Ex nihilo Neil

31 janvier 2022

Péché mignon

 

J'ai une nouvelle passion gustative depuis quelques années : le pandan.

Le pandan (Pandanus amaryllifolius), c'est avant tout une herbe dont les longues feuilles sont utilisées en cuisine asiatique. Elle donne un léger goût de vanille, de noisette et surtout de gros colorant chimique qui tache, sensation renforcée par la couleur vert fluo qu'elle confère systématiquement aux aliments où on l'utilise. J'adore ça. 

Tenez, un cake au pandan. Couleur 100 % naturelle.

Ça vous fait pas envie ? Tant mieux, ça fera plus pour moi !

 


28 janvier 2022

Derniers films : déprime sublime, super-héros foireux et Dwayne Johnson

Allez, après le post dépressif de mercredi (désolé, j'avais besoin que ça sorte), retour à la vraie vie de tous les jours, et aux (nombreux) films que j'ai vus ces dernières semaines, dans un désordre total.


Dear Evan Hansen, Stephen Chbosky, 2021

On attaque direct avec un film encore en salles, adaptation d'une comédie musicale que j'adore. Au début, j'étais assez dubitatif sur le choix de reprendre Ben Platt, qui avait créé le rôle-titre sur scène, pour jouer le tout jeune Evan Hansen. Parce que aujourd'hui, Platt a 28 ans, c'est-à-dire onze ans de plus que le personnage, et qu'objectivement ça se voit. D'ailleurs beaucoup de critiques ont été rebutés par ce point.

Je pensais que j'en ferais partie, mais au bout de cinq minutes de film j'étais dedans à fond. On a pleuré pendant la moitié du long-métrage, les musiques sont merveilleuses, l'interprétation ultra sensible de Platt magnifique (en même temps c'est l'intérêt d'une comédie musicale au cinéma : une version impeccable des chansons, sans les imperfections de la scène), et le sujet casse-gueule du scénario (qui traite quand même de suicide adolescent, de la dépression chez les lycéens américains, des difficultés parentales...) passe sans problème. En tout cas pour nous. En revanche, si vous n'aimez pas les comédies musicales, ce n'est sans doute pas par celle-là qu'il faut commencer.


Birds of Prey and the Fantabulous Emancipation of one Harley Quinn, Cathy Yan, 2020

J'ai fini par suivre le conseil donné en son temps par un lecteur du blog (Croque-Forme Teethroad il me semble) et j'ai vu le deuxième film mettant en scène Margot Robbie en Harley Quinn... et c'est effectivement très bien. C'est pas génial-oh-mon-Dieu-j'ai-tellement-kiffé, mais c'est très bien. Le personnage est intelligemment traité, l'humour fonctionne, visuellement c'est très cool (Gotham City en plein jour, déjà ça fait du bien, et les décors font parfois penser aux vieux Batman des années 1960 sans que ça choque, ce qui n'est pas rien niveau performance)... 

Quant au ton féministe, il est très assumé et fonctionne parfaitement. C'est vraiment une histoire d'émancipation, avec un méchant très méchant, tout aussi caricatural que celui de Black Widow mais nettement plus à sa place dans ce grand délire chamarré, et incarné magistralement par Ewan McGregor (qui arrive à mettre un vrai malaise à l'écran par moment).

 

Super, James Gunn, 2010

Du coup, j'ai eu envie de voir Super. Le rapport ? Ben, Harley Quinn était aussi dans The Suicide Squad de James Gunn, et James Gunn avait fait un autre film de super héros, Super, en 2010. Donc j'ai eu envie de le voir. Et c'était... intéressant.

Super est rigolo, bien sûr, mais dans le fond ça reste un film sombre, voire très sombre, sur la dépression, le mal-être et la violence. Le héros, magnifique Rainn Wilson (Dwight dans The Office, qui joue toujours aussi bien le mec à la fois totalement sûr de lui et complètement paumé), se fait plaquer, entend la voix de Dieu et décide de rendre la justice à coups de clé anglaise dans les rues de sa ville. Il se retrouve avec une sidekick encore plus timbrée que lui et va essayer de sauver sa femme, retenue plus ou moins contre son gré par Kevin Bacon, et comme chacun sait, tout est mieux avec Kevin Bacon (et avec du bacon, mais c'est un autre sujet). 

On se marre, mais on est aussi gênés. De plus en plus gênés, à mesure que la violence (filmée de manière très réaliste) monte pour des motifs parfois absurdes, à mesure que les « gentils » montrent à quel point ils sont complètement à côté de la réalité (alors que les « méchants » sont plutôt mesurés), à mesure que leurs actes deviennent clairement des moments de folie. Au final, si le film est moins poilant qu'un Kick-Ass (auquel il a forcément été comparé), c'est surtout parce qu'il a beaucoup mieux compris son sujet, et qu'il est beaucoup moins enthousiaste à son propos.

 

Captain Fantastic, Matt Ross, 2016

Tout le monde s'est paluché sur ce film à sa sortie, personnellement je trouvais qu'il avait l'air de puer, j'ai donc un peu attendu que ça se calme avant d'y toucher. Et j'avais pas tort.

Captain Fantastic est un film qui a pour but de soutenir une thèse sans intérêt, un peu comme The Purge qui va s'employer à démontrer qu'un système que personne n'a jamais voulu mettre en place ne fonctionne pas. Un couple décide d'élever ses enfants dans la forêt, pour leur faire atteindre le maximum de leurs capacités. Entraînement physique quasi militaire, éducation politique, philosophique et scientifique optimale, rien ne leur est épargné. Et quand la mère meurt, il faut retourner à la civilisation pour affronter la réalité (et notamment la belle-famille, qui ne comprend rien à ce mode de vie courageux et a le toupet de le trouver dangereux et inapproprié).

Pour moi, le film essaie d'expliquer quelque chose qu'il n'a pas vraiment compris. Déjà, ce n'est que mon avis, mais je pense que si on applique vraiment l'éducation telle qu'elle est montrée ici, il ne se passe pas un mois avant qu'il y ait des morts. Ensuite, il y a un côté vraiment absurde qui se dégage quand on réalise que le patriarche (toujours hallucinant Viggo Mortensen) agit en tyran despotique, présenté comme un surhomme rompu à toutes les ficelles du survivalisme, mais aussi à la physique des particules, aux sciences politiques, à la littérature et à la philosophie au plus large sens du terme. Autant dire que tout le monde ne peut pas prétendre à assurer ce genre d'éducation. Et ce mec exalte les vertus de la démocratie, notamment en citant régulièrement le penseur Noam Chomsky (qui n'est pas exactement un défenseur du survivalisme).

Le film démontre donc que ce type d'éducation, que personne n'envisage et que personne n'est de toute façon en condition de donner à ses enfants, n'est pas souhaitable. Merci bien. La prochaine fois, il faudrait un film pour prouver que générer du feu avec les yeux n'est pas une bonne chose à enseigner aux enfants.

 

Love and Monsters, Michael Matthews, 2020

On était tombés par hasard sur la bande-annonce de ce film, qui nous avait intrigués, alors on l'a regardé. Et c'était une assez bonne surprise. On est plus sur du très bon téléfilm que sur un grand film, mais c'est déjà pas si mal.

L'humanité s'est cassée la gueule, elle ne survit que dans quelques bunkers souterrains, la surface étant infestée de créatures géantes dangereuses. Mais pas de bol, Joel s'est retrouvé dans un autre bunker que sa copine Aimee, et malgré son manque de qualités guerrières, il décide d'aller la rejoindre. Commence un voyage initiatique convenu mais pas désagréable, avec de beaux effets spéciaux, quelques scènes fort sympathiques et des acteurs convaincants. Tout pour une bonne soirée popcorn sans prétention.

 

Jumanji – Welcome to the Jungle, Jake Kasdan, 2017

On m'avait dit que le remake de Jumanji (1995) était mieux qu'il n'en avait l'air, ce qui me semblait confirmé par la présence de Dwayne Johnson (que j'aime beaucoup) et de Jack Black (que j'aime autant) à l'affiche, et on avait raison. Déjà je ne suis pas un grand fan du film d'origine avec Robin Williams, donc je n'allais pas crier au sacrilège s'ils rebootaient le concept en en faisant un jeu vidéo. C'est ce qu'ils font, ça marche très bien.

L'aventure est très plaisante, mettant en gros quatre ressortissants du Breakfast Club dans la peau d'avatars adultes bien balaises. Les acteurs sont tip top (notamment, et j'en suis quand même étonné, je trouve que Jack Black joue très bien la bimbo), ça avance sans temps mort jusqu'à un final attendu mais satisfaisant... Durant le générique de fin, j'avais juste envie d'aller voir la suite (Jumanji – Next Level, sorti en 2019). Au lieu de quoi j'ai opté pour...

 

Jungle Cruise, Jaume Collet-Serra, 2021

Pour ma soirée Dwayne Johnson (j'ai parfois des idées bizarres), j'ai vu son dernier film en date, adaptation d'une attraction de Disneyland (un principe qui n'a jusqu'ici généré que deux bons films : Pirates des Caraïbes et Tomorrowland), et c'était pas fou. En dehors d'un twist que je n'ai vraiment pas vu venir aux deux tiers du film, c'est assez mou, jamais très fin, et j'ai dû cligner des oreilles parce que je n'ai rien compris à la résolution de l'intrigue... Je déconseille donc.

26 janvier 2022

Les leçons de la crise

On dit beaucoup que la crise sanitaire nous aura appris des choses. Au premier rang des leçons, il y a cette folie qui n'a surpris personne et qui semble désormais acquise comme s'il s'agissait d'une simple donnée supplémentaire : les travailleurs réellement utiles et indispensables à notre société sont les moins considérés et les moins payés. 

Il y a une autre leçon dont personne ne parle, mais que je ressens terriblement fort peser sur mon âme : elle a révélé que nous étions prisonniers. Qu'il n'y avait pas d'échappatoire. Au plus fort des crises passées, il y avait toujours une petite voix au fond de mon cerveau qui me murmurait : « si vraiment ça part en vrille, tu peux toujours te barrer. » Bien sûr je ne l'ai pas fait (du moins au sens où je n'ai pas émigré au Canada quand Sarkozy est arrivé au pouvoir), mais cette possibilité même était en soi rassurante. Il y avait une alternative. Une option. Une porte de sortie.

Désormais c'est fini. Au plus fort de la crise du Covid, la voix a essayé de revenir me consoler, mais s'est violemment heurtée à la réalité : la planète entière est touchée, il n'y a pas d'autre pays où s'exiler, pas de grotte lointaine où s'établir en ermite. Nous sommes prisonniers de notre chère planète bleue. Un beau parleur a un jour dit « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ; la réalité est bien pire. Notre prison brûle, nous sommes dedans, et elle n'a pas de porte. 



Du coup (et c'est vraiment pour ne pas finir sur cette conclusion ultra déprimante), j'ai acheté la nouvelle édition de Mutant: Year Zero, parue chez Arkhane Asylum. J'avais bossé sur la version de Sans-Détour, avant que l'éditeur ne fasse faillite suite à des trucs pas clairs, et leur traduction avait pas mal de manques et de défauts qui m'avaient empêché de tenter de mener quelques parties. 

 

Maintenant que le matériel est vraiment sorti (dés, cartes, aides de jeu, scénarios...), et en bonne qualité, je pense emmener prochainement mon groupe de joueurs explorer la Zone autour de l'Arche, dans une bonne ambiance post-apocalyptique bien d'actualité.

24 janvier 2022

Le mystère du septième matricule

 


Je viens enfin de finaliser ma collection de l'intégrale des œuvres de Keno Don Rosa, parues chez Glénat il y a quelques années déjà. Ça m'a pris du temps parce que j'ai fait un point d'honneur de ne les acheter qu'en soldes (cette collection est épouvantablement chère, à presque 30 euros le tome... oui, le personnage principal a peut-être un peu déteint sur moi).

Si vous êtes un lecteur régulier du blog vous connaissez déjà Don Rosa, grand auteur qui a magnifié les aventures de Picsou dans les années 1990, donnant une épaisseur et une cohérence inédites à l'univers des canards créé par Carl Barks quarante ans plus tôt. Je ne peux que vous en conseiller la lecture, c'est toujours aussi agréable aujourd'hui.

Mais Don Rosa, à la base, ce n'était pas un dessinateur mais un ingénieur en génie civil. D'où sa passion pour les histoires à base de transgression des lois de la physique, notamment. On connaît ses multiples tics d'écriture, mais aujourd'hui je vais aborder une anecdote que je n'ai pas souvent vue évoquée dans les articles le concernant.

En anglais, les Rapetou sont les Beagle Boys (Beagle comme...
beagle. La race de chien.) Et dans Ducktales, leurs noms commencent
tous par un B pour faire une allitération avec Beagle :
Bouncer, Big Time, Burger...
 

Si dans les versions animées, les frères Rapetou ont des noms (La Science, Burger, La Gonflette...), ce n'est pas le cas dans la BD, où ils sont tous strictement identiques et ne sont désignés que par leur matricule. Affiché en grand sur leur chandail, celui-ci est toujours composé de la même manière : le nombre 176, suivi d'une combinaison des trois chiffres 1, 7 et 6. 

Or, si vous avez fait des maths, vous savez que ça donne 3! combinaisons (factorielle 3, c'est-à-dire 1 × 2 × 3 = 6). À savoir : 176-176, 176-167, 176-671, 176-617, 176-716 et 176-761. Il ne peut donc théoriquement y avoir que six frères Rapetou. Or, ce n'est pas le cas.

En effet, Don Rosa en met systématiquement sept en scène. Pourquoi sept ? Parce que, précisément, il sait pertinemment qu'il ne peut y en avoir que six. Il joue donc sur cette impossibilité en évitant toujours très soigneusement de montrer tous les matricules dans la même case. Une blague de matheux, qui fait qu'on ne saura jamais quel est le septième matricule.

21 janvier 2022

Hawkeye


 

Alors, on va expédier les trucs que j'ai bien aimés dans Hawkeye : déjà il y a deux de mes jeunes actrices préférées, Haylee Steinfeld* et Florence Pugh**, et je me régale d'avance à l'idée que leurs personnages vont devenir copines (s'ils arrivent à engager un bon dialoguiste, ce qui ne semble vraiment pas facile ces temps-ci !). Et il y a une ou deux scènes (surtout celle du dialogue au téléphone avec le fils de Clint) qui sont authentiquement réussies.

Tout le reste est raté. Déjà, le problème de Hawkeye, c’est que la série pourrait durer deux heures et raconter les mêmes choses bien mieux, avec un bien meilleur rythme. Au lieu de quoi elle s'enlise, se perd dans des dialogues longs, chiants et mal écrits, et n'arrive même pas à présenter son personnage principal correctement. Je pensais naïvement qu'en six épisodes, on en apprendrait plus sur Clint Barton, comment il est entré au Shield, pourquoi il a un arc, comment il a rencontré sa femme... Ok, ça n'aurait peut-être pas été palpitant, mais au moins ça aurait ajouté de la cohérence, plutôt que du n'importe quoi.

Mais à la limite, j'aurais pu pardonner ça. Ce que je ne pardonne pas, c'est ce p... de dernier épisode qui fait n'importe quoi avec les personnages que la série a péniblement installés. 

Et surtout, surtout, ils introduisent le fucking Caïd, joué par fucking Vincent D'Onofrio***, juste pour en faire de la merde. Parce que, entre autres problèmes, Wilson Fisk contre Kate Bishop au corps à corps, ça finit pas en match nul. Ça finit avec une Kate Bishop cassée en deux et un Caïd même pas transpirant qui fait exécuter tous les membres de sa famille. 

* Révélée dans le formidable True Grit des frères Coen, revue depuis dans Bumblebee (et vous savez comme j'aime ce film) et entendue dans Arcane (c'est elle qui double Vi) et Spider-Man into the Spider-Verse (Spider-Gwen). Vous remarquerez que ce ne sont que des rôles qui pètent la classe.

** Que j'ai redécouverte dans Midsommar, où elle donne un aperçu impressionnant de son talent. 

*** Qui l'incarnait déjà magnifiquement dans le Daredevil de Netflix.

20 janvier 2022

What if...?

 

Tout le monde a adoré What if…?, et franchement je ne comprends pas pourquoi. Le concept avait un potentiel phénoménal, on aurait pu explorer des éventualités folles, et on se retrouve avec « et si Peggy Carter était devenue Captain America à la place de Steve Rogers ? » Eh ben ça n'aurait quasiment rien changé, super. « Et si T'Challa était devenu Starlord ? » Vous aviez pas plus random comme idée ? Genre « et si en fait Thanos c'était le crabe géant dans Vaiana ? » Ou « et si Loki était un bébé alligator ? » (ah, non, ça ils l'ont fait dans Loki, et c'était rigolo... comme quoi !)*.

Au final on se retrouve avec une série très inégale, avec des épisodes faiblards qui en côtoient d'autres un poil plus intéressants (celui sur Dr Strange, notamment, qui aura sans doute des conséquences dans le prochain film du MCU). Le concept de multivers est une fois de plus très présent, avec le personnage du Watcher, mais ça ne va vraiment pas très loin, et seule la qualité de l'animation (en même temps c'est une série Disney, on pouvait s'y attendre) rattrape un peu le tout. Y en a qui aiment, mais moi j'y vois juste un gros gâchis. 

* Ça me rappelle d'ailleurs que tout un tiers de la saison 4 d'Agents of SHIELD montre une société alternative où Hydra aurait pris le pouvoir, et même si c'était très cliché c'était quand même dix fois plus intéressant. Quand votre série n'arrive pas à faire aussi bien qu'Agents of SHIELD, il faut vous poser des questions.

19 janvier 2022

Loki

 

Est-il possible de rater une série mettant en vedette Tom Hiddleston dans son rôle star ? Apparemment non, pas vraiment. 

Même si on ne comprend pas tout et que le concept de multivers est à l’évidence une chausse-trappe à scénario de dimensions cosmiques, Loki la série a la classe, autant que Loki le personnage. Alors quand en plus vous avez sur le même écran Hiddleston et Owen Wilson*, il y a clairement concours de bouffage de caméra. L’arrivée de l'excellente Sophia Di Martino ne simplifie pas l’équation, et je passe sur le final où on nous révèle ce qui sera sans doute le futur grand méchant du MCU, Kang le Conquérant, dans une scène à rallonge qui devrait être insupportable mais que je trouve pourtant parfaite. Un gros cabotinage pour conclure Loki, franchement c’est logique.

* Que vous avez vu dans plein de trucs, mais notamment chez Wes Anderson au cinéma.