Ex nihilo Neil

22 janvier 2024

Dordognots, têtes de veau !

Je ne suis sûrement pas le plus qualifié pour tester un jeu comme Dordogne : je suis natif de Lot-et-Garonne (born and raised, comme on dit), et les deux départements sont ennemis naturels depuis le Paléolithique. Il faut dire qu'entre ma terre natale, succession de vallons oubliés des dieux, voués à une agriculture sans grand prestige et contraints à faire sécher des prunes au soleil pour se forger une spécialité locale, et les incroyables paysages du Périgord noir, du Périgord blanc, du Périgord pourpre (non, sans rire, les mecs en ont tout un nuancier), leurs villages troglodytes, leurs grottes de Lascaux, leurs truffes et leur foie gras, on a un peu de mal à s'aligner. 

C'est donc avec la plus grande circonspection que je me suis lancé dans Dordogne. Mimi, la vingtaine, revient dans la maison de sa grand-mère décédée il y a peu. Ce qu'elle y trouve réveille ses souvenirs d'enfance, quand elle avait passé un été mémorable entre ces quatre murs et, surtout, dans la vallée de la Dordogne voisine (vraisemblablement entre Sarlat et La Roque-Gageac). Et c'est beau.

C'est même sacrément beau ! Le travail tout en aquarelle, les animations adorables de la petite Mimi à douze ans, le doublage impeccable, tout nous invite à poser la manette et à juste laisser passer une histoire qui aimerait bien évoquer Miyazaki et Pixar. Le problème, c'est que le gameplay aussi donne envie de poser la manette.

En tant que personne qui va faire du canoë dans ce coin tous les étés,
je peux affirmer que c'est très beau, mais pas exactement comme ça.

Dordogne a un souci avec son gameplay. Ce n'est pas exactement un point & click, mais pas exactement un cinematic platformer non plus, c'est un truc bâtard et inutilement prise de tête qui nous sort de l'histoire plus qu'il ne nous y immerge. C'est vraiment dommage car l'intrigue a du potentiel, il y a du drame, de l'action, des sentiments, il y a même la légende locale du Coulobre... mais soudain il faut appuyer sur A pour franchir un gouffre, bouger les bras pour se brosser les dents, se servir des céréales... et ça n'apporte rien. En prime ils ont ajouté des collectibles à chercher un peu partout, très faciles à rater quand on fait avancer l'histoire sans faire exprès, sans espoir de retour en arrière. Frustrant pour rien, donc. 

C'est dommage, mais d'un autre côté, qu'attendre d'autre d'un jeu choisissant un titre pareil ? Vivement sa suite, Lot-et-Garonne, qui nous enverra cueillir des noisettes à Cancon ou étaler des prunes sur des claies. On peut rêver...

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