Ex nihilo Neil

26 septembre 2022

MCU : jusque-là j'étais gentil mais...

Il est peut-être temps de faire un petit point sur les séries du MCU. J'avais déjà parlé des cinq premières (WandaVision, Falcon & Winter Soldier, Loki, What if... et Hawkeye). Deux sont tout à fait correctes (WV et Loki), grâce notamment à d'excellents acteurs et une écriture solide. Deux autres sont oubliables et, de fait, oubliées (F&WS et What If...), et une est totalement merdique (Hawkeye, où seules surnagent péniblement les merveilleuses Haylee Steinfeld et Florence Pugh). Dans quelle direction allaient partir les suivantes ?


 

Moon Knight, qui partait bien

On n'attendait pas grand-chose de Moon Knight, c'est sans doute pour ça que la série surprend en commençant super bien. Oscar Isaac est à fond dans son double rôle, Ethan Hawke est pété de charisme en méchant, la réalisation s'amuse, joue avec les ellipses, les mouvements de caméra, c'est cool, c'est rythmé... et puis la malédiction MCU s'applique. 

Car il est écrit dans le grand livre de Marvel que toutes les histoires doivent se terminer par de la bagarre (parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de résoudre les problèmes, ça se saurait). On se retrouve donc avec un combat de kaijus égyptiens et du boum-boum tchac-tchac ping-ping qui vient totalement contredire l'intéressante proposition non violente de la série (puisque une des personnalités du héros était plutôt contre le recours à la marave, et jusque-là la série semblait plutôt lui donner raison). C'est dommage, mais on va dire que ce n'est qu'un faux-pas...


 

Ms. Marvel, tout se casse la gueule

Ms. Marvel me donnait beaucoup plus envie : il y avait de quoi faire avec une héroïne adolescente qui découvre ses pouvoirs (d'autant que les Spider-Man du MCU avaient passé cet aspect sous silence), héroïne qui plus est musulmane et issue de la communauté pakistanaise du New Jersey. En plus les premiers visuels laissaient entendre un foisonnement graphique sympa, avec des petites éruptions d'animation à la Spider-Man into the Spider-Verse, plein d'humour... j'étais même prêt à pardonner les amourettes insipides si le reste était réussi.

C'est un échec complet. Mais un échec bien camouflé : le casting est au top, tout le monde joue super bien, les effets spéciaux sont très convaincants... Ne reste qu'un problème, mais de taille : l'écriture est à chier. On est à un niveau « téléfilm Disney Channel », vous savez, genre Descendants ou Lizzie McGuire. L'intrigue n'est pas intéressante (quand elle ne ressort pas les pires clichés), les antagonistes tellement mal définis qu'on s'en fout complètement, et l'humour tombe systématiquement à plat, malgré la bonne bouille d'Iman Vellani. Seule la représentation de la communauté musulmane sauve un peu la série.


 

She-Hulk, Attorney at Law, la honte 

Plus je regarde She-Hulk, plus je me rends compte que j'attendais vraiment cette série. She-Hulk le comics a toujours été une comédie ; le personnage principal étant avocate, elle se retrouve à gérer des procès impliquant le monde superhéroïque, terreau fertile pour une bonne parodie. Sauf que si vous foirez l'écriture dans une série d'action, au moins vous avez les scènes d'action pour vous divertir. C'est forcément moins bien que si c'était bien écrit, mais à la limite ce n'est pas le cœur du sujet. Alors que dans une comédie, l'écriture est l'alpha et l'oméga. Il faut un script ciselé, des répliques qui font mouche, et évidemment un rythme impeccable (95 % de l'humour, c'est le timing).

Ce n'est tellement pas le cas ici que c'en est gênant. C'est surtout gênant pour Tatiana Maslany, qui est géniale : elle a l'attitude, la voix, les intonations, les mimiques parfaites pour le rôle, mais même tout son talent n'arrive pas à sauver des blagues écrites par un exécutif sans âme qui pense que l'humour s'apprend dans les livres de comptes. Et que dire des scénarios ? Quand vous faites une série d'avocats, la moindre des choses c'est de proposer des procès avec des rebondissements, des twists, des issues inattendues... mais non. Un des premiers procès que l'on voit, l'élément perturbateur c'est que le témoin est en retard (parce qu'il a oublié, hein, même pas pour une raison drôle), et au final le procès se passe exactement comme l'avocate l'avait prévu. Juste pas d'intrigue, le néant scénaristique pendant trente minutes. Et je ne parle même pas de la dimension « série pour filles », avec son lot d'intrigues à base de fringues et de rencarts foireux, là on est carrément dans l'insulte (déjà sur le principe de faire forcément de She-Hulk une série « pour filles », mais en plus là aussi l'écriture est minable – parce qu'il est possible de bien écrire ce genre de série, hein, ça existe).

C'est simplement honteux, et c'est vraiment cet aspect qui me gêne dans cette série, bien plus que les effets spéciaux un peu ratés. Je peux m'habituer à un personnage flirtant avec l'uncanny valley. En revanche, une comédie mal écrite, de la part du plus grand studio hollywoodien actuel, ça je ne peux pas laisser passer. Il va être temps pour le MCU de se reprendre, mais vu la politique actuelle de Disney (qui veut juste remplir ses cases de programme pour Disney +), ça me semble peu probable.

1 commentaire:

SammyDay a dit…

She-Hulk, ça promettait. Le premier épisode m'avait dérouté, mais en bien : on voit une miss hulk qui dame le pion à son cousin, étant donné qu'elle est montrée parfaitement bien dans sa peau et pas soumise comme Bruce à des sautes d'humeur, sûre d'elle, et qui n'a réellement pas besoin de prendre beaucoup de temps pour s'adapter à sa nouvelle situation.

Que montrent les épisodes suivants ? Que toute cette assurance n'a aucun fondement : pas respectée en tant qu'avocate, en tant qu'individu, en tant que partenaire, en tant qu'amie (l'épisode du mariage, quelle purge !)...

Du coup, côté empathie envers le personnage, c'est difficile : on la présente comme déjà capable d'assumer les potentielles avanies qui pourraient découler de ses super pouvoirs, mais ses parents la traitent à peine comme une adulte, et son seul intérêt d'aller à un mariage, c'est de porter une robe qui la met en valeur. Du coup, en faire une sitcom, c'est fort logique, mais le gâchis du potentiel... Tristesse.