Ex nihilo Neil

23 mars 2022

Derniers films

 Vu qu'on a réussi à se clusteriser le week-end dernier, on a bien fait d'aller au ciné la semaine précédente...


The Batman, Matt Reeves, 2022

Comme à chaque fois qu'un nouvel acteur vient incarner Batman, les fans ont hurlé à la mort. Ils l'ont fait avec Michael Keaton, ils l'ont fait avec Christian Bale, ils l'ont fait avec Ben Affleck, et à chaque fois ils ont dû s'incliner face à la prestation finale. Le seul qu'ils n'ont pas critiqué avant, c'était George Clooney (qui reconnaissons-le collait bien au rôle physiquement), et ça a donné un des pires films de la licence. Alors forcément, quand c'est Robert « Twilight » Pattinson qui se retrouve dans le costume de Bruce Wayne, ça a hululé sévère. Et comme d'habitude, ils avaient tort.

J'ai adoré The Batman. L'idée de faire une enquête plutôt qu'un film d'action semble évidente, pourtant aucun réalisateur n'avait encore osé franchir le pas. Le film lorgne clairement vers une ambiance à la Seven (en pas du tout gore, vu que toute violence visuelle est expurgée, à un point presque excessif), avec son Riddler* serial killer fan de jeu de piste et sa Gotham City sale et dépravée. Le casting est impeccable, avec des audaces payantes (Colin Farrell en Pingouin et Andy Serkis en Alfred, franchement j'aurais pas parié dessus !) et quelques perles (Zoë Kravitz en Catwoman est simplement parfaite). En plus le film a tiré les leçon du Joker de Todd Phillips, et propose un discours social nettement plus intéressant que les opus précédents. La musique est excellente, et j'ajoute une mention spéciale pour la photographie du film qui est particulièrement soignée.

Mais pour pinailler, c'est quand même un peu long. Presque trois heures, ce n'était pas nécessaire, d'autant que la fin à rallonge risque de vous rappeler le final du Retour du roi...

* Vous traduisez Riddler comme vous voulez, personnellement j'ai toujours préféré « le Sphinx » à « l'Homme-Mystère », mais c'est probablement parce que j'ai grandi avec la série des années 1960.

Turning Red (Alerte rouge), Domee Shi, 2022

Le nouveau Pixar met en scène une adolescente qui se transforme en panda roux géant. Et c'est super bien. Je ne sais pas comment vous le dire autrement : je ne savais pas du tout quoi attendre de ce film, sa bande-annonce semblait partir à la pêche au cool, mais en fait si, ça marche super bien.

Turning Red est un film sur l'adolescence qui l'aborde de manière à la fois hyper frontale et plutôt subtile. Probablement autobiographique (la réalisatrice est une Sino-canadienne qui a grandi à Toronto dans les années 2000, ça fait quand même beaucoup de points communs avec l'héroïne), c'est un film sur des gamines de 13 ans, qui s'adresse à des gamines de 13 ans, et je pense qu'il le fait plutôt bien. Ça parle d'émancipation, de la relation aux parents et de puberté**, en reproduisant parfaitement l'ambiance « fan de boys band » avec à la fois son côté ridicule, mais aussi l'importance que ça revêt pour les jeunes filles, sans aucun cynisme.

Sur la pure forme, le film est assez frénétique, ça fonce à 100 à l'heure, mais c'est parfaitement maîtrisé, c'est rigolo quand ça veut être rigolo, sérieux quand ça veut être sérieux, bref c'est très bien.

** Ça parle des règles. C'est un Pixar qui parle des règles. Et pas par métaphore, hein, ça parle vraiment des règles, de serviettes hygiéniques, tout ça, et tranquille hein, comme si ce n'était pas une révolution dans le monde de l'animation jeunesse américaine. Je n'ai jamais été une jeune fille de 13 ans, donc je me trompe peut-être, mais je pense que si j'avais été une jeune fille de 13 ans, ce film m'aurait fait un bien fou.


Death on the Nile (Mort sur le Nil), Kenneth Branagh, 2022

J'avais bien aimé Le Crime de l'Orient-Express par et avec Kenneth Branagh, j'étais donc curieux de voir sa suite adaptée elle aussi d'Agatha Christie (dont je ne suis pas particulièrement fan mais quand même, les whodunit, c'est toujours cool). Le film prend son temps, avec une exposition de presque une heure qui installe longuement les différents personnages, les motivations, l'ambiance... puis le premier crime a lieu et c'est parti pour l'enquête. Branagh s'est amusé à varier les manières de filmer pour limiter l'ennui dans les nombreux interrogatoires qui s'enchaîne, et son Poirot reste très sympathique malgré son accent et sa PUTAIN DE MOUSTACHE BON SANG (moustache dont la présence est expliquée par un flashback un peu étrange***).

Le film est nettement plus sombre que le précédent, malgré de beaux décors (du moins il m'a semblé, on l'a vu dans une salle dont l'écran était tout petit, c'était difficile de juger, mais les couleurs étaient belles). Ça reste tout à fait recommandable.

*** Où l'on peut profiter d'un Kenneth Branagh parlant français avec un accent épouvantable... D'ailleurs globalement il y a un excès d'accents dans ce film. Y en a trop, ça déborde.


1 commentaire:

Vichenteku a dit…

Alerte rouge est effectivement un film rafraichissant et surtout ça a beaucoup plu à tout le monde chez nous (Papa, Maman et notre ado de 13 ans pile poil)... Il est, je trouve très beau et effectivement ça vite, très vite. Aucun ennui et même si la fin est visible à vingt mille kilomètres (non je n'exagère jamais), les pandas roux c'est trop mignon. Attention à la déferlante des produits dérivés...

The Batman est mon prochain film, j'ai hâte. Car, en plus, j'aime bien Robert... Un peu cabochard... mais j'aime bien.