Ex nihilo Neil

08 avril 2024

J'ai vu des films (de ouf !)

Je ne suis pas beaucoup allé au cinéma ces derniers temps, mais de ci de là j'ai vu des films complètement improbables... Suivez-moi, on commence tranquillement par un long-métrage qui est encore à l'affiche, puis on va sombrer petit à petit dans la folie.


Vampire humaniste cherche suicidaire consentant,
Ariane Louis-Seize, 2024

Oui, c'est le vrai titre, et oui, ça résume parfaitement le film. Sacha est une adolescente vampire qui n'a pas envie de tuer des gens, mais il faut bien vivre, alors ses parents vampires (oui, apparemment les vampires peuvent se reproduire) l'envoient en pension chez sa cousine pour qu'elle apprenne à boire des cous. C'est évidemment une métaphore, plutôt bonne, sur le mal-être adolescent, le passage à l'âge adulte et la difficulté à trouver sa voie. Ce n'est en revanche pas du tout un film d'horreur, on est au contraire sur une gentille comédie (en plus c'est québécois, ce qui donne toujours aux dialogues une saveur particulière) avec des très bons acteur/ices et un scénario classique mais efficace. Bref, une sorte d'anti-Morse, tout aussi bon mais dans un genre très différent.


Holes (La Morsure du lézard), Andrew Davis, 2003

J'avais entendu parler de ce film un peu par hasard, et comme ça avait l'air d'être un mini phénomène aux États-Unis alors que c'est complètement inconnu en France, j'ai voulu savoir pourquoi. Et j'ai compris. 

Déjà, c'est l'adaptation d'un gros classique de la littérature jeunesse, écrit par Louis Sachar en 1998. Je pense qu'il a été pas mal occulté chez nous par la folie Harry Potter qui régnait lors de sa sortie française (Le Passage, en 2000). Mais surtout, c'est une adaptation signée Disney, et le film sent tellement le Disney Channel des années 2000 que j'en ai des remontées de Tang. La bande de jeunes qui se la joue, les vieux acteurs venus cachetonner en cabotinant (mention spéciale à Jon Voight qui en fait des caisses et à Sigourney Weaver, qui force pas trop sur son talent), la bande originale très « keeeewl »... C'est calibré pour les ados qui font du skate en mâchant du chewing-gum une casquette à l'envers.

D'accord, mais qu'est-ce que ça raconte ? En gros Stanley (joué par un tout jeune Shia LaBeouf) se retrouve dans une espèce de bagne pour jeunes garçons où on doit creuser des trous à longueur de journée sous un soleil de plomb. Je précise que le film se passe aujourd'hui aux États-Unis, hein, on n'est pas dans Les Évadés ou Midnight Express, mais apparemment ça choque personne. Et peu à peu, on découvre que ce bagne cache autre chose... 

Enfin, en gros. La narration est pas incroyable, avec des flashbacks bizarres avec Patricia Arquette (encore une qui a des impôts à payer)... c'est pas qu'on s'y perd, mais c'est pas toujours captivant. Je suis sûr que le livre est bien mieux mené, et surtout qu'il ne s'embête pas à mettre des musiques cool sur des images de gosses en train de creuser dans un camp de travail sordide. 

Niveau réal, pensez que dix ans plus tôt, Andrew Davis réalisait Le Fugitif avec Harrison Ford ! Ceci dit ça explique peut-être quelques plans inspirés, notamment sur la zone de creusage qui terrifiera les trypophobes. Mais sinon c'est pas foufou.


Transformers the Movie, Shin Nelson, 1986

Là, on attaque le dur, mais pour bien comprendre il faut que je vous raconte l'origine de ce film. Mettons-nous en situation : nous sommes donc en 1986, dans les locaux de Hasbro, durant une réunion entre les responsables du département jouets et les responsables de la série animée Transformers, qui a pour but de faire vendre lesdits jouets.

- Bon, les gars, super boulot avec la série, là, franchement, deux saisons de publicités de 20 minutes, ma-gni-fique ! On en a vendu des palettes et des palettes, des Oprimus Drive...

- Optimus Prime.

- ... et des Megawatts.

- Megatron.

- Mais bon, tout a une fin, les Japonais à qui on achète les jouets sont passés à la génération suivante.

- Donc on arrête la série ?

- T'es con ou quoi ? Non, on continue, mais vous faites des histoires avec les nouveaux robots. Vous inventez des noms, des histoires à la con, vous faites vos trucs quoi.

- Ok, ben on va faire comme d'habitude, on fait débarquer de nouveaux personnages au fil des épisodes, et...

- Ah ouais mais non, par contre l'ancienne gamme elle est plus fabriquée, donc faut plus les voir, les anciens.

- Ah... ben, on peut faire une nouvelle série. C'est forcément un peu risqué, les gosses aiment bien les histoires qui se continuent, mais...

- On va faire mieux, les gars, on va carrément faire un long-métrage d'animation, qui sortira au cinéma ! Comme ça on aura une parfaite transition avec la saison 3 à venir. Z'avez juste à tuer tous les anciens personnages, et comme ça place aux nouveaux.

- Pardon ?

- Quoi ? 

- Je... les tuer ? T'es sûr ?

- Ben quoi ? Qu'est-ce qu'on s'en fout ?

*

**

Je suis assez sûr que ça s'est passé comme ça. Car oui, John Advertising, il s'en battait les steaks de ces personnages, lui il voulait que ce soit bien clair pour les gosses qu'il fallait acheter de nouveaux jouets, encore plus cool, et donc que les anciens, c'était du passé. Table rase. Le marketing, à l'époque, c'était pas un truc de gonzesse.

Et donc, au bout d'un quart d'heure de Transformers the Movie, vous aurez vu la quasi-intégralité du casting de la série (et ça fait du monde !) se faire dézinguer. La plupart des Autobots meurent de la main des Decepticons, ces derniers se faisant pour leur part massacrer par Unicron, le grand méchant du film.

Ah oui... au passage :

*

**

- Ah, et pour le méchant vous me mettez un mec imposant, hein, parce que j'ai un deal avec Orson Welles pour faire la voix.

- Ah, ah, super marrant John.

- Quoi marrant ? 

*

**

Oui, sans rire, c'est Orson Welles qui fait la voix d'Unicron, la planète-robot. C'est tellement n'importe quoi que je ne sais pas quoi faire de cette information. Ce fut d'ailleurs son dernier rôle. On en oublierait presque que Leonard Nimoy double Galvatron.

« Ça va chef, c'est assez imposant là ? »

Et donc, notamment, vous avez la mort d'Optimus Prime, le chef sans peur et sans reproche, figure paternelle majeure de la pop culture de l'époque, vous avez donc la putain de mort d'Optimus Prime au bout de vingt minutes de film, on voit son corps, ses yeux qui s'éteignent, ses couleurs qui s'affadissent, et ça a traumatisé toute une génération bon sang qu'est-ce qui leur a pris ?

La suite est une succession de batailles et de courses-poursuites peu intéressantes (l'animation a vieilli mais pour l'époque c'était quand même assez classe), avec quelques moments incroyables comme le couronnement de Starscream (et son exécution immédiate par Megatron, devenu Galvatron), l'introduction des Junkions sur Dare to Be Stupid de Weird Al Yankovic (c'est encore plus n'importe quoi que le truc avec Orson Welles) ou le final sur The Touch de Stan Bush (croyez-moi, vous connaissez, et c'est ringard as fuck).

En fait ce film c'est un condensé des années 1980 : des chansons pop partout, y compris sur les scènes où elles n'ont rien à faire (« Oh, eh, on a payé, on a les droits, on utilise hein ! »), des blagues de merde, des personnages introduits au chausse-pied (ou dégagés au laser), une intrigue minimaliste au milieu de laquelle on trouve tout un tas d'idées qui deviendront fondatrices de l'univers Transformers pour la suite (la matrice de commandement, Unicron...), un gosse énervantTM dans un exosquelette parce que c'était la mode à l'époque...

C'est tout simplement hallucinant. Au sens propre. Le film est dispo en ligne, c'est assez insupportable en dehors de l'intérêt historique, mais si ça vous amuse...

2 commentaires:

Vanessa a dit…

Le Passage, un livre qui m'a beaucoup marquée plus jeune (Ah, Stanley Yelnats, fallait y penser !), avec cette drôle d'histoire d'enfants qui creusent des trous sous un soleil de plomb...
J'étais persuadée de l'avoir lu enfant mais si ça a été publié en 2000 en France, j'étais déjà ado...
Et donc, encooore une adaptation d'un livre en film !
PS : pour revenir au livre et puisque tu parles d'Harry Potter, il a été traduit en français par Jean-François Ménard, le génial traducteur d'Harry Potter !

Neil a dit…

C'est cool d'avoir un témoignage de quelqu'un qui l'a lu, merci ^_^ Ça donne un peu envie de le lire (d'autant que le film sent bien les décisions de prod un peu foireuses en termes d'adaptation...).
Mais sinon, oui, le cinéma adapte beaucoup, parfois ça fait des bons films (d'ailleurs beaucoup de chefs-d'œuvre du cinéma sont des adaptations sans qu'on le sache) mais il est rare que les adaptations soient meilleures que les œuvres originales.