Ex nihilo Neil

21 février 2025

Y a de l'IA

 


Pour diverses raisons que j'aurais vraiment préféré éviter, j'ai dû changer de PC et passer sur Windows 11. Ce n'était pas de gaieté de cœur, mais j'espérais au moins que ça rendrait mes différents logiciels un poil plus réactifs. Pas du tout, c'est tout le contraire puisque Microsoft et Adobe, non contents d'avoir désormais passé leurs solutions sur abonnement, ont mis de l'IA partout, ce qui les rend fatalement beaucoup plus stupides que les simples outils qu'elles étaient avant. Car rien n'est pire qu'un marteau intelligent : il va vite vous proposer des solutions pour enfoncer un clou sans lui taper dessus, devenant aussi inutile que les couilles d'un pape qu'un cautère sur une jambe de bois.

Avant, quand je faisais une recherche de texte sur un gros pdf (ce qui m'arrive très souvent dans le cadre de mon travail), ça prenait une seconde. Maintenant, l'IA intégrée à Acrobat essaie de réfléchir pour mieux comprendre ma demande, ce qui rend la recherche considérablement plus longue, quand elle aboutit. Ça me rend évidemment fou, mais bon, le pire est bien sûr que je n'ai plus mon logiciel habituel de traitement d'image donc pour les posts à venir, ça va être un peu plus compliqué... je retente avec Gimp, on verra si cette fois ça prend.

19 février 2025

Films plus ou moins bons

 J'ai vu des films, parlons-en...

 


 Captain America - Brave New World, Julius Onah, 2025

Un des reproches que j'entends le plus souvent sur les films du MCU, c'est qu'il faut avoir vu tous les films précédents pour les comprendre. Je suis rarement d'accord avec ce reproche, que je trouve la plupart du temps très exagéré. Toutefois, ce n'est pas le cas avec le nouveau Captain America. Vraiment pas.

Avant de voir Brave New World (titre choisi probablement au pif), il va falloir faire vos devoirs. J'ai compté, ce sont au moins dix films et séries qui sont directement référencés dans le film*, avec des enjeux parfois essentiels à une bonne compréhension. J'en étais d'autant plus conscient que je l'ai vu avec deux de mes nièces, une très au fait du MCU, l'autre beaucoup moins, et la seconde a galéré. 

Ceci dit, est-ce que c'est bien ? Boaf (attention ça spoile). 

Déjà, parlons purement technique : les effets sont vraiment pas ouf. On sent qu'ils ont dû faire des choix et se sont concentrés sur le Hulk rouge, qui est relativement réussi, mais tout le reste du film en pâtit vraiment. La réal n'est jamais très intéressante, et de nombreuses scènes puent le fond vert et les faux champs / contre-champs à plein nez (avec des acteurs qui se donnent la réplique sans s'être jamais croisés au cours du tournage). 

Ensuite, le casting n'est pas foufou non plus : Anthony Mackie n'a pas les épaules pour tenir un film (ce qui fait tristement écho à l'histoire de son personnage), Harrison Ford est (hors Indy et Han) un acteur fort surestimé et le film gâche globalement son Giancarlo Esposito, ce qui relève du crime.

Quant à l'histoire, si elle fait avancer le MCU (on aborde enfin la question du Céleste qui a surgi au milieu de l'océan dans Eternals) et annonce pour de bon les X-Men (avec l'adamantium), son approche trop légère des enjeux mène parfois le tout à la limite du ridicule. Eh, quoi, un nouveau minerai révolutionnaire vient d'apparaître, et seulement quatre pays se disputent pour l'avoir ? Et ces quatre pays sont les États-Unis, la France, le Japon et l'Inde ? Le truc est dans l'océan Indien, et y a pas un pays d'Afrique, pas un pays d'Océanie, pas un pays d'Asie du Sud-Est qui lève un sourcil ? Et ça se gère juste avec des discussions entre deux portes entre chefs d'État ? 

Quand Civil War mettait en scène la signature des accords de Sokovie (qui ne sont pourtant pas l'acmé du réalisme politique), au moins ça se passait à l'ONU, avec de multiples élus, une assemblée, des débats, on y croyait un minimum. Là c'est vraiment « les présidents arrangent les bidons entre eux ». Sans, étonnamment, aucun clin d’œil à la situation actuelle et désastreuse de la présidence américaine dans le vrai monde. Quant au climax du film, je m'attendais à des surprises, mais même pas : comme la bande-annonce l'a absurdement spoilé il y a des mois, le président devient le Hulk rouge, on le bat et c'est la fin. Eh, les gars, quand on disait qu'on ne voulait plus de twists débiles dans nos films, c'était le côté débile qui gênait, pas le twist !

Bon bref, y a des bons trucs dans le tas, forcément, mais c'est quand même très oubliable, ce qui est ennuyeux pour un film qui se veut clairement le pivot de la phase V du MCU.

* Soit L'Incroyable Hulk (oui !), deux Captain America (The Winter Soldier et Civil War), les quatre Avengers, Black Widow, Eternals et la lénifiante série Falcon and the Winter Soldier.


 Presence, Steven Soderbergh, 2025

Dans une maison de banlieue américaine typique, une petite famille emménage, inconsciente de la présence de... d'une présence, justement. Nous on le sait parce que la présence, c'est la caméra. Littéralement : tout le film se déroule en vue subjective du point de vue de ce poltergeist invisible. Et c'est génial. Formellement, déjà, parce que ça transforme tout regard caméra en élément diégétique crucial. Si un personnage regarde vers vous, c'est qu'il est conscient de la présence, ce qui permet quelques scènes assez impressionnantes. Par contre, attention, ce n'est pas du tout un film d'horreur, plutôt un thriller fantastique (on comprend notamment assez vite que la présence n'est pas là pour faire du mal), mais la qualité du jeu des acteurs, la maestria de la caméra (merci Soderbergh, qui n'a pas volé son statut de réalisateur culte) et l'intelligence du script (merci David Koepp, qui a signé quelques-uns des meilleurs scénarios des années 1990-2000, Jurassic Park en tête) font de ce film un vrai moment mémorable.


 Your Name, Makoto Shinkai, 2016

Depuis le temps qu'on entend parler de Your Name (et de Makoto Shinkai, le « nouveau Miyazaki », soi-disant), on avait envie de le découvrir. Et comme on n'avait aucune idée du scénario, et que la hype est quand même un peu retombée depuis 2016, on a pu être surpris comme à l'époque. Your Name raconte l'histoire de deux lycéens japonais qui, par un étrange phénomène, échangent leurs esprits un jour sur deux. Mitsuha s'ennuie dans sa campagne éloignée de tout, Taki s'ennuie dans son micro-appartement de Tokyo, et ils vont chacun découvrir la vie de l'autre. C'est tout ? Non, loin, très loin de là, Your Name en a sous le capot et ne se repose pas jusqu'à la dernière minute, comme le fera Suzume, du même réalisateur, quelques années plus tard. Une fable moderne, dynamique, joyeuse et sombre à la fois, et toujours une vision porteuse d'espoir sur cette jeunesse en mal de repère mais pas d'énergie.

17 février 2025

Village romantique

 

Nous l'avions testé à Essen, et nous savions déjà que nous le récupérerions un jour ou l'autre pour le rincer : Dorfromantik est déjà bien parti pour être un de nos jeux de plateau de l'année (si tant est qu'on tienne les comptes).

Dorfromantik est l'adaptation en plateau du jeu vidéo du même nom, et c'est un jeu de pose de tuiles à la cool. Vous avez votre paquet de tuiles hexagonales, vous allez les poser une à une, en toute concertation (c'est coopératif), pour essayer de maximiser les points. Chaque partie vous fait progresser dans une espèce d'arbre de talents qui débloque de nouvelles tuiles et de nouvelles manières de marquer des points.

Ce n'est jamais bloquant, jamais très dur, jamais prise de tête, ça réclame juste ce qu'il faut de réflexion. On peut jouer bourrin de l'optimisation, mais je préconise plutôt d'y aller cool et de se garder la surprise au décompte, quand on se rend compte qu'en fait on a pas été si mauvais. En bref c'est charmant, et on a enchaîné les parties toute la semaine dernière sans jamais nous lasser.

14 février 2025

Dernières lectures

 J'ai lu des BD, des très vieilles, des très récentes, des moyennement proximales...


 Les Passagers du vent, Bourgeon (éd. Casterman)

Attention, grand classique, que je pensais avoir déjà lu mais en fait pas du tout. Les Passagers du vent, c'est l'histoire d'une jeune aventurière et d'un gabier qui vont parcourir le monde à la modérément glorieuse époque du commerce triangulaire. La BD a les qualités et les défauts d'une œuvre des années 1980-1990, notamment ce graphisme semi-réaliste que je trouvais insupportable quand j'étais jeune. J'ai vieilli et aujourd'hui j'arrive à apprécier la richesse visuelle (notamment les navires) et la qualité de la documentation (on sent que l'auteur a bien fait ses devoirs). L'œuvre nous fait suivre un personnage plutôt progressiste faisant face aux abominations de son époque, sans en occulter les pires horreurs. Une excellente lecture, que je déconseillerai toutefois aux plus jeunes (car il y a, surprise vu le thème, du sexe et de la violence, et pas le genre qui fait envie).


 Le Château des étoiles, Alex Alice, éd. Rue de Sèvres

J'ai enfin attaqué cette saga qui emprunte autant à Jules Verne qu'à Hayao Miyazaki, et qui prend place dans une Europe de la seconde moitié du XIXe siècle en pleine conquête spatiale suite à la découverte de la technologie de l'éther. Alex Alice, que j'ai découvert il y a bieeeeeen longtemps avec Le Troisième Testament (scénarisé par l'excellent Xavier Dorison), a pas mal changé de style et propose une aventure épique, magnifiée par des dessins tout en douceur et tons pastel (au début du moins). C'est sublime, c'est haletant, et là pour le coup c'est pour toute la famille. Je n'ai pas encore lu la série dérivée scénarisée par Ayroles (De cape et de crocs), mais ça viendra forcément.


Donjon Parade : Le Sirop des costauds (Tebo)
et L'Hostellerie des impôts (Erwann Surcouf),
scénarios de Sfar et Trondheim, éd. Delcourt

Donjon Parade, c'est la sous-série rigolote de Donjon, celle où Marvin et Herbert font les cons avant d'aller vivre de vraies grandes aventures. C'est souvent un peu concon, mais toujours marrant, et l'arrivée de Tebo aux crayons ne va certainement pas changer ça. Tebo, c'est un peu l'équivalent en BD de ce gamin qui passe son temps à jouer avec ses crottes de nez, puis soudain prend un violon et vous interprète un concerto impeccable. Un génie, voilà, mais un génie qui aime dessiner des cacas. Ses compositions, ses choix de volumes, de couleurs, sont toujours parfaits, il a un sens du rythme impeccable, et même ses (nombreuses) blagues scatologiques sont drôles. Quant à Erwann Surcouf, il n'a plus rien à prouver. Deux albums de plus à mettre sur la pile de plus de soixante tomes que constitue désormais l'incroyable saga Donjon !

 

12 février 2025

Game of Oz

 

Ça faisait quelque temps que je voulais lire le roman de Gregory Maguire dont est tiré Wicked. Ça tombe bien, on le trouve partout, réédité en version Poche par Bragelonne, avec en couverture l'affiche du film. Du coup soyez prévenu : ne l'achetez surtout pas pour vos enfants qui veulent en savoir plus sur l'univers !

Je pèse mes mots quand je le dis : Wicked le roman, c'est Game of Thrones. Et pas dans le sens « ouais, c'est de la fantasy avec du cul, trop dark ! », non*. Dans le sens où c'est de la fantasy très matérialiste, très sérieuse, qui explore en profondeur les aspects géopolitiques, philosophiques, religieux et sociologiques qu'implique un monde comme Oz**. C'est sombre dans le sens où ce n'est pas du tout merveilleux. Du coup, vous vous en doutez si vous l'avez vue, c'est très éloigné de la comédie musicale.

La base est (relativement) proche : Elphaba, née verte et méprisée pour cela, va rencontrer Glinda à l'université de Shiz, et prendre parti pour la cause Animale***. Boq et Fiyero existent et jouent un rôle. Passés ces points, ça diverge très fortement du musical. Les intrigues et manigances politiques sont nombreuses et complexes, et la romance, si elle est présente, est totalement accessoire par rapport à la question de l'origine du mal (il semble que ce soit un élément récurrent dans l'œuvre de Maguire). 

Après, est-ce que le roman est bien ? Oui, indubitablement, c'est un excellent roman de dark fantasy que je conseille ardemment. Est-ce qu'il est mieux que le musical ? Je botterai en touche en reprenant les propos de Lindsay Ellis : « En théorie, je préfère le roman. En pratique, je préfère le musical. » 

* Même s'il y a du cul, oui.

** Exemple parmi d'autres, les distances sont très importantes et quand on voyage d'une région à l'autre, ça prend vraiment du temps. 

*** Avec un grand A, car au pays d'Oz, on distingue les animaux (tels que nous les connaissons) des Animaux, qui ont une conscience et savent s'exprimer à l'oral.

10 février 2025

Train de nuit

 


Pour des raisons un peu compliquées (mais pas dramatiques), on a fait plus de vingt heures de train ce week-end pour remonter nos neveu / nièces du Sud jusqu'à Paris. Une belle épopée en train de nuit qui nous a rappelé que dormir dans son lit, c'est quand même pas mal...

07 février 2025

Les futurs restes du monde

 


Je ne vous cache pas que l'état du monde me préoccupe quelque peu. 

Je me souviens que dans les années 1990, j'ai vu Sarkozy invité dans une émission de Michel Drucker, et que je m'étais dit que ce n'était pas normal que des hommes politiques participent à une émission de divertissement. Que ce n'était pas leur place. 

Je me souviens qu'il y a quelques années, ma mère était allée visiter la Turquie en voyage organisé. Là-bas, elle avait rencontré une guide locale qui lui avait fait forte impression, et qui lui avait notamment parlé de la dictature et de toutes ces choses, et lui avait dit : « Faites attention, ça peut arriver très vite. »

Je me souviens qu'en cours d'histoire, on se demandait souvent, en tant qu'élèves, comment les Européens n'avaient pas vu que Hitler et compagnie étaient dangereux, que le fascisme montait et que c'était une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Comment ils avaient pu laisser faire ça ?

Ben maintenant on sait, comme le chantait GiedRé.


05 février 2025

Quel est cet ouragan ?

 


Dessiner les frères Ornithorynque m'a rappelé de vieux souvenirs. Quand on pense aux séries Warner des années 1990, on fait généralement référence à Tiny Toons ou Animaniacs (qui sont disons-le des chefs-d'œuvre inoubliables), les plus pédants évoquent Freakazoid, mais on oublie généralement Taz-Mania, alors qu'elle était tout aussi estimable*.

Taz-Mania est sortie entre Tiny Toons et Animaniacs, et en cela elle était parfaitement à sa place : entre la parodie de genre (série d'ados pour Tiny Toons, sitcom familiale pour Taz-Mania) et le méta postmoderne pur. Pour concevoir la série, les exécutifs de la Warner ont fait ce qu'ils font le mieux : considérer leurs toons comme des acteurs. Celui que l'on appelait jusque-là simplement « le Diable de Tasmanie », antagoniste récurrent de Bugs Bunny, devient Taz, un personnage décalé et en butte avec le reste du monde, star de son propre show comme Jerry Seinfeld ou Drew Carey à la même époque. On lui découvre une famille conventionnelle, très typique des nineties, avec le père lymphatique, la maman executive woman, la sœur ado fan de boys band et le petit frère excité par tout ce qui l'entoure. Et les trois cents seconds rôles qui orbitent autour.

L'action ayant lieu en Tasmanie, les créateurs ont logiquement convoqué tout le bestiaire océanien : on trouve Django le dingo, Woody Toufou le loup de Tasmanie**, Constance la koala, Yaka le wallaby, Bull et Harry les alligators, Daniel et Timothée, donc, les ornithorynques, Buddy Star le sanglier, Willy le wombat, des kiwis, des aborigènes, etc. Et tout le monde parle, parle, parle...

Beaucoup de personnages qui jouent tous un peu
dans leur propre série... ce qui préfigure clairement l'émission
à sketchs que sera Animaniacs.

L'idée à mon avis la plus géniale de la série est de mettre en face de Taz, personnage par nature incapable d'articuler deux mots de suite (encore aujourd'hui, entendre Taz éructer ses « Rhatatata prrt ! » me fait hurler de rire) des personnages s'exprimant copieusement, et de manière très soutenue. C'est tout bête mais le contraste marche très bien, et a sans doute beaucoup participé à ma tendance à pontifier en faisant des tournures de phrases trop complexes, même à l'oral.

La série devait être populaire puisque Taz a un temps présenté l'émission jeunesse Télétaz sur France 3 (un peu comme Donkey Kong animait DKTV sur France 2), avec des détournements des épisodes. Mais elle est depuis assez oubliée, et que je sache n'est même pas disponible en DVD***.

* Et y a sûrement un gars perdu qui crie au fond de la salle « Et Histéria ! Tu oublies Histéria ! » Oui, Jean-Kevin, j'oublie Histéria, comme tout le monde.

**  Concept hilarant puisqu'il s'agit d'une parodie de Woody Allen, très bavard et surtout très angoissé d'être le dernier de son espèce.

*** La trace la plus célèbre aujourd'hui restant sans doute l'horrible jeu vidéo sur Megadrive, dont le JDG a déjà parlé.

03 février 2025

Saltation de crêpes


Hier c'était la chandeleur, alors on a invité des amis aux enfants étrangement très blonds, et on a fait sauter les crêpes, blondes aussi. C'était cool.