Ex nihilo Neil

10 mars 2025

En quête d'enquêtes ?

Vous le savez, on adore les jeux d'enquête où il faut analyser les faits, déduire des trucs, avec à la clé ce sentiment d'épiphanie qui est un des grands plaisirs de l'existence. Petite sélection plus ou moins récente, en attendant mon retour sur The Roottrees are Dead, qui ne saurait tarder...

 

Déjà, le premier DLC de Rise of the Golden Idol est sorti. Ça s'appelle The Sins of New Wells, ça inclut quatre nouvelles enquêtes et c'est toujours aussi génial. Un incontournable, à ne faire que si vous avez déjà épuisé le jeu de base.


Petite surprise que ce Behind, une sorte de puzzle où il faut reconstituer une scène en usant de logique, après quoi on peut retourner l'ensemble pour découvrir une nouvelle scène concluant l'histoire. Comme ça ce n'est pas très clair mais dans les faits c'est tout bête, ça fait fonctionner les neurones et c'est très sympathique. En plus une des trois enquêtes est dessinée par Martin Vidberg, ce qui est toujours une bonne nouvelle.


J'ai déjà parlé plusieurs fois de Unlock, mais je ne crois pas avoir évoqué sa version Kids, que l'on pourrait croire destinée aux enfants mais qui dans les faits n'est ni vraiment plus dure, ni vraiment plus simple. Elle est surtout beaucoup mieux pensée, avec des mécaniques plus épurées, plus fines, sans texte et ne requérant pas d'appli de smartphone.

07 mars 2025

6Fanarts Challenge

 

 

Durant le Covid, j'avais proposé plusieurs 6fanartschallenge, qui consistent à vous demander des noms de personnages divers, venus de n'importe quel univers de fiction, et à en dessiner six sur une grande planche, avec éventuellement des liens entre les cases. 

J'avais beaucoup aimé et ça fait longtemps que j'ai envie de relancer ça, donc à vos propositions (en commentaires ou sur Facebook), je vous laisse jusqu'à mardi prochain et je dessinerai une sélection des choix les plus originaux. Ne vous bridez pas (petit tip : si vous voulez en proposer plusieurs, attribuez chaque proposition supplémentaire à un membre de votre famille ;-).

05 mars 2025

Vampirisme

 

Je feuilletai récemment le magazine Collection Pop up !, acheté à la va-vite pour passer le temps lors d'un trajet de train, et j'ai été assez surpris d'y découvrir une grosse collation d'articles plutôt profonds et bien écrits sur la figure du vampire, de ses origines mythologiques à sa réinvention littéraire à la fin du XIXe siècle, jusqu'à ses multiples adaptations en films, BD ou jeux vidéo. 

Je conseille la lecture de ce numéro si le sujet vous intéresse, moi il m'a donné envie de découvrir plein de films et de séries dont je n'avais jamais entendu parler. Et comme ledit train m'emmenait près de ma bonne vieille bibliothèque, j'en ai profité pour relire D, une BD d'Alain Ayroles et Bruno Maïorana (et Thierry Leprévost à la couleur) parue dans les années 2010. Les deux artistes y revisitent Dracula, en ajoutant plusieurs références à d'autres classiques de l'époque (notamment Bartleby et Le Portrait de Dorian Gray). J'en avais un très bon souvenir, mais après avoir lu le magazine je trouve cette BD encore plus estimable.


 

Car Ayroles est un de ces auteurs, comme Alan Moore (oui, carrément), qui gagne à chaque relecture. Relire D après en avoir appris davantage sur l'origine du vampire littéraire, sur Stoker, sur Le Fanu, sur Polidori, sur les légendes millénaires qui évoquent les buveurs de sang, révèle l'ampleur du travail de documentation et de recoupement auquel a dû s'astreindre le scénariste, et rend encore plus impressionnante la cohérence de l'ensemble. 

D est extrêmement bien dialogué, ça c'est classique avec Ayroles*. Mais il est aussi extrêmement bien écrit (c'est tout aussi classique, mais moins souvent noté car les dialogues vertigineux peuvent le dissimuler), avec une intrigue parfaitement calée qui met en scène des personnages de tous les milieux. On retrouve avec délice ce motif chez Ayroles qui consiste à présenter des héros haut placés dans la société se comporter, sans s'en rendre compte, comme de parfaits connards vis-à-vis de leurs congénères des classes inférieures. Lope et Maupertuis n'étaient pas toujours tendres avec leur compère plébéien Eusèbe. 

Ici c'est encore plus fin car le principal héros, Richard Drake, est un aventurier de la petite aristocratie, donc mal considéré parmi les lords et ladies, mais bien au-dessus de la valetaille qui s'agite autour de lui, et il agit comme tel. Et ce comportement n'est jamais explicitement critiqué ou remis en question, l'auteur comptant sur la simple empathie des lecteurs. Ainsi, selon comment on aborde l'ouvrage, on peut le considérer comme un excellent hommage au vampire gothique à l'ancienne avec une belle histoire d'amour faisant fi des conventions, ou comme une mise en scène de la lutte des classes avec une bluette risible entre deux privilégiés. Ou les deux. En tout cas c'est sans doute la série la moins connue de son scénariste, et c'est bien dommage***.

* Rappelons que le monsieur a écrit Garulfo (conte de fées avec Maïorana), De cape et de crocs (cape et épée avec Masbou), Les Indes fourbes (picaresque avec Guarnido), L'Ombre des Lumières (épopée laclosienne avec Guérineau)**, et qu'à chaque fois la qualité du texte fait la pige à Edmond Rostand.  

** Il a fait d'autres trucs, mais je ne les ai pas lus. Pas encore.

*** Maïorana a même raccroché ses crayons d'auteur de BD depuis, c'est dire si les temps sont durs pour les artistes.