Ex nihilo Neil

31 mars 2021

Fin en queue de canard

Donc, Ducktales est fini. Après trois saisons, et avant la quatrième qu'avaient probablement prévue les showrunners, vu comme cette troisième sent un peu le rush. Un rush maîtrisé, le dernier épisode se révélant quasi exemplaire, mais un rush tout de même.

Woo-hoo !

 

Ça se devine déjà à un point évident pour ceux qui ont suivi la série : chaque saison met en avant un des neveux. La saison 1 est centrée sur Dewey, la 2 sur Louie, on attendait donc logiquement une saison 3 autour de Huey, et sans doute une quatrième sur Webby. Or, si le début de la troisième est clairement dédié au neveu en rouge, on voit bien que l'ultime opus, The Last Adventure, essaie de faire d'une pierre deux coups, en résolvant l'arc (assez faible) de Huey et celui, beaucoup plus riche, de Webby en un seul triple épisode. Le résultat n'est pas désagréable, mais j'aurais clairement préféré qu'ils prennent un peu plus leur temps, où qu'ils dégagent des épisodes moins indispensables pour faire de la place. 

Je crois que les scénaristes avaient si peur de surexploiter Launchpad qu'ils
l'ont sous-exploité. En même temps il aurait tellement pu avoir sa propre série que
c'est sûrement pas plus mal...
 

Le tout se conclut donc sur un épisode où ils ont essayé de caler des références à absolument toute la série, et quasiment tous les personnages font un caméo (ce qui en soi est une référence au dernier épisode de la première saison de la série d'origine, où on retrouvait également tous les personnages de la série). Il s'échine ainsi à conclure tous les arcs à la fois, mission complexe étant donné le nombre de personnages. Vous saviez que Launchpad avait un arc narratif ? Non ? Forcément, il débute et se dénoue en deux scènes de ce même épisode (alors qu'on sent qu'il aurait dû être beaucoup plus étalé). 

Quant à la relation Donald/Daisy, on aurait clairement apprécié un peu plus de fond : les scénaristes ont essayé très fort de ne pas faire de la cane une simple love interest, sans parfaitement réussir. Elle a du caractère (encore heureux : c'est Daisy !), mais reste la dulcinée de Donald et pas grand-chose d'autre. Même Gandra Dee, pourtant conçue dans la vieille série comme une potiche sans intérêt, s'en sort nettement mieux.

En plus elle est doublée par Jameela Jamil, la classe atomique et internationale.

 

En revanche, j'admets que le scénario m'a surpris. Notamment, quand j'avais proposé en décembre dernier de mettre April, May et June dans Ducktales, je ne pensais pas qu'ils me prendraient au mot. Ces personnages sont... intéressants, et bien exploités pour le temps qu'ils sont présents. 

Bien sûr le point essentiel est l'arc narratif de Webby. Après avoir passé une saison et demi à la recherche de la mère des triplés, on pensait que les intrigues à base de parenté étaient terminées, mais non : l’identité des parents de Webby est finalement abordée, et la réponse va vous surprendre, comme on dit sur Facebook. En tout cas elles surprendra davantage les vieux fans, qui peuvent difficilement s'attendre à un sacrilège pareil (j'ai pas dit que c'était pas bien, mais c'est clairement hérétique)... 

Les « triplettes » sont pour le coup trrrrrès différentes de leur version
de La Légende des trois caballeros. Que je vous conseille. Si vous avez 7 ans.


Bon, bref, au final, cette série, elle était comment ? 

Elle était cool. Elle n'est pas parfaite, elle a des défauts (notamment ses scènes d'action qui manquent vraiment d'idées et où les animateurs laissent la musique faire tout le travail). Mais, déjà, ça n'essaie pas de singer la vieille série, et c'est très bien. Ça a été noté bien souvent : le Ducktales de 1987 était une série d'aventure, le Ducktales de 2017 est une série sur l'aventure. On y parle de famille, on y parle des relations entre membres d'une même communauté liée par ce qu'ils vivent ensemble. Beaucoup lui avaient reproché son mauvais esprit au début (tous les personnages s'avérant être des sales types, jusqu'à Gyro Gearlose, l'inventeur au cœur d'or qui devient un savant fou sociopathe), mais après trois saisons il faut bien admettre que c'était une prémisse nécessaire pour faire évoluer les personnages vers plus d'empathie. Oui, ils ont tous un sale caractère, mais au final, chacun évolue, compose avec les autres, et l'entité ainsi créée s'appelle une famille. 

Dans la catégorie « série métaréflexive sur le corpus télévisuel de Disney dans les trente
dernières années », l'épisode Quack Pack est assez violent.

Et évidemment, sur un plan plus méta, Ducktales parle de toutes les séries du Disney Club, y compris les plus obscures (les Wuzzles font une apparition remarquable), avec même une référence totalement inattendue à Gargoyles dans le dernier épisode. 

C'est une série bien écrite, faite par des passionnés qui aiment ce qu'ils adaptent, avec en prime un casting vocal complètement dingue. Je suis un peu triste qu'ils aient arrêté après trois saisons, mais c'est déjà de la chance d'en avoir eu autant. Elle a pris des libertés énormes avec des personnages qu'on croyait gravés dans le marbre, et le résultat paye : c'est désormais ma version préférée de l'univers des canards (ce qui ne diminue en rien les autres versions, hein). C'est moderne, inventif, drôle, et il n'y a pas de raison de bouder son plaisir.

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