Ex nihilo Neil

28 janvier 2022

Derniers films : déprime sublime, super-héros foireux et Dwayne Johnson

Allez, après le post dépressif de mercredi (désolé, j'avais besoin que ça sorte), retour à la vraie vie de tous les jours, et aux (nombreux) films que j'ai vus ces dernières semaines, dans un désordre total.


Dear Evan Hansen, Stephen Chbosky, 2021

On attaque direct avec un film encore en salles, adaptation d'une comédie musicale que j'adore. Au début, j'étais assez dubitatif sur le choix de reprendre Ben Platt, qui avait créé le rôle-titre sur scène, pour jouer le tout jeune Evan Hansen. Parce que aujourd'hui, Platt a 28 ans, c'est-à-dire onze ans de plus que le personnage, et qu'objectivement ça se voit. D'ailleurs beaucoup de critiques ont été rebutés par ce point.

Je pensais que j'en ferais partie, mais au bout de cinq minutes de film j'étais dedans à fond. On a pleuré pendant la moitié du long-métrage, les musiques sont merveilleuses, l'interprétation ultra sensible de Platt magnifique (en même temps c'est l'intérêt d'une comédie musicale au cinéma : une version impeccable des chansons, sans les imperfections de la scène), et le sujet casse-gueule du scénario (qui traite quand même de suicide adolescent, de la dépression chez les lycéens américains, des difficultés parentales...) passe sans problème. En tout cas pour nous. En revanche, si vous n'aimez pas les comédies musicales, ce n'est sans doute pas par celle-là qu'il faut commencer.


Birds of Prey and the Fantabulous Emancipation of one Harley Quinn, Cathy Yan, 2020

J'ai fini par suivre le conseil donné en son temps par un lecteur du blog (Croque-Forme Teethroad il me semble) et j'ai vu le deuxième film mettant en scène Margot Robbie en Harley Quinn... et c'est effectivement très bien. C'est pas génial-oh-mon-Dieu-j'ai-tellement-kiffé, mais c'est très bien. Le personnage est intelligemment traité, l'humour fonctionne, visuellement c'est très cool (Gotham City en plein jour, déjà ça fait du bien, et les décors font parfois penser aux vieux Batman des années 1960 sans que ça choque, ce qui n'est pas rien niveau performance)... 

Quant au ton féministe, il est très assumé et fonctionne parfaitement. C'est vraiment une histoire d'émancipation, avec un méchant très méchant, tout aussi caricatural que celui de Black Widow mais nettement plus à sa place dans ce grand délire chamarré, et incarné magistralement par Ewan McGregor (qui arrive à mettre un vrai malaise à l'écran par moment).

 

Super, James Gunn, 2010

Du coup, j'ai eu envie de voir Super. Le rapport ? Ben, Harley Quinn était aussi dans The Suicide Squad de James Gunn, et James Gunn avait fait un autre film de super héros, Super, en 2010. Donc j'ai eu envie de le voir. Et c'était... intéressant.

Super est rigolo, bien sûr, mais dans le fond ça reste un film sombre, voire très sombre, sur la dépression, le mal-être et la violence. Le héros, magnifique Rainn Wilson (Dwight dans The Office, qui joue toujours aussi bien le mec à la fois totalement sûr de lui et complètement paumé), se fait plaquer, entend la voix de Dieu et décide de rendre la justice à coups de clé anglaise dans les rues de sa ville. Il se retrouve avec une sidekick encore plus timbrée que lui et va essayer de sauver sa femme, retenue plus ou moins contre son gré par Kevin Bacon, et comme chacun sait, tout est mieux avec Kevin Bacon (et avec du bacon, mais c'est un autre sujet). 

On se marre, mais on est aussi gênés. De plus en plus gênés, à mesure que la violence (filmée de manière très réaliste) monte pour des motifs parfois absurdes, à mesure que les « gentils » montrent à quel point ils sont complètement à côté de la réalité (alors que les « méchants » sont plutôt mesurés), à mesure que leurs actes deviennent clairement des moments de folie. Au final, si le film est moins poilant qu'un Kick-Ass (auquel il a forcément été comparé), c'est surtout parce qu'il a beaucoup mieux compris son sujet, et qu'il est beaucoup moins enthousiaste à son propos.

 

Captain Fantastic, Matt Ross, 2016

Tout le monde s'est paluché sur ce film à sa sortie, personnellement je trouvais qu'il avait l'air de puer, j'ai donc un peu attendu que ça se calme avant d'y toucher. Et j'avais pas tort.

Captain Fantastic est un film qui a pour but de soutenir une thèse sans intérêt, un peu comme The Purge qui va s'employer à démontrer qu'un système que personne n'a jamais voulu mettre en place ne fonctionne pas. Un couple décide d'élever ses enfants dans la forêt, pour leur faire atteindre le maximum de leurs capacités. Entraînement physique quasi militaire, éducation politique, philosophique et scientifique optimale, rien ne leur est épargné. Et quand la mère meurt, il faut retourner à la civilisation pour affronter la réalité (et notamment la belle-famille, qui ne comprend rien à ce mode de vie courageux et a le toupet de le trouver dangereux et inapproprié).

Pour moi, le film essaie d'expliquer quelque chose qu'il n'a pas vraiment compris. Déjà, ce n'est que mon avis, mais je pense que si on applique vraiment l'éducation telle qu'elle est montrée ici, il ne se passe pas un mois avant qu'il y ait des morts. Ensuite, il y a un côté vraiment absurde qui se dégage quand on réalise que le patriarche (toujours hallucinant Viggo Mortensen) agit en tyran despotique, présenté comme un surhomme rompu à toutes les ficelles du survivalisme, mais aussi à la physique des particules, aux sciences politiques, à la littérature et à la philosophie au plus large sens du terme. Autant dire que tout le monde ne peut pas prétendre à assurer ce genre d'éducation. Et ce mec exalte les vertus de la démocratie, notamment en citant régulièrement le penseur Noam Chomsky (qui n'est pas exactement un défenseur du survivalisme).

Le film démontre donc que ce type d'éducation, que personne n'envisage et que personne n'est de toute façon en condition de donner à ses enfants, n'est pas souhaitable. Merci bien. La prochaine fois, il faudrait un film pour prouver que générer du feu avec les yeux n'est pas une bonne chose à enseigner aux enfants.

 

Love and Monsters, Michael Matthews, 2020

On était tombés par hasard sur la bande-annonce de ce film, qui nous avait intrigués, alors on l'a regardé. Et c'était une assez bonne surprise. On est plus sur du très bon téléfilm que sur un grand film, mais c'est déjà pas si mal.

L'humanité s'est cassée la gueule, elle ne survit que dans quelques bunkers souterrains, la surface étant infestée de créatures géantes dangereuses. Mais pas de bol, Joel s'est retrouvé dans un autre bunker que sa copine Aimee, et malgré son manque de qualités guerrières, il décide d'aller la rejoindre. Commence un voyage initiatique convenu mais pas désagréable, avec de beaux effets spéciaux, quelques scènes fort sympathiques et des acteurs convaincants. Tout pour une bonne soirée popcorn sans prétention.

 

Jumanji – Welcome to the Jungle, Jake Kasdan, 2017

On m'avait dit que le remake de Jumanji (1995) était mieux qu'il n'en avait l'air, ce qui me semblait confirmé par la présence de Dwayne Johnson (que j'aime beaucoup) et de Jack Black (que j'aime autant) à l'affiche, et on avait raison. Déjà je ne suis pas un grand fan du film d'origine avec Robin Williams, donc je n'allais pas crier au sacrilège s'ils rebootaient le concept en en faisant un jeu vidéo. C'est ce qu'ils font, ça marche très bien.

L'aventure est très plaisante, mettant en gros quatre ressortissants du Breakfast Club dans la peau d'avatars adultes bien balaises. Les acteurs sont tip top (notamment, et j'en suis quand même étonné, je trouve que Jack Black joue très bien la bimbo), ça avance sans temps mort jusqu'à un final attendu mais satisfaisant... Durant le générique de fin, j'avais juste envie d'aller voir la suite (Jumanji – Next Level, sorti en 2019). Au lieu de quoi j'ai opté pour...

 

Jungle Cruise, Jaume Collet-Serra, 2021

Pour ma soirée Dwayne Johnson (j'ai parfois des idées bizarres), j'ai vu son dernier film en date, adaptation d'une attraction de Disneyland (un principe qui n'a jusqu'ici généré que deux bons films : Pirates des Caraïbes et Tomorrowland), et c'était pas fou. En dehors d'un twist que je n'ai vraiment pas vu venir aux deux tiers du film, c'est assez mou, jamais très fin, et j'ai dû cligner des oreilles parce que je n'ai rien compris à la résolution de l'intrigue... Je déconseille donc.

2 commentaires:

SammyDay a dit…

Les nouveaux Jumanji sont vraiment très bons, le second l'est au moins autant que le premier.

Concernant Dear Evan Hansen, "encore en salles" (une salle sur toute l'ile-de-France, ça a périclité très rapidement), comme je suis fan de "You'll be found", je le verrai... mais à la télévision. Ou peut-être en spectacle dans le West End, au moins là-bas il passe encore à fond.

Neil a dit…

Ah oui, en fait il passait encore un peu plus quand j'ai rédigé le post, mais beaucoup moins depuis. Faut dire que beaucoup de critiques ont détesté le film... Tu me diras, nous on a aimé.
Pour Jumanji, depuis j'ai vu le second, et je l'ai quand même trouvé un peu moins agréable que le premier, même s'il réussit à développer de nouvelles idées plutôt cool... il tease un troisième opus, je suis curieux de ce qu'ils arriveront à faire.