Ex nihilo Neil

26 janvier 2022

Les leçons de la crise

On dit beaucoup que la crise sanitaire nous aura appris des choses. Au premier rang des leçons, il y a cette folie qui n'a surpris personne et qui semble désormais acquise comme s'il s'agissait d'une simple donnée supplémentaire : les travailleurs réellement utiles et indispensables à notre société sont les moins considérés et les moins payés. 

Il y a une autre leçon dont personne ne parle, mais que je ressens terriblement fort peser sur mon âme : elle a révélé que nous étions prisonniers. Qu'il n'y avait pas d'échappatoire. Au plus fort des crises passées, il y avait toujours une petite voix au fond de mon cerveau qui me murmurait : « si vraiment ça part en vrille, tu peux toujours te barrer. » Bien sûr je ne l'ai pas fait (du moins au sens où je n'ai pas émigré au Canada quand Sarkozy est arrivé au pouvoir), mais cette possibilité même était en soi rassurante. Il y avait une alternative. Une option. Une porte de sortie.

Désormais c'est fini. Au plus fort de la crise du Covid, la voix a essayé de revenir me consoler, mais s'est violemment heurtée à la réalité : la planète entière est touchée, il n'y a pas d'autre pays où s'exiler, pas de grotte lointaine où s'établir en ermite. Nous sommes prisonniers de notre chère planète bleue. Un beau parleur a un jour dit « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ; la réalité est bien pire. Notre prison brûle, nous sommes dedans, et elle n'a pas de porte. 



Du coup (et c'est vraiment pour ne pas finir sur cette conclusion ultra déprimante), j'ai acheté la nouvelle édition de Mutant: Year Zero, parue chez Arkhane Asylum. J'avais bossé sur la version de Sans-Détour, avant que l'éditeur ne fasse faillite suite à des trucs pas clairs, et leur traduction avait pas mal de manques et de défauts qui m'avaient empêché de tenter de mener quelques parties. 

 

Maintenant que le matériel est vraiment sorti (dés, cartes, aides de jeu, scénarios...), et en bonne qualité, je pense emmener prochainement mon groupe de joueurs explorer la Zone autour de l'Arche, dans une bonne ambiance post-apocalyptique bien d'actualité.

1 commentaire:

SammyDay a dit…

Oui, l'idée qu'on puisse avoir un scénario apocalyptique, mais avec potentiellement des ilots d'humanité où se réfugier après le cataclysme, ça aussi ça a pris du plomb dans l'aile.

Constat tout aussi déprimant : l'humanité a beaucoup de mal à apprendre de ses erreurs. Les thèmes de la campagne présidentielle sont ceux d'il y a cinq ans (à peu de choses près), ce qui dessine de plus en plus la rupture entre les victimes de la crise et les autres.