Ex nihilo Neil

08 décembre 2023

Histoire de vœux

 


Alors, j'ai été voir Wish, le dernier Disney, eeeet... oui, faut qu'on en parle.

En soi, et pour faire court, Wish (ou Wish – Asha et la bonne étoile en français, parce que fuck) est un film oubliable. Il part sur une excellente base, qui mériterait franchement un meilleur traitement (un pays vous accorde asile et protection, mais en échange vous devez sacrifier votre souhait le plus profond, le plus personnel... le potentiel philosophique et politique d'une idée pareille est incroyable !), et n'en fait pas grand-chose. 

Déjà sur le fond, c'est pas foufou, mais sur la forme, c'est d'une tristesse ! Le studio est parti sur une logique de 3D avec cell shading qui donne une impression de fadeur et de platitude désespérante, surtout si on repense aux couleurs et à l'exubérance visuelle d'Encanto (sans même parler des expérimentations de la concurrence comme Spider-Man into the Spider-Verse ou Arcane...). Les chansons sont instantanément oubliées (en dehors – à l'extrême limite – de la chanson phare This Wish, dont la reprise finale porte une scène là aussi intéressante mais sous-exploitée). Bref, un film sans grand intérêt. Et autant je suis convaincu que Strange World sera redécouvert dans les années à venir, autant je parierais bien que Wish va sombrer dans l'oubli pour longtemps.

Mais ça, c'est juste le film. Seulement voilà, Wish n'est pas juste un Disney de plus : il est supposé être le long-métrage qui célèbre les cent ans du studio d'animation ! Et donc une synthèse de ce que Disney fait de mieux. Et quelque part, c'est réussi : Wish est un amas de clichés et de références incomprises à des films antérieurs, bien meilleurs, servi sur une animation sans âme, le résultat d'une succession de réunions de décideurs incapables de comprendre pourquoi leurs succès passés ont fonctionné. Disney finit son premier siècle dans une impasse artistique impressionnante. Ce n'est pas le premier creux de la vague du studio, mais l'étendue de sa mainmise sur Hollywood le rend particulièrement visible : que ce soit le MCU, la licence Star Wars, la Fox et donc le studio historique d'animation, y a plus grand-chose qui tienne debout côté cinéma chez Disney*. Le studio s'en relèvera, comme il l'a toujours fait, mais il va falloir penser à se recentrer sévèrement.  

* Paradoxalement, c'est en fait sans doute le studio d'animation qui tient le mieux la route, puisque les meilleurs films de la firme ces dernières années sont pour moi Encanto et Strange World. Mais ce dernier a été totalement boudé par le marketing, à la limite du désaveu public, ce qui là encore démontre à quel point les exécutifs ne comprennent plus rien à ce qu'ils font.


C'est d'autant plus cruel que dans la même soirée, j'ai vu Puss in Boots – The Last Wish (ça me semblait dans le thème). Et la claque ! 

Rien ne prédestinait le Chat Potté, personnage secondaire d'une licence surestimée, à devenir autre chose qu'un spin-off au mieux rigolo et sans intérêt. Et pourtant, les équipes de chez Dreamworks se sont sorti les doigts, creusé la tête et investies à fond pour proposer non seulement une animation au niveau des standards actuels, mais aussi une vraie histoire profonde, creusée, avec des thématiques fortes que ne négligerait pas un Pixar, des personnages tous très attachants (mention spéciale à Boucle d'Or et sa petite famille) et un méchant assez incroyable qui va marquer le monde de l'animation, que dis-je du cinéma pendant un bon moment. C'est une vraie pépite et je vous encourage à le voir au plus vite.


Ah oui, et y a Mars Express en ce moment au ciné, tous les vidéastes français en ont parlé, de Jean Massiet à Nexus VI, et c'est vrai, c'est super bien, de l'excellente SF française, ça fait plaisir, il faut encourager ça, allez-y. 

Mais on ne m'ôtera pas de l'idée que les voix sont à la ramasse, ce qui est très étrange pour de la création de voix (ce n'est pas du doublage, les voix ont été enregistrées avant l'animation, comme on fait toujours). Mon hypothèse c'est que le réalisateur, l'excellent Jérémy Périn, ne savait pas encore très bien ce qu'il voulait pour ses personnages et n'a pas osé dire à Léa Drucker et aux autres acteurs chevronnés qu'il avait dans son studio d'enregistrement : « Non, on la refait. » Ça n'a pas l'air de gêner grand-monde (les professionnels semblent même louer ce travail vocal que je trouve très médiocre), mais moi ça m'a sorti du film plusieurs fois. Ça reste super bien, hein.

1 commentaire:

Oud a dit…

Ah tu m'as donné envie de voir le Chat Potté et Mars Express :-). Quant à Wish, la bande annonce m'avait paru nian-nian (dans le sens déjà-vu, rien de novateur, pas de magie) ; et quand je vois ta critique, ma conclusion est faite : je ne le verrai pas.
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