qui n'aimait pas trop les voleurs...), c'est un petit plaisir à déguster aux toilettes (quoi, on peut plus chier tranquille ?), feuilleter, lire et relire pour finalement savoir ce que Georges a bien pu vouloir dire (monde de merde !) et s'il avait vraiment plus de classe que de beurre au cul.

J'ai toujours été très intrigué par les publications Transformers de l'éditeur IDW, qui se révèlent bien meilleures que ce qu'on pourrait imaginer (et qui prouvent qu'avec de bons auteurs, n'importe quelle licence a du potentiel). Et en bon fils des années 1980, je ne pouvais pas passer à côté de Revolution, le crossover ultime réunissant Transformers, MASK, GI-Joe, Micronauts (moins connus chez nous mais cultes aux États-Unis), Action Man et ROM...

En tout cas je ne pouvais pas passer à côté du prologue, mais le reste, ça ira, merci, j'ai plus faim. C'est pas vilain, le dessin est assez classe, mais l'intrigue est tout simplement incompréhensible. Ou, pour être plus précis, inaccessible tant c'est mal branlé ; ça part dans tous les sens et, au lieu du plaisir régressif que j'attendais, j'ai juste ressenti une intense confusion. C'est dommage parce que j'aimais bien l'idée que le MASK a été créé par Miles Mayhem, ancien agent de GI-Joe, à partir de technologie cybertronienne. Mieux raconté, ça aurait pu être cool.


Je n'avais jamais fini Billy Bat, alors j'ai tout emprunté d'un coup à un copain et tout enquillé. Et... euh... c'est du Urasawa. C'est-à-dire que le dessin me donne des frissons à chaque fois que je l'analyse (mais ça ce doit être personnel), et j'admire vraiment sa manière de rendre réalistes les scénarios les plus improbables. Même un scénario où Mickey Mouse est une entité lunaire qui prophétise le futur à travers l'esprit de ceux qui le dessinent. A côté de ça, j'ai quand même souvent eu l'impression qu'il a écrit son intrigue au fur et à mesure, et qu'il l'a interrompue quand son éditeur lui a dit stop, on n'a plus de papier. Je continue à préférer Monster ou Pluto, que je vous conseille si vous voulez découvrir l'auteur (et bien sûr 20th Century Boys, qui reste monumental même s'il fait quatre ou cinq volumes de trop).

Et j'ai commencé son Asadora !, qui m'a l'air parfaitement dans la lignée de ses autres histoires, je vous tiendrai au courant.


16 avril 2021

Adieu Tiph !

 

Cela fait plus de cinq ans que Terry Pratchett nous a quittés, mais son dernier livre, La Couronne du berger, sort tout juste en poche. Et comme il est de tradition pour moi depuis la sortie d'Au guet ! en 2000, je l'ai acheté à sa sortie et lu dans la foulée.

Difficile de trouver les mots pour dire adieu à son auteur préféré. Et à un de ses personnages préférés, Tiphaine Patraque (Tiffany Aching en VO), la petite sorcière des collines du Causse. Les aventures de Tiphaine, c'était un peu le Harry Potter de Pratchett, dans un genre très différent. Une saga destinée aux jeunes lecteurs (et lectrices !), qui à aucun moment ne les prend pour des idiots. 

Pratchett, se sachant condamné, a mis beaucoup de lui dans ces histoires. Ce n'est pas un hasard si un des rôles des sorcières, dans son univers, est d'absorber la douleur des mourants. C'est d'autant plus douloureux pour moi de devoir reconnaître que cette dernière aventure n'est pas à la hauteur de l'œuvre globale. Elle manque de polish, de finesse, de liant, tout simplement parce que l'auteur n'a pas eu le temps de l'achever proprement. Mais elle se finit, et elle se lit bien.

Adieu sir Terry, pour moi c'est comme si vous nous quittiez une deuxième fois. Chaque lecture de vos ouvrages me donnait envie de me retrousser les manches et me donnait du courage pour me mettre au boulot. Vous me manquerez.

Mais votre travail reste présent, et je me prends parfois à rêver qu'un autre artiste vous rende hommage convenablement un jour.

 

Eeeeuh... non merci, ça va aller.


11 janvier 2021

Lectures au coin du feu

 Les vacances, c'est aussi l'occasion de bouquiner au coin du feu...

Au cœur des chefs-d'œuvre de Disney – Le second âge d'or : 1984-1995

Pour mon Noël, j'ai eu deux bouquins de Third Éditions, excellente maison spécialisée dans les ouvrages sur la culture geek en général et les jeux vidéo en particulier (ce sont notamment eux qui éditent ExServ), et en premier lieu ce livre sur le second âge d'or des studios Disney, c'est-à-dire la période où Jeffrey Katzenberg s'est retrouvé bombardé président des studios d'animation, coïncidant avec un chamboulement complet des équipes et de la méthode de travail. Une époque hyper riche pour quiconque s'intéresse au cinéma d'animation, avec en vrac la mutinerie de Don Bluth, le génie de Howard Ashman, l'ascension des grands animateurs comme Glen Keane ou Andreas Deja, le triomphe de La Petite Sirène suivi d'une enfilade de succès colossaux... jusqu'à l'arrivée de Pixar. On serait tenté de se dire : « Ah ouais, Katzenberg il devait être trop cool comme mec ! » Oui, mais non.

Le livre est signé Damien Duvot, plus connu sous le pseudo MrMeeea, un de mes youtubeurs préférés, et s'il n'est pas exempt de quelques maladresses (notamment des tics d'écriture sur lesquels bute un peu mon œil exercé), il reste excellent et hautement recommandable pour tous ceux que cette époque intéresse.

De joie, j'ai même dessiné un MrMeeea,
et je le trouve assez réussi...




Le Baron

On savait ce que trafiquait Alain Ayroles, le scénariste de De cape et de crocs, parti fauter avec Guarnido pour enfanter le sublime Les Indes fourbes. Mais pendant ce temps, que devenait Masbou, le dessinateur de la série animalière de cape et d'épée ? Eh bien il se penchait sur une adaptation des aventures du baron de Münchhausen. Dit comme ça, ça sonne comme une espèce d'évidence, tant les délires du bonhomme auraient semblé à leur place dans De cape et de crocs

Le résultat est absolument charmant, avec un regard très différent mais tout aussi attachant que celui qu'avait porté sur le même sujet Terry Gilliam dans son film de 1988. Une très belle bande dessinée à mettre entre toutes les mains.

Sekiro – la seconde vie des Souls

Deuxième bouquin de Third Éditions que j'ai eu pour mon Noël, cet ouvrage traite de Sekiro – Shadows Die Twice, un jeu qu'il m'arrive d'évoquer, très ponctuellement, entre deux soupirs réclamant le portage de Bloodborne sur PC.

Third avait déjà sorti deux livres dédiés aux Souls (un premier sur Demon's Souls et Dark Souls 1 et 2, un second sur Dark Souls 3 et Bloodborne). En consacrant un ouvrage entier au petit dernier, l'éditeur lui accorde enfin la place qu'il mérite. Le livre est très agréable à lire et soulève plusieurs pistes de thématiques très intéressantes qu'on ne soupçonne pas forcément au premier abord (notamment la paternité, très présente dans le jeu). Il aborde en outre de nombreux points culturels du Japon de l'époque Sengoku qui ont été employés par les game designers de manière parfois très subtile. J'ai beau avoir tourné et retourné Sekiro, j'ai quand même appris des trucs.

07 septembre 2020

Potterheads en devenir

 Je sais pas pourquoi, en ce moment, j'entends beaucoup de petits parler de Harry Potter. Et que machine veut l'écharpe d'Hermione pour Halloween, et que toute la classe de petit Wookie va passer sous le choipeau parce que sa maîtresse est fan...

Je ne sais pas à quoi c'est dû (mais j'ai un soupçon : les livres sont sortis entre 1998 et 2007, donc ceux qui les ont lus enfants sont désormais parents et/ou profs, et donc désireux de partager leur obsession avec les mineurs à leur disposition, ce qui est toujours une bonne idée), mais je ne peux que m'en réjouir, puisque je pense que la saga Harry Potter est sûrement une des meilleures séries de fantasy, à la fois profonde et accessible, malgré quelques défauts. 

Je parle bien sûr des livres de 1 à 7, hein, pas de la navrante pièce de théâtre (qui est peut-être très belle sur scène, mais n'a aucun sens scénaristiquement) ni de ces horribles films sur Newt Scamander. Ni des tweets débiles de J. K. Rowling, qui ferait mieux de se remettre à écrire des vrais livres, si possible sans lien avec le monde des sorciers.

Du coup un petit cadeau pour tous ces nouveaux fans : j'ai dessiné une élève sorcière, je la laisse en noir et blanc, vous pouvez l'imprimer et la colorier, allez-y, impressionnez-moi. 




06 avril 2020

Suivre Kalon, Morgoth et Vertu


Quand on me demande quel est mon auteur de fantasy préféré (ce qui, reconnaissons-le, n'arrive jamais), je réponds systématiquement Terry Pratchett. Alors que ce que j'aime chez Pratchett, ce n'est pas tant l'aspect fantasy que l'humour et le côté sociologique.

Mais quand on me demande quel est mon auteur de fantasy français préféré (ce qui arrive encore moins souvent), malgré mon amour pour Alain Damasio et Jean-Philippe Jaworski, je réponds encore aujourd'hui ASP Explorer
ASP n'a jamais rien publié, tous ses récits se trouvent en ligne, soit sur son vieux site qui pique les yeux, soit en versions pdf rassemblées par des fans dans mon genre. Alors comme ça n'a jamais vu d'éditeurs, il y a des fautes, mais rien de dramatique qui pourrisse la lecture.

Et surtout c'est super bien. Bien écrit, avec des personnages hauts en couleur, des retournements de situation vraiment imprévus, des scénarios aux petits oignons, beaucoup de références et d'humour très moderne (qui rendent à jamais impossible une parution officielle) et une vraie sensation d'aventure épique. 
L'œuvre est décomposée en plusieurs cycles, à lire de préférence dans l'ordre (tous se déroulent dans le même univers et sont relativement indépendants, mais la qualité de plume va croissante, donc autant éviter de se gâcher l'expérience des premiers en mettant la barre très, très haut dès le début) :
- le cycle de Kalon le Barbare, qui commence gentiment comme une parodie de Conan (sans blague ?) mais monte vite en puissance ;
- le cycle de Morgoth l'Empaleur, équivalent du Seigneur des anneaux, où une compagnie d'aventuriers part pour une très longue quête aux conséquences inattendues ;
- le cycle de la Catin de Baentcher, préquel de Morgoth qui se concentre sur la jeunesse de sa mentor Vertu, et qui atteint des sommets d'epicness ;
- le cycle des Cretinous Star Sauvageons, qui se déroule une ou deux générations plus tard et parodie Star Trek avec les codes de la fantasy ;
- quelques apartés comme le cycle de Bralic eul'Destructeur (qui nous narre, le temps de deux épisodes, la geste d'un idiot du village extrêmement chanceux), les Gôshisantes Aventures des Ordinaries (parodie de super héros) et autres bêtises.

C'est sans doute l'auteur que j'ai le plus relu de ma vie.

12 juin 2019

Ça, ça va !




Je viens (enfin) de finir Ça, de Stephen King, livre que tout le monde a lu sauf moi, même que c'était mon tout premier King en fait. Et c'était beaucoup moins effrayant que ce à quoi je m'attendais. 
C'est quand même sacrément bien écrit, avec deux époques, sept personnages principaux (sans compter les antagonistes) qui se croisent et se recroisent, c'est franchement un très, très bon livre. Je pense que beaucoup l'ont lu quand ils avaient environ l'âge des gamins, mais je postule qu'il est tout aussi intéressant de le lire quand on atteint celui des héros devenus adultes. On comprend alors les choses de manière bien différentes, et après tout c'est l'une des principales thématiques du livre (et de King en général) : l'enfance, le passage à l'âge adulte et ce qu'il implique de gain et de perte.

J'en ai profité pour voir le film sorti récemment, et autant je pense que c'est un film correct, autant il ne fait clairement qu'effleurer l'intérêt du livre qu'il prétend adapter.

Alors, Bill, comment te dire...? Tu te déguises en clown pour attirer les enfants,
pas pour les faire fuir au loin. C'est après que tu les effraies !

15 avril 2019

Le retour du Roi

Si je me fais cette réflexion, ce n'est pas parce que cette affiche annonce un remake d'un film sorti quand j'avais dix ans (même si, bon...), c'est surtout parce qu'elle précise : « D'après le roman terrifiant de Stephen King, l'auteur de Ça ».

Ceux qui n'ont pas vécu les années 1980 ne comprennent peut-être pas bien où je veux en venir... Dans les années 1980-1990, Stephen King était partout, tous les adolescents le lisaient, c'était sans doute l'auteur le plus incontournable de ma génération. King a autant créé le mythe actuel des eighties que Spielberg ou Carpenter. Et ce n'est pas pour rien si Stranger Things lui rend sans cesse un hommage appuyé, jusqu'à la police du titre de la série. 
Du coup, le fait qu'il faille préciser qui est Stephen King sur une affiche me fait prendre conscience que le temps a pas mal passé, et que beaucoup de jeunes gens en âge d'acheter une carte UGC Illimité n'en ont simplement jamais entendu parler. 

Et accessoirement, me rappelle que je n'en ai moi-même jamais lu, tant j'étais un pétochard à l'époque. Du coup j'ai acheté et attaqué Ça, livre dont la quatrième de couverture m'avait terrifiée quand j'étais enfant, et il faut reconnaître que c'est vraiment super bien.

08 avril 2019

Laisse le bon entrer


J'ai déjà parlé à plusieurs reprises de Morse, un de mes films de vampire préféré. J'ai longtemps hésité à lire l'ouvrage dont il est l'adaptation, Låt den rätte komma in, traduit Laisse-moi entrer en français.
Parce que je suis assez trouillard, et si j'ai appris à développer une certaine résistance vis-à-vis de l'horreur filmique, j'ai encore un peu de mal avec l'horreur littéraire. Mais finalement je me suis dit qu'il était temps de comparer les deux.


Une couverture qui laissera croire à tout le monde que vous lisez un
énième polar suédois.
C'est intéressant parce que le film est très scrupuleux dans l'adaptation de ce qu'il a choisi de conserver, et laisse complètement de côté le reste (notamment toute l'intrigue secondaire du mort-vivant, l'histoire du sexe d'Eli...). Et à mon avis, c'est un excellent choix : pour une fois, j'ai préféré l'adaptation à l'original. Le livre est très bien, mais le film m'a beaucoup plus marqué (j'admets toutefois que l'avoir visionné avant est un biais). Détail amusant : au final, les scènes les plus mémorables du film (la baignoire, la piscine...) prennent en fait place dans les cent dernières pages du bouquin (qui en fait environ six cents).

En tout cas ça ne me donne toujours pas envie de voir le remake américain, Let Me In, qui d'après ce que j'ai vu passe complètement à côté de son sujet.

12 novembre 2018

An Unexpected Reading


Pendant les vacances, j'ai fini de lire Mordre le bouclier (de Justine Niogret, et j'en reparlerai sûrement un jour), puis comme je n'avais rien à me mettre sous la dent j'ai attrapé le premier bouquin qui passait par là. Il se trouve que se fut The Hobbit, d'un certain J. R. R. Tolkien, en version originale.
J'avais déjà lu Bilbo le Hobbit, en français, et n'en gardais pas un souvenir particulièrement ému. C'était cool, c'était fondateur, mais bon voilà quoi, on avait vu mieux depuis. J'avais notamment, parfois, un peu de mal à comprendre pourquoi les Anglo-Saxons adorent le bouquin.

J'avais oublié un peu vite que Tolkien était, très littéralement, un amoureux de la langue anglaise (il était philologue et professeur de littérature à Oxford), et que The Hobbit avait été rédigé pour être lu à haute voix à des enfants en train de s'endormir.

The Hobbit est merveilleux à lire, déjà parce que l'histoire est chouette, mais aussi parce que la musicalité de la langue anglaise y transparaît à chaque ligne. C'est tout simplement un délice de prononcer ces phrases amoureusement ciselées. Pour dire, ça m'a presque donné envie de revoir le film. 
Le dessin animé de 1977, hein, pas le machin de 2012.

16 mars 2018

Fin de semaine

Comme je l'ai expliqué sur lérézosocio, j'étais pas mal malade en début de semaine. Du coup pas de dessin, même aujourd'hui. Juste des bricoles.


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Déjà, j'avais sottement un des livres de ce début d'année, et pas des moindres :
Il est de retour (Er ist wieder da), de Timur Vermes, 2011


Dans un terrain vague du Berlin de 2011, Adolf Hitler se réveille. Il ne se souvient de rien, pour lui la guerre, c'était hier. Il va alors découvrir le monde actuel, devenir présentateur polémiste vedette à la télévision et commencer à envisager son inévitable reconquête du pouvoir.
Un livre qui calme, à la fois drôle et glaçant, qui interroge les faux-semblants de notre société, comme on dit pour se la péter. Un livre dont on ne sort pas forcément intact, d'ailleurs, ne serait-ce que parce l'ex-Führer parvient plusieurs fois à s'attacher notre sympathie de lecteur... ce qui à de quoi mettre un peu mal à l'aise, reconnaissons-le.


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Tiens, qui revoilà ?



Alors qu'on n'en attendait plus grand-chose, voilà-t-y pas que Funcom nous annonce le début de la saison 2 de Secret World Legends pour le 4 avril ! 
Vous vous souvenez certainement que je suis un grand fan de Secret World, j'ai un peu repris ces derniers temps pour me mettre à jour, et je suis assez impatient de découvrir les bugs que nous réserve le studio norvégien pour la sortie de ce qui semble être la plus grosse extension depuis Tokyo en 2014 !

12 mars 2018

Dernières lectures

En début d'année, j'ai eu une grosse fringale de lecture. L'an dernier, je m'étais juré de commencer à lire davantage en anglais, ce fut un fiasco et, pire encore, cette résolution m'a passé l'envie de lire tout court.
Dès janvier (sans y avoir trop réfléchi), cette limitation a disparu comme par magie et j'ai enchaîné les œuvres diverses. Du coup, petit florilège.

Nation, de Terry Pratchett, 2008


Pratchett nous a quittés en 2015, et c'était mon auteur préféré, mais je ne le lis qu'en livre de poche, du coup j'étais un peu passé à côté de Nation, pourtant un des travaux dont il était le plus fier. 
Un vilain jour, une vague immense dévaste l'île de Mau, qui se retrouve seul survivant de son peuple. Il rencontre Daphné, jeune femme européenne naufragée sur ce bout de terre. 
Nation, c'est tout ce que vous pensez que ça va être, et aussi tout le contraire. Dans la grande tradition pratchettienne, ça parle de tout (en particulier de ce qui fait une nation, justement), finement, avec justesse et humour. 


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Les Royaumes du Nord (Northern Lights), de Philip Pullman, 1995


En vrai, je n'ai pas cette couverture horrible tirée du film,
mais je n'ai pas trouvé de visuels potables.
Je ne connaissais de la saga A la croisée des mondes que le film La Boussole d'or, et encore n'en avais-je vu que quelques chroniques qui le désignaient comme tout moisi. Et après avoir lu ce tome 1, je n'ai aucune envie de le voir un jour.
Non pas que le livre soit mauvais, hein, loin, très loin de là. Bien au contraire : c'est super bien. Addictif, rythmé, dur et violent, avec des personnages puissants et hauts en couleurs, et en première ligne l'héroïne, Lyra, onze ans, fillette pour laquelle le qualificatif « intrépide » manque un peu de punch... Quand je vois la gamine du film, je me dis que le directeur de casting n'a pas lu le même bouquin.
Moi, en attendant, j'ai hâte de lire la suite.

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Étoiles, garde à vous ! (Starship Troopers), de Robert A. Heinlein, 1959


Ouais, la trad est bizarre mais bon, c'était les années 1960 hein...

Tout le monde connaît Starship Troopers, le film de Paul Verhoeven qui pastiche à la fois le film de guerre et le film de propagande (tellement bien que beaucoup l'estiment contre-productif). Et beaucoup savent qu'il est adapté d'un roman qui, lui, pour le coup, ne fait pas du tout semblant. 
Après lecture, je suis obligé de confirmer : ce roman est une œuvre extrêmement engagée, nationaliste, belliciste, tout un tas de -istes que je n'aime pas vraiment. Mais c'est aussi un excellent roman, qui décrit magnifiquement la fascination et la passion (d'aucuns diraient l'endoctrinement) que peut exercer l'armée, les subtilités politiques derrière le concept militaire, la finesse caché derrière les méthodes d'embrigadement... En tout cas ça vaut la lecture !

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Coup de tabac (Snuff), de Terry Pratchett, 2011


Saviez-vous que le caca sort des fesses ?
C'est une très bonne source qui me l'a appris récemment.
Oui, c'est une very private joke, ne vous inquiétez pas...

Les dernières aventures du commissaire Vimaire le placent face à des contrebandiers, un village de braves paysans, des trafiquants d'esclaves et la fascination pour le caca de son fils de six ans. 
Si ce n'est pas le meilleur bouquin mettant en scène le chef du Guet (qui reste sans doute, avec Tiphaine Patraque, mon personnage préféré de Pratchett), Coup de tabac n'a pas à rougir à côté des autres romans du Disque-Monde. C'est toujours drôle, fin, élégant, et en plus il y a du caca.

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L'Ordre du jour, d'Eric Vuillard, 2017



Oui ben j'ai lu le Goncourt 2017, que voulez-vous... Je l'ai lu parce que j'en avais entendu du bien, et j'avais compris qu'il parlait du rôle du patronat pendant la Seconde Guerre mondiale. Un sujet qui, convenons-en, n'est pas souvent abordé par la littérature grand public.
Mais en fait, ça, c'est le premier chapitre. Après on passe à tout autre chose, et sans être indigne d'intérêt, ce n'était pas mon objectif. Alors oui c'est bien écrit, oui ça mérite sans doute son prix, mais la publicité du livre est complètement mensongère.

05 février 2018

La trilogie du porcher


Vendredi soir, nous sommes allés à une lecture du dernier livre de mon amie Gwendoline Soublin.
Gwen, vous l'avez déjà croisée sur ce blog, là par exemple :


Gwen est comédienne, metteuse en scène et auteure de théâtre. Et son dernier ouvrage, Pig Boy 1986-2358, nous a pas mal retournés.

En gros, il y a trois histoire très différentes, les trois pouvant justifier le titre Pig Boy (« garçon cochon » ou « porcher », en fonction de comment on l'interprète), les trois dans leur propre style, très contemporain.

C'est du théâtre, donc forcément la lecture est un peu particulière, et l'interprétation (excellente) des trois comédiennes qui nous l'ont lu sur place a forcément eu un impact sur notre sensation, mais rien que la manière dont le texte est agencé, présenté (en particulier la deuxième histoire) justifie d'y jeter un œil. C'est parfois drôle, parfois absurde, parfois très dur, mais c'est indéniablement puissant.